PREMIÈRE
PARTIE : INTRODUCTION
I.CRÉATION
DE LA COMMISSION
1.Le
28 août 1995, le Conseil de sécurité a adopté
la résolution 1012, dont le dispositif se lit comme suit :
"Le
Conseil de sécurité
1.Prie
le Secrétaire général d'établir d'urgence une
commission d'enquête internationale qui sera chargée :
a)D'établir
les faits concernant l'assassinat du Président du Burundi le 21
octobre 1993, ainsi que les massacres et les autres actes de violence graves
qui ont suivi;
b)De
recommander des mesures de caractère juridique, politique ou administratif,
selon qu'il conviendra, après consultation avec le Gouvernement
burundais, ainsi que des mesures visant à traduire en justice les
responsables de ces actes, pour empêcher que ne se reproduisent des
actes analogues à ceux sur lesquels elle aura enquêté
et, d'une manière générale, pour éliminer l'impunité
et promouvoir la réconciliation nationale au Burundi;
2.Recommande
que la commission d'enquête internationale se compose de cinq juristes
impartiaux, expérimentés et internationalement respectés,
qui seront choisis par le Secrétaire général et disposeront
des services d'experts voulus, et que le Gouvernement burundais soit tenu
dûment au courant;
3.Demande
aux États, aux organes compétents des Nations Unies et, selon
qu'il conviendra, aux organisations humanitaires internationales de rassembler
les informations dignes de foi dont ils disposent en ce qui concerne les
actes visés au paragraphe 1 a) ci-dessus, de communiquer ces informations
dès que possible à la commission d'enquête et de prêter
à celle-ci le concours voulu;
4.Prie
le Secrétaire général de lui rendre compte de l'établissement
de la commission d'enquête et de lui présenter un rapport
intérimaire sur les travaux de la commission dans les trois mois
qui suivront sa mise en place, ainsi qu'un rapport final lorsque la commission
aura accompli sa tâche;
5.Demande
aux autorités et aux institutions burundaises, y compris tous les
partis politiques, de coopérer pleinement avec la commission d'enquête
internationale dans l'accomplissement de son mandat, notamment en répondant
favorablement aux demandes de la commission concernant la sécurité,
l'assistance et l'accès nécessaires pour mener les enquêtes,
cette coopération comprenant les mesures suivantes :
a)Le
Gouvernement burundais devra prendre toutes mesures nécessaires
pour que la commission et son personnel puissent accomplir leurs tâches
sur l'ensemble du territoire national, en toute liberté, indépendance
et sécurité;
b)Le
Gouvernement burundais devra fournir toutes les informations en sa possession
que la commission lui demandera ou qui sont nécessaires pour que
la commission s'acquitte de son mandat, et permettre à la commission
et à son personnel de consulter librement toutes les archives officielles
se rapportant à son mandat;
c)La
commission devra être libre de recueillir tous renseignements qu'elle
juge pertinents et d'utiliser toutes les sources d'information qu'elle
estime utiles et fiables;
d)La
commission devra être libre de s'entretenir en privé avec
quiconque, selon qu'elle le jugera nécessaire;
e)La
commission devra être libre de se rendre à quelque moment
que ce soit dans tout établissement ou en tout lieu;
f)Le
Gouvernement burundais devra garantir le plein respect de l'intégrité,
de la sécurité et de la liberté des témoins,
des experts et de toutes autres personnes aidant la commission dans ses
travaux;
6.Demande
à tous les États de coopérer avec la commission afin
de faciliter ses enquêtes;
7.Prie
le Secrétaire général d'assurer comme il convient
la sécurité de la commission en coopération avec le
Gouvernement burundais;
8.Prie
le Secrétaire général de créer pour compléter
le financement de la commission d'enquête en tant que dépense
de l'Organisation un fonds d'affectation spéciale auquel seront
versées les contributions volontaires destinées au financement
de la commission d'enquête;
9.Invite
instamment les États et les organisations intergouvernementales
et non gouvernementales à fournir à la commission d'enquête
des fonds, du matériel et des services, y compris des services d'experts,
à l'appui de l'application de la présente résolution;
10.Décide
de rester activement saisi de la question."
