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Rwanda - Génocide

LA TOUSSAINT ROUGE RWANDAISE DU 1er novembre 1959. (Révolution, fratricides, déicides ou génocides assistés 54 ans après ?) ssimbananiye@gmail.com Genèse et chronologie.

6 décembre 2013

Introduction.

En 1959, j’assistais pour la première fois aux campagnes ethnico-racistes qui ravagèrent le Rwanda .J’étais encore élève du secondaire au Groupe scolaire de Butare .L’honneur m’échût de voir de prés le roi Kigeli V Ntahindurwa, Mwami du Rwanda, lors des obsèques de Mme Karabaranga, mère de notre condisciple François Karabaranga, fauchée par la limousine royale à bord de laquelle voyageait le monarque rwandais quelques années avant sa destitution .Bien qu’il s’agissait d’un moment de recueillement, je ne m’en puis de contempler la taille du monarque tellement elle était grande et mince et ses yeux le plus souvent baissés sous la protection de grosses lunettes. Il me donnait l’impression d’un homme timide, sans doute le signe prémonitoire de l’apocalypse qui allait s’abattre sur son pays et la fin de son règne. Je porterai sur ce période, un regard peu complaisant, plutôt critique et d’avance, je demande à l’un ou l’autre parmi mes condisciples dont la susceptibilité pourrait être écorchée .Le temps sait bien arranger les choses, le hasard à fait que parmi les condisciples rwandais qui s’étaient illustrés à cultiver de la haine contre nous et aboutissant à notre expulsion du Rwanda, furent à leur tour emportés par le même glaive qu’ils avaient brandi naguère contre nous.

1.1 Eveil de conscience politique et naissance des partis politiques au Rwanda.

Les troubles au Rwanda coïncident avec le malaise généralisé dans tout le Rwanda après l’assassinat du roi Mutara Rudahirwa où beaucoup de divergences au sein de l’élite rwandaise sortant de l’ombre portent leurs divergences sur le problème dit « d’inégalités et d’injustices sociales » devant le public sans autres préparations aucunes, entrent dans le débat, au moment aussi où les partis politiques naissant parlent aussi de l’indépendance et de la démocratie.

En ce qui concerne la quête de l’indépendance, le cas du Rwanda reste atypique, car normalement l’idée de l’indépendance et de la démocratie pour un pays colonisé est toujours accueillie favorablement par la population opprimée. Il n’en a pas été le cas au Rwanda. L’idée même de l’’independance qui paraissait être du domaine du souhaitable et même nécessaires a été lancée par le parti Unar mais rejetée par le parti Aprosoma et le Parmehutu. Elle ne rassurait pas ces derniers comme la démocratie ne rassurait pas les partisans de l’Unar, quoique ce dernier accepte publiquement le mode d’« élections libres et totales ». La désintégration du tissu social rwandais devenait alors inévitable d’autant plus regrettable que dans cette myopie collective nulle parmi la classe politique ne se rendit pas compte que le pays marchait imperturbable vers un abime évident. Peu importe, l’heure était au désordre, à la panique et les antagonismes ethniques devinrent plus ravivés au fur à mesure qu’approchaient les échéances des campagnes des partis politiques dans le Rwanda.

1.2 Lutte pour l’indépendance et formation des partis politiques au Rwanda.

Apres la mort subite et mystérieuse du Mwami surgit tout un foisonnement de partis politiques dont les plus importants sont :

1. Unar. : Le parti Unar est créé le 25/08/1959 à Nyanza juste un mois après la mort de Rudahirwa .Il a comme Président : François Rukeba et son programme s’articule sur l’unité nationale, la démocratie, la sauvegarde de l’intégrité culturelle, la promotion rapide du développement socio-économique et l’autonomie interne en 1961 et l’indépendance nationale en 1962.

2. Aprosoma :(Association pour la promotion de la masse : hutu) organe ijwi rya rubanda rugufi)

Le parti Aprosoma est crée le 15/9/1959 et choisi Gitera Joseph comme Président, reconnu comme orateur avec un franc parler aux discours messianiques défendant avec poésie et chaleur ses frères de race hutue malheureusement ses éclats verbaux ne s’étendaient que dans son terroir d’origine : le territoire d’Astrida.

3. Parti Parmehutu( Parti du Mouvement de l’Emancipation Hutu,Umutwe Urenganura Abahutu).

Le 26 septembre 1959, Kayibanda transforme le mouvement MSM( Mouvement pour l’émancipation de la masse hutue en parti politique (Parmehutu) avec la bénédiction du chanoine Ernotte et du Père Endriatis, P.Dejemeppe, Abbé.Nanveau.(1) Christianisme et pouvoir au Rwanda. Linden p.351).

Le Parmehutu, né dans le centre du pays, soudé autour de la personnalité de Grégoire Kayibanda a clairement les faveurs du tuteur belge et évince très rapidement son rival Aprosoma .Il sera constituée officiellement le 18/10/1959 et entendait mettre fin à l’hégémonie des Tutsis et au régime féodal instauré par eux. Alors que le parti Unar réclamât l’indépendance et que le parti Aprosoma la rejeta considérant cela comme un piège, le Parmehutu entra en scène le plus officiellement du monde, ses idées ayant été publiées dans la presse d’obédience cléricale .Le leadership du Parmehutu, Grégoire Kayibanda en tète, avait tissé des liens multiples parmi les agents de catégorie moyenne ; dans les mutualités chrétiennes, légions de Marie, associations d’anciens moniteurs et séminaristes, amicales des anciens élèves joséphistes, cercles sociaux, coopératives séminaristes etc. Kayibanda et ses compagnons au lieu de l’indépendance, réclamaient auprès de la tutelle, l’instauration au Rwanda de « zones tutsi (tutsilands » et de « zones hutus (hutulands) » et « l’établissement d’une confédération entre les deux communautés ».

3. Parti Rader (Rassemblement Démocratique Ruandais)

Constitué le 14/9/1959, ce parti entendait lutter pour la réalisation de l’ordre social, économique et culturel, se prononçait sur l’élection au suffrage universel, la reforme foncière, l’autonomie en 1964 et l’indépendance en 1968. Le comité de direction était composé de M. Prosper Bwanakweli, Lazare Ndazaro, Chrysologue Ntorantyi, Etienne Rwigemera, frère du Mwami et membre du Conseil Supérieur du Pays et Etienne Afrika, Bushaija. Du fait que plusieurs de ses membres faisaient partie des cadres de l’Administration tutélaire et à cause des avantages que pouvait leur valoir cette appartenance, le Rader fut accusé d’être un parti fantoche. Sans jamais chercher à le cacher ni le nier, ce parti était un outil de l’administration, dans son manifeste publié le 1er octobre 1959, il y déclarait apporter son appui total à l’évangélisation du Rwanda mais aussi assurer la Belgique de son amitié totale et indéfectible.

Avant novembre 1959, il n’y avait eu, auparavant ni émeutes, ni emprisonnement, ni jacquerie, ni assassinat politique, les relations traditionnelles étaient encore normales, ni haine ni plan d’élimination physique réciproque.

1.3 Compétition des partis politiques au Rwanda.

Le parti Unar

Dans une atmosphère de surexcitation généralisée dans tout le Rwanda, suite à la mort de Mutara Rudahirwa, dont d’aucuns attribuèrent la responsabilité à la Tutelle belge, les responsables de l’UNAR, parti politique le 25/ 8/1959, 1 mois après l’assassinat de Rudahirwa ; afin de réveiller la conscience de leurs militants, organisèrent leur premier meeting le 13 septembre 1959 à Kigali ; au stade Nyamirambo. Il y eut neuf orateurs, dont M .Michel Rwagasana, secrétaire du Conseil Supérieur du Pays et autres chefs. Le chef Kayihura exalta le patriotisme, la beauté du pays, le retour aux traditions nationales, prônant l’étude de l’histoire de Rwanda ancien et de ses institutions et la nécessite pour le pays d’avoir la jeunesse en main. Le chef Rwangombwa traita le problème des relations entre les races rwandaises et européennes, ou européennes et indigènes ; quant au chef Mungalurire Pierre, celui-ci développa le rôle et la place de l’administration indigène et de l’administration de Tutelle. La foule s’exclama. Des exaltés lancent « Vive l’Autonomie interne, Vive l’indépendance, Vive le Roi, A bas les Blancs, A bas les Abaprosoma, Dehors les calotins ! ». C’était manifestement, inhabituel. Pour la première fois, catholiques, protestants et islamistes fraternisent. D’habitude, leurs différentes religions les divisent. Mais cette fois-ci, la politique les a unis. Tous parlent le même langage.

Quand, vers midi, Rukeba monta sur une camionnette et se hissa sur une table de fortune servant de tribune, il commença par remercier « ce public venu nombreux sans être convoqué par les Bapadiri, poussé plutôt par le souci de trouver une réponse aux problèmes de l’heure : c’est-à-dire les injustices des Belges et ceux qui les ont vendus, les Abaprosoma (¹). « Notre parti est le remède à ces maux, à cette situation. Notre parti combattra ceux qui créent les divisions dans notre pays, ceux qui créent les partis de division qu’ils soient Blancs ou Abanyarwanda et combattra les ennemies de la monarchie… » Rukeba enchaine : « Notre parti se propose comme but de l’indépendance en 1962. Elle sera précédée de l’autonomie interne que nous réclamons pour 1960 ». Après Rukeba, d’autres orateurs se succèderent.

Quand le grand meeting prit fin, tout était dit : les intentions du parti, des chefs et des notables haut placés dans l’administration indigène sont connus de tous : Missionnaires, colons, autorités belges, élite Hutu en sont responsables. Pas de modération. La période troublée au Rwanda se prolongea dans le courant du mois d’octobre 1959. Les premiers incidents eurent lieu à plus tard. (2)) Temps Nouveaux d’Afrique n° 38 du 27/9/1959 et n° 40 du 4/10/1959.

Peut–être ces discours eurent- ils retenu moins d’attention s’ils n’avaient contenu des critiques sévères contre l’Administration tutélaire en particulier, notamment d’avoir divisé le Rwanda en créant officiellement le problème Hutu –Tutsi, de s’être cachée derrière l’organisation coutumière indigène pour commettre les abus ou de les avoir favorisés, d’avoir laissé les Européens s’enrichir aux dépens des indigènes.

L’Administration belge vit dans ce comportement des trois chefs un défi qu’ils lui lançaient compte tenu surtout de l’influence qu’ils exerçaient auprès de l’ « Ibwami ». Elle craignit même un début de soulèvement populaire. Sans même attendre, la Tutelle passa à l’offensive et décida l’application des mesures disciplinaires à leur endroit par mutation, car il était intolérable aux yeux de l’Administration belge, que des chefs coutumiers et de surcroît agents de l’Administration publique puissent participer à des meetings dont les principaux thèmes de propagande soient dirigés contre elle .Au lieu de se soumettre et de rejoindre leurs nouvelles chefferies, les trois chefs dans une lettre datée du 1er octobre 1959, présentent leur démission collective. Le roi Kigeli lui-même se solidarisa d’ailleurs avec eux et exigea du Vice-gouverneur Général J.P. Haroy plutôt le retrait de cette mesure et spécialement celle contre le chef Kayihura compte tenu du rôle qu’il était appelé à jouer après la mort de Mutara Rudahirwa
pour pérenniser l’intronisation coutumière du nouveau souverain. Le même soutient était sans faille vis à vis des autres chefs d’autant plus qu’ils étaient aussi membres du Conseil Supérieur du pays .

Un combat réel s’engagea entre l’Administration et les autorités indigènes. Des réunions et entretiens entre les chefs récalcitrants et leurs sympathisants furent organisés, sans que l’autorité belge renonce totalement à sa décision, mais voulant quand même l’atténuer, elle exigea que si les chefs mutés ne répondaient pas aux mesures de mutation vers les chefferies proposées, ils devraient au moins s’en tenir éloignés de celles qu’ils quittaient. Tandis que le Vice-gouverneur négociait l’exécution de la mesure ainsi prise, on remarqua une manifestation à Kigali, pour soutenir l’attachement aux chefs et dénoncer les abus de la Tutelle. A Byumba, les manifestations se terminèrent en calme, mais à Kigali, les manifestants s’en prirent aux soldats de la Force Publique, en blessèrent quatre par coups de machettes dont un succombera plus tard à l’hôpital. Dans la chefferie de Bugoyi (Gisenyi) de Mr. Kayihura, les sous chefs
et le personnel judiciaire présentèrent leur démission collective pour protester contre la mesure injuste infligée à leur chef. Après ces 2 incidents, d’autres encore se produisirent moins graves peut – être, mais de plus en plus fréquents.(3)

Le parti Aprosoma

Avant le meeting de l’Unar de septembre contre lesquels va s’insurger le parti Aprosoma, M Gitera afficha officiellement son attachement au pouvoir belge dont il prenait les représentants belges en amitié. Le meeting du parti Aprosoma commença le 27 septembre 1957, journée dédiée à « La libération du peuple muhutu à l’égard de l’esclavagisme séculaire tutsi au Rwanda ». Ce jour là, Joseph Hbyalimana Gitera ; leader incontesté du parti Aprosoma charge les Tutsi de tous les crimes, principalement ceux d’avoir mis à mort les roitelets hutu lors du processus d’unification du pays et de la création de l’Etat-Nation (Nyiginya). Il invita tous les Hutu du Rwanda – Urundi de s’unir pour venger ces morts anciennes en écrasant Gatutsi, en l’étouffant. « Nimuhuze imihigo, musabanye amaboko, mwubake Urwanda, muhoberane muhombanye Gatutsi abure umwuka ». Pour enlever toute hésitation aux hutu, Gitera déshumanise les Tutsi, qu’il traite de tous les noms : ibirura (loups), abanzi (les ennemis). Il leur prédit une mort prochaine parce que la vengeance de Gahutu est inexorable « Muratarataza vy’ubusa, mugiye guhorwa, dit-il.
(3) Rapport de la Commission d’enquête au Rwanda. Peigneux, Malengreau, Fredericq, janvier 1960. p.32, affaire des trois chefs)

