(Messieurs les anciens Présidents de la République),
Monsieur le Deuxième Vice-Président,
Monsieur l’Ombudsman,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Honorables députés et sénateurs,
Messieurs les Gouverneurs de provinces,
Messieurs les Présidents de partis,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et membres du corps diplomatique,
Messieurs les Hauts Fonctionnaires de l’Administration burundaise,
Mesdames et Messieurs les représentants de la société civile et des médias,
Mesdames et Messieurs les opérateurs économiques,
Beste landgenoten,
Chers compatriotes,
Mesdames et Messieurs,
Laissez-moi commencer par vous dire mon émotion d’être ici ce soir à Bujumbura exactement 50 ans, jour pour jour, après ce moment historique. Je me réjouis de pouvoir être à vos côtés pour célébrer le 50ème anniversaire de l’indépendance du Burundi. Ce moment est unique à plusieurs égards.
C’est un moment unique puisqu’il y a exactement 50 ans, le destin de nos deux pays se séparait, dans la paix, la sobriété et le calme. L’histoire et la communauté internationale, à travers la Société des Nations puis l‘ONU, avaient voulu lier les destinées de nos deux pays. En 1962, l’heure fut venue de mettre fin à ce lien. Mais, vous le savez comme moi, il ne fut pas mis fin aux liens d’amitié qui sont, eux, toujours bien présents, entre une Belgique et un Burundi tous deux indépendants.
Que ce souvenir me soit aussi l’occasion de remercier le Chef de l’Etat Pierre Nkurunziza de nous avoir invités à venir célébrer cet anniversaire avec vous. Cette invitation symbolise l’amitié, la confiance et le véritable partenariat qui caractérisent nos relations.
C’est aussi un moment unique en raison du chemin parcouru par le Burundi au cours de ces cinquante dernières années. Ce chemin fut parsemé d’embûches, de guerres, de souffrances et de drames. Nous n’oublions pas aujourd’hui ces très nombreuses victimes. Nous les commémorons, avec un grand respect, étant conscients du prix lourd que le Burundi a payé avant d’arriver à la paix et à la reconstruction.
Mais le Burundi est désormais résolument engagé sur la voie de la paix et de la stabilité. S’il a pu le faire, c’est grâce à la volonté d’hommes et de femmes, de Burundais et de Burundaises, de déposer les armes et de construire l’avenir. Je salue cette volonté.
L’une des particularités du processus de paix burundais fut de s’être construit dans la région, à l’initiative de pays africains. Les pourparlers furent longs et très progressifs puisque c’est pas à pas que les différents groupes joignirent le processus et les Accords. Je voudrais ici rendre hommage aux états, et aux hommes et femmes politiques ou autres, qui furent aux côtés du Burundi pour construire les Accords d’Arusha et, ce faisant, le Burundi nouveau.
C’est encore un moment unique, un moment charnière, car le Burundi d’aujourd’hui regarde résolument vers l’avenir. Ainsi, nous avons organisé il y a quelques semaines, au Palais d’Egmont à Bruxelles un colloque intitulé « 50 ans après, le Burundi à la croisée des chemins ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit : toutes les routes vous sont ouvertes. Les années de transition ont permis aux Burundi de solidifier les institutions, et les équilibres, destinés à maintenir le pays sur la voie de la paix et à trouver une solution pacifique à tout différend. Les instruments sont là. A vous d’en faire le meilleur usage, celui qui est dans l’intérêt de la population.
Le Burundi avance sur la voie de la démocratie. Celle-ci passe inévitablement par un multipartisme effectif. Nous nous félicitons que l’opposition ait décidé de regarder vers l’avant, vers le cycle électoral de 2015. Nous appelons le Gouvernement à continuer à ouvrir l’espace de dialogue permettant à ces partis de préparer sereinement ces élections.
Certes il reste au Burundi du chemin à parcourir, notamment dans le domaine du développement socio-économique, de la justice et de la lutte contre la corruption. Et ces routes-là en particulier ne sont pas toujours toutes pavées ou tarmaquées… Mais le Burundi y travaille. Et pour relever ces défis, le Burundi sait qu’il a un ami à ses côtés, puisque la Belgique est son premier partenaire de développement. La Belgique est engagée dans une série de domaines-clefs pour l’avenir du pays : les piliers traditionnels de notre coopération comme l’éducation, la santé et l’agriculture, mais aussi la promotion de la bonne gouvernance via des mesures très concrètes, l’appui à la formation et à la professionnalisation de la police ou encore le renforcement de la formation continue des magistrats.