2.Conformément
à la résolution 1012, le Secrétaire général
a nommé, le 20 septembre 1993, une Commission d'enquête internationale
au Burundi composée des juristes ci-après :
Edilbert
RAZAFINDRALAMBO (Madagascar), Président
Abdelali
EL MOUMNI (Maroc)
Mehmet
GÜNEY (Turquie)
Luis
HERRERA MARCANO (Venezuela)
Michel
MAURICE (Canada)
3.Deux
missions des Nations Unies ont précédé la Commission
au Burundi.En mars 1994, à
la suite de la tentative de coup d'État au Burundi qui a conduit
à l'assassinat du Président Melchior Ndadaye et à
une vague de massacres et actes de violence dans tout le pays, le Secrétaire
général, pour donner suite à une demande du Gouvernement
burundais et conformément à une note du Président
du Conseil de sécurité (S/26757), a dépêché
une mission préparatoire chargée d'établir les faits
à laquelle il a nommé les Ambassadeurs Martin Huslid et Siméon
Aké.Le rapport de cette mission
(S/1995/157) a été rendu public le 24 février 1995.Le
26 juin 1995, le Gouvernement burundais ayant officiellement demandé
à l'ONU de créer une commission d'enquête judiciaire,
le Secrétaire général a envoyé M. Pedro Nikken
au Burundi pour étudier les modalités selon lesquelles une
telle commission pourrait être mise en place.Le
rapport de M. Nikken (S/1995/631) contenait des recommandations relatives
à la création de la Commission et à son mandat.
4.Les
premières réunions de la Commission se sont tenues à
Genève, du 25 au 27 octobre 1995.
II.MANDAT
DE LA COMMISSION
5.Le
mandat de la Commission, tel qu'il était défini dans la résolution
1012 du Conseil de sécurité, comportait les éléments
distincts énumérés ci-après :
a)"Établir
les faits concernant l'assassinat du Président du Burundi le 21
octobre 1993";
b)"Établir
les faits concernant ... les massacres et les autres actes de violence
graves qui ont suivi (l'assassinat du Président du Burundi le 21
octobre 1993)";
c)"Recommander
... des mesures visant à traduire en justice les responsables de
ces actes ...";
d)"Recommander
des mesures de caractère juridique, politique ou administratif,
selon qu'il conviendrait, après consultation avec le Gouvernement
burundais, ... pour empêcher que ne se reproduisent des actes analogues
à ceux sur lesquels elle aurait enquêté et, d'une manière
générale, pour éliminer l'impunité et promouvoir
la réconciliation nationale au Burundi".
III.PRINCIPES
GÉNÉRAUX DE LA MÉTHODE DE TRAVAIL
6.Bien
que le Gouvernement burundais ait demandé qu'il s'agisse d'une commission
d'enquête judiciaire, la Commission n'a été dotée
d'aucun pouvoir judiciaire : elle était chargée d'effectuer
une mission d'établissement des faits concernant les crimes indiqués
plus haut et était très libre dans la formulation de ses
recommandations.Cela étant,
comme elle l'a indiqué dans son rapport préliminaire, elle
a décidé d'appliquer à ses activités d'établissement
des faits, dans la mesure du possible, les normes qui régissent
les activités judiciaires non seulement pour asseoir sur une base
solide les conclusions auxquelles elle aboutirait, mais aussi afin de réunir
des éléments de preuve qui puissent servir ultérieurement
dans des poursuites judiciaires.
7.À
cette fin, la Commission a adopté des règles de procédure
(annexe I) régissant à la fois son propre fonctionnement
et l'audition des témoins.
8.En
ce qui concerne les témoins, ils ont déposé sous serment
en présence d'au moins un membre de la Commission, leur déposition
étant enregistrée au magnétophone puis transcrite
sur papier.Les dépositions
en kirundi ont été interprétées par deux interprètes
assermentés représentant chacun des deux principaux groupes
ethniques, qui se sont chargés eux-mêmes de la transcription.Dans
les cas relativement rares où, en raison des conditions sur le terrain,
on a fait appel à un seul interprète, un second interprète
appartenant à l'autre groupe ethnique à toujours participé
au travail de transcription.Tous
les témoins ont été entendus séparément
et en privé.
9.S'agissant
de l'assassinat, l'enquête a visé à établir
les faits permettant non seulement de désigner les auteurs directs
du crime mais aussi d'établir si les ordres étaient venus
de plus haut et, dans l'affirmative, si l'assassinat avait été
préparé à l'avance dans le cadre d'une tentative de
coup d'État.Cela dit, il
ne s'agissait pas d'enquêter sur le coup d'État en tant que
tel, ce qui ne faisait pas partie du mandat de la Commission.
10.S'agissant
des massacres et autres actes de violence graves, il était manifestement
impossible d'entreprendre d'enquêter sur chacun des milliers d'incidents
qui s'étaient produits ou d'essayer d'en identifier tous les auteurs
directs, qui se chiffrent par dizaines sinon par centaines de milliers.La
Commission a donc dû limiter son enquête à un nombre
restreint de communes sélectionnées, compte tenu des contraintes
imposées par les problèmes de sécurité, pour
leur représentativité par rapport aux événements
qui s'étaient déroulés dans l'ensemble du pays.Elle
ne pouvait pas espérer, même en se limitant à ces zones,
procéder à une enquête détaillée sur
chaque incident afin d'établir la responsabilité des individus
qui y étaient impliqués.Elle
a plutôt cherché à établir quels étaient
la nature des crimes, leur ampleur et si possible les liens entre eux,
et à savoir s'ils avaient été préparés
à l'avance et ordonnés ou tolérés par une autorité
supérieure.
