Bujumbura, le 4 juillet 2014 (Net Press) . Après une longue discussion entre la défense et le siège de ce matin qui voulait à tout prix que le dossier du président de l’Aprodh incarcéré depuis le 16 mai dernier soit entendu au fonds, le siège a fini par jeter du lest et prendre en délibéré l’affaire. Comme ce défenseur des droits de l’homme n’était pas en bonne santé, ses avocats-conseils ont soulevé l’exception pour demander que le juge se prononce d’abord sur la liberté provisoire de leur client comme prévu à l’article 132 du code de procédure pénal. Ils se sont basés également sur une circulaire du ministre de la justice du 27 février 2014 prônant la justice harmonisée et humanisée. Celle-ci prévoit notamment la libération des prisonniers âgés de plus de 60 ans et ceux atteints de maladies chroniques. Me Antoine Nzobandora, un des avocats de Mbonimpa, a indiqué alors que leur client rentre dans cette catégorie du moment qu’il est âgé de 65 ans et suit un traitement du diabète depuis l’année 2010. Même ce matin, il était assis au cours de l’audience car il ne pouvait pas tenir débout du début à la fin.
Mais Salvator Ndayiziga alias Nyamizi qui représentait le ministère public estimait que cette circulaire émet des réserves à travers ses dernières lignes qui ne favorisent pas le président de l’Aprodh. Il a cité le passage qui stipule que « la mise en application de cette circulaire doit tenir compte de la gravité de l’infraction commise par le prévenu ». Un argumentaire qui a fait rigoler la défense car cette gravité n’en est pas une du moment que même le ministère public (Salvator Ndayiziga alias Nyamizi) et auteur de cet argument, avait requis une peine de servitude de 5 ans contre la personne de Pierre-Claver Mbonimpa. Or, a-t-il rappelé, les infractions sanctionnées d’un emprisonnement de 6 mois à 5 ans sont des délits. Le tribunal de grande instance en mairie de Bujumbura a alors 48 heures pour se prononcer.
Signalons qu’en plus d’une foule nombreuse qui scandait des slogans demandant la libération de Mbonimpa, étaient présents à cette audience des représentants de la Cnidh, des ambassades de la France et des Etats-Unis, ceux de l’Ong Avocats sans frontières, des organisations de la société civile, etc.
Au nom de la société civile, Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, a de son côté déploré que la sonorisation de ce procès a été interdite par une mesure venue d’en haut, a-t-il appris auprès du tribunal de grande instance. Comme cet argument est flou, il a tenté au moins deux hypothèses par rapport à cette interdiction. Soit le juge ne veut pas que les faits soient révélés à tous, soit il a le souci de protéger les témoins qui avaient été amenés par la partie civile. Mais il trouve que ce n’est pas la meilleure solution car l’audience reste publique. Et faute de sonorisation, la salle était pleine à craquer et même ces juges ont travaillé sous une chaleur insupportable. Et les personnes présentes de commenter comme quoi les juges ont intérêt à lutter pour leur indépendance pour qu’ils travaillent dans l’avenir dans de meilleurs conditions.
Burundi - Justice
Le ministère public jouit d’un privilège insensé par rapport à la partie défenderesse
Bujumbura, le 4 juillet 2014 (Net Press) . La législation de notre pays prévoit une place du ministère public à côté des juges alors que la personne qu’il accuse se trouve elle seule à la barre. Les gens non avisés le considèrent par ailleurs comme un juge à part entière et s’interrogent parfois pourquoi ils doivent se lever avant de parler. C’est ce que nous remarquons souvent au cours des audiences concernant les procès dits politiques ou sensibles car, ces derniers attirent une assistance inhabituelle du fait que même les analphabètes ont soif de suivre directement leur déroulement. On parlerait notamment les dossiers Ernest Manirumva, Hussein Radjabu, Jean-Claude Kavumbagu et Frédéric Bamvuginyumvira.
Comme le représentant du ministère public et les juges sont tous sous la tutelle du ministère de la justice et travaillent dans un même bâtiment, ils deviennent très familiers au point que même pendant l’audience, certains juges oublient qu’ils sont appelés à la neutralité. C’est ce qui est arrivé ce matin à un des juges qui se concertait parfois malignement avec le représentant du ministère public. C’était au moment chaud où les avocats de la défense demandaient que l’affaire soit mise en délibéré et que les juges exigeaient à Pierre-Claver Mbonimpa d’entamer ses plaidoiries au fonds.
Il est donc grand temps que la législation burundaise change en considérant le ministère public comme réellement une des parties au procès. Au cas contraire, les gens l’estimeraient toujours comme juge et partie.
