Bujumbura, le 28 novembre 2014 (Net Press). Le président du Syndicat général des commerçants (Sygeco), M. Audace Bizabishaka, a animé ce matin une conférence de presse pour informer l’opinion nationale et internationale que son syndicat demande aux autorités du pays d’appliquer les recommandations issues de l’atelier organisé par la Cnidh sur les saisies immobilières résultant du non-respect des lois et des engagements bancaires, tenu à Bujumbura en date du 13/11/2014. Aussi, propose de considérer les recommandations de l’atelier national de mobilisation fiscale et ses défis, organisé par ministère des finances et de la planification du développement économique tenu à Gitega en date du 17 au 19/11/2014.
Selon M. Bizabishaka, ces recommandations sont entre autres de mettre en exécution les conclusions des états généraux de la justice tenus à Gitega. En plus, le gouvernement devrait déjà avoir transmis à l’assemblée nationale le projet de loi bancaire adopté par le conseil des ministres du 11 juin 2014 qui reconnaissait la capitalisation des intérêts annuels en excluant toute éventualité d’appliquer l’arrêté royal de 1925. Par voie de conséquence, le même gouvernement devrait, dans toute urgence suspendre la vente par voie parée par l’application de l’arrêté royal du 21/11/1925 en attendant la promulgation de la nouvelle loi bancaire.
Aussi, il faut mettre en place une médiation bancaire pour régler les conflits entre les banques et leurs clients sans pouvoir faire recours à la justice qui aboutit à la rupture de la relation commerciale et qui n’arrange aucune des deux parties. Bien plus, la mise en place d’une commission chargée d’analyser des cas concrets des commerçants victimes de la capitalisation d’intérêts mensuels et autres infractions connexes pour alléger les souffrances des commerçants, serait d’une grande importance.
Suspendre la circulaire d’interdiction de crédit et de change prise par la Brb arbitrairement pour sanctionner les débiteurs victimes de la capitalisation illégale des intérêts sans leurs permettre de se défendre ni de faire recours conformément à la constitution de la République soulagerait les commerçants. Il fallait alors impulser le développement social dénommé « l’économie sociale solidaire » qui est une alternative pour un développement inclusif et durable pour lutter contre la pauvreté en vue d’atteindre l’objectif du millénaire pour le développement (Omd) qui permet à la population d’accéder aux crédits de financements bancaires.
Mr. Bzabishaka a indiqué que le syndicat Sygeco vient d’apprendre que le conseil des ministres a adopté encore une fois le projet de loi bancaire ce 19/11/2014 qui avait été adopté en date du 11 juin 2014, et il espère que les dispositions qui protègent les consommateurs des produits financiers n’ont pas été changées mais plutôt améliorées.
Burundi - Justice
La coalition burundaise pour la Cpi contre l’impunité.
Bujumbura, le 28 novembre 2014 (Net Press) . Cette coalition débute une campagne de vulgarisation du statut de Rome portant création de la cour pénale internationale. Le Burundi a ratifié cette convention le 21 septembre 2004 et selon Me. Lambert Nigarura, la loi de mise en œuvre n’est pas encore une réalité dans notre pays. Il indique que les chefs d’Etats africains sont réticents puisque ce sont eux qui sont visés par cette cour qui est la seule capable de les juger. Elle réprime les crimes de génocide et les crimes de guerre. Concernant les crimes commis dans notre pays, les juridictions nationales doivent d’abord se pencher sur des crimes qui ont été commis et c’est pour cette raison que les dossiers trainent, a fait savoir cet avocat.
Il a alors signalé que son organisation est en ouvre pour mener une sensibilisation sur comment saisir cette cour car beaucoup de gens ne connaissent pas les tenants et les aboutissants de la Cpi. Même si les choses se portent ainsi, la cour pénal internationale reste compétente dans ses missions et des contacts se mènent toujours pour que les barrières qui existent soient enlevées, a-t-il tenu à souligner Me Nigarura.
Burundi - Politique
Mutation au sein de la Police et de l’armée : Même les « vénérables » sont concernés.
