Bujumbura, le 29 août 2014 (Net Press). Le ministre de la santé publique et de lutte contre le Sida, Dr Sabine Ntakarutimana et le ministre des finances, M. Tabu Abdallah Manirakiza étaient hier à l’assemblée nationale pour répondre aux questions orales des députés au sujet du récent dossier brûlant en rapport avec le manque des sachets de transfusion sanguine.
Oubliant probablement qu’au cours d’une conférence de presse animée très récemment, elle a reconnu que le Centre national de transfusion sanguine (Cnts) connaît de difficultés financières, Mme Sabine Ntakarutimana n’a pas hésité hier de jeter le tort à ce centre. La ministre de la santé publique a expliqué aux députés que la situation s’est envenimée parce que le Cnts n’a pas informé son ministère des difficultés encourues. Elle a aussi juré la main sur le cœur qu’aucune personne n’est morte suite au manque de sang à transfuser. Pourtant, elle était au courant par le biais des médias d’au moins deux cas : une mère morte le 20 août 2014 par hémorragie à la Clinique Prince Louis Rwagasore deux heures après une césarienne et un autre cas signalé le lendemain à Ngozi. Elle réagissait à la menace de certains députés qui lui demandaient d’annoncer sa démission sur place parce que ses arguments sur la responsabilité ou pas de son ministère dans cette négligence qui a causé des pertes en vies humaines n’étaient pas convaincants.
Bien que Mme Ntakarutimana reconnaisse que le Cnts a de problèmes financiers (beaucoup de dettes envers ses fournisseurs de sachets de transfusion sanguine notamment), son collègue des finances Tabu Abdallah Manirakiza qualifie ce centre d’un incapable. Avec des chiffres à l’appui, il a montré aux élus de Kigobe que depuis 2010, beaucoup de millions du budget alloué au Cnts sont tombés chaque année en annulation et que le ministère a été obligé d’affecter une partie du budget de ce centre à d’autres secteurs qui en ont plus besoin. A entendre à quel point ces deux ministres se contrarier et contrarient même leurs propos antérieurs, on dirait qu’ils ne sont pas du même gouvernement. Pire encore, le ministre des finances a menacé qu’au cas où le Cnts ne consommerait pas tout son budget cette année, le ministère le réduira davantage l’année prochaine comme si ce serait la meilleure solution.
Sous d’autres cieux, un dignitaire qui tient ne fût-ce que par mégarde une telle déclaration démissionne de lui-même. Une démission méritée parce que chaque fois que les responsables ou même tout le personnel d’une institution déterminée sont jugés médiocres, la meilleure des solutions est de les remplacer par les plus compétentes pour l’intérêt de la nation au lieu de réduire le budget de cette institution. Ou encore, analyser si ses résultats médicores résultent de leur propre volonté. La décision du ministre Tabu Manirakiza ne diffère en rien d’un parent qui, à la rentrée scolaire de septembre prochain, décide de faire inscrire son enfant dans une école à formation douteuse parce que les frais scolaires sont moins importants que ceux payés l’année dernière à l’école française ou l’école belge où étudiait son pauvre enfant.
En effet, le représentant du personnel de ce centre au sein de son conseil d’administration a rejette en bloc les accusations du ministre Manirakiza. Il a indiqué que le compte du Cnts a été clôturé et tout son budget est transféré sur un compte géré par le ministère des finances. Comme les procédures des marchés publics sont lentes, a expliqué M. Prosper Ndayishimiye, ce budget que ce ministère gère à sa guise tombe en annulation à la fin de l’année au moment où le Cnts contracte des dettes pour sauver des vies humaines.
Maintenant, la balle est dans le camp des députés qui devraient dépasser les intérêts de leurs partis politiques d’origine et jouer pleinement leur rôle du contrôle de l’action gouvernementale en exigeant le départ des deux ministres qui tenaient des propos contradictoires en donnant des réponses bouche-trous aux questions posées par les élus du peuple. Signalons que les deux ministres sont membres du parti au pouvoir et majoritaire à l’assemblée nationale et au sénat, le Cndd-Fdd.
Burundi – Justice
Les organisations de la société civile plaident toujours pour la libération de Pierre-Claver Mbonimpa
Bujumbura, le 29 août 2014 (Net Press). A l’occasion du 15ème vendredi vert soit 105ème jour d’incarcération du président de l’Aprodh, Mme Eulalie Nibizi s’est exprimé au nom des autres organisations de la société civile au sujet de l’incarcération de Pierre-Claver Mbonimpa. A la veuille de la fin des vacances judiciaires, ces organisations souhaitent que la justice burundaise programme en priorité le procès de leur collègue injustement interné à la prison centrale de Mpimba depuis le 16 mai 2014.
Mme Nibizi a également demandé à l’Etat du Burundi de commanditer une enquête sur les entrainements paramilitaires et le réarmement des jeunes de ce pays, spécialement les anciens combattants.
Ces mêmes organisations sont préoccupées par l’indépendance des magistrats qui siègent dans le dossier Mbonimpa car, ils subissent beaucoup de pressions. Elles invitent alors ces hommes et femmes de droit d’avoir le courage de redorer l’image de la justice burundaise en disant à la prochaine audience le droit, rien que le droit.
