Bujumbura, le 30 octobre 2014 (Net Press) . Décidément, tout se mesure actuellement en termes de sécurité par les autorités de Bujumbura. Pourquoi cette psychose ? Apparemment, tout part de l’intention du régime en place de gagner les élections de 2015, qu’il pleuve ou qu’il neige. Pour atteindre cet objectif, tous les moyens sont bons, d’où un désordre pratiquement inqualifiable dans tous les secteurs de la vie nationale.
Tout d’abord, il y a eu cette décision presque constante du ministre de l’intérieur et du maire de la ville d’interdire toute manifestation publique. Les explications de ce refus sont toujours les mêmes à savoir que c’est pour des raisons de sécurité. Dans la même logique, il semblerait qu’il y ait des autos blindées à la disposition de la police chargées de disperser les manifestants, en lançant à leur endroit de l’eau et de l’encre indélébile pour mieux les appréhender. Une autre opinion indiquait cependant que ces blindés sont destinés à autre chose, loin, très loin de ce que les gens pensent à Bujumbura. Dans un pays où il y a manque d’information, l’opinion se la fabrique !
Rappelons qu’il y a quelques temps, le même régime avait interdit la réunion du barreau de Bujumbura alors que celui de Paris était déjà sur place. Il y a quelques jours, le 24 octobre 2014, la police a interrompu la réunion d’Ac-Génocide Cirimoso qui se tenait au Carrefour de la Jrr dans la commune urbaine de Ngagara. Tout cela au nom de la sécurité !
Ensuite, ce fut l’arrestation des commerçants et des pasteurs d’origine rwandaise. Les premiers sont des irréguliers comme on dit officiellement et les seconds sont accusés de perturber l’ordre public, donc la sécurité. Leur traitement est simple, on les chasse sans autre forme de procès.
De l’insécurité, c’est également des bandes de jeunes gens qui sont un peu partout dans le pays, qui portent des vestes noirs, des armes blanches et probablement des armes à feu. Ils sillonnent pendant la nuit et ils violentent même les habitants des entités où ils se trouvent. Apparemment, la police a démissionné de fait car tout le monde est au courant de ces pratiques, mais personne n’intervient. Selon certains, le porte-parole de la police, l’Opc1 Hermenegilde Harimenshi n’a pas convaincu quand il a indiqué que ces groupes de gens n’ont aucun lien avec ceux qui ont été formés à Kiliba Ondes, en Rdc. Qu’ils soient des grooms qui cherchent de l’emploi, même le porte-parole de la police n’y croit pas.
La question est donc de savoir qui va remédier à la situation car pour le moment, la population entend se protéger au moyen des rondes nocturnes mais paradoxalement, l’autorité administrative empêche aux citadins d’enrôler des veilleurs. A l’intérieur du pays, les différents administratifs tentent de minimiser les faits, certainement pour garder leurs postes. Mais en créant de l’insécurité pour autrui afin d’assurer sa sécurité, on finit par créer sa propre insécurité et dans ces conditions, la nature n’a pas de pitié.
Burundi - Justice
Dossier ivoire : les têtes tombent…
Bujumbura, le 30 octobre 2014 (Net Press) . Il y a quelques jours, la rédaction évoquait un dossier de l’ivoire saisi en Malaisie après avoir transité sur Bujumbura (voir Net Press du 27 octobre 2014). Nous avions mentionné que des agents de la Sobugea, de l’autorité de l’aéroport et de l’Obr avaient été gardés dans les cachots de la police.
Depuis hier, quatre personnes ont été transférées dans la prison centrale de Mpimba, 15 jours après la garde à vue au cachot. Il s’agit de deux agents de la Sobugea, d’un agent d’Air Burundi et de quelqu’un de l’autorité de l’aéroport international de Bujumbura. Ceux de l’Obr ont été relâchés car, d’après des explications fournies sur place, il n’y a jamais eu de signature de cet office au moment des faits. Même s’ils ont été relâchés, d’autres voient en l’absence de signature une défaillance de la part de l’Obr qui devrait être au courant de tout colis qui est transporté, surtout pour des mobiles commerciaux.
Signalons que lors de l’envoi de ce colis, l’on parlait de 1800 kg mais les services de la Sobugea, qui avaient pesé cette marchandise, avaient parlé de 300kg, et c’est bien cette quantité qui a été saisie en Malaisie, c’est-à-dire 6 sacs de 50 kg chacun. Comme ils n’ont pas ouvert ces sacs, le personnel de la Sobugea estime que leurs agents sont de bouc-émissaires dans cette fraude du 4 octobre 2014.
Burundi - Elections
L’Olucome se retire provisoirement des Ceci.
Bujumbura, le 30 octobre (Net Press) . L’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations (Olucome) a animé une conférence de presse afin d’informer l’opinion nationale et internationale de son retrait provisoire au sein des commissions électorales communales indépendantes.
En effet, souligne le secrétaire général de l’Olucome, M. Hassan Mahwege, cet observatoire avait envoyé 45 candidatures dans 15 provinces mais aucune n’a été retenue. Malgré cela, il a de nouveau envoyé des candidatures dans les Ceci.