11.La
Commission s'est efforcée d'agir en toute impartialité, sans
idées préconçues, et, autant que possible, d'entendre
toutes les parties concernées par chaque affaire.Dans
cet esprit, elle a entrepris d'analyser et de vérifier les accusations
portées par diverses organisations sans limiter en aucune manière
son action à ces accusations et, malgré les difficultés
et les risques considérables que cela comportait, d'entendre des
témoins appartenant à différents partis et groupes
ethniques civils et militaires, à Bujumbura et dans l'intérieur
du pays, dans les prisons, dans les camps de personnes déplacées
et dans les collines retirées.Dépourvue
d'aucun pouvoir qui lui permette de contraindre des témoins à
déposer devant elle, elle n'a pu entendre que les témoins
qui voulaient bien se présenter volontairement.Pour
ce qui est des prisonniers, elle dépendait de la coopération
des autorités judiciaires, qui lui a été accordée
dans tous les cas.Quant aux militaires,
il a fallu les convoquer sans grand succès par l'intermédiaire
du Ministère de la défense.
12.Pour
ce qui est des preuves écrites, la Commission n'était dotée
d'aucun pouvoir lui permettant d'examiner elle-même les dossiers
ou archives ou de contraindre les autorités ou les personnes privées
à produire des documents.Il
a fallu demander les documents officiels intéressant l'enquête
aux autorités civiles et militaires.La
Commission a pu consulter les archives des tribunaux et les dossiers d'accusation.La
plupart étaient en Kirundi, et elle n'a pu ni en faire des copies
ni les faire traduire par des traducteurs neutres.Des
notes ont été prises sur des exposés succincts faits
oralement par des juges et des procureurs.La
Commission a essayé, en vain, de se procurer les dossiers militaires
par l'intermédiaire du Ministère de la défense.
13.Afin
de pouvoir élaborer des recommandations, la Commission a cherché
à entendre un éventail aussi large que possible de fonctionnaires,
de responsables politiques, d'hommes d'affaires et de représentants
de gouvernements étrangers et d'organisations internationales gouvernementales
et non gouvernementales.Conformément
à la résolution 1012, elle a rencontré le Président,
le Premier Ministre et des membres de son Gouvernement, et le Président
de l'Assemblée nationale.
IV.ACTIVITÉS
DE LA COMMISSION
14.Les
travaux de la Commission se sont divisés en deux périodes
: la première, du 25 octobre au 20 décembre 1995, a abouti
à la présentation d'un rapport préliminaire selon
les dispositions de la résolution 1012, et la seconde, du 7 janvier
au 22 juillet 1996, qui se termine par la remise du présent rapport.
A.1995
15.Les
membres de la Commission se sont réunis pour la première
fois à Genève, du 25 au 27 octobre 1995.Ils
ont étudié le mandat de la Commission, discuté de
ses règles de fonctionnement et organisé ses travaux, et
la situation au Burundi leur a été exposée par un
sous-secrétaire général aux affaires politiques et
par des responsables de la sécurité du Secrétariat
et du Haut Commissariat pour les réfugiés.
16.La
Commission est arrivée à Bujumbura le 29 octobre 1995.Elle
y a été accueillie par un fonctionnaire de la Division des
affaires politiques du Secrétariat, qui y avait été
envoyé pour lui trouver des bureaux, et par un effectif de neuf
personnes désignées par le Siège : un spécialiste
des affaires politiques, un juriste et du personnel d'appui (sécurité
et administration).Le fonctionnaire
d'administration est arrivé quelques jours plus tard et la Secrétaire
exécutive, nommée après consultation de la Commission,
est arrivée le 14 novembre.La
Commission a commencé par exercer ses activités à
l'hôtel où ses membres étaient logés, jusqu'à
ce que ses bureaux soient suffisamment aménagés.
17.La
Commission a rendu des visites de courtoisie aux membres du Gouvernement
et à de hautes personnalités de l'Assemblée nationale
et de l'Administration; d'autre part, elle s'est informée auprès
des représentants de divers secteurs de la vie publique burundaise
sur la situation au Burundi et sur d'autres questions en rapport avec son
mandat.Elle a en effet rencontré
des membres des partis politiques, des chefs religieux et des membres d'organisations
non gouvernementales locales, en particulier des deux plus importantes
dans le domaine des droits de l'homme, l'ITEKA et la SONERA.Elle
a obtenu des renseignements supplémentaires en rencontrant des représentants
des pays étrangers et des organisations internationales, notamment
ceux de plusieurs institutions spécialisées des Nations Unies.
18.La
Commission a publié un avis au public, qui a été diffusé
par les médias locaux, indiquant quel était son mandat et
invitant toute personne intéressée à lui fournir des
renseignements; elle a également émis une circulaire dans
la même intention.