Burundi – Politique
L’année 2013 marquée par une intolérance politique selon la Cnidh
Bujumbura, le 29 août 2014 (Net Press). A travers son rapport d’activités pour l’année 2013, la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (Cnidh) indique que l’année 2013 a été marquée par le souci de certains politiciens qui visaient déjà les élections de 2015.
Lors de la présentation de ce rapport hier à l’assemblée nationale, Frère Emmanuel Ntakarutimana, président de la Cnidh est revenu sur des cas de divisions internes des formation politiques et d’incidents d’intolérance politiques particulièrement entre les jeunes des partis Cndd-Fdd, Msd et du Frodebu Nyakuri. Bien que le pays ait connu une certaine évolution sécuritaire, le rapport de la Cnidh déplore qu’un groupe armé de Burundais toujours active à l’Est de la République démocratique du Congo a tenté de déstabiliser le pays l’année dernière.
Le même rapport indique que le nombre d’assassinats et de meurtres qui était de 338 en 2012 a augmenté jusqu’à 390 en 2013. La Cnidh rappelle également que des cas de trafic d’enfants ont été enregistrés l’année dernière. Tout en saluant l’organisation des états généraux de la justice, cette commission déplore que jusqu’à présent, la publication officielle de rapport reste un rêve. Frère Emmanuel Ntakarutimana a profité de cette occasion pour demander au gouvernement de revoir à la hausse le budget de la Cnidh qui est très sollicitée mais se heurte au manque de moyens pour être à la hauteur de ses missions.
Burundi – Commerce
Sygeco crie au scandale
Bujumbura, le 29 août 2014 (Net Press). Au cours d’une conférence de presse animée ce matin, M. Audace Bizabishaka, président du Syndicat général des commerçants (Sygeco), a demandé la suspension de la nouvelle commission mise en place par la cellule de crise gouvernementale pilotée par la 2ème vice-présidence pour qu’elle se pencher à la distribution des stands au marché provisoire de Cotebu. Ce syndicat doute déjà de sa neutralité dans la mesure où elle exclut le comité de crise des commerçants élu par tous les anciens commerçants de l’ex-marché central de Bujumbura présidé par le Sygeco.
Ce dernier constate avec consternation que la deuxième vice-présidence de la République ignore que ce syndicat a saisi le comité national de dialogue sociale pour la médiation pour un dialogue social entre le comité de crise des commerçants et la cellule de crise gouvernementale.
A ce sujet, Sygeco informe l’opinion nationale et internationale que le comité national de dialogue social s’est déclaré déjà saisi de la question dans sa lettre adressée à ce syndicat en date du 27 juillet 2014 et d’ajouter qu’il est en train d’identifier les différentes parties prenantes au conflit pouvant contribuer à la recherche d’une solution consensuelle et durable. Il a indiqué que bientôt, il allait annoncer les mécanismes de dialogue envisagés et l’agenda y relatif, a expliqué M. Bizabishaka.
Le Sygeco s’étonne alors qu’une cellule de crise mise en place par le gouvernement s’adonne le pouvoir de torpiller et empêcher les activités d’une institution nationale de l’Etat, qui est le comité national du dialogue social mise en place par une loi votée par l’assemblée nationale et le sénat promulguée par la suite par le président de la République.
Ce syndicat se demande pourquoi la cellule de crise gouvernementale tient à tout prix mettre en place des commissions contestées par les commerçants (premier bénéficiaires de l’attente) depuis la première commission du 4 mars 2013 que le Sygeco avait réfuté.
Le syndicat Sygeco encourage le comité national de dialogue social de poursuivre ses activités afin d’asseoir un dialogue social juste et équitable entre le comité de crise des commerçants et la cellule de crise gouvernementale et par conséquent exiger la suspension de la nouvelle commission non consensuelle mise en place par la cellule de crise gouvernementale en empruntant les pouvoirs de la deuxième vice-présidence de la République.
Burundi - Société
Inhumation des corps sans vie retrouvés dans le lac Rweru
Muyinga, le 29 août 2014 (Net Press). C’est aujourd’hui qu’a eu lieu les cérémonies d’inhumation de 4 corps repêchés dans le lac Rweru. Ils ont été inhumés au bord du lac Rweru sur la colline Sagakoni de la commune Giteranyi en province de Muyinga. Selon les informations en provenance de cette commune, les autres corps avaient déjà atteint la rivière Rusumo située en République unie de la Tanzanie. Etaient présents les autorités provinciales de Muyinga, le procureur de la République dans cette province, les agents du service national des renseignements ainsi que le représentant du Bureau des Nations Unies au Burundi (Bnub).
L’opération de recherche et de l’identification de ces cadavres a été effectuée par la police de la protection civile en collaboration avec des militaires de la marine et l’administration locale. Des habits et une carte mutuelle retrouvés sur deux cadavres prouvent que ces dernières amenées par la rivière Akagera du Rwanda seraient des personnes de nationalité rwandaise. L’un des corps portait un T-shirt sur lequel se trouvaient des termes rwandophones « dushire imbaraga mu kwiga twihereze agaciro ». L’autre avait sur lui une carte mutuelle d’un Rwandais de la préfecture Gisenyi située au Rwanda. Une certaine opinion considère que ces corps sans vie seraient ceux des personnes portaient disparues au Rwanda, il y a une ou deux semaines. Rappelons que l’alerte avait été lancée par Human rights watch.