Bujumbura, le 20 octobre 2014 (Net Press) . Demain 21 octobre 2014, 21 ans jour pour jour se seront écoulés après l’ignoble assassinat du premier président hutu démocratiquement élu le 1er juin 1993. Les générations actuelles commencent à oublier progressivement ce qui se passa ce jour-là, pourquoi cela s’est passé, et les plus « malheureux » sont les professeurs d’histoire et de civisme dans les écoles secondaires lorsque leurs élèves leur demandent qui était cet homme et pourquoi il fut assassiné. On sait que depuis longtemps, l’enseignement de l’Histoire du Burundi dans les écoles s’arrête à la période de l’indépendance, car l’unanimité dans les bureaux pédagogiques n’a jamais été possible à dégager sur les années qui ont suivi. Consensus qui sera tout aussi difficile à atteindre par la commission « vérité et réconciliation « Cvr ». La rédaction tente néanmoins d’aborder modestement quelques petits aspects de cette date funeste, dont les conséquences sont inscrites désormais dans toutes les mémoires des Burundaises et Burundais
Les prémisses de ce qui se passa le 21 octobre 1993
Lorsque François Ngeze, le ministre de l’intérieur dans le gouvernement d’Adrien Sibomana sous la présidence de Pierre Buyoya, le candidat battu par Melchior Ndadaye, annonce les résultats des élections le 2 juin 1993 peu après 19 heures, les termes pour décrire le sentiment des Tutsi de la capitale burundaise manquent à la langue française. Ils sont consternés, ils sont tétanisés, ils sont hébétés, ils sont sidérés, ils sont stupéfiés, ils sont abattus, ils sont atterrés… car pour eux, c’est la fin du monde, c’est la fin du Burundi, c’est la fin des Tutsi.
Dès le lendemain 3 juin 1993, ils envahissent spontanément les rues du centre ville, particulièrement entre l’hôtel Novotel et la Place de l’Indépendance. Sur leurs pancartes, on peut lire aisément des slogans tel que : « Non au recensement ethnique » dire que Ndadaye a obtenu les voix des Hutu et que Buyoya a obtenu les voix des Tutsi. Ce qui était légèrement inexact, car ces derniers ne représentent pas les 35% des voix qu’a obtenues le candidat du parti Uprona.
Aux yeux des protestataires, un véritable vote démocratique aurait voulu que la majorité des électeurs hutu (et bien entendu des Tutsi) votent pour Pierre Buyoya ! Une bien curieuse vision de la démocratie à la burundaise.
« Nous vous gouvernerons jusqu’au retour de Jésus-Christ »
Au cours de la campagne électorale, Melchior Ndadaye, assuré de battre son principal concurrent, le major Pierre Buyoya, déclara devant une foule de partisans en province Gitega : « nous (les Hutu, Ndlr) vous gouvernerons jusqu’au retour de Jésus-Christ sur terre ». Il ne se trompait pas tout à fait, car avec le système électoral « un homme une voix », on voit mal, du moins à court et à moyen terme, les Tutsi revenir au pouvoir.
C’est ce débat qui poussa Domitien Ndayizeye à démettre de la vice-présidence de la République Alphonse-Marie Kadege en novembre 2004 car il tenait à ce que les discussions sur la nouvelle constitution en voie d’être votée incluent l’alternance ethnique au sommet de l’Etat.
Aujourd’hui, plus aucun leader au sein de la minorité tutsi et plus précisément à l’Uprona, la principale formation politique qui la représente dans toutes les institutions, n’est habité par un tel rêve.
Il faudra attendre de longues décennies avant que les électeurs de la majorité ethnique se rendent compte qu’un des « leurs » ne fait pas forcément leur bonheur, pour tourner les yeux vers les « vaincus » de toutes les consultations électorales qui se seront succédé depuis le 1er juin 1993.
21 ans après qu’est-ce qui reste de Ndadaye ?
C’est la question que se posent le Focode après la mort du héro de l’indépendance puisque celui-ci prônait la justice, la liberté, l’équité ; bref les principes démocratiques étaient ses valeurs. Néanmoins, s’étonne Pacifique Nininahazwe, 21 ans après, Ndadaye combattait pour la liberté d’opinion, des manifestations publiques mais tout cela est banni dans notre pays et l’exemple vient, selon lui, du ministre de l’intérieur quand il a affirmé que depuis janvier, 6 demandes de manifestations ont été demandées mais aucune n’a été autorisée.