19.Au
cours de la première période de son enquête au Burundi,
la Commission a entendu des témoignages sous serment concernant
l'assassinat du Président Ndadaye et les massacres et autres actes
de violence graves qui ont suivi.Par
l'intermédiaire du Procureur général de la République
à Bujumbura, elle a fait en sorte que soient amenées dans
ses bureaux pour y rendre leur témoignage certaines des personnes
accusées d'avoir participé à l'assassinat qui se trouvaient
en prison.Elle a également
entendu le témoignage de quelques témoins capitaux, par exemple
Mme Laurence Ndadaye, veuve du Président décédé,
M. Sylvestre Ntibantunganya, Président de la République,
qui était Ministre des affaires étrangères et de la
coopération au moment des événements, et le colonel
Jean Bikomagu, qui était alors et est encore Chef de l'État
major général de l'Armée.
20.Lors
de deux tournées dans l'intérieur du pays, les membres de
la Commission se sont rendus dans les provinces de Muramvya et Gitega,
dont elles ont rencontré les gouverneurs et où elles ont
recueilli des renseignements intéressants et entendu des personnes
se trouvant dans des prisons ou des camps de personnes déplacées.
21.La
Commission a entrepris d'étudier le système judiciaire burundais.À
cette fin, ses membres et son personnel ont notamment rencontré
le Doyen adjoint de la Faculté de droit de l'Université de
Bujumbura, l'Inspecteur en chef de la Police judiciaire, le Directeur du
Centre national des droits de l'homme, le bâtonnier et des membres
du barreau et le Représentant du Haut Commissariat pour les réfugiés.
22.Le
6 décembre des coups de feu ont éclaté à proximité
des bureaux de la Commission, situés dans un faubourg de Bujumbura,
ce qui a contraint la Commission et son personnel à évacuer
leurs locaux.Par la suite, ne pouvant
plus se servir de ces bureaux en raison des problèmes de sécurité
qui se posaient dans le quartier, la Commission a dû à nouveau
exercer ses activités à l'hôtel, où elle n'était
pas équipée correctement.
23.Le
14 décembre 1995, la Commission s'est réunie au Siège,
à New York, pour établir son rapport préliminaire.Elle
a rencontré le Secrétaire général, les Chefs
du Département des affaires politiques et du Bureau des affaires
juridiques et certains de leurs collaborateurs, le Coordonnateur des Nations
Unies pour les mesures de sécurité et des représentants
des États Membres.Elle a
présenté son rapport préliminaire au Secrétaire
général le 20 décembre 1995.Elle
y exposait son interprétation de son mandat, rendait compte du travail
accompli jusque-là et expliquait les difficultés qu'elle
rencontrait en essayant de s'acquitter de son mandat du fait de la situation
au Burundi antagonisme entre ethnies et insécurité et
de l'insuffisance des moyens humains et matériels dont elle disposait.
24.La
Commission a reçu des assurances selon lesquelles on s'efforcerait
de la doter de moyens humains et matériels adéquats.
B.1996
25.La
Commission a repris ses travaux au Burundi le 8 janvier 1996.Jusqu'au
6 février, date à laquelle un nouveau bureau est devenu opérationnel,
elle a exercé ses activités à l'hôtel.
26.La
Commission a choisi deux provinces, celles de Gitega et Muramvya, pour
y entamer ses travaux sur le terrain en vue d'enquêter sur les massacres
et autres actes de violence.La
portée de l'enquête a été étendue à
la Province de Ngozi vers la fin février et à celle de Kirundo
début mars.Il a fallu suspendre
les travaux dans cette dernière peu après les avoir commencés,
en raison du manque de ressources humaines.
27.La
Commission a confié des responsabilités particulières
à chacun de ses membres.Deux
d'entre eux étaient chargés d'enquêter sur l'assassinat
et sur les événements survenus dans la province de Gitega,
un autre devait enquêter sur les événements survenus
dans la province de Muramvya et les deux derniers se sont chargés
du reste des travaux, notamment en ce qui concerne les documents, renseignements
et témoignages reçus en réponse à l'appel lancé
au public par la Commission.La répartition
des tâches a été modifiée plusieurs fois au
cours des mois qui ont suivi, comme il est indiqué dans divers passages
du présent rapport.
28.Les
membres de la Commission ont rencontré le Procureur général
de la République plusieurs fois afin d'obtenir l'accès à
des prisonniers et à des dossiers judiciaires.
29.En
novembre 1995, la Commission avait demandé à rencontrer le
Ministre de la défense afin d'être autorisée à
consulter les dossiers et registres militaires et à interroger des
témoins militaires.Après
avoir réitéré sa demande plusieurs fois, elle a été
reçue le 23 janvier 1996.Elle
n'a pas obtenu d'avoir accès directement aux dossiers, mais le Ministre
a nommé un officier de liaison chargé de transmettre les
demandes visant à faire comparaître devant elle des témoins
militaires.Comme il est indiqué
par ailleurs, le Ministère de la défense a très mal
coopéré à l'enquête.
