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Une nouvelle ségrégation ethnique insidieuse et diffuse qui ne dit pas son nom.
Par Jean François SEBATORE
Le système Buyoya est accablé de beaucoup d’accusations. Ici et là, on déplore la morosité socio-économique, le chômage, les horizons bouchés pour les jeunes générations, le désespoir presque partout, la campagne laissée à elle-même sans encadrement, l’absence d’investissements, la déchéance de l’éducation et des valeurs, la politique des ghettos ethniques, la promotion tous azimuts des Hutu au détriment des lauréats Tutsi des écoles et universités, etc. Tout le monde en appelle au changement dans l’espoir que celui-ci puisse améliorer quelque chose.
Buyoya est malmené, aussi bien du côté tutsi que du côté hutu. Du côté tutsi parce que Buyoya a l’art de marginaliser les Tutsi tandis du côté hutu, il ne fait pas assez pour que tous les hutu aient la part au gâteau. La réalité actuelle met en évidence une certaine discrimination insidieuse et diffuse sciemment entretenue et qui est en train de s’installer en faveur de jeunes hutu au détriment des jeunes tutsi. Une observation objective des 14 dernières années que Buyoya est aux affaires -y compris les 3 années de sa traversée du désert au cours desquelles il agissait en coulisse- montrent cette discrimination diffuse . Nous nous contentons des quelques 4 dernières années depuis que M. Buyoya est revenu à la tête de l’Etat. Là aussi, on se contentera de la composition des différents gouvernements, de l’assemblée nationale et des fonctions de rang ministériel. Partout le constat est que Buyoya a une équipe de Tutsi inamovibles qui sont aux affaires pour la plupart depuis plusieurs décennies et une équipe de jeunes hutu dont la plupart d’entre eux ont déjà fait le tour de tous les grands postes de l’Etat à moins de 40 ans et légèrement plus.
C’est cette équipe d’inamovibles tutsi qui donnent le cachet d’un pouvoir que la propagande hutu fait passer pour être un pouvoir tutsi alors qu’il s’agit d’une clique de quelques Tutsi inamovibles. La réalité est qu’il y a aujourd’hui de milliers de jeunes cadres tutsi qui n’ont jamais occupé un poste de responsabilité au moment où leurs concitoyens hutu ont déjà parcouru plusieurs postes de responsabilité allant du simple directeur d’école ou de département au poste de vice-président en passant par ceux de député, ambassadeur ou directeur général d’une grande société d’Etat.
Discrimination dans les postes ministériels ou de rang ministériel.
Le gouvernement actuel dit de « partenariat » présente deux visages : celui à dominance de jeunes hutu qui sont en grande majorité de jeunes ayant rarement 10 ans de carrière et le visage d’un gouvernement d’inamovibles tutsi aux affaires depuis plus d’un décennie. Depuis le retour de Buyoya aux affaires, on compte près d’une dizaine de ministres hutu ayant accédé à ce poste à moins de dix ans de carrière. Pendant la même période jusqu’à aujourd’hui On ne compte pas de ministre tutsi qui soit au gouvernement à moins de 10 ans de carrière.
Nom et Prénom
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Fonction |
Fonctions antérieures |
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1er vice-président de la République |
Directeur du collège communal de Bugabira à Kirundo, député. |
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Développement Communal |
Conseiller du président Ntibantunganta, ministre des travaux publics
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3. Gaspard Ntirampeba |
Travaux Publics et équipement |
Cadre à la BRB, directeur à la banque populaire (BPB), Ministre du développement communal
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4. Romaine Ndorimana |
Affaires sociales et Promotion de la femme |
Enseignante, conseiller des présidents Buyoya et Ntibantunganya
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5. Pierre Bambasi |
Développement communal |
Journaliste, conseiller au secrétariat général du gouvernement
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6. Christine Ruhaza |
Affaires sociales et promotion de la femme
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Enseignante |
7. Darius Nahayo |
Commerce et industrie |
Cadre aux assurances SOCABU, directeur à la sécurité sociale INSS et aujourd’hui ADG d’une banque (SBF). |
A remarquer pour ces jeunes ministres hutu ou anciens ministres, qu’il y en a qui ont occupé d’autres hautes fonctions à rang de ministre. Deux cas parmi ces jeunes hutu méritent une attention particulière. Le premier vice-président de la République, c’est-à-dire, le numéro deux du pays, Monsieur Frédéric Bamvuginyumvira a accédé à ce poste 6 ans après qu’il y a quitté l’amphithéâtre de la faculté des lettres françaises. Antérieurement, il avait été député pendant 5 ans. « Aux âmes bien nées, la valeur de l’homme n’attend pas le nombre d’années » ou « aux âmes bien nées les grands postes n’attendent pas le nombre d’années », pouvons-nous dire à notre tour. Bientôt, il peut faire valoir ses droits à la retraite d’ancien chef de l’Etat à 10 ans de carrière !