Il rejette l’idée de l’indépendance, aussi longtemps que l’éveil des Hutus n’est as chose acquise. Faisant allusion à la note qu’il avait écrite au Ministre belge du Congo belge et du Ruanda-Urundi,M.Van Hemelrinck (Ijwi rya Rubanda rugufi) »lors de son passage à Usumbura le 15 juin 1959, il exhorte la présence et la protection des colonisateurs qui constituent pour eux leur seule garantie de liberté,« Baba bakiri hano, aho kugirango musubire mu buja nka mbere, mwaba mukibereye mu burere bw’abazungu na kiriziya Gatolika ». Entre deux maux, rappelle-t-il, il faut choisir le moindre : être sous la puissance coloniale et cléricale est de loin préférable à être sous la coupe des Tutsi, dit-il : « hagati yibibi bibiri umuntu atora icyoroshe, ngirango ikiza coroshe n’abazungu na Kiliziya ». Pourquoi, par ce que « les Blancs » nous (Hutus) ont rendu d’inestimables services et qu’ils nous ont tiré de loin. Et tout hutu, sauf celui qui n’a pas de cœur, doit les en remercier » Pour Gitera donc pas d’indépendance. A son avis tout hutu qui est pour l’indépendance et l’unité nationale est un traitre a la cause hutu et attaque particulièrement a ceux qui sont haut places dans l’Unar : il les traite de traitres, d’opportunistes et de valets de la féodalité et du communisme » Pour donner confiance aux hutus, Gitera évoque l’idée de leur force que constitue leur nombre. En cas de conflit, dit-il, conflit dont l’éventualité est claire, les hutus remporteraient grâce justement a leur nombre, alors que Gatutsi serait anéanti et exterminé .Avant de terminer, Gitera énonce les « Dix premiers commandements des Bahutu » et lance un appel pressant à Harroy et à la Belgique : « frères belges de Belgique et d’Afrique aidez-nous’ ».Le meeting se termine par une chanson intitulée « Turatsinze » qui est un hymne à l’amitié belgo-hutu. Le refrain en dit mieux :« Twebwe twikundira uwera, uwera wera ibiganza, yunamuye icumu mu Rwanda, Kalinga ntikicya. Nyanga – Rwanda ni musange abo mwishe, twebwe twikundira abarayi badukuye ko ibibi » (4)(Cahier Lumière et Société Dialogue II .P.63) C’est un véritable meeting de colère et de défoulement, à la fois contre l’Unar, l’indépendance, l’autonome interne, l’unité nationale et les Batutsi . Plus grave, il invite la masse hutue à écraser le Tutsi, toutes classes confondues. Tout y passe.

Un dimanche un tract anonyme affiché à Nyanza invita les Banyarwanda à tuer certains membres des partis politiques. Un sorcier rajouta même dans une crainte collective, la mort soudaine et imminente de l’état – major du Parmehutu et de l’Aprosoma à savoir Dominique Mbonyumutwa, Grégoire Kayibanda, Balthazar Bicimumpaka, Havyarimana Joseph Gitera et Munyangaju Aloys (³).

Ainsi plusieurs Banyarwanda furent frappés ou menacés parce qu’ils ne faisaient pas parti des partis politiques Unar ou Parmehutu. En une semaine, rien qu’aux environs de Kigali (Gacurabgenge) plus 15 personnes furent blessées. On passa ensuite à d’autres actes de malveillance, destruction de bananeraies et casses de voitures, vandalisassions et pillages de boutiques et rupture des abreuvoirs et de leurs accès.

Le parti Parmehutu

Né au centre du pays, soudé autour de la personnalité de Grégoire Kayibanda, a clairement les faveurs de la Belgique et il évince rapidement le parti hutu rival, l’Aprosoma .Pour Kayibanda, c’est que, les Rwanda n’ont jamais constitué un seul et même peuple et fit même à l’intention de l’Onu et de la Tutelle belge, « une proposition de réparations de zones : la zone tutsi étant la partie saine du Bugesera, le Rukaryi, le Buganza et tout le territoire de Kibungo avec la province de Mutara tout le reste du pays constituant la zone hutu. En ce qui concerne l’autonomie interne et indépendance dont réclament l’Unar, le Parmehutu et propose en lieu et place de 85% d’autorités coutumières hutu proportionnellement a la présentation numérique hutu dans la population totale. A défauts de cette mesure, poursuit la lettre, les autorités coutumières tutsi en place doivent être mise en disponibilité et l’administration directe du Pays confiée aux fonctionnaires européens seuls dignes de confiance des deux parties pour jouer la neutralité »

Emblème des parti : urumuli rwa demokarasi( flambeau : izuba) dont la signification est « la puissance, la pureté la supériorité, la rareté de la race hutue » analogie à celle de la croix gamma :« la puissance, la supériorité, la pureté de la race allemande , emblème du parti nazi. (Deutsche Über ales).

2. Quand l’élite ameute les paysans contre les paysans

1. C’est alors que le ler novembre 1959, un dimanche de la Toussaint, dans l’après – midi, à Bukomero, près de la mission catholique de Byimana dans la sous-chefferie Nyabikenke, en chefferie Ndiza, dans le territoire de Gitarama, le solide Dominique Mbonyumutwa, revenant de la messe accompagné sa femme et une suite de jeunes Hutus, rencontrèrent sur leur chemin un groupe de jeunes Tutsi, avec lesquels il engagea une conversation, au départ polie puis bruyante dans la suite. Il n’en fallait pas plus, un engagement d’abord entre les jeunes Hutu et jeunes Tutsi fut vite produit, puis entre ces derniers et Mbonyumutwa. Bâti, comme un solide gaillard, il résista, mais la nouvelle de cette agression, déjà exagérée par la femme de Mbonyumutwa, qui était partie dans les environs pour appeler la population à sa rescousse, se répandit très rapidement à travers tout le pays, parmi les Hutu déjà excédés par une campagne de surexcitation, dont le point de départ coïncide avec la date du « 27 septembre 1959, considérée comme la fête de la Libération du Peuple Muhutu ».

Alors, les colporteurs de la nouvelle agression rivalisent, zèle et déformation, allant même à annoncer que Mbonyumutwa serait mort ou gravement atteint à la suite des coups reçus des jeunes tutsis, confirma la rumeur qui avait jeté la crainte à la population de Ndiza, selon laquelle sous chef Mbonyumutwa sera tué avant la fin de la semaine. La nouvelle de cet acte fut considérée comme une étincelle fournissant l’occasion propice à un plan déjà conçu et préparé à l’avance par des manipulateurs même si les responsables ne se rendaient pas compte de la répercussion immédiate de leurs actes et gestes. La peur, l’indignation, la volonté punitive sont autant de sentiments qui s’emparent des Hutus de Ndiza où résidait Mbonyumutwa, très populaire dans la sous – chefferie. Dans cet état de surexcitation générale le fait de quelques tutsis devint un acte du groupe Tutsi, tandis que de leur côté, le groupe Hutu s’identifiant avec les victimes. Aux yeux de la masse Hutu excitée et manipulée par le belge et les missionnaires, tout Tutsi était coupable de c’est attentât. Ainsi, la passion, la haine contre les Tutsis, entretenus par les écrits du journal Kinyamateka, et par des discours provocateurs, relayés par Gitera, avaient produit sur la masse Hutu, une telle fièvre de vengeance qu’une lutte entre Hutus et Tutsi devenait inévitable. La soudaine colère de la Toussait de 1959, donnait le tour à une barbarie et de la barbarie a la suppression de la monarchie rwandaise (Sarajevo tropical), mais une révolution assistée.

2° Dès le lundi le 2 novembre 1959, on entendit de coups de sifflets dans la région de Gitarama. C’est la campagne pour Hutus, un appel à passer à l’ordre du jour, tant attendu. Au cri « – à bas les unaristes – mort à l’Unar – mort aux Tutsis – susuruka ». Les Hutus ivres de vengeance et de colère manifestèrent au chef-lieu de Gitarama, en protestant contre la supposée agression de la veille dont le chef Mbonyumutwa aurait été victime et menacèrent de tuer les employés Tutsis présents sur les lieux

L’Administrateur du Territoire de Gitarama Jaspers qui se rendra sur les lieux dès l’annonce de l’insurrection pour calmer la population, n’y put rien.
La foule déchaînée et que rien ne saurait détourner de leur détermination se convergea vers les centres islamisés swahili de Gitarama, considérés par les hutus, comme le sanctuaire des condisciples, alliés aux instruments dangereux de Kalinga et de Unar : les Tutsis et fonça dans la mosquée pour multiplier les provocations et intimidations. Les fidèles n’auront la vie sauve que grâce à l’intervention de l’Imam qui implora la pitié en faveur de ses adeptes dont le plus grand nombre était de race Hutu, mais aussi après avoir prêté serment, de ne plus se mêler aux agissements de l’Unar, sinon aucune vie n’aurait été épargnée’(4). Cahiers Dialogue. II. Centre Somme – Dominique Kigali.

3° Mais à partir du 3 novembre la tragédie se renouvela de plus belle, d’autant (4)

plus que le bruit selon lequel Mbonyumutwa serait mort était cette fois-ci formelle. Cette fois, c’en était trop. Comme à la chasse du gibier dont les seuls hutus savent mieux organiser, on sonna la corne et les sifflets dans tout le pays. Un groupe d’Hutus d’environ 1.000 hommes se dirigea en armes vers l’habitation du chef Gashakaza, pour lui demander des explications sur les circonstances de la mort du sous chef Mbonyumutwa, son subordonné. Mais en cours de route, le groupe hutu rencontra le sous – chef supposé avoir prédit le meurtre de Mbonyumutwa. Une altercation s’en suivit. Un homme fut blessé et le sous – chef à son tour reçut un coup de machette et dût se réfugier dans la maison du chef Gashakaza pour échapper aux poursuites, où se tenait par hasard une réunion de notables. Les Hutus virent dans cette réunion, la préparation d’un nouveau complot de l’Unar. Aussitôt les Hutus demandèrent au chef de faire sortir les tutsis chez lui. Pendant qu’il hésitait, un des ses hôtes, le sous – chef Nkusi (selon les dires des Hutus) trouva encore le moyen d’attiser la fureur des Hutus en se présentant à une fenêtre armé d’un arc dont il pointait la flèche sur eux. C’est à la suite de ce mépris et geste provocateur que la foule se déchaîna et pénétra de force dans la maison du chef, dont elle avait commencé par briser les vitres et à démolir les portes. Une rixe éclata au cours de laquelle les 4 sous-chefs furent sauvagement tués et plusieurs autres personnes blessées dont Nkusi laissé pour mort. Quant au chef Gashakaza, il s’en tira avec quelques coups et fut recueilli avec sa famille à la mission Catholique de Kanyanza.

4° Le 3 novembre, le conflit sanglant ouvert le 1er novembre s’étendit très rapidement comme un gigantesque feu de brousse dans les chefferies voisines et traversa tout le Rwanda. Ce même jour la bannerai du chef Haguma Ladislas de Marangara fut rasée, caféiers et maisons brûlés, et les cases de tous les Tutsis de la chefferie, Marangara incendiées et biens pillés indistinctement. Puis le mouvement insurrectionnel et la vague d’incendies des cases des Tutsi venant de Ndiza et de Gitarama atteignirent ensuite les territoires de Gisenyi, puis de Kibuye ensuite celui de Ruhengeri, où le sous – chef Nkundiye fut tué avec toute sa famille après avoir défendu courageusement mais en vain, ses propriétés.L’action se poursuivit en territoire de Byumba avec une contre – action, ou fait rare, les Hutus modérés furent coalisés avec les Tutsis pour repousser les incendiaires Hutus. Ceux-ci eurent de pertes en hommes (158 cadavres), dont la bavure tomba sur la responsabilité des Hutus modérés.

5° Le dimanche, le mouvement d’insurrection gagna l’extrême Nord du pays. Dans le Bukamba, le bruit ayant connu que le leader et sous – chef Balthazar Bicamumpaka avait été tué par les Tutsis, des barrages furent dressés sur les routes et la population de la région se leva comme un seul homme pour qu’aucun Tutsi ne s’évadât, des horreurs d’une cruauté indescriptible qui caractérisent ordinairement les Balera, provoquèrent une vague de réfugiés vers l’Uganda et le Tanganyika Territory.

6°Le 9 et le 10 novembre, la jacquerie se poursuivit en territoire de Kigali et de Nyanza avec les scènes de bétails appartenant à des Tutsis abattus ou pattes coupées devant l’indifférence de la Force Publique et agents de la Tutelle qui procédèrent plutôt à l’arrestation de notables tutsis.

7° En territoire d’Astrida ; bastion de l’Aprosoma, l’action des Hutus sera au départ moins engageante pour être très spectaculaire dans la suite, en raison de compromis conclus entre quelques policiers, et les leaders Hutus sous l’instigation de la Tutelle. Le 10 novembre, de centaines d’assaillants venant surtout de Kibirizi se dirigèrent vers la colline Save, que constituait un important îlot de Hutus de même que les collines Zivu, Cyanwa et Shayanda ou résidaient quelques familles tutsis qui furent indistinctement massacréees et leurs biens détruits. Toujours dans cette région d’Astrida, Joseph Kanyaruka, secrétaire –trésorier de l’Aprosoma et parent de J. Gitera qui s’était enfui la veille avec sa famille, son bétail et son argent chez son cousin, Elias Renzaho, habitant en Urundi tout près de la frontière du Burundi ,en territoire de Ngozi fut tué. On attribuera la responsabilité de ce raid guerrier aux émissaires du chef Mbanda : abahevyi, descendants de guerriers gardes-frontière. (5) (Cdg RU, 18/1/60, Président Lamy)

2.1. Période de Pacification et intervention européenne.

Devant l’ampleur des troubles et dans le souci de faire cesser les dévastations, pillages et massacres d’abord et de rendre la justice ensuite, ramener un nouvel équilibre politique, la Tutelle établit l’état d’exception qui substitua les juridictions militaires aux juridictions civils avec la mauvaise réputation qui lui sont régulièrement reconnues en raison même de leur principe condamnable et peu recommandable.