30.La
Commission a entendu les témoignages de 61 militaires, y compris
des prisonniers.Certains d'entre
eux ont été entendus deux fois.Certains
ont comparu mais ont refusé de témoigner.Les
officiers dont les noms suivent ont été convoqués
par la Commission mais ne se sont pas présentés :
Colonel
Laurent NIYONKURU
Colonel
Pascal NTAKO
Lieutenant-colonel
Lucien RUFYIRI
Lieutenant-colonel
Ascension TWAGIRAMUNGU
Adjudant-chef
MBONAYO
Lieutenant
Valentin HATUGIMANA
Lieutenant
NTARATAZA
Caporal
HAVUGIYAREMYE
Caporal
NDUWAYO
Deuxième
classe KANTUNGEKO
31.Un
membre de la Commission s'est rendu au Siège, à New York,
pour consulter les documents pertinents recueillis par la mission d'établissement
des faits Aké/Huslid, qu'on ne pouvait pas envoyer au Burundi pour
des raisons de sécurité.Pendant
son séjour à New York, il a également reçu
des éléments intéressants provenant de l'enquête
réalisée en 1994 par la Fédération internationale
des Ligues des droits de l'homme.À
son retour, il a entendu les témoignages de deux militaires et du
juge qui avait mené l'enquête sur l'assassinat du Président
Ndadaye dans le cadre de l'enquête citée plus haut.
32.Deux
membres de la Commission se sont rendus en Ouganda pour y entendre huit
importants témoins militaires, à Kampala.Un
autre membre de la Commission a entendu un important témoin civil
à Abidjan (Côte d'Ivoire).
33.Sur
la durée de l'enquête, la Commission a entendu au total 667
témoins.
34.Les
membres de la Commission ont dû commencer leur travail sur le terrain
sans l'aide d'enquêteurs.Les
deux premiers enquêteurs sont arrivés au Burundi le 12 mars
1996.Cinq autres sont arrivés
dans les semaines qui ont suivi.Pour
l'enquête dans les provinces, le travail sur le terrain se faisait
en missions d'une journée ou de plusieurs jours.La
portée et la nature de ces activités sont décrites
par ailleurs dans le présent rapport. Au
total, les membres de la Commission ont passé 30 jours de travail
à Muramvya, 21 à Ngozi, 20 à Gitega et 3 à
Kirundo.À d'autres moments,
les enquêteurs ont travaillé seuls sur le terrain.
35.Au
cours de ses travaux, outre ses entrevues occasionnelles avec le Représentant
spécial du Secrétaire général et le Représentant
résident du Programme des Nations Unies pour le développement
qui était le fonctionnaire chargé de la sécurité
du personnel des Nations Unies au Burundi la Commission a rencontré
les fonctionnaires suivants du système des Nations Unies : Le Haut
Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, de passage
au Burundi, le Rapporteur spécial de la Commission des droits de
l'homme pour le Burundi, les membres de la Commission d'enquête des
Nations Unies sur le trafic d'armes au Rwanda, le Représentant au
Burundi du Haut Commissaire aux droits de l'homme et des Observateurs des
droits de l'homme.
36.La
Commission a aussi rencontré des représentants des États
Membres : le Conseiller du Président des États-Unis pour
la sécurité nationale, le Sous-Secrétaire d'État
aux droits de l'homme des États-Unis, le Représentant permanent
des États-Unis auprès de l'Organisation des Nations Unies,
le Coordonnateur spécial des États-Unis pour le Rwanda et
le Burundi, le Chargé d'affaires des États-Unis au Burundi,
le Directeur pour le Rwanda et le Burundi de l'Agency for International
Développement des États-Unis, l'Ambassadeur de Suède,
deux représentants du Haut Commissaire de l'Afrique du Sud à
Nairobi et une délégation du Groupe des États d'Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique.
37.La
Commission s'est tenue en rapport et a collaboré étroitement
avec le Représentant spécial du Secrétaire général
de l'Organisation de l'unité africaine au Burundi et avec le Chef
de la Mission internationale d'observateurs de cette organisation au Burundi.
38.Comme
l'exigeait le mandat de la Commission, son Président, secondé
par les conseillers politiques et juridiques, a procédé à
des consultations avec le Président de la République, le
Premier Ministre, les Ministres des affaires étrangères,
de la Justice, de la défense et des droits de l'homme, le Procureur
général de la République, le Président de la
Cour suprême, celui de la Cour constitutionnelle et celui de l'Assemblée
nationale, sur la question des recommandations concernant des mesures d'ordre
juridique, politique ou administratif.Le
Ministre de l'intérieur n'a pas trouvé le temps de rencontrer
la Commission.
39.M.
Güney a démissionné de la Commission le 16 mai 1996
pour raisons personnelles.
