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MEMORANDUM ADRESSE A SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU BURUNDI ET AU GROUPE G10
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Tout
au long des discussions sur la mise en place des Institutions de Transition, le
Groupe des Bashingantahe et de la société Civile a exprimé ses très vives
inquiétudes devant la perspective de mise en place des Institutions de
Transition avant l’arrêt de la guerre sanctionné par la signature d’un
Cessez-le-feu permanent et irréversible.
Dans le mémorandum adressé à Son Excellence Monsieur le Président de la République du Burundi en date du 29 juin 2001, le Groupe des Bashingantahe et de la Société Civile avait clairement indiqué que « la mise en place des Institutions de Transition dans le contexte actuel ne ferait que déstabiliser les structures de défense et de sécurité » en entravant l’action l’action de l’Armée Nationale et en renforçant celle de la rébellion.
Après le Sommet Régional du 23 juillet 2001 qui a pris des décisions sur le leadership de la Transition, les débats sur la formation du Gouvernement de Transition sont en cours.
Si les structures de défense devaient être paralysées, la guerre s’intensifierait pendant que la capacité de défense de l’Armée serait affaiblie et le risque d’une victoire militaire de la rébellion serait réel avec des conséquences désastreuses pour le pays.
En
effet, l’intégration des éléments rebelles dans l’Unité spéciale de
protection des Institutions de Transition n’est qu’une manœuvre du G7 de
jeter des têtes de ponts de la rébellion à l’intérieur des forces de défense
et de sécurité et dans la capitale en vue de préparer l’assaut final pour
une victoire militaire des forces rebelles.
A
cet égard, il ne faudrait pas oublier le rôle qui a été joué par le Cheval
de Troie.
Ce
qui est grave dans ce débat est que le C.S.A ait accepté d’être saisi de
cette question par le G7 alors que cette nouvelle exigence du G7 ne repose sur
aucune clause de l’Accord d’Arusha.
Plus
grave encore, nous apprenons que certains leaders des pays de la région et
certains membres de la médiation seraient entrain d’exercer de fortes
pressions sur le Chef de l’Etat du Burundi l’entrée des éléments de la rébellion
dans l’Unité Spéciale de protection avant le cessez-le-feu.
Tout
cela semble être une vaste conspiration dirigée contre le G10 en faveur du G7
et cela en violation flagrante de l’Accord d’Arusha.
Par
ailleurs, selon la déclaration présentée par le G7 à la 5ème
session de C.S.A., les leaders du G7, qui tout au long des négociations se présentaient
comme des formations politiques uniquement et n’étaient pas avec les groupes
rebelles, viennent de revendiquer la qualité de Chefs de guerre dans la mesure
où ils conditionnent la mise en place des institutions à l’intégration de
leurs unités combattantes dans l’Armée avant le cessez-le-feu.
A
cet égard, ils portent une responsabilité énorme dans les crimes que leurs
hommes commettent chaque jour dans la population civile de notre pays alors
qu’ils peuvent ordonner le cessez-le-feu et ainsi permettre l’application de
l’Accord.
De
même, leur responsabilité est grande dans la grande tricherie qu’ils ont
qu’ils ont orchestré en faisant croire au peuple Burundais et à la Communauté
Internationale, pendant deux ans durant, qu’ils étaient entrain de négocier
un accord de paix tout en préparant une victoire militaire.
Face
à cette situation, comment peut-on imaginer et admettre la mise en place des
institutions de paix avec ceux qui refusent une paix négociée ?
Il
est plus que temps de cesser ce jeu hypocrite et dangereux et de négocier le
cessez-le-feu avec tous ceux qui se réclament de la rébellion armée afin de
permettre à notre pays de retrouver réellement la paix.
Le
Groupe des Bashingantahe et de la société Civile demande avec insistance à
Son Excellence Monsieur le Président de la République et au G10 de ne pas céder
à toutes les pressions d’où qu’elles viennent et qui ont comme objectif de
violer les principes sur lesquels doivent reposer tout accord de paix, à savoir
notamment la signature préalable d’un cessez-le-feu avant toute intégration
des éléments rebelles, quel que soit leur nombre, dans les forces régulières.
Si ces principes ne sont pas respectés, les institutions qui seront mises en place seront inopérantes dans la mesure où ceux qui les composent seront encore dans la position de confrontation armée et aucun programme de l’Accord d’Arusha ne saurait être appliqué. Notre pays et notre peuple ont suffisamment souffert, il faut éviter de les mettre dans une situation encore plus dangereuse que celle d’aujourd’hui.
L’insistance du G7 et de ses alliés politiques pour la constitution d’une Unité spéciale de protection des Institutions de Transition de 10.000 hommes composée de 50% d’éléments rebelles et 50% de l’Armée Nationale avant la signature d’un Accord de cessez-le-feu meit à découvert leur Agenda caché d’intégrer, sans conditions, les rebelles dans les services de défense et de sécurité pour les miner de l’intérieur. C’est pourquoi, en l’absence d’un cessez-le-feu, le Groupe des Bashingantahe et de la Société civile propose que la protection des leaders politiques du G7 rentrant d’exil soit assurée par l’U.S.I. à l’instar de leurs collègues restés au Burundi et qui sont entrés dans les Institutions de l’Etat sous la Convention de Gouvernement et dans le cadre du partenariat politique entre le Gouvernement et l’Assemblée Nationale.
Le G7 insiste également sur l’adoption de textes législatifs pour accorder avant la conclusion d’un Accord de cessez-le-feu, l’immunité provisoire à l’égard de toute poursuite au titre de crimes à mobile politique commis avant la signature de l’Accord. La satisfaction d’une telle exigence dans la situation actuelle serait une prime d’encouragement à la poursuite de la guerre dans l’impunité et un facteur d’aggravation de la crise.