Aussitôt le 12 novembre, le Vice – Gouverneur Général signa l’ordonnance Législative n° 081/226 plaçant la Résidence du Rwanda sur le régime militaire et nomination d’un Résident Spécial militaire en la personne de M.Logiest dont la mission était de faire rétablir la paix et procéder au replacement de nouvelles autorités coutumières les unes ayant été assassinées ou en exil. Une autre ordonnance, l’ORU N° 081/266 du 13 novembre 1959 fut également signe soumettant les chefferies Kunkiko – Mugamba, Ijeri – Butamenwa, en territoire de Ngozi ; Bukakwa – Bukuba et Bwambarangwe – Busoni en territoire de Muyinga ; Mumirwa – Nord et les sous-chefferies Rugombo-Ibuziraguhanda- et Murwi dans la chefferie de Mushasha Nord en territoire de Bubanza en état d’exception avec la nomination de tribunaux militaires.

Dès l’entrée vigueur de cette mesure dans les provinces du Nord du Burundi, le Prince Louis Rwagasore et Pierre Ngendandumwe, respectivement chef de Butanyera et Administrateur Assistant en Territoire de Ngozi, Mgr Ntuyahaga évêque d’Usumbura, Mgr Martin vicaire de Ngozi se rendirent à Kayanza pour rencontrer l’émissaire de l’Onu venu s’enquérir de l’étendue de troubles au Rwanda. Afin de préserver le Burundi de cette contagion, ils demandèrent à ce que des mesures d’apaisement soient dispensées dans les entités administratives ci-hauts mentionnées et neutraliser les activistes dont le but était de vulgariser le racisme et le chaos au Burundi entre autre un certain Albert Mauss .Ironie du sort, c’est le prince Rwagasore qui sera plus tard neutralisée par contre Albert Maus aura ses coudes franches.

2.2 La compromission militaro-belge et l’instauration du Parmehutu au pouvoir.

La periode des institutions transitoires a été marquee par la designation du Colonel Logiest en qualite de Resident Special avec des pouvoirs tres etendus,ne rendant que des comptes qu’au ministre des colonies.Profitant du desordre crees par les troubles de novembre dans l’administration,il proceda a la nomination des autres chefs et sous-chef parmi les membres de l’Aprosoma et le Parmehutu et justifie son choix en termes suivantes « Nous devons favoriser les éléments d’ordre et affaiblir les éléments de désordre ,en d’autres termes favoriser l’élément hutu et défavoriser l’élément tutsi parce que l’un sera obéi et l’autre pas »(4). « (Procès verbal de la réunion des administrateurs de Territoire de Kigali, le 17 novembre 1959. G.Logiest .Mission au Rwanda : Ed .Didier-Hatier Brxlles, 1988.p.219 »

En temps normal (jusqu’au octobre 1959), les forces militaires au Rwanda –Urundi étaient constituées par un bataillon de gendarmerie (14ème Bataillon) dont l’organisation était comparable à celle d’infanterie. Les forces du Ruanda consistaient en une compagnie renforcée de ce bataillon soit l’état-major de compagnie et trois pelotons bases à Kigali, un peloton à Ruhengeri, un peloton à Astrida et 7 sections basées dans les autres chefs lieux de territoires.

L’opération nécessitait à l’appel des renforts extérieurs et ceci fut concrétisé par l’envoi de 2 compagnies stationnées à Watsa dans le haut Uélé, 2 compagnies de commandos de Kamina, 1 peloton de Goma, 1 peloton de Bukavu, 2 pelotons venus d’Usumbura, 7 pelotons de Rumangabo, 1 peloton de Gitega et une unité de chasseurs ardennais.

On ne peut évoquer les troubles de 1959 au Rwanda, sans parler du rôle joué par certains belges. Leur rapport, fut sinon déterminant que capital, aussi bien au niveau de la conception, à l’appui qu’à l’exécution du soulèvement. Les écrits laissés par J.P. Harroy, Résident Général au moment de l’insurrection témoignent à suffisance leur compromission. Outre la présence encombrante du Résident Général, d’autres personnalités belges en furent été associées. Nous citerons Jean Tordeur, qui après avoir fait tir é sur les émeutiers de Léopoldville dont il était le 1er Bourgmestre le 4/01/1959, devint Secrétaire Général du Rwanda-Urundi : c’est à ce titre qu’il assurait l’intérim de M. Harroy lors des funérailles du Mwami Mutara Rudahindwa.

Nous ajouterons aussi, le nom de Mr Lafontaine, Procureur du Roi à Léopoldville en 1959 au moment des émeutes et de l’arrestation de Kasavubu et du procès de l’Abako. Celui-ci sera nommé 2ème vice-gouverneur du Rwanda-Urundi. L’entrée en scène, dès novembre 1959, du colonel Logiest radicalisa la position de l’Administration belge à l’égard des événements du Rwanda. Celui-ci venait du 3ème commandement de la Force Publique de Kisangani. C’est sous son commandement que Lumumba avait été pris et mis en prison en 1959 autre mission et non la moindre était d’organiser les élections législatives Nous n’oublions pas, le Major, puis Colonel F. Vanderstraten, ancien chef du 3ème groupement de la Force Publique à Kisangani : qui deviendra à partir du mois d’août 1960 : le Commandant de la Garde Nationale, mais aussi, le Major Tulpin, ancien commandant de Rumangabo (Kivu), qui organisera les services de la Sûreté Rwandaise jusqu’à 1965 et dont la contribution fut totale dans l’organisation matérielle du coup d’Etat de Gitarama qui abolira la monarchie rwandaise le 28 janvier 1961 à 12h15. En effet, l’organisation du vote, invitations furent acheminées avec diligence et promptitude vers les différents sièges du Parmehutu dans les Territoires grâce à la logistique belge des agents territoriaux de la Tutelle sous l’œil vigilant du Major Tulpin. Comment un coup d’Etat dans un pays sous tutelle peut-il avoir lieu ? (6) (J.P.Harroy : Rwanda, de la féodalité, à la démocratie 1955-1962, Bxlles 1984,(7) Emeutes de Léopoldville-Kinshassa. : Prélude à la décolonisation de l’Afrique, par Uwawe, Butare, janvier 1989,(8) G.Logiest, Mission au Rwanda, Bxlles p.206-209).

Une au suffrage universel pour conduire le Rwanda vers l’autodétermination selon les vœux exprimés par plusieurs représentants des partis politiques.
Un bras de fer fut engagé entre l’Onu, la Tutelle belge, les partis d’obédience hutu et ceux d’obédience tutsi .En effet, les débats de l’Assemblée générale de l’ONU sur la situation au Rwanda avaient abouti à une position favorable au roi Kigeli qui formulait des dispositions aux termes desquelles elle demandait « instamment a l’autorité administrative de mettre immédiatement en œuvre des mesures d’amnistie générale et inconditionnelles et d’abolir l’état d’exception de façon a permettre aux militants et dirigeants politiques qui sont en exil ou emprisonnes dans le territoire de reprendre avant les elections une activité politique normale et démocratique »

C’est dans cette optique que l’Assemblée générale de l’Onu recommanda le report des élections législatives à une autre date qui devait être fixée des la reprise de la cession de l’Assemblée générale suivante autre que celle de janvier 1961 .En effet dans sa résolution 1580, l’Onu avait proposa l’organisation d’un referendum dont elle assurera la surveillance ; sur la question concernant « l’institution de la monarchie et la personne du Mwami Kigeli. »,pour connaitre les vœux de la population. Or, pour ce bien faire, l’ONU exigeait au préalable, le rétablissement de l’ordre et des libertés, la protection des biens et).des personnes, la suppression de camps de concentration, le retour dans leurs postes ou fonctions de toutes les autorités coutumières ou fonctionnaires en exil. Cette proposition pertinente avait reçu l’aval de Nyerere et Rwagasore lors de leur réunion à Dar es Salam fut rejetée par les partis hutus.

Cette intervention des Nations-Unies eut pour effet de raidir la position des divers partis du Rwanda surtout hutus qui y virent une remise en question de leurs acquis, de leur victoire morphologique et ne faisait que renforcer leur frustration.

Et contre toute attente et en dépit de toutes les recommandations de l’Onu, somme toutes de bonne foi et autres messages d’apaisement renouvelés par des autres pays d’Afrique, « de laisser tous les dirigeants politiques reprendre leurs activités politiques y compris le mwami Kigeli V, celui-ci fut ramené manu militari et conduit illico a Usumbura. L’ordre exprès de l’embarquer à bord d’un avion Harvard de la force aérienne belge alors en stand by fut donné, par Mgr. André Perraudin, dans cette nuit du 24 au 25 septembre 1960.
(9) (Dialogue : spécial no 137 nov.-déc. 1989, p.22)

Organisées seules par l’Aprosoma et le Parmehutu et diligentées par les territoriaux belges, ces élections législatives eurent lieu successivement le 25/9/1960 et le 28/01/1961et dont l’issue fatale sera : « la formation d’un parlement et un gouvernement provisoires et l’abolition de la monarchie par un coup de force de Gitarama » et dont les belges se hâtèrent de reconnaître de facto leur légitimité.

Causes et origines des troubles sociales de 1959.

1. Les causes lointaines

Bien avant les onzième et douzième siècles les facteurs combinées de langue, d’organisation sociale ,de mémoire de conscience collectives, de références et d’identités fondées sur le famille, les lignages, les clans ou royautés, donnaient a plusieurs populations disséminées sur un territoire relativement vaste , a dénominateurs communs à dénominateurs communs .L’ensemble de ces éléments « ikinyarwanda »formaient le « substratum » des peuples-nations « abanyarwanda ».Le mot nation est à comprendre dans le sens étymologique, celui de « nascere » naître , « kuvyara » et le terme « abaturage » dans le sens « patria » :pays et igihugu : « Urwanda. »Mais tout n’était pas rose dans ce Rwanda ancien féodal. Les relations socio-féodales étaient aussi tendues. On relate maints abus et plusieurs crises dont les populations étaient victimes dont également les chefs de lignages, divers responsables, conseillers et ritualistes, voire le roi, pouvaient mortellement en faire les frais, mais la colonisation par ses discours et méthodes les radicalisa à outrance ces cristallisations

2. Les causes proches

Au Rwanda, les structures politiques et sociales et de civilisation provoquèrent l’émerveillement, l’enthousiasme et sympathie des européens. Civilisateurs et Pacificateurs de tout bord, croyaient retrouver souvent de bonne foi un miroir dans lequel se reflétaient et parfois maladroitement leurs anciennes sociétés. Cette impression de revoir ce modèle conduisit les « civilisateurs » à vouloir le récupérer dans le but de l’épurer, l’évangéliser, le rationaliser, le moderniser et assujettir le peuple rwandais.

2.1 La pénétration allemande au Rwanda

En 1896, le roi conquérant Kigeri IV Rwabugiri, homme dur à lui-même, meurt et l’un de ses fils adoptifs Rutalindwa déjà co-régnant est appelé à lui succéder sous le nom MibambweV. Par malheur, Rutalindwa avait perdu sa mère et une mère d’emprunt, Kanjogera du clan des Abega et femme favorite de Rwabugiri fut désignée pour la remplacer .Or celle-ci appartenait a un clan qui n’était pas celui de la mère du roi conformément au code ésotérique, où la reine-mère partageait l’exercice de la fonction royale avec son fils .De plus, la reine substituant Kanjogera avait un frère, le chef tout puissant Kabare. Pour Kabare qui avait des vues rapides, la route du pouvoir passait par la mort de Mibambwe Rutalindwa et celui-ci périt au cours d’une attaque dirigée contre le palais à Rucuncu en 1895. Rwabugiri avait aussi laisse d’autres enfants issus d’autres mariages autrement de prétendants possibles au trône, entre autres ; Biregeya issu de son mariage avec Muhumuza et son oncle Sharangabo marié à Murekwa princesse muvunakazi du Busoni et sœur de Coya. Celui-ci guerrier de grand renom commandait l’armée « Amatara, Inyange, Itanganika, » à la cour du Rwanda.

Il fallait à tout prix bannir du Rwanda Muhumuza et son fils Biregeya pour la survie de Musinga. Apres la mort de Rutalindwa des troubles devinrent endémiques .Un mutwa Basevya s’empara du Mulera et sera vite maté par les allemands sans oublier le Hutu Rukara pendu à Ruhengeri. Tout cela montre que Musinga était le protégé des allemands, celui-ci s’étant d’ailleurs jeté littéralement entre leurs bras pour négocier sa survie, mais pas sa soumission. Car, en dépit de la remise au roi Musinga d’un drapeau allemand et une lettre de protection au nom du gouvernement allemand par le capitaine von Ramsay, commandant militaire de la région, ceci ne pouvait faire valoir d’un pacte sang, entre le Rwanda et l’empire allemand, mais plutôt d’une remise des cadeaux qui accompagnent les cérémonies(10). Nous mettons sous responsabilité de l’Allemagne, les premiers germes de la cristallisation et du racisme au Burundi. En effet ,c’est aux explorateurs allemands ,missionnaires et autres explorateurs, ethnologues et ethnographes tels J.Vansina ,Dr Kant ,Czekanowisky ,Hans Meyer ,qu’il incombe la première falsification de l’histoire du Burundi par leurs récits et exégèses grotesques ,par leur interprétation des composantes de la société rwandaise en termes d’ethnies selon lesquels « était tutsi tout indigène possédant + de 10 vaches et hutu celui qui en aurait moins »et d’en avoir élaborer les statistiques. (10).A. Kagame .Le code des institutions politiques du Rwanda précolonial Bruxelles 1952 p.126)

2.2. Colonisation belge

Apres la 1ère guerre mondiale, le Rwanda come son voisin le Burundi bascule sous la coupole de la Belgique comme pays mandataire sous le régime d’administration indirecte et l’égide de la SDN, après être ampute de toutes les provinces occidentales : le Massisi, le Rutshuru, la province de Goma, le Bwisha, la moitie du lac Kivu et l’ile Idjwi qui sont cédées au Congo d’une part et le Bufumbira, le Ndorwa et le territoire de Kigezi cédées à la couronne britannique d’autre part, sans ni la participation de Musinga ni de ses représentants, les envoyés des grandes puissances à Berlin ayant parle au nom des autochtones absents.