40.Avant
de quitter le pays, le Président de la Commission a rendu une visite
de courtoisie au Président de la République, au Premier Ministre
et à d'autres ministres, à des membres du corps diplomatique
et à des représentants d'organisations internationales.
V.DIFFICULTÉS
AUXQUELLES SE SONT HEURTÉS LES TRAVAUX
DE
LA COMMISSION
41.La
Commission s'est heurtée à des difficultés considérables
dans l'accomplissement de son mandat.Parmi
les plus graves, on peut citer les suivantes.
A.Le
temps écoulé depuis les événements visés
par l'enquête
42.Lorsque
la Commission est arrivée au Burundi, plus de deux ans s'étaient
écoulés depuis les événements sur lesquels
elle devait enquêter.Pendant
cette période de bouleversements, bien des protagonistes, témoins
ou survivants des événements avaient été déplacés,
étaient devenus des réfugiés ou étaient décédés,
souvent de mort violente.Ceux qui
ont pu être entendus avaient eu le temps de raconter et de reraconter
maintes fois leur histoire, parfois dans le cadre d'enquêtes officielles
ou non, et de la modifier ou de l'embellir.Leurs
souvenirs s'étaient estompés, ce qui les conduisait à
confondre des noms, des dates et des lieux.Des
éléments de preuve avaient été perdus, détruits
ou falsifiés.Les événements
survenus dans le pays avaient encore pesé sur l'objectivité
des témoins.
B.La
polarisation ethnique du pays
43.Depuis
1993, l'antagonisme entre Tutsis et Hutus s'est intensifié.Les
membres de chacun des deux groupes "ethniques" se sentent collectivement
engagés dans une lutte à mort pour ne pas être exterminés
ou assujettis.Cette situation fait
naître des sentiments de "solidarité ethnique" qui conduisent
la plupart des membres d'un des groupes à dissimuler ou à
justifier comme étant un acte de défense tout agissement
d'un membre de son propre groupe, quelle que soit son atrocité,
à exagérer ou même à inventer des atrocités
commises par des membres de l'autre groupe et à dénoncer
comme traîtrise toute preuve d'objectivité ou de modération.Dans
un pareil climat, il est extrêmement difficile d'obtenir des témoignages
fiables.
44.La
Commission souhaite à ce propos souligner que si, conformément
à l'usage courant au Burundi, elle emploie les termes "ethnique",
"Hutu" et "Tutsi", elle le fait à contrecoeur, uniquement parce
que son rapport serait incompréhensible si elle s'y refusait.Il
ne faut surtout pas y voir un signe qu'elle pense qu'il existe des différences
raciales ou culturelles entre les membres des deux groupes.On
ne peut cependant pas échapper au fait qu'une énorme majorité
des Burundais se considèrent et sont considérés par
les autres comme des membres de l'un ou l'autre des deux groupes.
C.La
situation au Burundi sur le plan de la sécurité
45.La
situation au Burundi sur le plan de la sécurité a peut-être
été le plus gros problème auquel la Commission ait
eu à faire face.
a)La
sécurité à Bujumbura
46.Un
couvre-feu était imposé à Bujumbura de 21 heures à
5 heures.Au moment de l'arrivée
de
la Commission, la plupart des habitants hutus avaient été
chassés de la ville par les militants tutsis et les forces de sécurité.Quelques
Hutus continuent d'habiter les quartiers riches et les quartiers à
majorité musulmane, d'autres viennent en ville dans la journée
pour y travailler ou pour y apporter des produits de leurs terres.La
nuit, on entend souvent des coups de feu ou des explosions de grenades;
les assassinats en plein jour sont tout aussi courants.Les
vols de voiture à main armée sont fréquents et touchent
souvent les organisations internationales.
47.S'il
est vrai qu'en raison de la composition pratiquement monoethnique de la
ville et du fait que celle-ci est étroitement contrôlée
par les forces de sécurité il n'y a pas eu d'affrontement
ethnique pendant le séjour de la Commission, il n'en reste pas moins
qu'à plusieurs occasions des grèves ou manifestations tutoies
ont contraint la Commission et son personnel à se cantonner chez
eux, et cela, une fois, pendant plusieurs jours.Heureusement,
grâce au fait que les règles de sécurité étaient
rigoureusement respectées, ni la Commission ni son personnel n'ont
subi aucun préjudice personnel.
48.Lorsque
la Commission est arrivée pour la première fois à
Bujumbura, des fonctionnaires des Nations Unies avaient déjà
loué des bureaux à son intention à Mutanga-Nord, un
des derniers quartiers résidentiels biotechniques situé en
périphérie.En raison
de l'insécurité, il était impossible de travailler
au bureau après la tombée de la nuit.Le
6 décembre, des tirs d'arme légère et de canon de
voiture blindée ont éclaté tout autour de la maison
où se trouvaient les bureaux de la Commission; l'incident a duré
deux heures, et il a été indiqué plus tard qu'il s'agissait
d'une opération des forces de sécurité contre des
agents infiltrés rebelles armés.À
partir de cette date il est devenu impossible, pour raisons de sécurité,
de se servir du bureau.Jusqu'à
ce que de nouveaux bureaux soient loués au centre-ville, la Commission
a été contrainte d'effectuer ses travaux à l'Hôtel
Source du Nil, où elle était logée ainsi que son personnel
international.