Un autre jeune ancien ministre comme Frédéric Bamvuginyumvira est M. Darius Nahayo. Lui aussi, a été ministre après 7 ans de carrière. Il n’a pas fait long feu au poste de ministre du commerce et de l’industrie et, Dieu seul sait combien il avait créé le gâchis dans ce ministère. Mais pour le promoteur des jeunes hutu, il n’a pas démérité, même si déjà notre jeune homme accusait d’un dossier de mauvaise gestion ou de détournement de l’argent des affiliés à l’INSS quant il était directeur administratif et financier. Il a alors hérité ensuite le poste de numéro 2 à la police de l’air, des frontières et des étrangers (PAFE) où il avait aussi rang de ministre et plus d’avantages que ce dernier. Il occupera ce poste pendant une année avant d’être hissé au poste d’ADG de la société burundaise de financement (SBF) en remplaçant l’ex-Premier Ministre Pascal-Firmin Ndimira.
Alors que ces jeunes Hutu font le tour des grands postes de l’Etat, aucun jeune Tutsi de la même génération n’a exercé la fonction de ministre. Même pendant les 6 premières années du régime Buyoya, rares étaient les jeunes Tutsi à occuper des fonctions ministérielles. Les quelques années où l’on a connu des cas de jeunes ministres Tutsi, c’était sous l’intermède Ndadaye et la Convention entre les deux dynasties Buyoya ( I et II ). On aura connu quelques jeunes ministres de moins de 10 ans de carrière, notamment Prosper Banyankiye et Christophe Ndikuriyo qui n’étaient pas militants du Frodebu. Après cette intermède, plus personne!
Bref sur un gouvernement de 24 ministres, et sur environ 35 personnalités ayant rang de ministre, on ne compte pendant les 5 ans de régime Buyoya II, qu’un seul Tutsi, à savoir le secrétaire permanent du programme d’ajustement structurel ( PAS), Monsieur Dieudonné Nintunze qui ait accédé à un poste de rang ministériel avant dix ans de carrière. Comme si pendant tout ce temps, les jeunes Tutsi n’avaient pas de mérite !
D’autres jeunes hutu se retrouvent ailleurs après avoir fait le parcours de tous les grands postes de l’Etat en moins de 10 ans de carrière. Ils sont nombreux et peuvent faire prévaloir leurs droits à la retraite et peuvent se targuer d’avoir été ministre, ambassadeur, député, ADG de société, ect, à moins de 10 de carrière. Durant la même période, des jeunes tutsi désespèrent ici et là et n’ont acquis aucune expérience de gestion des grandes affaires de l’Etat. Quand le sauront-ils ? L ’expérience étant aujourd’hui une qualité requise pour prétendre à certaines responsabilités dans les entreprises privées et organisations internationales.
Discrimination à l’assemblée nationale.
Les jeunes tutsi sont également discriminés à l’assemblée nationale, qui est une institution la plus « hutisée » du pays. C’est une assemblée très jeune dont beaucoup de députés ont accédé à la fonction parlementaire à moins de 10 ans de carrière, à commencer par son président Monsieur Léonce Ngendakumana qui selon la constitution de 1992 est le numéro 2 du pays. Encore une fois, « aux âmes bien nées, la valeur de l’homme.... »! Ces jeunes Hutu ont été élus en 1993 au cours d’une campagne électorale à forte ethnisation. C’est leur mérite.