Toutefois, précise M Mahwege, la mise en place des Ceci est aussi entachée d’irrégularités. Tout d’abord, très peu de membres de cet observatoire ont été retenus, même un de ses membres qui a été élu comme président de la Ceci en commune Rohero s’est vu photographier par des jeunes Imbonerakure, ce qui est à leurs yeux de l’intimidation. Ensuite, il y a une forte influence du parti au pouvoir dans la mise en place de ces Ceci, ce qui pousse l’Olucome à se retirer provisoirement des Ceci.
Néanmoins, l’Olucome demande à la Ceni d’organiser une réunion avec les partenaires concernés par les élections en vue de trouver une solution durable au remplacement de ces commissions douteuses. Ainsi, indique-t-il, l’Olucome réaffirme son engagement d’effectuer une mission d’observation des élections de 2015 au niveau national au cas où la Ceni tiendrait cette réunion dans le but de garantir des élections transparentes, impartiales et apaisées.
Burundi - Enseignement
Les rapports de la rentrée scolaire très inquiétants
Bujumbura, le 30 octobre (Net Press) . Un mois et demie après la rentrée scolaire 2014-2015, au moins la moitié des rapports émanant des directions provinciales de l’enseignement sont, non seulement inquiétants, mais font également peur. Les écoles les plus caractérisées par le feu rouge sont principalement les écoles dites « fondamentales », car les tares relevées dès le début de l’application de la nouvelle réforme restent les mêmes.
Le problème le plus grave qui devrait causer beaucoup de sueur à l’administration centrale du ministère de l’enseignement de base et secondaire, c’est que les enseignants ne comprennent pas le bien-fondé de la réforme et ne savent pas comment la mettre en œuvre.
A la question du personnel désorienté, s’ajoutent d’autres problèmes beaucoup plus classiques comme la pénurie du matériel didactique et pédagogique. Enfin, les enseignants continuent à se plaindre comme quoi ils sont mal payés, et dans leur collimateur, la ministre de la fonction publique, Mme Annociate Sendazirasa que certains syndicats qualifient de « têtue comme une bourrique » dans son refus permanent d’appliquer les engagements déjà pris avec eux.
Enfin, comme si tout cela ne suffisait pas, voilà qu’en ce moment où l’on s’achemine lentement vers la fin du premier trimestre, les grossesses non désirées des jeunes filles scolarisées, y compris dans les écoles primaires, n’ont jamais été aussi nombreuses, car les sanctions d’autrefois ne sont plus ce qu’elles étaient. Ce qui pousse les filles à se livrer sans craindre quoi que ce soit et aux engrosseurs sans morale à franchir le Rubicon de la honte sans du tout se poser de questions.
Burundi - Démographie
Cordaid sensibilise les journalistes autour de la question Ssraj
Bujumbura, le 30 octobre (Net Press) . Au Burundi, le dernier recensement général de la population et de l’habitat (2008) met en évidence une forte pression démographique du fait d’une densité élevée de la population (310 habitants/km²), du poids excessif (lié à la fécondité élevée) des jeunes dans la population totale (avec 56,1% de moins de 20 ans dont 44,1% de moins de 15 ans). L’accroissement démographique annuel moyen est estimé à 2,4%.
L’indice synthétique de fécondité étant en effet de 6,4 enfants en moyenne par femme, ce qui équivaut à 865 naissances vivantes par jour, les femmes en âge de procréer représentant près de la moitié de la population féminine totale, soit 46%. Si ce rythme d’accroissement de la population se maintenait au cours des deux prochaines décennies, le Burundi pourrait compter 10,2 millions d’habitants en 2018, et 11,5 millions d’habitants en 2023.
L’un des effets de cet accroissement est l’augmentation des besoins en termes de services de base comme l’éducation et les soins de santé dans un contexte de ressources limitées. Aussi, les jeunes qui constituent une forte proportion de la population burundaise sont confrontés à plusieurs défis en matière de santé sexuelle et reproductive : faible information pour un comportement responsable, forte natalité, grossesses non désirées, prévalence élevée des maladies sexuellement transmissible dont le vih/sida, etc
C’est dans ce contexte qu’un consortium d’Ong (Cordaid, I+Solutions, Institut Tropical et de Santé Publique Suisse et HDP) dont Cordaid est le chef de file met en œuvre depuis 2013 un projet qui vise « une meilleure santé sexuelle et reproductive (ssr) des femmes et des jeunes au Burundi, au Rwanda et en RDC (Sud-Kivu) ». Ce projet contribue à l’objectif général du Plan stratégique 2013 -2015 du programme national de la santé de la reproduction à travers la stimulation de la demande (formations des acteurs, sensibilisation communautaire) et le renforcement de l’offre (Pbf) des services Sr/Pf en général et la santé sexuelle et reproductive en faveur des adolescents et jeunes (Ssraj) en particulier ; le renforcement de la chaîne d’approvisionnement en produits et intrants de Pf ; le développement d’une stratégie de distribution innovante des produits Pf (Franchise sociale).