Par la loi du 21/8/1925, le Ruanda-Urundi devenait administrativement uni au Congo belge et en faisait de lui une 7ème province du Congo au niveau du gouvernorat général. .Ce régime d’union entre une colonie et un territoire sous-mandat autorisait l’application au Ruanda-Urundi de la législation congolaise en toutes matières y compris le domaine de l’enseignement. Mais au Congo, les relations entre l’Eglise et l’Etat du Congo étaient régies par la Convention du 26/5/1906, entre le Saint-Siège et l’Etat Indépendant du Congo aux obligations duquel la Belgique s’était substituée par le traite d’annexion du 1903.Or compte tenu du caractère particulier de cette convention et le statut particulier du Ruanda-Urundi, cette convention ne pouvait être appliquée que moyennant un amendement complémentaire de l’Onu au nom de laquelle la Belgique administrait le Ruanda-Urundi. C’est dans cette optique que fut signée le 11/7/1929 la Convention Générale entre la Belgique et la Congrégation des Frères de la Charité de Gand et autres missionnaires afin de fournir des commis et clercs dont la Belgique avait besoin pour régenter sa politique coloniale parmi lesquels les hutus en étaient exclus.

2.3 L’Eglise catholique et le pouvoir politique au Rwanda : 1900-1950.

Les missionnaires envoyés par le Cardinal Lavigerie dont la plupart était des allemands d’expression française (Alsace lorraine) imposèrent un nouveau visage à la société rwandaise. Quelques autorités missionnaires dont Mgr Léon Classe virent le royaume du Rwanda, un modèle qui ne manquait pas de ressembler au royaume merovingien, avec le roi Clovis et Radegonde : comparaison au roi Musinga et la reine Kankanzi ; le Rwanda comme l’ile de France, et les ordres « oratores » avec Abiru, Abapfumu ; « bellatores » avec Imfura, Intwari, Abatutsi et « Labores » avec Abahutu :analogies entre réalités telles que féodalité1., fiefs, bénéfices, immunités, corvées ,corvéables ,abanyakazi ,abarenzamase, shebuja….umugaragu d’autre part.(9).( spécial dialogue No 137 p.45) :

2.4-.La reforme administrative de 192-1930 et la destitution du roi Musinga

Les rapports entre le roi Musinga et les européens ont connu 2 phases dont le moment charnière se situe vers la fin de l’année 1925.Avant 1925, le roi était considéré comme anti-belge mais pas anti- missionnaire ni anti-catholique. Son hostilité à l’égard des belges était due à la politique dirige contre lui, à l’occupation militaire et aux limitations portées à ses pouvoirs traditionnels : la suppression collège des membres de l’aristocratie ritualiste compte tenu de l’ascendance illimite et néfaste qu’ils exerçaient sur le roi Musinga et son entourage (divins de la cour), l’expulsion du mupfumu Gashamura vers le Burundi, l’abolition du rite : kubandwa,( sabbats diaboliques) l’umuganuru et la suppression des ingabo .En dépit de toutes ces mesures coercitives, Musinga et son entourage optèrent pour le radicalisme anticatholique et non pour la soumission. De même qu’en 1921, le territoire du Gisaka, de Mutara et du Mulera firent rétrocédés au Rwanda grâce à l’intervention de l’église catholique, spécialement celle du Mgr Léon Classe ; la déportation du roi Musinga et sa déchéance sera l’œuvre du même prélat. Ainsi, le samedi 14 novembre 1931, Musinga prit le chemin de l’exil, quitta Nyanza qu’il ne verra jamais .L’ordre de sa déchéance lui fut notifié de partir pour Kamembe en compagnie de sa mère la reine-mère Kanjogera et sept de ses enfants sous conduite d’un administrateur et sera déporté vers le Shaba. Il était devenu roi par un coup d’Etat fait sans sa participation, il fut détrôné par un autre coup d’Etat sans qu’il put s’y opposer. Pas plus que son fils lui succéda, ne le pouvait.

Le soir du départ de Musinga, pendant une réception restreinte réunissant autour de Mgr Classe, le chef de l’Eglise catholique, le Gouverneur général du Congo belge, le General Tikens et sa femme , le Vice-gouverneur General du Ruanda-Urundi M. Voisin et le Résident du Rwanda et Rudahirwa qui était déjà catéchumène fut (plébiscité :Rwigemera ; candidat préféré des belges) proclamé Mwami du pays par « désignation du roi des Belges ».Les trois conjurés venaient de placer sur le trône leur créature, jeune roi Rudahirwa. Les cérémonies d’intronisation eurent lieu le lundi le 16 novembre devant les chefs et le peuple qui, surpris et placés devant le fait accompli, ont acclamé le roi de nouveau .Or ,tout cet artifice mis en branle par la colonisation belge violait le prescrit de l’article 22 du Traite de Versailles(8,12) que la Belgique avait portant promulgué et je cite :« La puissance mandataire en l’occurrence la Belgique, assurera dans l’étendue du territoire ,la plaine liberté de conscience et la libre exercice de touts les cultes qui ne sont pas contraires à l’ordre public…ni aux bonnes mœurs ».(11)’Eglise et la société rwandaise face au génocide et aux massacres : 10 ans après).dans (Colloque organise par la Conférence Episcopale du Rwanda à Kigali, mars 2004.p 74) ,(12) Traite de VersaillesArt22(8/12).

2.5 La Tustification du Rwanda

Apres la « catastrophique contre les hutus », appelée abusivement « reforme administrative », les hutus furent éjectés comme de malpropres ,40 noms des chefs Batwa de la famille des Basyete pourtant investis de cette dignité furent également destitués .A. Kagame cite l’exemple de deux hutus chefs célèbres .Le premier est Bikotwa ,fils de Rubashamiheto investi par Kigeli IV Rwabugiri ,à la tête de deux armées Inzirabwoba et Indirira .Le second est Nkiramacumu qui succéda à un chef tutsi Nkundukozera à la tête de la même armée Inzirabwoba quelques années plus tard. La reforme coloniale n’a pas nuit qu’aux hutus, mais aussi aux petits tutsis qui étaient sous leurs ordres(13) (A.Kagame :Ibd. Les codes des institutions politiques au Rwanda précolonial..Brxlles.1952.p.114-116) Cahiers Centre Saint-Dominique : Ethnies au Rwanda p.51)

Par ces méthodes, les dominés Hutus passèrent au stade de victimes, les Tutsi remis aux affaires à celui de complices et les chefs (nyiginya) en oppresseurs. Et rien ne fut comme avant. Aucune de coutumes traditionnellement appliquées ne resta plus valable pour résoudre les problèmes de la vie quotidienne, ni sur le plan religieux ni sur le plan social. Cette phase s’accompagna inévitablement de la perte de l’autorité (morale, politique et sociale de toutes les hiérarchies (du père de famille – guérisseur-faiseur des pluies – fournisseur du sorgho-sorcier du roi -des tambourinaires etc.). L’autorité du roi elle-même fut diluée, ne jouant que le rôle du figurant. La fraction féodale dirigeante réduite au fonctionnariat dut appliquer sur ses sujets toutes les mesures vexatoires introduites par la colonisation, impôts exorbitants, immigration vers le Kivu, Miba, Uganda), fouets et perdit d’office les liens affectifs qui la liaient jadis à ses sujets. Elle devint progressivement, plus crainte sinon, haïe qu’aimée. Cette situation dura plus de 30 ans, pendant lesquels l’autorité féodale collabora en faux amis avec pouvoir colonial et la hiérarchie cléricale. Par cette compromission, elle signait la fin du contrat qui le liait avec le peuple. La tutsification fut un concept politique qui visait à sélectionner et de mettre aux postes de responsabilité a une nouvelle élite « abasilimu » : évolué moderniste, dévouée et pro-coloniale et dont la plupart sortait du Groupe scolaire d’Astrida. Cette nouvelle élite avait été maraboutée par la colonisation en intériorisant les thèses de supériorité raciale des tutsis et de leurs sens innés de commandement .L’élite tutsie y a cru. Elle a eu tord.

L’enseignement subsidié

Le régime de l’enseignement subsidié a été instauré au Rwanda et au Burundi à partir de 1930 suite à un accord entre le gouvernement et les missions dites nationales pour se conformer aux idées largement répandues dans la métropole selon lesquelles l’éducation des indigènes colonisés était du ressort des missionnaires et que de surcroît il n y ait que le christianisme qui saurait l’émanciper. Ce système leur offrait des avantages énormes, celui d’entretenir les écoles et leurs maitres et de gagner les futurs dirigeants du pays au catholicisme et de former de cadres nécessaires à l’administration et aux sociétés minières et les futurs candidats à la vie religieuse.

2.6. La consécration du Rwanda au Christ-Roi.

Le 17 octobre 1943, roi Mutara et sa mère furent baptisés par Mgr Classe et eut comme parrain, le Gouverneur General Pierre Ryckmans, ancien Résident General au Ruanda-Urundi et le 27 octobre 1945, le Rwanda futconsacré au Christ-roi par le roi du Rwanda, à Nyanza même, sa capitale.

A genoux, roi posa son geste en ces quelques termes : « Seigneur Jésus ,Roi de tous les hommes et de toutes les nations, moi Mutara Charles Léon Pierre Rudahirwa, je m’incline devant Vous ainsi que devant Votre Mère ,la vierge Marie, Reine de la terre et du ciel…..Aujourd’hui ,au nom de mon peuple ,je me joins à toutes les nations chrétiennes pour proclamer publiquement :que le Christ-Roi et Sa Sainteté Mère règnent sur tous les hommes ,maintenant et toujours » La consécration du Rwanda au Christ-Roi constitua l’apogée de l’harmonie entre les deux pouvoirs, ecclésiastique et indigène, n’empêche que quelques années plu tard, le même Rudahirwa , hier l’enfant chéri de l’Eglise catholique, sera plu tard considéré comme ami du communisme mondial et l’ennemie redouté du christianisme à cause de son incarnation au nationalisme. (15). (ibid. Donat Murego. La révolution rwandaise 1959-1962.Essaie d’interprétation. p.615)

3. Les causes immédiates

3.1. Le premier voyage du Mwami Mutara III en Belgique.

En 1947, suite aux interventions audacieuses au Conseil de Vice Gouvernement General, dont ne faisaient partie que Mutara III ET Mwambutsa IV, les autorités coloniales soupçonnaient que Mutara proposaient des progrès trop rapides dans son pays voulaient l’indépendance dans les brefs délais. Pour contrecarrer ses intensions, ils créèrent un groupe clandestin parmi l’élite hutue contre le pourvoi de postes dans le gouvernement en remplacement des cadres tutsis installés par la Tutelle et dont son rôle était de semer la zizanie entre l’autorité coutumière et la population hutu d’abord et remettre en cause le programme de l’indépendance du Ruanda-Urundi. Ainsi, le Vice-gouverneur General du R.U.Jungers en accord avec le Frère Secundien, responsable du Groupe Scolaire d’Astrida, rédigèrent un rapport accablant sur son inimitié à l’égard de la Belgique dans le dessein de le démettre et le remplacer par un ressortissant du Groupe Scolaire qui leur serait docile et obéissant. Mais le projet aboutit en rien, puisque la mission de l’Onu, alors en visite au Rwanda fut beaucoup émerveillée par tant d’éloges qu’il fit envers la Tutelle. En récompense à cette bonne attitude alors inattendue du roi Rudahirwa , le gouverneur Jungers fut destitué et le Rév Frère Secundien, renvoyé en Belgique.

3.1. Le décret du 14 juillet 1952 et le régime de Tutelle : La tentative de déchéance du roi Mutara Rudahirwa et destitution du roi Mwambutsa.

Les missions de visite de l’Onu au Ruanda-Urundi, de 1948,1951 élaborèrent des rapports tendant à stimuler des reformes économiques, sociales et politiques Cette reforme sera concrétisée dans le décret du 14/7/1952 et intégrée dans l’ensemble du Plan décennal ou pour la première fois le système électoral des organes de l’administration coutumière est mis en place au Ruanda-Urundi. Ceci aurait était une innovation, si certaines dispositions du décret ne revêtaient pas un caractère anachronique, entre-autres, les articles 15 et 16, dans leurs dispositifs.

En effet, certains articles (art.15-16) touchent les rubriques de la structure au pouvoir, notamment : le roi et la succession au trône. C’est ainsi que l’article 15 dispose que « est revêtu de la qualité de Mwami, la personne que détermine la coutume » et plus irrégulier il subordonne l’exercice des fonctions du Mwami à l’investiture par le Gouverneur .Cette investiture « ne confère à la personne désignée la qualité de Mwami .Elle ne fait que reconnaitre et lui donne le pouvoir d’exercer sa charge » .Cette procédure d’investiture vide la règle coutumière et subordonne la coutume à la volonté de l’autorité , ce qui peut engendrer de conflit entre le pouvoir indigène et le pouvoir colonial .Ce sera le cas en 1959, lorsqu’il faudra pourvoir à la succession du roi Mutara Rudahirwa.

L’article 16 établi une pratique inconnue jusqu’ici dans la coutume. « Si le Mwami est indigne ou incapable d’exercer ses fonctions, le Gouverneur prononce sa déchéance et reconnait et investi celui qui, à son défaut est appelé par la coutume à la direction du pays ».Il faut voir dans cette disposition la consécration légale de la procédure employée à l’endroit de Mwami Musinga et de son successeur. (16)La révolution Rwandaise (1959-1962) : Essaie d’Interprétariat (ISPS) Bxlles).
En 1952, on invoquera la soudaine incapacité du roi Rudahirwa et celle du roi de Mwambutsa pour les remplacer, successivement par Prosper Bwanakweli et Charles Baranyanka. Les résultats furent nuls. Le Résident Schmidt, un des délateurs zélés fut muté comme un malpropre vers le Katanga.