A l’avènement du partenariat, on a vu des députés nommés par le président Buyoya. Encore une fois, seuls de jeunes hutu ont été promus. C’est ainsi que sur 28 députés nommés par Buyoya, on ne compte que 2 tutsi nommés à moins de 10 ans de carrière, à savoir M. Jean Marie Rugira et Mne Angèle (secrétaire général adjointe de l’assemblée nationale). L’un ou l’autre jeune tutsi nommé en dehors des deux ci-haut cités l’aura été pour sa qualité de militant au parti Frodebu. C’est notamment le cas du député Antoine Buzuguri, membre du comité directeur du parti Frodebu, nommé à 4 ans après avoir terminé ses études universitaires. Les jeunes hutu nommés à la même occasion se comptent en termes de dizaine.
Des «inamovibles tutsi » ont été nommés à la place des jeunes tutsi. On peut citer deux cas célèbres: les députés Emile Mworoha (ancien n°2 du régime Bagaza en sa qualité de président de l’assemblée nationale et secrétaire général du parti unique Uprona) et Edouard Nzambimana (ancien premier ministre et député du même régime Bagaza). D’autres vieux routiers du système dit « tutsi » ont été propulsés à la place des jeunes tutsi, notamment des gens comme Cyrille Sigejeje, Ibrahim Mangona, Vincent Kubwimana, colonel Zachée Hwayi, colonel Adrien Rukemampunzi, colonel Tharcisse Minani, Sabine Nsabmana, André Nkundikije, Juvénal Kamenge, Bernard Rukingamubiri, Charles Ndabirabe, ect. Tous sont incapables de faire face aux dynamiques jeunes hutu de l’assemblée nationale sous la houlette du président Léonce Ngendakumana. Qu’ils soient égoïstes ces vieux tutsi et celui qui les a nommés!
Une discrimination insidieuse contre les jeunes Tutsi sous le couvert d’une génération de vieux Tutsi aux affaires depuis plus de 20 ans est en cours. Les anciens dignitaires tutsi pratiquent une politique « d’auto-entretien » au détriment des jeunes générations Tutsi, semant ainsi un climat de méfiance entre ces jeunes et les jeunes Hutu. Ces derniers n’y sont pour rien comme les jeunes Tutsi. Cette discrimination qui ne dit pas son nom est porteuse d’un avenir incertain pour le pays.
Les conséquences
Les conséquences de cette situation se font déjà remarquer. Les jeunes Tutsi s’éloignent de plus en plus de la politique et la gestion des affaires paraissent de plus en plus une chasse gardée de quelques vieux Tutsi et des jeunes Hutu. Ils se recroquevillent, chacun dans son coin et la plupart d’entre eux finissent par croire qu’il y a des gens pour penser et agir à leur place et pour leurs intérêts. Les vieux inamovibles Tutsi n’ont pas conscience qu’ils sont croulants et ne préparent pas leurs successeurs dans une société où l'ethnie est de plus en plus considérée dans la promotion et la lutte à caractère politique.
Tenez sur 10 partis dits Tutsi (G10), on ne compte que deux présidents qui peuvent se targuer d’être jeunes, même s’ils sont à cheval entre ce qu’on appelle « jeune » et « vieux » dirigeants au Burundi. Tous les deux sont par ailleurs enclins dans la catégorie des vieux. Il s’agit du Président du PSD (Godefroid Hakizimana) et du Président d’Inkizo ( Dr. Alphonse Rugambarara).