49.L'hôtel
comme les bureaux étaient gardés par un détachement
de la Gendarmerie burundaise, qui est une force militarisée sous
commandement de l'Armée.Le
comportement et l'esprit de coopération de ces gendarmes ont toujours
été irréprochables, mais il n'en reste pas moins que
leur seule présence, en armes et en uniforme, avait en soi un effet
dissuasif sur la venue de témoins hutus.
50.Une
des plus grandes préoccupations de la Commission a été
l'impossibilité d'assurer correctement la confidentialité
de ses travaux et de ses dossiers car le fait de témoigner exposait
à un risque très réel et immédiat de représailles
mortelles.Jusqu'au 6 janvier 1996,
seulement trois gardes des Nations Unies étaient affectés
à la sécurité de la Commission.Comme
ils pouvaient à peine assurer la sécurité des personnes
et des logements, les bureaux restaient sans surveillance la nuit.Ce
n'est qu'à partir d'avril, lorsque le nombre de gardes des Nations
Unies est passé à huit, que le bureau a pu être surveillé
24 heures sur 24.
51.La
Commission n'a jamais pu obtenir de moyens de détection des appareils
d'espionnage électronique.
b)La
sécurité dans l'intérieur du pays
52.Si
la Commission et son personnel avaient respecté les règles
de sécurité en vigueur s'appliquant en général
au personnel des Nations Unies au Burundi, ils n'auraient jamais quitté
Bujumbura.Le pays tout entier est
le lieu d'affrontements entre la guérilla et l'Armée, qui
s'en prennent toutes deux aux populations civiles.Des
organisations internationales ont été attaquées et
plusieurs de leurs fonctionnaires ont été tués ou
blessés.Il n'est pas rare
que les véhicules soient attaqués par des criminels de droit
commun.Au moins deux fois, les membres
de la Commission et son personnel ont été les témoins
directs de tirs de canon.Plusieurs
fois, ils ont vu des véhicules criblés de balles sur le bord
de la route.Les grands axes ont
été fermés à la circulation à plusieurs
reprises, ce qui a interrompu les travaux de la Commission.
53.Du
fait de l'intensité des activités de la guérilla et
de la répression exercée par l'Armée, il a été
totalement impossible d'enquêter dans des provinces comme celle de
Karuzi ou celles qui bordent les frontières du Zaïre et de
la Tanzanie.Même dans les
provinces choisies par la Commission, les incidents faisant intervenir
des armes n'ont jamais cessé, particulièrement dans le nord
de la province de Gitega et dans celle de Muramvya.En
raison d'une attaque particulièrement grave menée par la
guérilla dans la province de Gitega et de la répression qui
s'en est suivie, il a fallu suspendre l'enquête dans cette province
pendant plus de deux semaines.Pendant
la plus grande partie du séjour de la Commission, Bugendana, une
des communes de cette province où l'enquête devait se dérouler,
a été inaccessible.À
Ruhororo, dans la province de Ngozi, la Commission a pu atteindre le chef-lieu,
mais il lui a été conseillé de ne pas s'écarter
de la grand-route.
54.Outres
les risques courus par les personnes, les conditions de sécurité
rendaient particulièrement difficiles les contacts avec les témoins
hutus dans les campagnes, qui se méfiaient énormément
de l'escorte de gendarmes dont les équipes de la Commission ne pouvaient
pas ne pas être accompagnées.
D.L'insuffisance
des moyens
55.Lorsque
la Commission est arrivée à Bujumbura après sa première
réunion de deux jours à Genève, ni son Président
ni aucun de ses membres n'avait eu l'occasion de parler au Siège
de leurs projets ou des moyens en personnel et en matériel.Le
personnel comportait en tout et pour tout deux conseillers antérieurement
désignés par le Siège, trois employés administratifs,
un coordonnateur pour les mesures de sécurité et trois gardes.Des
bureaux avaient été loués mais n'étaient pas
meublés.Le fonctionnaire
d'administration est arrivé le 31 octobre.La
Secrétaire exécutive, nommée avec l'accord de la Commission,
est arrivée le 14 novembre.