3.2. La volte face de l’Eglise catholique et le réveil de l’Onu.

Fascinée par la richesse du Congo, la Belgique qui avait reçu de la SDN le mandat d’administrer le Rwanda-Urundi, puis celle de la Tutelle après la seconde guerre mondiale, finit par céder le territoire du Rwanda-Urundi au profit de l’Eglise catholique .Mais avec le vent des indépendances qui soufflait vers le continent africain, l’église catholique, décida de prendre ses distances vis à vis de la métropole à la recherche des voies et moyens pour survivre après la décolonisation. Déjà, des 1956 lors de la conférence plénière des Ordinaires du Congo-Belge et du Rwanda-Urundi, tenue à Léopoldville, elle décida de prendre des distances vis à vis du pouvoir colonial, afin de survivre à l’indépendance. Elle avait décidé de retirer leur épingle du jeu et de fuir le navire (colonial) qui chavirait. De tentatives de séparation des intérêts de l’église catholique et de l’Administration aboutirent à la rupture lorsque le Ministre Buisseret projeta la création au Congo-Belge et au Rwanda-Urundi les écoles laïques. L’église catholique du Rwanda réussit seule à faire échouer l’installation de ce projet sur son territoire. Au Burundi, l’épiscopat, sous l’influence de Mgr Grauls et des efforts conjugués du Mwami Mwambutsa finit malgré quelques remous à s’en accommoder. Le divorce avec le pouvoir colonial n’eut donc lieu, par contre, le tapage pro-nationaliste et pro-indépendantiste du Roi Mutara Ruhindwa en faveur de ce projet, finit par convaincre l’Autorité de l’église que pour survivre à la décolonisation prochaine et inévitable ; il fallait changer de partenaires. C’est alors qu’elle décida de dénouer les anciennes alliances avec la féodalité Tutsi, qui avait permis à l’instauration d’un Royaume Chrétien au Centre de l’Afrique, pour nouer les alliances avec l’élite Hutu et mettre au pied une République Chrétienne Hutu et Sociale et se laver ainsi de sa longue compromission avec les exploiteurs fado-colonialistes. Pour l’Administration belge, l’équation était simple : si l’indépendance survient, le pouvoir Tutsi égal pouvoir dangereux ; le pouvoir Hutu égal pouvoir sans problèmes. Ce n’est pas par hasard que l’on vit le Tutsi, le Mwami Rudahirwa en tête, hier enfant chéri de l’Administration belge et Missionnaire, se transformer en agitateur agité, le représentant du communisme international et le nationaliste exacerbé et à la dernière minute ; le représentant l’ethnie Tutsi.

Dès 1957, l’évêque de Kabyayi avait une position prorévolutionnaire tranchée. Ce prélat n’était pas un homme nouveau car il suivait de près l’évolution politico-sociale du Rwanda et du Burundi depuis 1947, en qualité de responsable de la mission Catholique de Kibumbu. Vers la fin de 1956, le climat était celle des formations politiques du « menu peuple » avait été institué et le Rwanda-Urundi ne pouvait qu’en prendre bonne conscience. A deux reprises, le roi du Ruanda, Charles Mutara Rudahirwa, rencontra le Kabaka Edwards Mutessai II, roi du Buganda et l’Omugabe de l’Ankole, Sir Charles Gasyonga II au cours de l’année 1956 et spécialement pendant les fêtes jubilaires d’argent de son règne. Il est vrai, que beaucoup d’ougandais d’expression rwandaise résidant dans le district du Bufumbira, ayant gardé assez d’audience à la cour de Nyanza, devenaient de plus en plus les plus écoutés et les mieux favoris parmi les conseillers auprès de l’Ibwami.

Peu après, le Conseil Supérieur du Pays, composé en majorité de tutsis et produisant le souhait de son Président en l’occurrence, le roi Mutara Rudahirwa lui-même, demanda au pouvoir titulaire, la création de 4 ministres composés entièrement à des ruandais, celui notamment de l’Intérieur, des Finances, de l’Instruction Publique et des Travaux Publics : une auto détermination en somme ou à défaut la formation rapide des élites pour le pourvoie de ces nouveaux ministères et le transfert du pouvoir.

3.3. Le manifeste des Bahutu.

Comme partout sur le continent africain, les élites rwandaises privilégiées ou non par l’autorité coloniale et par les missions catholiques contestèrent de plus en plus le régime politique colonial en place.

Ce sont les reformes introduites par le décret-loi du 14 juillet 1952 qui, au point de vue politique ont créé une plus grande effervescence parmi les élites. Ces, reformes faites en principe pour permettre une ouverture démocratique, grâce aux organes « représentatifs » de la population ont créé plus de frustration parmi les exclus du système, surtout contre les hutus .En réalité ce sont les organes consultatifs monopolisés par l’élite tutsi par le système colonial qui ont été instaurés .Le système de suffrage universel aux niveaux de sous-chefferies n’apportant aucun changement. L’élite hutue obtint entre 30à 80% des suffrages dans les conseils des sous-chefferies. Au début la contestation et les critiques n’affichaient aucune tendance ethnisme ni raciste.

En 1957 (22 février) quelques membres du Conseil Supérieur du Pays publièrent une pétition appelée « Mise au point »,dans laquelle ils reconnaissaient déjà l’existence d’un malaise social, circonscrits ,selon le CSP, entre les relations humaines, entre Blancs et Noirs sans touts fois parler d’inégalités sociales .Pour l’élite hutue, cet élan de nationalisme et ce tapage ne pouvaient être qu’un manœuvre des Tutsis pour perpétuer leur domination et oppression.

Les problèmes soulevés par le manifeste des Bahutu furent étudiés par le Conseil Supérieur du Pays en sa session du mai juin 1958, à la demande du Mwami Mutara harcelé de toute part surtout par les articles de la presse locale d’obédience catholique : le Kinyamateka, qui ne cessait de l’interpeller en lui demandant d’user de son arbitrage impartial pour désamorcer la crise avant qu’il ne soit trop tard. A toutes ces revendications hutus et autres pressions de toutes parts qui avaient tout de même contraints le Mwami à créer le 30 mai 1958 ; un comité chargé d’étudier le problème hutu-tutsi, composé paritairement de 10 bahutus et de 10 batutsis ; le Conseil Supérieur du Pays de commun accord avec le roi lui-même opposa dans leur note « la Mise au point » une fin de non recevoir. Par ce geste de refus au dialogue avec les représentants des paysans hutus, le pouvoir féodal ouvrait la porte à l’incompréhension et la violence.

Le texte fondamental dénonça le monopole politique, économique, social et culturel des Tutsi. L’Eglise catholique en approuva chaque ligne, le gouverneur général Harroy accepta ses conclusions et, dan son discours du 3 décembre 1958, déclara que « la question Tutsi-Hutu constitue un problème indéniable en ce pays d’inégalités de conditions ». S’il est indéniable que les tutsi jouissaient d’une majorité de postes dans les chefferies et l’administration par rapport aux hutus, qui devrait en être blâmé, si ce n’est le colonisateur lui-même par les structures de la fameuse « Reforme administrative » dont il fut le concepteur et le vulgarisateur.

3.4. La réaction de la Belgique.

En 1957,deus conceptions sur l’avenir politique du Rwanda s’affrontaient .La première représentée par le Conseil Supérieur du pays critiquai sévèrement la gestion du Rwanda a la tète de laquelle se trouvait le roi Mutara Rudahirwa .Elle demandait de réformes audacieuses en vue de préparer le pays a l’autonomie et l’indépendance ensuite .La deuxième représentée par quelques élites qui s’identifiaient par l’ethnie et l’exclusion du jeu politique se félicitait plutôt de l’œuvre réalisée par la Belgique et stigmatisait « les abus et les injustices commises à l’encontre des Hutus par les Tutsis, oubliant, le système de corvées, les travaux vexatoires , les fouets ,l’impôt exorbitant et autres humiliations diverses, l’exclusion dans les écoles, les emplois rémunérés ,l’immigration forcée au Katanga et au Congo » que le hutu a subis sous le joug du même colonisateur. Ces deux courants témoignaient l’existence d’un désaccord profond, qui à défaut de réponse adéquate, allait se cristalliser en conflits ouverts.

La question hutu-tutsi avait évoquée depuis 1956 au Conseil du Vice-gouvernement ou la voie d’Albert Maus, colon au Burundi (traduisant les vœux de la colonisation belge) fut exposée sans aucune équivoque .Ce dernier proposait que les Rwandais et les Burundais soient représentés selon les classes sociales. Le Conseil rejeta a l’unanimité cette proposition, combattue surtout par le roi Rudahirwa et Mgr Martin, vicaire apostolique de Ngozi, parce que disait le premier, il y avait pas de critères fiables pour déterminer avec précision ces identités « .Les composantes sociales des populations du Rwanda étant de structures claniques, l’être muhutu ou l’être mututsi, serait-il biologique, social où, économique ? » interroge-t-il ,le prélat. Le Conseil proposa même la suppression de la mention ethnique dans les documents officiels contrairement à la demande du Manifeste des Bahutu dont les défenseurs proposaient mordicus son maintien. Cette idée de la supériorité numérique des Bahutu ni de leurs revendications ne faisaient pas l’unanimité parmi les cadres belges eux-mêmes.

Pour illustrer notre assertion, le Directeur provincial des Affaires Indigènes(AIMO) lors de la 10ème session du CSP(juin 1958) ne s’empêcha de déclarer ,au nom du Vice-gouverneur, « qu’il n’y avait rien d’angoissant ni dans l’état actuel de notre politique, ni dans la coexistence des Bahutu et des Batutsi ».A propos de réclamations des leaders hutu, « Il s’agit là, d’un problème de pauvres gens mais qui en soi n’en est même pas un ,du moins quant l’aspect dramatique dont on veut le revêtir » renchérissait-il(18).(Déclaration de M. Guillaume devant le CSP. Rapports CSP).

Le changement d’alliance interviendra le 3 décembre 1958. A cette date, alors que la Belgique pendant 50 ans n’avait jamais prononcé le mot démocratie, J.P.Harroy, déclara officiellement qu’au Ruanda-Urundi la démocratie n’est pas encore possible, et dénonça officiellement, la structure politique, sociale et administrative que la Belgique avait soutenue et entretenue jusque-là. Il dit dans son discours au Conseil général « que la question Hutu-Tutsi constitue un problème indéniable en ce pays d’inégalités des conditions….Il est un fait que le groupe social des Tutsis détient un pourcentage très élevé des postes officiels dont les titulaires peuvent se rendre coupable d’abus et que d’autre part, groupe des Hutu forme l’immense majorité des masses pauvres ou se situent les victimes de ces abus »

Le Vice-gouverneur disculpait ainsi la Belgique par rapport à son action coloniale et rejetait tous les erreurs commis et abus à son bouc émissaire : « l’organisation politique et administrative traditionnelle. » Quant aux leaders hutus, ils constituaient une autorité de rechange et n’attaquaient pas à la colonisation, ni dénonçaient l’exploitation coloniale qui avait pesé autant sur les masses hutu que sur les masses tutsi : les corvées, le fouet, le travail forcé, l’impôt exorbitant, l’aliénation, l’exploitation économique, tout a été gommé et occulté .Au Ruanda-Urundi, la Belgique s’est rachetée aux moindres frais et par cet artifice la Belgique trouvait , un moyen très commode de préserver ses intérêts.

3.5. La mort de Mutara Rudahirwa

Apres la mission de visite des Nations Unis en 1947, les Afro-asiatiques demandent des comptes au colonisateur, lui reprochant l’absence d’économie moderne, l’hégémonie absolue de l’Eglise, le manque d’écoles laïques. En l’absence d’arguments, le colonialiste belge trouve le bouc-émissaire dans le disfonctionnement virtuel du pouvoir féodal. Par contre les pays afro-asiatiques portent même leur appui au Mwami Rudahirwa dans sa lute contre la Tutelle belge. Prévoyant dans la plus grande discrétion, d’aller aux Etats-Unies afin de plaider devant l’ONU la cause de l’indépendance de son pays ,le roi Mutara se rend a Bujumbura auprès de son médecin, un belge .Mais c’est le remplaçant de celui-ci qui lui administre les vaccins obligatoires avant le voyage en plus de ses traitements habituels, et surtout une mystérieuse piqûre de pénicilline .Le roi, foudroyé, s’effondre dans ses bras.

Accident, dira la Tutelle belge, qui refusera cependant qu’une autopsie soit pratiquée. Des contemporains rappellent qu’en réalité, que le roi avait noué de contacts avec le flamboyant Premier Ministre du Congo ; Patrice Lumumba lui promettant son appui après l’indépendance de ce pays. A sa disparition, les projets et spéculations des belges sont pris de court, pendant les funérailles, les conseillers de la Cour, les Biru proclament à la surprise générale, le nom du successeur de Mutara en la personne de Ntahindurwa qui prend le nom dynastique de Kigeri V.

L’Administration belge est frustrée et estime qu’un coup d’Etat a été fomenté par les radicaux tutsi dans le but de durcir d’avantage les sentiments anti-belges et en réaction, elle soutient plus fermement que jamais les revendications hutues.

4. La gestion postcoloniale du Rwanda

4.1. De la République de Kamarampaka ou du Parmehutu, à celle de Gitarama ou le pouvoir monolithique au Rwanda.

4.1.1. L’installation d’un pouvoir monolithique. Après la Révolution sociale de 1959 dont nous avons suffisamment décrit les origines et aboutissants, le Parmehutu fonde son pouvoir sur le rejet non seulement du régime féodal, mais de tous les tutsis. Ce rejet mêlé à de craintes de représailles prend par moments l’allure d’une véritable psychose. C’est ainsi qu’en 1963, le Parmehutu fera fi de l’accord signé avec l’Onu, pour supprimer le ministère de l’élevage considéré comme une activité qui rappelle le mythe de la féodalité. En plus de l’Unar, l’Aprosoma sera également soupçonné de maintenir le contact avec les représentants en exil de l’ancien régime et son fondateur Joseph Gitera Havyarimana sera emprisonné pendant 5 ans pour atteinte à la Sûreté de l’Etat.

En effet, les gens du sud du Rwanda dont est originaire J.Gitera, très spécialement les paysans de la région historique du Bufundu étaient accusés par le pouvoir du Parmehutu d’avoir manifesté un comportement rétif voire endormi pendant la révolte populaire à cause de l’ascendance que certains grands chefs batutsi exerçaient encore sur eux du fait de la proximité de la Cour Royale de Nyanza. Ils ne se réveilleront plus tard que grâce à l’œuvre de J.B. Rwasibo. Après les raids meurtriers perpétrés par les refugies rwandais et la contre-offensive aussi cruelle que meurtrière, grâce à la réorganisation de l’armée rwandaise par le Col. Logiest et l’envoi des militaires en provenance de Katanga, une véritable psychose antitutsie est installée au Rwanda.

