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18/10/2001 : Fin tragique de l’Indépendance du Burundi.

Par Apollinaire Ninyibuka. 

Pour ceux qui connaissent ce pays des mille et une collines ces dernières années, le 18/01/2001 est un jour comme les autres et les citoyens de ce pays ont mené ce jour-là leurs activités habituelles : les gens ont continué à gérer leur misère quotidienne, là où il y a encore la sécurité les enfants sont allés à l’école, ceux qui ont encore du travail se sont présentés à leurs postes d'attache respectifs, les terroristes génocidaires ont continué leur sale besogne dans les communes de Muramvya, Rutegama et Bukeye, les pseudo-politiciens ont continué à négocier les postes, les «bandits armés» ont attaqué et tué une personne à Kanyosha, les crépitements d’armes ont été entendus à Bujumbura Rural. Bref, tout semblait apparemment «normal» à la burundaise.

Pourtant, le 18/01/2001 restera un jour "historique" (excusez-moi de cette audace que beaucoup de mes compatriotes pourraient prendre pour du cynisme) qui sera étudié dans l’Histoire du Burundi à l'instar des dates comme 1889 (début de la colonisation allemande), 01/07/1962 (Indépendance du Burundi), 13/10/1961 (Assassinat du Prince Louis Rwagasore, Héros de l’Indépendance Nationale), 21/10/1993 (assassinat du Président Ndadaye et déclenchement du génocide contre les Batutsi), 28/11/1966 (Fin de la Monarchie). Ce jour ne sera pas bien sûr un jour férié, mais il sera considéré par les Historiens comme la date marquant la « Perte de l’Indépendance Nationale du Burundi » ou « Perte de la Souveraineté Nationale ». Car c’est justement ce 18/10/2001 où des soldats étrangers sont venus soi-disant pour « sécuriser les institutions qui seront mises en place le 01/11/2001 ». En dehors de toute spéculation politique, c’est inexplicable qu’un pays qui se dit « indépendant » ne puisse pas sécuriser ses dirigeants. Si le Burundi ne peut pas trouver parmi les fils du pays, Hutu et Tutsi ensemble, ceux qui doivent protéger et sécuriser ses dirigeants, qu’il ne célèbre plus la date du 01/07.

Les dirigeants actuels (le président en tête) portent à mon avis la lourde responsabilité de n’avoir pas su préserver la fierté que nos ancêtres (spécialement le Prince Louis Rwagasore) nous ont légués, qui est l’Indépendance Nationale. Même au début de la colonisation allemande, le vaillant Mwezi Gisabo a commencé par combattre les envahisseurs, mais grâce à la supériorité militaire des Allemands, il a été contraint de signer le traité de Kiganda en 1903. Or, aujourd’hui, au lieu de combattre l’occupation étrangère des Blancs Sud-Africains, ce sont les autorités qui sont allées les accueillir à l’aéroport, loin de toute caméra pour ne pas assumer le tort qu’elles venaient de porter à la Nation entière. 

Cette occupation étrangère, malgré qu’elle est là, l’histoire retiendra qu’il y a eu des patriotes burundais qui l’ont combattue et qui ne sont pas malheureusement parvenus à l’arrêter exactement comme ce fut le cas avec Mwezi Gisabo qui avait combattu les Allemands mais qui a été contraint de céder à cause de leur supériorité militaire. Ces patriotes qui sont regroupés au sein de l’UPRONA de Charles MUKASI, du PARENA de l’ex-Président BAGAZA, PA-AMASEKANYA de RUTAMUCERO, Coalition Contre la Dictature du Docteur BIRABUZA, AC Génocide dirigé par le Professeur BAMBONEYEHO, HAVILA de BWEJERI, la JRR et l’UFB, ont essayé de crier contre l’occupation étrangère et le retour à la colonisation. 

Mais sous couverts des accords inéquilibrés et  inapplicables d’Arusha, l'autorité actuelle qui avait l'habitude de parler d’un gouvernement « de l’Unité Nationale » mais qui, ces derniers temps, parle d’un gouvernement « d’Union nationale », a préféré écouter l’étranger qui voulait justement profiter de cette occupation pour pouvoir bénéficier de l’argent que la cynique communauté internationale a débloqué non pas pour sauver le peuple burundais qui souffre mais pour payer les militaires colonisateurs. Ce n’est pas pour rien que le secrétaire général des Nations Unies a tenu à ce que son pays natal, le Ghana, soit parmi les pays qui viendront « protéger les institutions », en réalité pour coloniser le Burundi. Et comme la Belgique veut nous rappeler le temps de Harroy, elle s’est proposée de financer cette occupation étrangère.

Le lendemain du 18/10/2001, la même autorité a tenté de s’expliquer mais sans convaincre en allant de contradictions en contradictions. Dans un show télévisé qu’elle a tenu avec ses deux journalistes préférés, ceux qui massacrent les personnes sur les routes étaient appelés par cette autorité tantôt « des terroristes génocidaires », tantôt « des partenaires avec lesquels il faut négocier ». Alors qu’il n’y a eu de génocide ni au Mozambique, ni en Sierra-Léone, ces pays servaient chaque fois de référence au « processus de paix » au Burundi. Cela me rappelle ce journaliste de la R.F.I qui se demandait « si on ne peut pas voter une loi qui recommande aux dirigeants de ne pas changer d’avis tout le temps ». 

La solution à nos problèmes n’est ni la référence aux accords d’Arusha, ni l’intervention étrangère mais la vérité et la justice qui doivent triompher sur toute spéculation politicienne. Or, la vérité burundaise est qu’il y a un génocide impuni, un coup d’Etat impuni et les auteurs de ces deux crimes cherchent à se protéger soit en faisant appel à des troupes étrangères, soit en se maintenant au pouvoir pour être à l’abri de la justice. La communauté internationale devrait plutôt aider les Burundais à juger les génocidaires et les auteurs du coup d’Etat du 21 octobre 2001. En dehors de cela, les Burundais n'auront jamais la paix.

A. N.

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