A chaque étape de la mise en place des Institutions de Transition, un observateur averti relève que le G7 pose des conditionnalités souvent en violation des dispositions de l’Accord de paix dans le but manifeste de contourner ce dernier : a titre illustratif les 11 conditions posées par G7 au seule Président BUYOYA, le 23 juillet et les 10 conditions posées par le même groupe à la 5ème Session de la Commission de suivi et de l’application de l’Accord.
Pour
toutes ces raisons, le groupe des Bashingantahe et de la Société Civile
voudrait demander à Son Excellence Monsieur le Président de la République du
Burundi et au G10 de résister à toutes les pressions et de ne pas mettre en
application des dispositions de l’Accord qui ne sont pas applicables tant
qu’il y aura la guerre et tant que les réserves qui font partie intégrante
de cet Accord ne seront pas négociées et levées.
Le
gouvernement et le G10 ont subi constamment les pressions de la Communauté
Internationale pendant les deux années de négociations, lors de la signature
de l’Accord et depuis la conclusion de ce dernier à ce jour. Ils ont chaque
fois fait des concessions démontrant leur bonne foi alors que le camp de la rébellion
s’obstine à poursuivre la guerre.
Aussi,
dans l’état actuel des choses, la déstabilisation des forces de défense et
de sécurité par l’incorporation d’éléments rebelles et l’adoption de
textes législatifs accordant l’immunité provisoire contribueraient largement
au renforcement de la rébellion et de ses alliés politiques en vue
d’atteindre leur objectif d’une victoire militaire avec comme conséquence
le parachèvement du génocide des Tutsi.
Résister n’est donc plus un droit, c’est un devoir pour éviter la catastrophe à notre pays.
Fait à Bujumbura, le 09/10/2001.
Le
Groupe des Bashingantahe et de la société Civile :
1.
NDUWAYO Antoine, ADG/BCD,
Sé
2.
FYIROKO Damien , OTB,
Sé
3.
KABURA François,
Sé
4.
MPFUBUSA Zacharie,
Sé
5.
SINABWITEYE Joseph, Juriste,
Sé
6.
BARANYIKWA Eric
Sé
7.
BIKOMAGU Jean , assureur,
Sé
8.
MUYUMBU André,
Sé
9.
NDARO Eugène,
Sé
10.
BANZUBAZE Sylvestre,
Sé
11.
NCAHINYERETSE Ladislas, ADEKAR, Sé
12.
NDIKUMWAMI Jean, Directeur de l’entretien Routier, Sé
13.
NDAYISHIMIYE Herménégilde, chef de Cabinet Mairie,
Sé
14.
KARIKURUBU Pascal, Opérateur Economique, Sé
15.
SIMBANDUKU Pascal, Chef d’Entreprise, Sé
16.
NZAMBIMANA Edouard, Parlementaire,
Sé
17.
NGORWANUBUSA Juvénal, Professeur d’Université, Sé
18.
NDABAHAGAMYE Pillower,
Sé
19.
RUBEYA Bernard,
Sé
20.
HAVYARIMANA Pierre, Entrepreneur, Sé
21.
NIMPAGARITSE Cyrille,
Sé
22.
SIMBANZA Richard,
Sé
23.
NDIKUMASABO Térence,
Sé
24.
BARIBWEGURE Pie,
Sé
25.
NYAGASA Bernard,
Sé
26.
NKUNZIMANA Stany,
Sé
27.
GAHAMA Amélie,
Sé
28.
KATIHABWA Ch.,
Sé
29.
MASHWABURE Balthazar, Entrepreneur, Sé
30.
SINDAYIHEBURA Célestin, Président de l’ADR-SN,
Sé
31.
Dr. G. Bucumi, Pédiatre,
Sé
32.
Ir. G. NAHIMANA,
Sé
33.
MANIRAMBONA Japhet,
Sé
34.
SINDAYIHEBURA Firmin,
Sé
35.
SIMBARUHIJE Ferdinand,
Sé
36.
KWIZERA Fidélité,
Sé
37.
NYANDWI Joséphine,
Sé
38.
SINUNGUKA Consolate,
Sé
39.
NTAMASHIMIKIRO Yves,
Sé
40.
Prof. Dr. F. NTAREME,
Sé
41.
NDUWAYO Alexis,
Sé
42.
NDAYISABA Joseph,
Sé
43.
Ir. NBAZUMUTIMA Théophile,
Sé
44.
NEZERWE Séléus,
Sé
45.
P. NAHIMANA,
Sé
46.
NDABANEZE Laurent, Directeur Général du Carrefour des Affaires, Sé
47.
NAHIGOMBEYE Dominique,
Sé
48.
NTEZIMANA Frédéric, Directeur du Bureau d’Etudes « CECOS »,
Sé
49.
NDIKUMANA Fulgence,
Sé
50.
SINZINKAYO Eugène,
Sé
51.
NTAMASHIKIRO Pascal,
Sé
52.
NTAGAHORAHO Dismas, Journaliste,
Sé
53.
NDAYISHIMIYE Jean-Claude,
Sé
54.
MUBWIGIRI Victor,
Sé
55.
HAMENYIMANA M.,
Sé
56.
RUHARA Georges,
Sé
57. BIGIRIMANA Anselme, Sé
58.
HAVYARIMANA Manassé, Parlementaire, Sé
59. BARANKITSE Pierre-Claver, Producteur privé (Centre Semencier Mahwa), Sé
60.
NIYUNGEKO Fidèle,
Sé