4.1.2. L’attaque des refugies rwandais et les massacres contre les tutsis.

La plupart des leaders de l’Unar recherchés par l’armée belge avaient pris la fuite avant l’indépendance vers le Congo, le Burundi voisin ou l’East Africa et d’autres cherchaient à organiser avec l’aide des pays progressistes une offensive diplomatique notamment au siège de l’Onu, dont les succès furent bloqués par la non exécution des résolutions alors prises. Certains de ces leaders s’étaient déjà engagés dans la lutte armée en lançant un certain nombre d’attaques significatives contre le Rwanda entre mars 1961-1966. L’Attaque qui eut les conséquences les plus désastreuses fut celle lancée le 21 décembre 1963 par un groupe de 200 à 300 combattants refugiés en provenance du Burundi. Ils réussirent à mettre en déroute les militaires du camp de Gako, se dirigèrent vers Kigali où ils furent stoppés à 20 kilomètres de la capitale par des unités de l’armée rwandaise commandées par des officiers. Belges.

Le président Kayibanda profita de l’attaque pour installer une terreur anti-tutsi Belges, spécialement en préfecture de Gikongoro, la population hutu armée de machettes et de lances se mit à massacrer de façon systématique les tutsis de la région ,femmes et enfants compris .Il y eut quelques vives réactions contre ce que les uns ont appelé « de génocide ou d’extermination des tutsis » . Sur les ondes de Radio Vatican du 10 février 1964, on parla de génocide. « Un génocide terrible et systématique depuis celui des juifs come par Hitler ».Dan une lettre adressée le 28 janvier 1964 au secrétaire général de l’Onu, le Premier Ministre du Burundi, Pierre Ngendandumwe fit état « de milliers de cadavres de Tutsi, aux jambes coupées, charries par les eaux de la Rusizi. (19) « (No Cab/111/AE). »

L’impunité aida à cristalliser l’ethnocentrisme. Ainsi, André Nkermugaba, le préfet de Gikongoro, qui s’était distingué dans l’organisation des massacres des Tutsis de sa préfecture, en fut amplement récompensé et sera élu a l’assemblée nationale en 1965. A chaque fois que les incursions sont répétées, les antagonismes ethniques devinrent ravivés suivis inévitablement de véritables pogroms sur les Tutsis restés au pays. La jeune République est hantée par l’encerclement et voit des ennemis partout aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Le Ruanda indépendant définit son identité en niant le droit d’exister de l’autre, en définissant l’étranger celui qui est son double intérieur. Déjà en Novembre 1960, un comité composé de représentants du Rader et de l’Aprosoma publia une étude sur le comportement du parti Parmehutu. Celui-ci est qualifié « de parti politique africain racial raciste, seul au pouvoir, dont la dictature constiste à détenir un monopole absolu exclusif, tant au Parlement qu’au Gouvernement Provisoire, ainsi qu’à tous les organes administratifs (juridiques et militaires du pays) ».

Ironie de l’histoire, un certain Sindikubwabo Théodore, figurait parmi les membres de ce comité dénonçant le Parmehutu comme étant à la fois raciste et racial, sera dans le chaud du génocide de 1994, le Président du Gouvernement Provisoire de transition du : Hutu Power.

Les raids ses Inyenzi (1963-64) laissent le pays avec beaucoup de fractures profondes qui déchirent le pays. Dès l’annonce de l’agression en décembre 1963, les leaders tutsis pourtant anti-féodaux notoires, sont lynchés et condamnés à être enterrés vivants entre-autres Prosper Bwanakweri, ancien chef du territoire de Nyanza et Président du parti Rader, Lazare Ndazaro, ex-Secrétaire à la Résidence, Etienne Afrika, etc. Le mouvement hutu se transforma en régionalisme. Les Hutus du Centre (Gitarama) désignés sous le nom de Abanyenduga, s’opposeront bientôt aux hutus du Nord (Ruhengeri-Gisenyi) : les Bakiga. Durant la 1ère République, les observateurs avaient coutume de dire que le Parmehutu gouvernait le Ruanda et que Gitarama gouvernait le Parmehutu. Quant aux Batutsi, ils pouvaient s’estimer heureux de n’avoir que le droit à la vie. Par la même occasion, le Ruanda est traversé par un autre drame, celui du régionalisme. En effet, deux microrégionalismes divisaient la région du sud, le Parmehutu émanation de Gitara (centre du pays) et l’Aprosoma de Gitera Joseph enraciné à Butare dans le sud du Ruanda. Pour l’emporter sur l’Aprosoma, le Parmehutu trouva des alliés hutus dans le Nord du Ruanda à Ruhengeri et Gisenyi, par un ephèmere partage du pouvoir : l’administration aux hutus de Gitarama, l’armée aux hutus nordistes, les Bakiga.

Mais le mariage Nduga-Bakiga fut de courte durée ; le temps de la nuit des noces. D’abord l’opposition hutu au Parmehutu se replia sur lui-même, commença à dévorer ses propres enfants, une nouvelle fois contre les gens de Butare accusés de ne plus être dans la ligne du parti (barataye umurongo) entre-autres Anastase Makuza, Isidore Nzeyimana puis vint le tour des nordistes Bicamumpaka, Lazare Mpakaniye, Gaspard Cyimana, Oto Rusingizandekwe suivi de la démission de Thaddée Bagaragaza etc… de subir les mêmes abus, d’autant plus regrettable, que Kayibanda par son triomphalisme micro régional de Gitarama, dans lequel il s’était enfermé, était arrivé à se mettre en tête qu’il avait la vocation à être seul à la tête du Ruanda. Le rapport de la commission parlementaire présidée par Bicamumpaka avait stigmatisé le favoritisme, l’intimidation, la politisation de l’administration, l’impunité, la perte de crédibilité du Parmehutu comme plaie cancéreuse dans le parti. Lui seul pouvait et savait, aidé dans cette myopie, par une clique de quelques zélés dont « Augustin Munyaneza : ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, Froduard Minani : ministre de l’Information, Capitaine Seyanga : ministre de la Jeunesse et de la Sécurité et Elie Ntibarikure : Secrétaire Général à la Présidence, etc… »L’ostracisme et l’intimidation contre Tutsis par le régime de Kayibanda furent accompagnés de l’exclusion graduelle de ses alliées politiques et de leurs bases sociales et régionales. (20) (Kinyamateka, no 32, Nzeri 1967, p :Kinyamateka no 36, Ukuboza,1968, p.2.).

En 1972, Kayibanda, après avoir étouffé toute tentative démocratique c’est-à-dire la révision de la constitution de 1962, qui lui empêchait de briguer le 4ème mandat, comprit que sa position était devenue intenable. Pour tenter de sortir de la nasse dans laquelle il s’était lui-même enfermé, il eut alors le bouc-émissaire : les tutsis. En réaction aux événements survenus au Burundi en 1972, les responsables ruandais lancèrent une véritable chasse aux Tutsis afin de reconstruire l’unité des hutus autour du Parmehutu et du Chef de l’Etat Grégoire Kayibanda. Le mouvement se traduisit par la volonté de chasser les tutsis des fonctions qu’ils occupaient, de leurs maisons, de leurs champs, etc. On parla alors de « déguerpissements ». Des listes d’employés furent dressées et placardées puis licenciés sans préavis. Ces persécutions provoquèrent un nombre important de morts parmi les étudiants tutsis de l’Université de Butare suivi de , l’exil de nombreux d’entre eux vers le Burundi et le Zaïre. Après, ce fut le tour du clergé d’être passé au peigne fin. En effet, le 22/02/1973, deux frères josephites furent tués à Kabyayi et des affiches anonymes furent posées aux postes de l’Eglise réclamant le départ de Mgr Bigirumwami et de tout son clergé tutsi. Mais le programme antitutsi inquiéta même les responsables du Nord, qui comprirent qu’ils allaient à leur tour être victimes des persécutions semblables. En effet, le 26/03/1973 le Major Alexis Kanyarengwe remplaça Mgr Mathieu Ntahombariye au poste de Directeur du Petit Séminaire de Nyundo, quant au Major Nsekarije Aloys, il fut désigné au poste de Directeur dans l’une des usines de thé à l’intérieur du Rwanda. Devenu bucolique et aussi incohérent que brutal aussi bien dans ses idées que dans ses actions, voulant même se défaire, par assassinat le Général Juvénal Habyalima, qu’il venait pourtant de porter au poste de Ministre de la Défense Nationale et de la Garde Civile, Kayibanda sera en toute improvisation écarté par les putschistes le 5 juillet 1973.

4.1.3. Rapports Eglise-Etat.

L’Eglise a gardé son prestige social durant la 1ere République car cette jeune Republique au demeurant sans maturité avait besoin de l’Eglise pou l’épauler et l’appuyer d’autant plus spécifique que la constitution de la République avait donné une place considérable à la religion chrétienne .Pour illustrer notre assertion, dans le préambule de la Constitution de 1961 et celle de 1962,on affirme « la confiance de l’Assemblée nationale en toute puissance de Dieu » et d’autres articles interdisent le « communisme, les activités et propagandes communistes et le divorce » L’Eglise catholique était satisfaite d’avoir comme partenaire un chef d’Etat chrétien et aligne sur l’Occident ,alors que beaucoup d’Etats du Sud et de la sous-région se réclamaient du socialisme et du tiers-mondisme et de la laïcité Elle jouissait de privilèges considérables tels que le quasi-monopole de l’enseignement, une grande audience dans les milieux du pouvoir ,la possession de vastes propriétés et pas toujours exploitée ,des exonérations fort étendues dans le domaine social.

4.2. De la République du MNRD, à la République de la Kabaya et au Génocide d’Avril 1994 : Exacerbation des exclusions.

En général, le Coup d’Etat fut accueilli avec beaucoup de soulagement dans tout le Rwanda, même dans le Burundi voisin. Ce fut même la joie dans la préfecture de Gikongoro ou de clans politiques rivaux, celui d’Anastase Makuza d’un côté et celui d’André Nkeramugaba de l’autre s’opposaient entre eux au sein du même parti. Le Général Habyalimana parlait de la restauration de l’Unité Nationale, de la répudiation du régionalisme, de l’ethnicité et du retour d e la moralité publique. Il avait même nommé au sein des membres du Comité National du Salut, un tutsi : le Col Ruhasha Epimaque. Les relais religieux laissaient filtrer des informations positives, que celui-ci était catholique pratiquant et fils de catéchiste de surcroît, tout en cachant l’origine ougandaise de son père. Mais tout cela n’était que la poudre aux yeux.

Un système policier de contrôle social et politique efficace fut mis sur place. En 1975, le parti-Etat : le Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement (MNRD), fut créé sur le modèle zaïrois ou togolais.il couvrait ses ramifications jusqu’aux collines les plus reculées.En 1978 la nouvelle Constitution, faisait de Rwandais à la naissance, un militant du parti. Toute cette politique de contrôle étroit des populations a produit une atmosphère de surveillance et coercition aux relents totalitaires.

Avec le départ de la première République qui avait vu le triomphe démocratico-mathématique des plus nombreux : les hutus, sur les moins nombreux : les tutsi, une nouvelle fonction régionale s’emparât du pouvoir pour remplacer la faction dirigeante de Gitarama-Kabyayi. Elle était aussi hutue, mais d’abord nordiste. Le centre de gravité du nouveau pouvoir se basculait vers les régions fertiles du plateau de la région de Kabaya : région originaire du Président Habyalimana. Le régionalisme nordiste fut plus micro-centré voire même coriace que celui du défunt de Gitarama.

Avec l’assassinat du Col Mayuya Stanislas, Gisenyi se brouilla davantage avec Ruhengeri, mais le premier (Gisenyi) finira par avoir le dessus, en ce sens qu’il engobait en son sein, le Bushiru, avec les communes de Karago d’où était originaire le Président Habyalimana et la Commune de Giciye, région originaire de l’épouse du Président, la toute puissante Kanziza Agathe surnommée, par son entourage, (Kanjogera : l’historique reine-mère du roi Musinga en raison du pouvoir mal accru et autoritaire qu’elle exerça sur le souverain pendant son règne). Cette femme aux allures sombres d’ « Evita Perón » descendante du clan des Abahinza (dirigeants historiques du Bugoyi, chassés par l’Administration belge lors de la reforme catastrophique qualifiée à tord d’administrative) ; rêve de prendre la revanche, de retrouver par tous les moyens le rang dont les pouvoirs passés l’avaient privées.

Son autoritarisme comme celui de son mari sont inséparables de leur dignité. Ils entretiennent leurs sujets et leur donnent le suffisant. Chacun porte au cours de leur apparition en public le nom de : Umubyei. Tombant dans les mêmes travers que le régime précédent, à savoir le régionalisme, le népotisme, celui du Général Habyalimana allait être largement les dépasser au point de laisser dans le super paroxysme, tous les pouvoirs politiques, économiques, se commettre dans les mains d’une poigée de fidèles, de courtisans véreux, autour d’une Amicale appelée « Akazu », un véritable gang mafieux, une véritable organisation criminelle, faisant assassiner les opposants et contrôlant tout le réseau du trafic import-export voire narcotique, la destruction de forêt de Gishwati, pour implanter un projet laitier GEBEKE.