Le Focode condamne la reprise des pratiques antidémocratiques que Feu Ndadaye avait ardemment combattues tout au long de son combat politique. En démocratie, les miliaires doivent être placées en position de subordination aux autorités civiles, à en croire M. Nininahazwe. Mais, il n’est pas normal que les militaires de manière directe ou indirecte, gardent la réalité du pouvoir. Ici il indique que même le chef de cabinet civil du président Nkurunziza se trouve être un général, ce qui est anormal. Les emprisonnements des citoyens pour leurs idées politiques, les journalistes qui n’exercent pas leurs métiers librement, tels sont les abus que le Focode condamne et Melchior Ndadaye en était opposé.
Face à la justice qui reste muette sur son assassinat, cette organisation, du moins son président, dit que les ténors des pouvoirs qui se sont succédé eux aussi ont commis des exactions multiples et ont peur de sortir ce dossier de peur qu’eux aussi, ils doivent répondre de leurs actes. Mais, selon le Focode, que ce soit les instances judiciaires, ou la Cvr qui viendrait trancher sur la mort du héro, de l’indépendance, peu importe, pourvu qu’il y ait la volonté de le faire et que la vérité éclate au grand jour. Le Focode émet d’ailleurs que la Cvr tarde à être effective. En tout, ce Forum prône pour le retour des valeurs que cet ancien président mettait en avant et interpelle les dirigeants actuels de préparer les élections de 2015 dans la transparence afin d’éviter des régimes dictatoriaux.
Si Micombero et Ndadaye revenaient à la vie, comment réagiraient-ils ?
Les deux anciens présidents de la République réagiraient exactement de la même manière que les Tutsi au soir du 2 juin 1993. Ils ne comprendraient rien à la situation actuelle, car de leur vivant, ils étaient loin, très loin de s’imaginer que le Burundi politique serait celui de ce 20 octobre 2014.
A tout seigneur, tout honneur, le lieutenant-général Michel Micombero. Décédé dans des circonstances restées obscures le 6 août 1983 que certains milieux imputent à son successeur, le tombeur de la monarchie serait totalement abasourdi que le Burundi soit entre les mains des dirigeants hutu.
Car lorsqu’il mit fin à la monarchie vieille de 400 ans et que son régime survécut à la tentative de renversement des institutions en 1965, en 1969 et surtout en 1972 – en incluant la tentative mwaro-ijendo-muramvyéenne de jullet 1971 à janvier 1972- il était persuadé que lui et sa première République tutsi étaient solidement installés au pouvoir ad vitam aetermam.
Il ne se serait jamais imaginé que le colonel Jean-Baptiste Bagaza, son fidèle parmi les fidèles, né comme lui à Rutovu 6 ans après lui et dont il avait fait le numéro 2 de l’armée en sa qualité de 1er chef d’état-major général-adjoint, oserait faire ce qu’il fit le 1er novembre 1976.
Quant à l’autre ancien président, Melchior Ndadaye, lui non plus n’en reviendrait pas de voir que les plus grands adversaires (ou même ennemis) politiques ne sont pas les Hutu et les Tutsi, mais bel et bien les Hutu entre eux, depuis qu’Agathon Rwasa a déposé les armes au début de l’année 2005.
Mais ni l’un ni l’autre ne seront surpris, car ils n’auront jamais la chance d’être ressuscités « d’entre les morts » comme Saint Lazare par son ami Jésus, dont peu de chrétiens savent qu’il fut le premier Evêque de Marseille selon légende.
Un illustre inconnu candidat à la présidentielle de 1993 : Pierre-Claver Sendegeya
Au cas où un sondage d’opinion serait effectué pour demander aux Burundais quels furent les candidats à la présidentielle du 1er juin 1993, plus de 99% des réponses seraient que ce fut Melchior Ndadaye et Pierre Buyoya. En effet, très peu de personnes savent encore qu’il y eut « un invité-surprise » que personne n’attendait : Pierre Claver Sendegeya.