Nom du parti |
Président du parti |
Vieux ou jeune |
1. ABASA |
Térence Nsanze |
Vieux |
2. ANNADE |
Patrice Nsababaganwa |
Vieux |
3. UPRONA |
Luc Rukingama |
Vieux |
4. INKINZO |
Alphonse Rugambarara |
Plus ou moins vieux |
5. PIT |
Nicéphore Ndimurukundo |
Vieux |
6. AV=INTWARI |
André Nkundikije |
Vieux |
7. PSD |
Godefroid Hakizimana |
Plus ou moins vieux |
8. PARENA |
Jean Baptiste Bagaza |
Vieux |
9. RADDES |
Joseph Nzeyimana |
Vieux |
10. PRP |
Mathias Hitimana |
Vieux |
En poussant plus loin, on se rend compte que la composition des bureaux dirigeants de ces partis ne comportent pas de jeunes en nombre suffisants, à même de faire passer leurs aspirations. Au sein de ces partis on ne trouve pas réellement un courant de renouveau qui associe les jeunes ou qui ont un projet porteur d’espoir. Tous sont dominés par un courant de conservatisme manquent un minimum d’idéal à même de mobiliser les jeunes. La majorité de ces dirigeants tangue entre rester derrière le système anachronique buyoyiste et se défaire de lui tout en nageant dans la même logique que Buyoya, à savoir poursuivre le contrat scellé par Buyoya avec le frodébusme, c’est-à-dire continuer à pactiser avec le diable tout en le maudissant en privé.
De leur côté, les formations politiques Hutu sont à majorité dirigés par des jeunes, notamment Augustin Nzojibwami (Frodebu - Nzojibwami), Jean Minani (Frodebu-Minani), Schadrack Niyonkuru ( P.P), Balthazar Bigirimana (R.P.B.), Jean Bosco Ndayikengurukiye ( CNDD-FDD), Cossan Kabura (Palipehutu-FNL), etc. Les jeunes Hutu ont un fort engouement pour la politique et ils ont un objectif bien clair qu’ils partagent avec leurs aînés. Un jeune militant du PP se retrouve bien à l’aise avec la même idéologie de Karatasi ou de son Palipehutu. Ce qu’on ne trouve pas chez les jeunes tutsi dans les partis de leurs aînés.
Les jeunes générations de Tutsi se réfugient dans des métiers fort éloignés de la politique et de la gestion des affaires publiques. Ils se réfugient dans des ONG dans lesquels on entre en jurant de ne jamais faire la politique. Des jeunes cadres tutsi lauréats de l’Université et d’autres écoles se bousculent aux portes d’ONG pour solliciter un emploi, parfois abrutissant ou en dessous de leurs capacités, pourvu qu’ils payent. Cela parce que la promotion dans les carrières étatiques devient hypothétique et qu’elle n’est garantie que pour des Hutu seulement. D’autres vont bosser dans les entreprises privées où l’évolution de carrière est presque inexistante et dépend de la bonne volonté du patron et surtout des relations familiales avec ce dernier.
Demain il ne sera pas étonnant si la classe politique est constituée uniquement de Hutu. Les rares Tutsi seront d’aventuriers improvisés et sans expérience avec toutes les maladresses que cela occasionne et les dégâts qu’il cause à l’Etat. Ce sera ni moins ni plus la situation qu’on voit aujourd’hui à l’armée où les Hutu se plaignent ne pas être représentés. On connaît les conséquences de cela.
Une autre conséquence observée aujourd’hui chez les jeunes lauréats tutsi des universités est la fuite généralisée de leur pay. Presque tous les jeunes Tutsi qui terminent les universités étrangères préfèrent rester à l’étranger, car leurs horizons sont fermés au Burundi. Ils n’ont plus d’ambitions nationales du fait que la voie leur est barrée par le système politique actuel à sens unique. C’est une autre forme de fuite de cerveaux.
D’autres encore qui terminent les études au Burundi se bousculent aux portes des ambassades pour avoir des visas afin de fuir le Burundi. Ils se cherchent un eldorado en Europe ou en Amérique où ils se déclarent ensuite réfugiés. Effectivement ils fuient un système qui leur refuse l’identité nationale et les droits civiques et politiques élémentaires par une discrimination diffuse qui ne dit pas son nom. Des jeunes lauréats tutsi, voir de jeunes fonctionnaires ont perdu espoir dans leur pays et se considèrent déjà comme des étrangers . Leurs aînés qui peuplent les institutions, les sociétés para- étatiques, les entreprises privées, etc.., ne leur disent rien et au contraire les encouragent à fuir leur pays devant l’inflation ethnique hutu qui devient désormais un péril réel avec les accords d’Arusha.