Après l’assassinat du Colonel Mayuya Stanislas, Commandant du camp Kanombe, le régime durcit ses positions en pointant du doigt, le fief de Ruhengeri, aboutissant au prétendu Coup d’Etat dont le rôle fut attribué à Alexis Kanyarengwe, Col. Ndibwami, le Col. Lizinde Mugabushaka Théoneste, l’Ambassadeur Alphonse-Marie Kagenza etc. Sur Lizinde, le président Habyalimana trouvera par ce moment l’occasion de lui endosser la responsabilité de l’assassinat du Président Kayibanda et les dignitaires de son régime. L’on sait pertinemment que le Président Kayibanda aurait été vraisemblablement empoisonné ou mort par inanité, dit-on, puis achevé au coup de marteau par le Col Elie Sagatwa, beau-frère du Président Habyalimana, dans l’indifférence générale en dépit du chagrin des siens et de ses derniers fidèles, après avoir été déchu de sa nationalité et de son ethnicité. (Congolais de tribu mushi). Par la suite ses proches furent sauvagement assassinés dont entre-autres : Munyaneza Augustin ; le ministre des affaires étrangères et de la Coopération Nkezabera Damien, ministre de l’agriculture et de l‘élevage : longtemps chef de la station ZAR : zone d’action rural de Gisozi au Burundi, Minani Flodoard : ministre de l’Information, André Kamoso : ministre des Travaux Publics, Elie Ntirabarimvo : le Directeur Général à la Présidence et autres dignitaires du Parmehutu. Pire ce fut la grande disparition des grands défenseurs des droits de l’homme notamment l’Abbé Sindambiwe, ancien responsable du Journal Kinyamateka, assassiné le 7/11/1980, sans oublier la démission forcée de l’Abbé Muvara Félicien, à la veille de sa consécration comme évêque de Butare, suivie du retrait du soutien de l’Eglise catholique par l’Archevêque Vincent Nsengiyumva pourtant enfant chéri du Mnrd. Face à une telle immensité de violation des droits de l’homme, l’Eglise catholique portant reconnue come très prompte à dénoncer les injustices ne souffla un mot, ni regret ni compassion envers ces disparitions et encore moins envers celle de Grégoire Kayibanda.

Avec le durcissement du régime et les attaques même osées émanant de l’Eglise catholique, le pouvoir de Habyalimana se crispe et réinstaure comme ses prédécesseurs le système de quotas, car lui, il ne chasse pas, se plait à le décrire au cours de ses nombreuses plaisanteries qu’il aime a livrer au public. Ce sont les Belges, spécialistes mondiaux des quotas et des dosages politiques et équilibres alambiqués qui lui ont suggéré cette adéquation de la représentation du groupe proportionnellement à l’importance numérique. Lorsqu’éclate la guerre avec le FPR en Octobre 1990, le pouvoir de Habyalimana est sclérosé, lui-même réagit à la moindre contradiction par emballement puis subitement par abattement. L’armée sur laquelle il avait jeté tout le dévolu pour relever la situation sécuritaire dans le pays est gangrenée par la corruption et la concussion. Son pouvoir survit grâce à de subventions et autre prébendes qu’il reçoit de certains dignitaires africains avec lesquels ils partagent d’ailleurs ses manières d’agir et de gouverner par tortures, abus et répressions. Son entêtement et son refus à l’ouverture au pluralisme démocratique et à la tolérance lui seront fatales. Il mourra tragiquement le 06/04/1994 au dessus de l’aéroport de Kanombe sans avoir doté ce pays ni le calme ni la paix dont il avait pourtant besoin. 5. Approche analytique de l’époque troublée de 1959 : Enjeux et conséquences dans la région des Grands-Lacs en général et du Burundi en particulier.

Introduction :

La nation rwandaise, quoique multiséculaire, a été désintégrée. Si nom on ne peut s’expliquer comment et pourquoi une partie du peuple rwandais s’est livrée a l’extermination d’une partie de ce même peuple. Comment en –on arrivé la ? Tout n’est pas ne de la colonisation comme beaucoup souvent le disent, même avant la colonisation, les rapports sociaux étaient aussi tendus avec de violaces remarquables peut-être à une échelle réduite, mais la colonisation par ses discours et méthodes, elle les radicalisa à outrance. Apres s’être imposée de force, elle est parvenue progressivement à imposer sa domination politique, économique, morale, psychologique, mentale et idéologique .On a détruit chez lui toute base de dignité, de fierté et de sens de la Nation. La colonisation a coupé les racines, les références les valeurs morales du rwandais et a essaye de lui en greffer d’autres .Les greffes comme la démocratie à l’occidentale, ont mal pris .Et il y a eu un rejet et ce fut notre drame. Elle détruit le la force morale de notre peuple et une fois détruite, la société toute entière devient désintégrée à son tour et le tissu social désarticulé .Les relations sociales entre différents groupes : entre gouvernants et gouvernes devinrent plus conflictuelles qu’unificatrices .C’est normal puisque la colonisation par essence est un système de violace .Elle détruit ce qu’elle a trouve sur place pour impose par la force sa propre vision des choses.Un système de violence engendra des pratiques de violence. Les théories et pratiques de la colonisation, en excluant du commandement tout hutu, ont contribué à désunir les membres de la communauté nationale .Elles ont produit une élite sans vision ni volonté commune de construire ensemble la « cité nationale »(21) Dialogue. II No 14 juin 1999 p.81-82.

5.1. Origine des changements

Est-il permis, après 54 ans de recul, de jeter un regard critique sur le changement survenu au Rwanda en 1959 dit abusivement « Révolution sociale » ? A y regarder de près, ce bouleversement fut unique en ce genre malgré sa comparaison facile à la Révolution française ? Et son originalité, il le tire dans le fait qu’il se soit déroulé sous le couvert de la puissance administrant et dans l’indifférence de l’ONU, au nom de laquelle la Belgique administrait le Ruanda-Urundi. C’est unique dans l’histoire, que l’on voit, le colonisateur belge soit disant « colonisateur externe » en l’occurrence, se retrouver du côté du peuple colonisé « le Hutu » contre le soi-disant colonisateur interne : « le Tutsi ». Si le colonisateur belge aimait vraiment le colonisé, wallons et flamands se seraient colonisés entre eux, avant de s’embarquer sans aucune lettre d’invitation ni note de prise en charge au Congo et au Rwanda-Urundi. Dans ce méli-mélo, les auteurs en présence à savoir : la coalition antiféodale, représentée par les partis d’obédience Hutu et ; le Parimehutu ou l’Aprosoma, la coalition nationaliste et unitarisme représentée par l’Unar, l’Administration belge et l’Eglise catholique, ne visaient pas les mêmes buts.

La coalition antiféodale « hutu » à laquelle avait pris part le Rader par opportunisme, cherchait à s’emparer du pouvoir. Pour y arriver, elle devait faire un grand bouleversement c.a.d, semer le désordre et la panique, renverser la monarchie, installer une République et asseoir les institutions démocratiques. Pour réaliser ces objectifs, cette coalition hutue devait faire des alliances avec l’Eglise catholique et la Belgique.

La coalition traditionaliste féodale, nationaliste et indépendantiste visait à se débarrasser des colonisateurs tout en espérant garder pour soi, les reines du pouvoir. Pour cela elle réclamait l’indépendance nationale immédiate en promettant d’opérer des réformes, entre-autres, l’instauration d’une monarchie constitutionnelle (rouge à la Cambodgienne). Sa stratégie était la course à la montre mais hélas, l’appui de la Belgique et de l’Eglise dont elle avait invariablement besoin lui fit défaut. Elle comptait, tant soit peu, sur l’environnement international et l’Onu qui lui était favorable.

La Belgique s’efforçait de sauvegarder les intérêts occidentaux, déjà menacés au Congo et partout ailleurs par le vent des Indépendances naissantes en Afrique, alors que l’Eglise catholique cherchait à survivre de la décolonisation tout en maintenant son influence sur les institutions dans le Rwanda postcolonial. Pour parvenir à leurs objectifs, l’église catholique et la Belgique opéreront un changement d’alliance, elles retireront leur soutien traditionnel à la fraction dirigeante Tutsi qu’elles avaient dorlotée et le porteront à l’élite montante Hutu, qu’elle avait pourtant éjectée comme de malpropres lors de la reforme administrative de 1926-1930. Quant à la masse, après les multiples vexations du pouvoir féodo-colonial, elle n’attendait qu’un coup signal pour se libérer mais elle sera caricaturalement dressée en Tutsis et Hutus, en oppresseurs et opprimés Pourtant, avant la Révolution, il y avait aussi bien de paysans Hutu que de paysans Tutsi, soumis de la même manière au système d’exploitation dominant.
Nous nous étions proposé, au début de cet article, de montrer les échecs et les réussites des Partis politiques rwandais de 1959-1962. En se basant sur une approche ethnicisant, les leaders du Parmehutu et l’Aprosoma, ont trouvé sûrement là un moyen commode de mobilisation des masses illettrées, ce qui a contribué grandement à la victoire du parti Parmehutu. Mais, il n’y a pas du doute que la radicalisation et la politisation des rapports interethniques comportaient en elles-mêmes les germes de l’ethnisme. Comment résoudre les problèmes qui se poseront entre les gens de la même ethnie ?

Par contre, les institutions démocratiques instaurées par la Révolution de 1959, s’identifiant au clan, ethnie et surtout région, se sont identifiées comme une ombre aux institutions féodales : l’idéologie tutsisante d’antan versus idéologique hutusante montante. En effet, le groupe des Hutu remporta fort et mis au pouvoir, non les Hutus, mais une couche sociale ethniquement hutu, certes dans son ensemble, mais qui s’est progressivement détachée de la masse paysanne et pastorale, par la scolarisation, l’accès au commerce, et le partage de privilèges. La petite intelligence hutue voulait le pouvoir politique, économique et social. Elle l’a eu. Mais la masse paysanne n’a été que l’instrument efficace des candidats au pouvoir. C’est pourquoi dire que les Hutus ont pris le pouvoir c’est dire que les Tutsi étaient avant 1959 au pouvoir.

De tous les antagonistes, les intérêts de la Belgique et de l’Eglise catholique furent sauvegardés .Le Rwanda en adoptant l’œcuménisme ethnique et divisionniste a opté pour les contradictions et antagonismes rétrogrades qui l’ont conduit imperturbablement au génocide. On vit même, chose rare, dans l’histoire, un pays se doter une constitution républicaine, tout en s’abritant sous la Tutelle provisoire de l’Organisation des Nations Unies assurée par la Belgique comme puissance administrant. .Nous voulions montrer les relations, le lien direct entre l’échec de ces partis et le génocide de 1990-1994.

En réalité, le génocide est un échec qui dépasse celui des partis politiques rwandais .Il est aussi pour la communauté internationale, pour la nation rwandaise et pour toutes les personnes éprises de justice, de liberté, d’égalité, de respect des droits et des libertés fondamentaux des gens. Personne n’en est sorti, agrandie, mais amoindrie et rapetissée, ni sous l’Allemagne nazie, ni sous les bottes du General Pinochet en Argentine encore moins au Rwanda.

5.2 ANALYSE CRITIQUE DES FORCES ET FAIBLESSES DES PARTIS POLITIQUES.

Il est tout de même étonnant, voire incompréhensible, que les Partis Aprosoma et Parmehutu d’une part et le Parti Unar d’autre part aient adopté face à l’indépendance des positions si diamétralement opposées. L’élite hutu du Parmehutu et Aprosoma, ne sentait pas le besoin ni la nécessité de l’indépendance. Elle ne la souhaitait nullement. L’Elite de l‘Unar la réclamait a cor et cri. Où donc résidaient les raisons de ce décalage, de cette rupture si profonde ?

5.2.1. Forces et faiblesses de l’Unar

En 1959, la société rwandaise venait de vivre une cinquantaine d’années sous la domination politique, idéologique et culturelle du pouvoir colonial.Mais cette élite était devenue bicéphale. Il y avait d’une part l’élite traditionnelle aristocratique, d’origines tutsie et l’élite hutu d’origine « des self made men : middle class society » d’origine fort modeste. La place que ces deux élites dans la sphère du pouvoir était différente : l’élite tutsi occupait seul le terrain dont l’élite hutu était exclu .Le système en place ne faisait pas de recrutement politique et administratif massif auprès de l’élite hutu. Il y avait des blocages qui pour les hutus était institutionnalisés le système paraissait ferme.

La faiblesse de l’élite tutsie en général et de l’Unar en particulier est de ne pas avoir pris à temps l’initiative de combattre cette fermeture et le blocage du système. Quand cette élite tutsi s’est réveillée pour parler autonomie et indépendance, elle s’adressait à des gens qu’elle n’avait pas aidés à sortir de leur exclusion .Sa faiblesse réside fondamentalement dans le fait qu’elle n’a pas su négocier à temps des alliances utiles principalement auprès des hutus pour avoir le consensus dans la lutte pour la conquête de l’indépendance.. C’était trop tard. Un système ne récolte des avantages que s’il est intégrateur .Il a manqué à l’Unar l’adaptabilité.

5.2.3. Forces et faiblesses du leadership de 1959. (Aprosoma/Parmehutu)
(Unanira abaguhama,ntunanira abaguhenda ! )

Il est habituellement dit que le succès du Parmehutu est dû en grande partie à l’utilisation justement du terme « hutu », comme élément de mobilisation de la masse illettrée. Le terme hutu a rallié à ce parti de nombreux membres du groupe social et polariser à outrance le phénomène d’ethnisme. Un autre facteur qui a facilité l’adhésion massive de la masse hutu aux idées du Parmehutu est l’organisation bien structurée de ce parti à travers le pays. Kayibanda et ses collègues ont su se servir intelligemment du réseau de nombreuses associations œuvrant dans toutes les paroisses, comme instruments efficaces de mobilisation et de sensibilisation et conscientisation politique.

L’autre atout de la victoire du Parmehutu fut l’appui de l’Eglise catholique et de l’Administration colonial .L’Eglise a mis ses moyens -qui sont immenses- à la disposition de l’élite hutu. L’administration coloniale lui a prêté, main forte sur le plan aussi bien militaire que politique, administratif et même conceptuel

Les faiblesses du Parmehutu réside dans son système idéologique .Kayibanda et ses compagnons n’avaient pas une culture politique .Kayibanda avait une culture religieuse, de moines rigoureux et peu tolérant .Il lui manquait l’essentiel : le sens de la nation, le sens de l’Etat ; il n’a pas été « un vrai Chef d’Etat mais un chef de tribu montagnard » et il a élaboré une idée à sa mesure. Quoiqu’il préconisait des reformes sociales, égalitaires, il n’était pas un vrai démocrate, ni un vrai défenseur des droits de la personne humaine, ni encore moins un révolutionnaire, il avait une idée de la démocratie dévoyée.

