II.MÉTHODOLOGIE
223.Après
avoir annoncé publiquement qu'elle arrivait au Burundi, la Commission
a reçu de divers particuliers, groupes et organisations un certain
nombre de documents ayant trait aux actes de violence commis dans les provinces.Elle
a analysé ces documents afin d'y rechercher des indices concernant
des événements ou des témoins précis, mais
elle ne les a nullement traités comme des éléments
de preuve et ne s'est pas limitée à en vérifier les
sources.
224.La
Commission a effectué son enquête sur le terrain essentiellement
par l'audition de témoins.Ceux-ci
ont été entendus séparément, certains à
Bujumbura mais la plupart dans les capitales des provinces ou ailleurs,
dans des lieux à l'abri des oreilles indiscrètes.
225.Les
témoins ont été recherchés dans les camps de
personnes déplacées, dans les collines et dans les prisons.Comme
on pouvait s'y attendre, les témoignages ont parfois abouti à
l'identification d'autres témoins éventuels.
226.La
Commission a recherché sans grand succès des éléments
de preuve écrits susceptibles d'intéresser l'enquête.Elle
a entendu ou fait traduire des enregistrements d'émissions radiophoniques
burundaises et rwandaises diffusées au moment des événements
et a vu des films réalisés peu après les événements
par les médias ou par des particuliers.Des
photographies ont été prises le cas échéant.
227.La
Commission a essayé de déterminer l'existence et l'emplacement
de charniers et de fosses communes.Elle
n'a toutefois pas cherché à faire procéder à
des exhumations.Outre le fait qu'elle
n'avait pas les moyens voulus à cet effet, l'existence de charniers
est dans la plupart des cas un fait incontesté et des exhumations
n'étaient guère nécessaires au stade actuel de l'enquête.
228.Les
membres de la Commission ont effectué une première mission
à Gitega et à Muramvya en novembre 1995.En
janvier 1996, étant donné qu'aucun enquêteur n'avait
encore été nommé, la Commission a décidé
que certains de ses membres, même en l'absence d'aide, devaient mener
des activités sur le terrain.
229.La
province de Muramvya a été confiée au commissaire
El Moumni, et la province de Gitega aux commissaires Herrera et Maurice.À
la fin de février et au début de mars, les provinces de Ngozi
et de Kirundo ont été confiées au commissaire Herrera,
et le commissaire Maurice a poursuivi seul l'enquête à Gitega.Le
24 avril, en raison de l'absence du commissaire Güney, le commissaire
Maurice a dû être affecté à l'enquête sur
l'assassinat du Président Ndadaye et le commissaire Herrera s'est
occupé de Gitega et de Ngozi.Les
travaux dans la province de Kirundo ont dû être interrompus.Au
retour du commissaire Güney, le 9 mai 1996, le commissaire Maurice
a de nouveau été seul à s'occuper de Gitega, mais
a été une fois de plus obligé de se consacrer exclusivement
à l'enquête sur l'assassinat, le commissaire Güney ayant
démissionné le 16 mai.La
province de Gitega, en même temps que celle de Ngozi, a été
de nouveau confiée au commissaire Herrera Marcano.
230.Le
commissaire chargé de Muramvya a été aidé par
le juriste, qui s'est porté volontaire pour faire fonction d'enquêteur,
tandis que les deux commissaires affectés à Gitega ont travaillé
dans un premier temps sans assistance.
231.Les
activités dans chaque province ont été menées
par une équipe qui, en plus des commissaires, comprenait au moins
deux interprètes qui travaillaient à tour de rôle et
étaient également chargés de transcrire les témoignages
qu'ils avaient interprétés, un ou deux agents de sécurité
des Nations Unies et une escorte de quatre gendarmes burundais au maximum.Lorsque
les enquêteurs ont commencé à arriver après
le 12 mars, deux au maximum ont été affectés à
chaque équipe.
232.Après
janvier 1996, à la suite d'un arrangement conclu entre le Secrétaire
général de l'Organisation des Nations Unies et le Secrétaire
général de l'Organisation de l'unité africaine, des
officiers de la Mission internationale d'observation pour le Burundi (MIOB)
ont fourni aux équipes sur le terrain une assistance en matière
de sécurité.Ces officiers,
provenant de l'armée du Burkina Faso, de la Guinée et du
Mali, étaient en poste sur place depuis plus d'un an.Leurs
connaissances des conditions locales et du terrain et leur acceptation
par toutes les composantes de la population ainsi que par l'armée
et la gendarmerie ont été d'une aide précieuse pour
la Commission.
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