L’encouragement des jeunes Tutsi à fuir leurs pays par certains parents qui dominent les institutions « partenaires » est une des pathologies créées par le système Buyoya. Tenez, les vieux Tutsi, dont la plupart ont profité des régimes qu’ils ont servis en desservant le pays incitent leurs enfants et leurs proches à fuir le pays. Ils les condamnent au statut de réfugié en Occident pour qu’ils échappent au « péril hutu » qu’ils ont créé. Un scandale en somme!
Tenez le Président Buyoya, père du système actuel, son 2ème vice-président, le vieux Mathias Sinamenye (plus de 20 ans aux affaires), la majorité des « super- dignitaires » tutsi, etc, ont tous envoyé leurs enfants ou les proches à l’étranger. On en voit même qui cherchent frauduleusement des papiers médicaux à leur fils et filles pour qu’ils échappent au service militaire obligatoire (SMO) pour fuir le pays. Le SMO est même organisé selon un calendrier imposé par les mêmes grands pour leur permettre de faire filer leurs enfants. La plupart de ces enfants, presque la majorité, ont aujourd’hui le statut de réfugié à l’étranger! Ils évoluent loin de leur pays, loin des réalités nationales; on leur refuse de s’habituer aux affaires publiques et demain ils seront de mécontents du système et développeront le syndrome du péril hutu et, bonjour les dégâts!
Une autre conséquence fâcheuse est la méfiance entre les cadres hutu et tutsi qui se retrouve renforcée. Ainsi les jeunes cadres tutsi s’estimant exclus, se méfieront de leurs collègues hutu dont la voie est grandement ouverte pour leur promotion. Pourtant ces jeunes Hutu n’y sont pour rien. Ils ne sont pas responsables de cette situation et, d’ailleurs, ce ne sont pas tous les Hutu qui bénéficient de ces promotions tous azimuts. Après quelques générations, les frustrations encaissées peuvent générer des heurts et des violences, l’accord d’Arusha est là pour attiser cela, étant donné sa domestication dans de vieilles outres de l’éthnisme primaire.
Se révolter contre cette situation et réclamer la place au soleil
En définitive, il s’installe au Burundi une discrimination insidieuse contre les jeunes tutsi par leurs aînés installés dans les sphères de l’Etat depuis 20 ans et plus. Ce sont ceux-là qu’on appelle les «vieux loups » qui donnent le cachet tutsi au système qui, pourtant est dominé par les «jeunes loups hutu » promus tous azimuts (13 Hutu contre 12 Tutsi au gouvernement et plus de 80 % de Hutu contre moins de 20 % de Tutsi au parlement). En voulant corriger ce qu’on appelle la discrimination contre les Hutu, ils s’en prennent aux jeunes générations tutsi qu’ils sacrifient sciemment pour satisfaire leurs intérêts cupides au lieu de prendre le taureau par les cornes et instaurer un système sain de compétition entre les jeunes cadres tutsi et hutu en toute transparence, plutôt que d’instituer une discrimination contre la discrimination ou le système de promotion tous azimuts à sens unique. Les jeunes générations tutsi ne sont pas responsables de la gestion chaotique de Buyoya et Bagaza qui, tous deux veulent s’imposer encore sur le pays pendant quelques années. Par contre, ils sont entrain de subir les conséquences de cette gestion en même temps qu’ils sont discriminés.
Dans tous les cas, Buyoya et sa clique sont responsables. Mais les jeunes cadres tutsi sont complices de leur discrimination en acceptant passivement et facilement d’évoluer en marge des affaires publiques comme s’ils étaient métèques dans leur propre pays. Il leur revient de se révolter contre cette situation et réclamer leur place au soleil dans les institutions nationales et dans la gestion des affaires publiques. Les jeunes hutu ont également intérêt à ce que la situation ne continue pas ainsi pour éviter que demain il se crée un déséquilibre dans les institutions étatiques car, après, tout, le système ne favorise qu'une poignée d'individus sur des bases purement subjectives sacrifiant également les jeunes hutu dynamiques et compétents qui resteront indéfiniment dans l'ombre.
JF. Sebatore