Le système mis en place par le Parmehutu a enseigné le droit de haïr et celui de tuer impunément les Tutsis, d’exproprier et de saccager leurs biens .Il a inculqué à la masse hutue l’idée d’exterminer les Tutsis au nom de soi-disant démocratie. A-tel-enseigne que le mot démocratie est venu enrichir le dictionnaire rwandais par des mots tels que :« gukora » :travailler tuer les tutsis ou les emblèmes du pouvoir tutsi :les vaches,« isegenya » :déluge :la masse numérique hutu « harambe demokarasi » :que le hutu règne seul sur le Rwanda sans partage , « susuruka » :que le tutsi soiet déglacé puis réchauffé pour être mieux débarrassé du communisme ambiant : ici analogie à la fête juive Pentecôte et la descente de l’Esprit sur les apôtres en langues de feu) avec la venue de la démocratie chrétienne au Rwanda le jour la Toussaint 1959, kwiyumvamo :adhérer, Rwanda rwa rubanda :Rwanda, l’œuvre exclusive de Gahutu ».

Ce racisme de Joseph Artur Gobineau (compte) qui influa sur les théories du racisme germanique :( Essaie sur l’inégalité des races humaines 1885) prône la « théorie de la hiérarchie des races qui conduit à préserver la race dite supérieure de toute croissance et à son droit de dominer les autres »

Le Rwanda appartient aux seuls Hutus (l’œuvre exclusive de Gahutu).

Cette énormité a profité à l’avènement de la victoire du Parmehutu selon laquelle, « un parti politique qui gagne les élections dirige les pays jusqu’aux prochaines élections ».C’est une conception erronée que cette masse ait retenue : « la majorité démocratique a été confondue avec la majorité ethnique plutôt morphologique ».Cette tricherie politique a été souvent dénoncée, nous n’insistons pas. Son mensonge repose sur deux raisons .La première est que la majorité démocratique est une majorité d’idées et des options politiques, mais ne dépend pas d’un facteur naturel ou involontaire comme la race .La deuxième est la recherche d’un bien commun pour tous les citoyens et non pour une partie de la population, fut-ce la plus nombreuse. Le Parmehutu et ses succédanés du« hutu-power » furent l’incarnation de cette double tricherie. Dans la suite les tutsis ont été considérés comme des citoyens de seconde zone ou des étrangers avec des droits et des libertés limites sinon nuls. En enseignant le droit de tuer « tutsi » en toute impunité, le système Parmehutu a inculqué dans la tète des gens, des hutus en particulier, une antivaleur : l’ethnisme, une déréglementation considérée comme « normale » chaque fois qu’elle était dirigée contre les Tutsis.

L’erreur de Kayibanda est si profonde qu’il a essayé de faire croire au peuple rwandais que par nature les Hutus étaient plus démocrates plus républicains que les Tutsi .Ces derniers étaient des monarchistes par nature Cette politique ethnicisant instaurée par le Parmehutu a produit un système fermé, déjà condamné à l’avance car il ne pouvait pas « libérer le peuple hutu » qu’il prétendait libérer. Au contraire il l’aliéné. Ce système raciste fut à la base du génocide rwandais ; un holocauste, conçu, muri et réfléchi pourtant ennobli par le terme « révolution » afin de masquer l’horreur des tueries délibérées d’un peuple tout-à-fait innocent. Ce fut plus qu’injuste, plus que cruel et plus que criminel !

Quand il y a une vrai révolution, les citoyens qui l’accomplissement acquièrent des droits que jusque là, on leur avait refusés : le droit de participer à l’organisation de leur pays, le droit à la liberté d’expression et le droit au partage équitable du patrimoine national .En mars 1960 quand une mission de l’Onu, à laquelle le parti Unar avait fait appel pour venir au Rwanda constater les dégâts. Elle visita le Rwanda et reçut toutes les informations voulues à ce sujet. Le chef de cette délégation qui était l’américain Masson Sears, fit son rapport et il écrit entre autres ce qui suit : « Les événements violents qui sont récemment produits au Rwanda, ne sont pas le fait d’une révolution populaire générale contre une injustice sociale ». Quand ce dignitaire, qui visita le Rwanda durant ces événements sanglants, nie clairement que ces violences n’étaient pas une révolution, quelle autre autorité digne de foi pourrait affirmer le contraire ?

5.2.4. Forces et faiblesses de l’Eglise catholique.

Le catholicisme rwandais en procès : Silence dans les Eglises, dehors on tue !

L’Eglise catholique à travers les missionnaires a servi de couloir de transmission aux les puissances coloniales, allemandes d’abord, belges ensuite, dans un double objectif : celui de favoriser l’instauration du nouvel ordre colonial et de réaliser leur propre mission. Apres les allemands, les Belges ont maintenu le système de l’administration indirecte comme mode de gouvernement, en favorisant les instituions traditionnelles.

Par contre, l’Eglise catholique a collaboré avec l’autorité administrant dans la suppression du système de l’administration indirecte .La hiérarchie catholique a joué un rôle négligeable dans l’introduction de reformes de 1925 qui furent conçues et réalisées par l’autorité coloniale et dont le but était de modifier systématiquement les institutions traditionnelles en l’ethnicisant d’avantage au profit des tutsis. Apres les reformes socio-économiques et politiques réalisées par la Tutelle sous les pressions de l’Onu, les frustrations parmi l’élite rwandaise furent exacerbées. La Tutelle et une partie de la hiérarchie catholique ont opté pour le soutien de l’élite hutue, réduisant ainsi le problématique de la lutte pour l’indépendance nationale à un antagonisme hutu-tutsi.

Sous le régime de Kayibanda, il s’installa un pouvoir mono-ethnique concentré dans les mains d’un groupe micro- régionaliste de Nduga. Avec le raid des Inyenzi et la crise de 1973, les tutsi devinrent le bouc-émissaire pour voiler la crise interne, mais les rapports entre l’Eglise et l’Etat n’en furent pas pour autant affectés, ils restèrent les mêmes que durant l’époque colonial.

Durant la deuxième République, l’exacerbation des exclusions sociales, régionales et ethniques fut amplifiée, le problème des refugiés ignorée, devant l’indifférence des confessions toutes confondues, celles-ci étant cooptées par le système MRND .La situation socio-économique depuis les années 1980 jusqu’à la veille de génocide était marquée par las crise croissante, les injustices sociales, l’impunité, le chômage excessif des jeunes et l’égoïsme d’un petit groupe. Tous ces faits ont silencieusement conduit le pays vers le chaos. (22) (L’église catholique et la société rwandaise dans le processus qui a conduit au génocide 1950-1994.Kigali, mars 2004.p.95) Dr Paul Rutayisire).

5.2.5. Forces et faiblesses de l’Onu.

Apres la défaite allemande, l’East Africa allemand bascule sous la coupole anglaise, comme les sont : le Cameroun, le Togo,le Tanganyika Territory et le Sud-ouest africain, mais par suite d’un arrangement scélérat belgo-britannique Orts et Milner, le Ruanda-Urundi ,fut cédé à la couronne belge, sous forme de mandat de la SDN, de type administration indirect « B » l’avait défini en son article 22 du Pacte de la Société des Nations, chapitre préliminaire du Traite de Versailles.

Ce dispositif spécial de type tricéphale instaurait un organisme consultatif entre le pouvoir coutumier, le mandataire et l’Onu, pour assurer la bonne gestion du pays, à tel enseigne qu’aucune mesure politique ou sociale ne pouvait être entreprise sans l’accord des deux autres partenaires. Plus explicite est l’article 8 qui dispose, « La puissance mandataire assurera dans l’étendue du territoire, la pleine liberté de conscience et de libre exercice de tous les cultes qui ne sont contraires ni a l’ordre public, ni aux bonnes mœurs ; elle donnera a tous les missionnaires ressortissants, membre des nations, la faculté de pénétrer dans le territoire… » Contre toute attente on vit la Belgique se dérober de cette obligation première, modifier les frontières du Burundi, supprimer la religion et les pouvoirs traditionnels, les milices, l’umuganuro, instaurer un régime ségrégationniste et autoritaire devant l’indifférence de l’Onu, celles-là même dont leur but était de superviser ou au besoin arbitrer. Au Togo, au Cameroun, en Namibie et plus près dans le territoire du Tanganyika, les régimes, français, encore moins anglais voire mêmes sud-africain portant régis par le même système de mandat, ont porté ailleurs leur dévastation mais sauvegardé les coutumes traditionnels que leurs confrères belges .D’où proviendrait cette différence, influence d’école ou déficit culturel du colonisateur ?

Afin de permettre la tenue des élections générales au suffrage universel, tel que l’avait recommandé le groupe afro-asiatique à l’Onu, une enquête se rendit au Rwanda au cours du mois de janvier 1960 et déposa son rapport sur des faits criminels tels qu’ils ont été analysés par le Conseil de guerre qui les jugea .Le rapport n’a nullement parle d’une révolution populaire spontanée , mais plutôt à des tueries délibérément organisées à grande échelle .Contre toute attente, l’Assemblée Général des Nations Unies dans sa résolution 1579 (XVI) décrétera une amnistie générale en faveur de plus de deux mille criminels sous prétexte qu’ils avaient agis sous la colère spontanée, en dépit de l’intensité des actes de violence qu’ils avaient délibérément commis. « plus incongru encore, trois personnes en furent néanmoins exclues dans l’application de cette mesure de grâce :un tutsi :le chef Mbanda ,un mutwa :Rwevu et un hutu congolais :Rukeba ».(23)(La Toussaint rwandais et sa répression :J.Hubert substitut.1959-1960.p.150.)

Au cours du procès intenté contre les assassins du Prince Rwagasore, l’Avocat général Me Burniaux, dans son réquisitoire devant la cour d’Appel, en son audience du 19 avril 1962 en fera d’ailleurs jurisprudence, pour invoquer le bénéfice de circonstances atténuantes à ces clients et réclamer leur relâchement.

En effet, selon son argumentation, « ces clients n’avaient agi que sous l’emprise de la colère et de la crainte de représailles par leurs adversaires (en l’occurrence les membres du Parti Uprona, le Prince Rwagasore en tête) depuis qu’ils étaient rejetés dans l’opposition ,mais en même temps dans le dessein de débarrasser le Burundi des communistes » ; les mêmes motifs sur lesquels les Nations Unies se seraient appuyées pour accorder de l’impunité aux milliers d’incendiaires rwandais, tous confondus. (L’affaire Rwagasore : Jules Chomé p.377) .Mais, qui aurait dû être jugé ou réprimé pur ces crimes, assassinats, meurtres, ballets d’incendies, pillages, ports d’armes, réunions illégales et autres… ? Sinon, l’Etat belge lui-même.

Recommandations : Quelle thérapie de choix pour guérir le mal rwandais. ?

La nation rwandaise a été désarticulée, sa colonne vertébrale ébranlée .Depuis quand, comment et par qui ? Une réécriture de l’historiographie du Rwanda s’impose ou préhistoriens, sociologues, généticiens, linguistes, etc.… pour mieux cerner l’identité citoyenne dans l’histoire du Rwanda et non celle d’un pays artificiel imposé. La colonisation fut un viol, d’où les artisans de s’en excuser et en être poursuivis. Les aides multilatérales ou autre prébendes ne sauraient être converties en une sorte d’excuses ou repentances.Les missionnaires ont servi de relais aux intérêts de la colonisation et du fait de leur forte ascendance qu’ils exerçaient sur les populations au demeurant réputées croyantes .Plus grave encore, les Eglises en temps qu’institutions comportent parmi leurs auxiliaires, des éléments qui se seraient rendus coupables, de pire compromissions avec le racisme ethnique un tel geste de pardon que nous voulons public, pourrait stimuler d’autres encore hésitants à le faire et non par le biais d’une lettre pastorale des évêques.De ces hécatombes à repetitions qu’en penseraient-t-ils aujourd’hui les burundais ?

Le Burundi de Dieu qui nous a engendrés. (Uburundi : Igihigu c’Imana catuvyaye).Vérité :1. (Ushenger’ushaje,ukaba ushaka kubesha. Un vieux qui fait la cour est un menteur.),2. (Jésus Christ est le Chemin (Jn.17, 8). (Cahiers : lumière et société Histoire IV décembre 1997.p.65/67).
Après les troubles de 1959 au Rwanda et l’instauration du Parmehutu, les troubles devinrent endémiques et un médiocre voisinage s’installa entre les deux pays voisins suffisamment travaillés par le référencier ethnique. Cette méprise entretenue même de l’extérieur par l’école rwandaise a fini par institutionnaliser au Burundi un équilibre de barbarie parmi l’élite burundaise. En réaction, ceci a fini par constituer chez le groupe hutu une puissante rancœur et le recours à la loi hypothétique du nombre pour légitimer l’auto-défense dans la folle lutte de libération nationale contre leurs propres concitoyens, de même des crimes abominables contre les hutus furent commis des tutsis comme prétexte à une prévention d’un imminent péril hutu .Le peuple burundais a été depuis longtemps manipulé, manipulé depuis quand, comment et par qui ? Pour guérir ce mal, il faut d’abord trouver un remède : une cure de vérité comme thérapeutique au choix s’impose. Pour ce faire, les burundais doivent recouvrer leur identité, restaurer une bonne gouvernance, éduquer les gouvernants (qui semblent ne pas en avoir fortement besoin) et les gouvernés, du mérite de l’identité citoyenne et non celle « d’une nation imposée, » pour mieux vivre et mieux d’adapter et non celle de « copier coller ». Plus que jamais, le peuple burundais a besoin d’un sursaut d’un œcuménisme national, prendre la mesure de ses chances, comprendre qu’il dispose désormais d’un certain nombre d’acquis qui valent la peine d’être farouchement défendus, entre autres , un droit absolu à sa propre identité et à sa culture et à l’affirmation de son indépendance. Malheureusement, le Burundi a consacré l’institutionnalisation des ethnies et ce faisant ethnicisé la société burundaise, dévalorisé et tué la citoyenneté, la « burundité »et avec elle ; la démocratie.

SIMBANANIYE Simon

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