Il était directeur de l’école technique des arts de Gitega (Etsa) et fut sorti de l’ombre par Mathias Hitimahna alias « Difficile » qui n’est plus de ce monde, car décédé en Belgique et enterré là-bas il y a une dizaine d’années.
Il fit de lui le candidat du parti monarchique parlementaire, dont Ganwa se demandent encore comment M Hitimana a pu s’imaginer, pour les présenter, un candidat hutu.
Comme il était très riche – sa fortune était évaluée à l’époque à 2 ou 3 milliards de Fbu – il crut qu’il pouvait acheter les voix des électeurs mais Pierre-Claver Sendegeya ne put bénéficier de l’aura financière de son tuteur, puisqu’il obtint moins d’1 % des voix.
Burundi – Malversations Economiques
Rufyiri va faire une marche-manifestation ce mercredi et jeudi vers la présidence de la République
Bujumbura, le 20 octobre (Net Press) .Dans notre édition du 15 octobre 2014, nous mentionnions que le président de l’observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), M. Gabriel Rufyiri, a animé une conférence de presse pour dénoncer l’octroi illicite du contrat de l’exploitation du nickel en violation fragrante de toutes les lois de la République. Il a pointé du doigt les commissionnaires qui ont joué un rôle important dans ce dossier et la source de financement de l’avion présidentiel. Une partie qui a été communiquée par Rufyiri était les fonds en provenance des personnes qui ont gagné illicitement l’exploitation du nickel.
Ce matin, il a animé une conférence de presse dans son cabinet de travail pour informer le public la deuxième source de financement qui est les fonds en provenance des fonds de l’Amisom. Selon Rufyiri, ces derniers proviennent des partenaires du Burundi qui aident les militaires burundais qui se trouvent actuellement dans pas mal de pays, mais principalement en Somalie.
Il a fait savoir qu’un montant important oscillant autour de 8 millions de dollars a été débloqué pour acheter le jet présidentiel en violation de toutes les procédures légales en matière des finances publiques. Il a indiqué que cet observatoire a cherché à maintes reprises pour connaitre les raisons qui ont guidé les autorités de la République à acheter cet avion dans l’opacité totale. Selon lui, que ce soit les autorités au ministère des finances, celles au ministère de la défense nationale et ceux de la présidence de la République, personne ne peut donner des informations claires. Ils disent que concernant ce compte Amisom, pour que des fonds puissent sortir de ce compte, c’est le chef de cabinet civil du président qui doit donner son dernier mot. Mais aussi, le chef de l’Etat doit donner des instructions verbales.
Sur ce, l’Olucome ne comprend pas comment le conseil des ministres n’a pas été informé sur ce dossier car tous les ministres contactés disent qu’ils ont entendu cette information dans les medias. Aux yeux de cet observatoire, il est anormal que les fonds de l’Etat puissent être gérés en discrétion de quelques autorités à la présidence au moment où les affaires de l’Etat, surtout ceux qui concernent les fonds publics, doivent être gérés dans la transparence totale.
Au cours de cette conférence de presse, M. Rufyiri a évoqué un autre dossier de 5 véhicules communément appelé V8. Ce sont des véhicules qui ont coûté très cher à l’Etat et la présidence a refusé de les réceptionner, arguant qu’ils ne sont pas en bon état. Des informations dignes de foi indiquent que le torchon brûle entre la présidence de la République et le ministère de la défense national et des anciens combattants, se rejetant la responsabilité d’une éventuelle corruption.
Selon M. Rufyiri, pour ces 3 dossiers cités à savoir le nickel de Musongati, l’avion qui vient d’être acheté et ces 5 véhicules, c’est toujours des commissionnaires qui sont derrière ces dossiers. Mais, a-t-il souligné, ces derniers travaillent avec d’autres commissionnaires qui se trouvent à la présidence. Pour le dossier Musongati, il a parlé d’un certain Schola Adim et son mari qui s’appelle Obi. Pour le dossier avion du président, c’est un Marocain dont le nom n’est pas encore connu, l’argent qui lui aurait été donné est venu de ces fonds Amisom. Pour le dossier de ces 5 véhicules de l’Etat, c’est un commissionnaire du nom d’Esdras Butare, un rwandais et d’autres individus, a renchéri M. Rufyiri.