De ce fait, dans le but de contribuer à l’amélioration des services de santé sexuelle et reproductive pour la prochaine génération en diversifiant les outils de communication à travers la mise à contribution du paysage médiatique burundais, Cordaid et ses partenaires locaux ont organisé ce matin une rencontre de sensibilisation des professionnels des médias en vue de leur implication dans l’amélioration des connaissances de la communauté en général et de la jeunesse en particulier sur la Ssraj.
Burundi – Rwanda - Génocide
L’abattage de l’avion de Habyalimana revient au-devant de l’actualité
Kigali, le 30 octobre (Net Press) . Il y a 20 ans et 6 mois, le Falcon présidentiel rwandais transportant les présidents rwandais et burundais, Juvénal Habyalimana et Cyprien Ntaryamira, entre autres, explosait subitement en plein ciel de Kigali, alors que le pilote amorçait un atterrissage qu’il croyait sans problème.
Il n’y eut aucun survivant, ce qui déclencha le 2èmegénocide le plus terrible du 20èmesiècle, après celui des Juifs de 1940 à 1945. Depuis lors, tout a été dit, notamment sur le nombre des victimes (de 800.000 à un million de Tutsi et de Hutu modérés), mais sur l’identité de ceux qui ont commandité le tir des missiles, les controverses durent encore.
Hier mercredi, un élément nouveau mais encore flou est venu s’ajouter au dossier, c’est que de nouveaux témoins non encore identifiés ont émis le souhait d’être interrogés par le magistrat français qui a succédé au sulfureux juge Jean-Louis Bruguière, parce qu’ils ont affirmé détenir de nouvelles informations « intéressantes » sur le crash du 6 avril 1994. Intéressantes dans quel sens ? Ils ont refusé d’en dire plus, mais ce que l’on sait déjà, il ne s’agit pas du général Faustin Kayumba Nyamwasa, lui qui aussi a déjà demandé d’être auditionné pour impliquer l’actuel homme fort de Kigali, mais d’autres personnes que l’on ne tardera pas de connaître.
Burundi – Rd Congo - Sécurité
Drôle de consolation de Joseph Kabila à la population de Beni en deuil
Kinshasa, le 30 octobre (Net Press) . C’est finalement hier mercredi que le chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila, est arrivé à Beni, une localité du Nord-Kivu située sur la frontière ougando-congolaise, où furent froidement massacrés 80 citoyens de la Rdc il y a près d’une semaine, dans des circonstances totalement opaques.
En effet, la partie gouvernementale met en accusation une nouvelle rébellion ougandaise d’avoir perpétré ces massacres. Mais la population locale est d’un tout autre avis.
Elle en impute la responsabilité aux forces de l’armée et de la police locale, qui auraient tout simplement fermé les yeux, laissant faire les ennemis, parce qu’elles étaient de connivence avec les dirigeants locaux.
Mais ce qui a surpris et mis en colère les habitants de cette ville, c’est que, non seulement le président a traîné les pieds avant de se déplacer pour aller voir ce qui s’était passé, mais dès qu’il est parvenu sur le lieu du drame, il n’a prononcé aucun mot. Or, la population attendait au minimum quelques mots de consolation, mais aussi des explications pour dire pourquoi l’armée et la police ont été incapables de jouer leur rôle pour lequel elles sont payées, celui de défendre la population. Un bien curieux commandant suprême des forces de défense et de sécurité.
Burundi – Mali – France – Médias - Sécurité
Rfi s’apprête à rendre un hommage vibrant à Guislaine Dupont et Claude Verlant
Paris, le 30 octobre 2014 (Net Press) . En date du 2 novembre 2013, Guislaine Dupont, journaliste de Rfi et Claude Verlant, le technicien qui l’accompagnait, étaient lâchement assassinés, alors qu’ils faisaient du reportage au Nord du Mali. Ce meurtre suscita une immense émotion à travers le monde en général, et dans les milieux médiatiques en particulier.
François Hollande salua nos confrères de la « radio mondiale » qui venaient de tomber « sur le champ d’honneur » et tout le monde souligna, une fois de plus, les difficultés et les risques qu’il y avait pour les journalistes à exercer leur métier dans les zones de conflit.
Mais ils jurèrent tous la main sur le cœur que cela ne les découragera jamais. Ils donnèrent comme exemple les journalistes photographes qui vont prendre des images de télévision en direct alors qu’ils se trouvent « entre deux feux ».
La mort de Guislaine Dupont et de Claude Verlant rappela que 10 ans auparavant, un autre journaliste français, lui aussi connaisseur du continent africain, dont le Burundi et le Rwanda était « tombé sur le champ d’honneur ». Il s’agit de Jean-Hélène, abattu à Abidjan le 21 octobre 2003 par un partisan de Laurent Gbagbo alors qu’il était parti pour couvrir la crise ivoirienne. Il s’en enorgueillit avec beaucoup de cynisme et d’arrogance devant les caméras de télévision, ce qui rendit l’ancien président de Côte d’Ivoire encore plus détestable aux yeux de la communauté internationale.