Burundi – Politique
Vers la mort politique du parti Uprona
Bujumbura, le 4 juillet 2014 (Net Press) . Dans une correspondance qu’il a nommée « Communiqué de décès du parti Uprona », Pancrace Cimpaye indique que les derniers développements de ce que l’on appelle à tort une crise passagère à l’Uprona, mettent à nu un plan méconnu par le public et surtout par les Badasigana. En effet, le refus de la tenue des assises du comité central de l’Uprona ce 29 juin 2014 ainsi que la radiation de l’honorable Charles Nditije sur la liste des membres du parti de Rwagasore par Concilie Nibigira constitue un signal très fort envoyé à ceux qui doutent encore du plan d’abolition définitive du parti du héros de l’indépendance, souligne l’ex porte-parole du sénateur Ndayizeye.
Il stipule que ceux qui croient à tort que la crise à l’Uprona est passagère vont vite déchanter ! Souvenez-vous, a-t-il expliqué, au commencement, le Chef de l’Etat en personne qui, d’habitude pour déstabiliser un parti déléguait son fidèle ministre de l’Intérieur, cette fois-ci, il a mis la main à la pâte sans hésiter une seule seconde en limogeant le premier vice-président de la République, l’honorable Bernard Busokoza. L’auteur déclare que c’était au début du mois de février 2014.
Il précise que ce coup de massue qui a résonné fort dans le paysage politique burundais et dans les chancelleries occidentales a surpris ! D’aucuns ont cru à un canular ! Pourtant, l’auteur du coup avait un plan mûrement réfléchi : détruire définitivement l’Uprona pour remonter sa popularité en berne chez les Hutu !
Ainsi donc, pour le président Nkurunziza et son laboratoire, effacer l’Uprona sur la scène politique burundaise constitue une réalisation grandiose qu’il entend présenter, de bouche à oreille, à l’électorat hutu, spécialement aux nombreux orphelins hutu, renchérit-il. La campagne de vendre cette réalisation bat son plein en sourdine. Cet agenda explique pourquoi il y avait peu de chances d’avoir un Mudasigana (membre de l’Uprona) sur la liste des hommes à décorer lors de la cérémonie du 52ème anniversaire de l’indépendance du Burundi, le 1er juillet 2014, poursuit M. Cimpaye. En tout état de cause, le plan d’assassinat de l’Uprona et de son enterrement suit son cours pour le bonheur des maîtres de Bujumbura, termine cet homme politique en exil.
Burundi – Politique
Le Pr Ngayimpenda à son tour précise que la décision de Nibigira est sans effet.
Bujumbura, le 4 juillet 2014 (Net Press) . Au cours de sa sortie médiatique de ce matin, le Pr. Ngayimpenda, vice-président du parti Uprona non reconnu par le ministre Nduwimana, a fait savoir que la décision de radiation de l’honorable Nditije au sein de la famille politique de l’Uprona est nulle et de nul effet. Car, selon lui, cet acte a été posé par quelqu’un qui n’est pas compétent du fait que Concilie Nibigira a été placée à la tête du parti de Rwagasore par le ministre de l’intérieur, donc non reconnu par les vrais Upronistes. Il a profité de cette occasion pour annoncer que le congrès du comité central de ce parti se tiendra le 13 juillet 2014.
Et de préciser que s’il advenait que la police érige une barrière à ces assises, il sera clair et net que ce sera un plan du gouvernement d’empêcher la solution envisagée pour en découdre avec la crise de l’Uprona. A en croire le Pr. Ngayimpenda, ils ont toujours reproché à M. Nduwimana d’être à la base de tout ce qui dérange la réunification de ce parti mais si la tenue du 13 juillet sera contrée par les policiers, le tort sera élargi au gouvernement burundais.
Pour l’honorable Nditije, quand on veut exclure un membre de l’Uprona, une lettre lui est adressée directement, mais jusqu’à présent, rien n’a été fait dans ce sens, ce qui veut dire que la décision de Mme Nibigira est contraire à la loi. Il ne nie pas que s’il est radié conformément à la loi étant député, il ne peut pas être exclu de l’assemblée nationale mais qu’il y a des actions de nature judiciaire que la personne lésée a droit de faire. Si alors cela sera conforme à la loi, le président de l’Uprona non reconnu par le ministre Nduwimana admet qu’il va accepter les décisions de la justice.