Pour l’Olucome, il est inconcevable que les affaires de l’Etat soient gérées de cette manière. Les affaires de l’Etat sont gérées sur base des lois. Pour Rufyiri, il devait y avoir des avis d’appel d’offres, ce qui n’a pas été le cas sur ces 3 dossiers.
Pour toutes ces raisons, dans le cadre de la campagne baptisée « D’où as-tu tiré ta richesse ? », M. Rufyiri va demander ce mercredi et jeudi à la présidence pourquoi il prône la gestion opaque des fonds publics. Car, l’Olucome ne peut pas accepter en aucun cas que les affaires de l’Etat continuent à être gérées dans l’opacité.
Il a laissé entendre que sur cette même rubrique, on parle tantôt de la gestion opaque et à la discrétion de la présidence du dossier minerais. Rufyiri a indiqué que le dossier du Burundi était programmé au niveau de la banque mondiale pour être étudié dans le but de débloquer les appuis budgétaires avant décembre de cette année. Mais suite au refus du conseil des ministres, surtout l’étude du dossier de l’adhésion du Burundi dans l’Itie (Initiative pour la transparence dans les industries extractives), la banque mondiale aurait refusé ces appuis budgétaires.
Selon lui, les conséquences de la mauvaise gestion et de la gestion opaque des affaires de l’Etat se répercutent sur les citoyens burundais, raison pour laquelle l’Olucome ne peut en aucun cas accepter qu’une poignée de gens qui veulent s’enrichir au détriment de la population continue dans cette logique.
Burundi – Politique
Quand le Cndd-Fdd renforce l’Uprona de Charles Nditije dans la province Bururi
Bururi, le 20 octobre 2014 (Net Press) . L’analyse est de François Bizimana, porte-parole du Cndd de Léonard Nyangoma. Pour lui, le parti Uprona n’a pas traditionnellement de voix dans les communes de Buyengero, de Rumonge, de Burambi, etc. Plutôt, le parti de Rwagasore a toujours gagné dans les communes comme Mugamba, Bururi, Vyanda, Rutovu et autres Matana. En 2010, estime François Bizimana, il y avait des voix des Hutu de Rumonge et Buyengero qui contribuaient à diluer la victoire de l’Uprona car ils votaient pour des formations politiques autres que l’Uprona.
Or, avec ce nouveau découpage administratif, l’Uprona va gagner haut la main dans la circonscription qui lui reste d’autant plus que ceux qui ne votaient pas pour ce parti ne sont plus dans la circonscription de Bururi. En d’autres termes, si au départ l’Uprona avait deux députés issus de la province de Bururi, il en aura quatre en 2015 car il n’aura plus de barrière en matière de votants.
Et en procédant ainsi, le Cndd-Fdd a arrangé l’Uprona « nditijiste » sans la savoir à l’instar de Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir. Et dans ces conditions, le ministre de l’intérieur Edouard Nduwimana, s’allierait avec la Ceni dont la couleur est déjà connue, pour arrêter la percée de l’Uprona à Bururi qu’ils n’y parviendraient pas, sans parler du tandem Concilie – Prospère.
Burundi – Développement
Bururi : as-tu des députés conscients ? S’interroge un de nos lecteurs.
Bujumbura, le 20 octobre 2014 (Net Press) . C’est la question que se pose un lecteur assidu de Net Press après avoir appris que les députés originaires de la province Bururi sont pressés de détacher Rumonge du reste de Bururi. Pour notre lecteur qui a requis l’anonymat, un peu partout au monde, l’on se bat pour que les populations puissent avoir accès aux ressources naturelles. C’est ainsi que par exemple notre pays, enclavé, passe pas des différents accords et traités pour qu’il puisse accéder aux deux océans (indien et atlantique) malgré la distance qui les sépare de notre pays.
Pour revenir aux députés de Bururi, l’on dirait qu’ils étaient gênés de voir que Bururi a accès au lac Tanganyika via la commune de Rumonge, raison pour laquelle ils attendent de pied ferme le projet de loi portant création de la province de Rumonge pour qu’ils signent les yeux fermés. Pauvres députés !