C’est enfin un moment unique puisque le très haut niveau de notre présence ici, démontre à quel point ces liens d’amitiés sont vivants. C’est en effet le Prince héritier, Philippe, accompagné de son épouse la Princesse Mathilde, qui mène la délégation belge à cette occasion. Notre présence démontre que la Belgique restera aux côtés du Burundi.
Au-delà des liens de gouvernement à gouvernement, cette amitié se décline de nombreuses manières :
J’en veux pour preuve le nombre de compatriotes et d’ONGs belges actives au Burundi et, plus encore, la richesse et la diversité de leurs entreprises, de leurs programmes, et de leur engagement.
J’en veux pour preuve le nombre d’interpellations du Parlement que je reçois sur les questions burundaises : il ne se passe pas un mois et parfois une semaine, sans que je puisse échanger avec nos députés ou sénateurs à ce propos, et cela toujours dans un esprit d’engagement ferme pour le succès de notre partenariat ;
J’en veux pour preuve les diasporas de part et d’autre, les mariages mixtes et tous les liens entre nos deux populations.
J’en veux pour preuve le nombre d’associations burundaises en Belgique.
J’en veux pour preuve les liens entre armées et la présence de nombreux Burundais à l’école royale militaire.
J’en veux pour preuve tous ces volontaires belges qui viennent chaque année passer un peu de temps au Burundi.
J’en veux pour preuve nos médias, dont les reportages sur votre beau pays ne manquent pas.
Mais ce ne sont que quelques exemples, qui illustrent le dynamisme et l’enthousiasme de notre partenariat.
Si, pour ma part, c’est la première fois que je me rends au Burundi, j’ai déjà eu plusieurs l’occasion de m’entretenir avec mon homologue Laurent Kavakure, ainsi qu’avec le Deuxième Vice-Président Gervais Rufyikiri. Ce furent avec l’un comme l’autre des échanges fructueux.
Je me réjouis du programme qui nous attend au cours des prochaines heures et jours. La journée de demain sera consacrée au souvenir, à la commémoration mais aussi à la fête. Ce sera l’occasion pour vous tous, Burundais et Belges, de célébrer cet évènement. Nous aurons aussi des entretiens avec des personnalités politiques burundaises puis l’occasion du nous rendre à l’intérieur du pays et dans certains quartiers de Bujumbura pour visiter des réalisations de notre coopération au développement et rencontrer sur le terrain, les hommes et les femmes qui vivent au jour le jour la réalité de ces projets.
L’Afrique des Grands Lacs est et reste une priorité de notre politique étrangère. Nous sommes inquiets de la stabilité de la région. Je mettrai à profit ma présence ici et mon déplacement ensuite en Afrique du Sud, pour poursuivre les consultations sur la situation très préoccupante dans les Kivus. Il convient d’y trouver une solution diplomatique dans les plus brefs délais, tout en cherchant des solutions pour la situation humanitaire.
Mais laissez-moi revenir à nos relations bilatérales avec le Burundi. Régulièrement, la Belgique a l’occasion de rendre hommage à des Burundais et des Belges qui sont les artisans de cette amitié. Certains d’entre eux recevront dans les prochaines semaines une décoration qui témoigne de notre reconnaissance à leur égard. Par respect pour la remise de décorations que donnera demain le Président Nkurunziza, la Belgique a décidé de reporter à plus tard cette cérémonie. Mais qu’ils me soit permis ce soir de féliciter d’ores et déjà les personnes qui seront honorées prochainement.
Je ne veux pas terminer ces quelques mots sans remercier l’Ambassadeur Jozef Smets et les membres de l’Ambassade pour l’important travail déployé au cours des dernières semaines, en étroite collaboration avec l’administration burundaise, auquel je rends également hommage…
Au nom de toute la délégation belge, je remercie encore une fois les autorités burundaises pour leur aimable hospitalité, et vous souhaite à tous une très agréable soirée.