Burundi – Etats-Unis – Anniversaire
Célébration du 238ème anniversaire de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis
Bujumbura, le 4 juillet 2014 (Net Press) . C’était hier soir à l’ambassade des Etats-Unis au Burundi, que plusieurs personnalités se sont rencontrées pour célébrer cet anniversaire. Outre les anciens présidents de la République, il y avait également des députés, des membres du gouvernement, des membres des partis politiques aussi bien de la mouvance que de l’opposition et ceux de la société civile. L’ambiance était bon enfant et tout le monde discutait dans un climat de bonheur et de fraternité. Toutes les langues s’y parlaient, à commencer par le kirundi que l’ambassadeur Liberi utilisait de temps à autre dans son discours de circonstance. Il y avait également le kiswahili, l’anglais et le français, tellement les invités étaient à l’aise dans cette ambassade dont le bon accueil est de tradition.
Dans son discours de circonstance, Mme Liberi est revenue sur le parcours du peuple américain pour conclure que les peuples américain et burundais partagent de nombreuses valeurs et aspirations, y compris un engagement de gouverner justement et démocratiquement, un engagement d’investir dans leurs peuples et un engagement à créer des économies ouvertes et prospères pour améliorer leurs modes de vie.
Pour cela, elle a encouragé les Burundais de toutes les origines et de toutes les opinions politiques à poursuivre leurs objectifs de manière pacifique à travers le processus politique pendant qu’ils se préparent pour les élections de l’année prochaine. Elle a fait appel au gouvernement de favoriser l’espace politique libre et ouvert pour tous les Burundais afin d’exprimer leurs préoccupations et leurs désirs, ce qui est l’essence même d’’une démocratie solide.
Signalons que le gouvernement burundais était représenté dans ces cérémonies par le ministre des relations étrangères et de la coopération internationale, Laurent Kavakure.
Burundi – Ue - Coopération
L’ Ue toujours aux côtés du Burundi.
Bujumbura, le 4 juillet 2014 (Net Press) . A travers un communiqué de presse rendu public, l’Ue a fait savoir que le commissaire européen au développement, Andris Piebalgs, et le ministre des finances et de la planification du développement économique de la République du Burundi, M. Tabu Abdallah Manirakiza, en présence du deuxième vice-président de la République, Gervais Rufyikiri, ont signé le programme indicatif national du Burundi pour un montant de €432 000 000 au titre du 11ème Fonds européen de développement.
Ce communiqué souligne que quatre secteurs de concentration sont identifiés tels que le développement rural durable pour la nutrition, la santé, la consolidation de l’état de droit et la sortie de la fragilité, et enfin l’énergie. En effet, l’Union européenne répond ainsi aux engagements pris mutuellement avec le gouvernement lors de la conférence de Genève des partenaires du développement du Burundi en octobre 2012. Le même communiqué indique qu’en saluant la signature du programme indicatif national, le Commissaire Piebalgs a déclaré :
« Ce programme est surtout ciblé sur les citoyens. Dans un contexte économique, social et politique fragile, notre objectif principal est d’aider à la mise en œuvre de politiques et des stratégies de développement qui répondent aux besoins des Burundais. Avec nos actions dans les quatre secteurs identifiés, nous voulons contribuer à réduire durablement l’insécurité alimentaire et la sous-nutrition, à améliorer l’accessibilité et la qualité des services de base en matière de santé, à renforcer la gouvernance démocratique et économique, et à faciliter l’accès à des sources d’énergie durables permettant la rationalisation de la consommation d’énergie. L’Ue est fière d’avoir contribué aux avancées réalisées par le peuple burundais, tant en matière de lutte contre la pauvreté que de consolidation de la paix. Mais il reste un travail important à faire pour que le programme ambitieux convenu ensemble atteigne ses objectifs. »
Pour l’Ue, l’appui du Burundi aux opérations de maintien de paix en Somalie et en République Centrafricaine démontre l’importance de son rôle dans la stabilité en Afrique. Néanmoins, d’autres mesures appropriées doivent être mises en œuvre par les autorités du pays tant dans le domaine de la gestion économique que politique. Ainsi, ce communiqué souligne également que dans la perspective de l’appui de l’Union européenne aux prochaines élections en 2015, des initiatives doivent être prises pour assurer un environnement apaisé et un processus électoral inclusif garantissant les libertés politiques et publiques à tous les participants.
Par le même communiqué, l’Ue souligne à cet égard l’importance cruciale du respect des droits de l’homme, de l’application d’une justice équitable et de la consolidation de l’Etat de droit, éléments importants non seulement pour le maintien de la paix sociale mais aussi pour attirer les investissements et favoriser le développement économique du pays.
Car, le programme indicatif national sera dans cette optique complété par des mesures visant à renforcer la société civile au Burundi, pour répondre aux attentes concrètes des citoyens.