56.Comme
il a été indiqué dans le rapport préliminaire,
lorsque la Commission s'est rendue au Siège en décembre 1995
elle a reçu des assurances selon lesquelles jusqu'à 10 enquêteurs
qualifiés seraient mis à sa disposition pour l'aider dans
sa tâche à partir de janvier.Les
deux premiers enquêteurs sont arrivés le 12 mars, et cinq
autres au cours des cinq semaines qui ont suivi.Un
septième est arrivé le 28 avril, 33 jours avant que la Commission
ne quitte Bujumbura le 31 mai.L'effectif
le plus élevé atteint par ceux qui participaient aux travaux
de fond de l'enquête, en comptant les membres de la Commission eux-mêmes,
a dont été de 15 personnes.
57.La
transcription sans délai des témoignages enregistrés
posait un problème insurmontable.Pour
conduire l'enquête, il fallait analyser les témoignages et
en discuter, ce qui ne pouvait pas se faire de façon satisfaisante
à l'aide des enregistrements et de notes nécessairement partielles.Pour
des raisons de confidentialité, on ne pouvait confier à aucun
Burundais des travaux de transcription des témoignages sauf aux
interprètes, à qui est échue la tâche supplémentaire
de transcrire les dépositions qu'ils avaient interprétées
eux-mêmes.Comme ils ne pouvaient
le faire que lorsqu'ils n'étaient pas occupés à interpréter
ou absents sur le terrain, le travail en retard n'a cessé de s'accumuler.La
transcription des témoignages rendus en français ne pouvait
être confiée qu'au personnel international disponible, qui
avait d'autres tâches de travail de bureau à effectuer et
qui ne comptait que deux personnes jusqu'au 8 mars, date où un troisième
transcripteur s'est joint eux.Trois
autres sont arrivés au cours des cinq semaines suivantes.
58.Quand
la Commission a quitté le Burundi, les dépositions de seulement
un tiers environ des 667 témoins avaient été transcrites.Le
travail s'est poursuivi à Bujumbura et à New York pendant
que la Commission discutait de son rapport final et le rédigeait,
mais les dépositions d'environ 150 témoins n'avaient toujours
pas été transcrites lors de la remise du présent rapport.
59.Le
manque de moyens matériels a constamment gêné ou restreint
les travaux de la Commission sur le terrain de bien d'autres manières,
trop nombreuses pour être énumérées.
VI.REMERCIEMENTS
60.La
Commission tient à remercier les gouvernements ci-après de
l'appui qu'ils lui ont fourni : Belgique, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis
d'Amérique, Irlande, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède.Cet
appui a pris la forme de contributions financières au Fonds d'affectation
spéciale,
de personnel fourni à la Commission
pour l'aider dans ses travaux et d'un soutien apporté, d'une manière
générale, à l'enquête.
61.La
Commission tient également à remercier la Mission d'observation
militaire de l'Organisation de l'unité africaine au Burundi de l'aide
et de la collaboration inestimables dont elle lui a fait bénéficier
lorsqu'elle a enquêté dans l'intérieur du pays, ce
sur quoi on trouvera davantage de détails ailleurs dans le présent
rapport.
62.La
Commission exprime sa reconnaissance aux nombreuses organisations non gouvernementales
internationales et burundaises et aux groupements non officiels qui lui
ont apporté leur soutien, notamment sous forme d'information.À
cet égard, l'organisation basée au Royaume-Uni International
Alert mérite une mention spéciale.
63.La
Commission rend hommage au dévouement et au courage dont ont fait
preuve les membres de son personnel, tant burundais qu'étrangers.Elle
tient particulièrement à citer sa Secrétaire exécutive,
Mme Judith Schmidt (Suisse), dont la contribution à ses travaux
a été extraordinairement précieuse.
VII.DOCUMENTS
ET ENREGISTREMENTS
64.L'ensemble
des renseignements recueillis par la Commission sous forme de documents
et d'enregistrements ont été placés sous la garde
du Secrétaire général de l'Organisation des Nations
Unies.
Les contributions financières s'établissent comme suit :
Irlande, 150 000 dollars des États-Unis; Royaume-Uni, 31 250 dollars;
Norvège, 49 983 dollars (la Norvège a également dégagé
un montant supplémentaire pour les frais de matériel de transmission
et les droits d'utilisation); Espagne, 10 000 dollars; Belgique, 336 553,64
dollars; Suède, 73 784,40 dollars; Pays-Bas, 250 000 dollars; Danemark,
49 200 dollars; États-Unis d'Amérique, 500 000 dollars.
Les pays ci-après ont détaché du personnel auprès
de la mission.Le Canada a fourni
deux enquêteurs, du 12 au 28 mars.Les
Pays-Bas ont fourni deux enquêteurs, l'un du 25 mars au 31 mai et
l'autre du 15 avril au 31 mai.La
Suisse a fourni la Secrétaire exécutive de la mission, du
24 octobre 1995 au 31 juillet 1996, et un secrétaire pour les transcriptions,
du 14 avril au 15 juillet 1996.Les
États-Unis ont fourni un enquêteur, du 28 avril au 26 mai
et pendant sept jours en juin.