Bujumbura, le 28 novembre 2014 (Net Press) . Ce matin, le président de la République a a rendu publique un décret mutant les généraux qui étaient jusqu’ici des poids lourds puisque selon l’opinion, ce sont eux qui faisaient la pluie et le bon temps. Le commissaire de police Alain-Guillaume Bunyoni, jusqu’ici chef de cabinet civil à la présidence est remplacé par M. Anatole Manirakiza. Le poste du tout-puissant lieutenant général Adolphe Nshimirimana est pris par le général-major Godefroid Niyombare qui était ambassadeur à Nairobi, le général de brigade Evariste Ndayishimiye, chef de cabinet militaire récupère la Sobugea et est remplacé par Emanuel Miburo, le général Guillaume Nabindika qui occupait le poste de chef de cabinet chargé de la police à la présidence de la République est remplacé par le général Gervais Ndirakobuca connu sous le sobriquet de Ndakugarika et Zacharie Sagaba, administrateur-adjoint au service national des renseignements est nommé conseillé chargé de la police à la Présidence de la République.
Signalons qu’Adolphe Nshimirimana occupe actuellement le poste de chargé de mission à la présidence et le commissaire Bunyoni se charge du secrétariat permanent au conseil national de sécurité. Soulignons que le chef de l’Etat, après avoir opéré ces changements, a pris l’avion pour le sommet de la francophonie au Sénégal. La plupart de gens se demandent alors si le chef de l’Etat a voulu se libérer de l’emprise de ces généraux devenus à un certain moment gênants afin de réduire leur pouvoir qui, selon l’opinion, faisaient ombrage total du haut de la République. Selon toujours la même opinion, ce séisme politique a des fins politiques qui concernent le troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Et de renchérir que ce changement va permettre de choisir le candidat de 2015 puisque cette clique de généraux jure la main sur le cœur qu’aussi longtemps qu’elle sera aux commandes, aucun candidat qui n’a pas combattu les armes à la main n’accédera au pouvoir sous les couleurs du Cndd-Fdd que ce soit en 2015 ou lors des élections ultérieures.
Spécial 48 ème anniversaire de l’abolition de la monarchie
C’était inscrit dans les faits
Bujumbura, le 28 novembre 2014 (Net Press) . Pour ceux qui suivaient de près l’évolution de la situation politique au Burundi depuis l’indépendance en 1962, ce qui se passa 4 ans plus tard, soit le 28 novembre 1966, et particulièrement depuis la désignation du jeune Ntare V pour prendre la succession de son père en juillet 1966, fut tout sauf une surprise.
Absent du pays le mois d’octobre 1965 lors de la tentative de renversement des institutions via l’attaque du palais royal, Mwambutsa IV dirigeait le pays à partir de Genève d’où il signait les arrêtés royaux, ce qui était une anomalie que ceux qui placèrent son fils cadet à la tête du royaume ne pouvaient continuer à accepter.
D’autre part, la nomination du capitaine Michel Micombero, secrétaire d’état à armée créa un bicéphalisme ingérable à la tête du royaume. Le souverain faisait des nominations au gouvernement que le premier ministre n’acceptait pas et faisait les siennes. La dernière goutte d’eau qui fit déborder le vase intervient lorsque Ntare V, profitant de l’absence de Micombero parti à Addis-Abbeba pour une visite de travail, se rendit à la radio nationale pour annoncer solennellement le limogeage du premier ministre et se vit interdire l’accès aux enceintes de la radio par les militaires qui avaient reçu des consignes bien précises ad hoc.
Il ne restait plus au chef du gouvernement de retour d’Ethiopie, qu’une occasion d’opérer le putsch que le tout-Bujumbura attendait. Elle se présenta en or le 28 novembre 1966 et ce fut l’abolition d’une monarchie vielle de plus de 400 ans.
En sueur, les mains et la voix tremblantes, Micombero enregistre le message à la nation
Bujumbura, le 28 novembre 2014 (Net Press) . Beaucoup plus que le coup d’état du 1er novembre 1976 qui mit fin aux dix ans de la Ière République, beaucoup plus que le putsch militaire du 3 septembre 1987 qui sonna le glas de la IIème République après 11 ans d’un pouvoir « solitaire et totalitaire » de Jean-Baptiste Bagaza selon Marc Manirakiza, celui qui mit fin à la monarchie burundaise était véritablement un homme audacieux.
Car la monarchie était une institution profondément ancrée dans tous les cœurs et les esprits des Burundais, Hutu et Tutsi confondus, surtout les plus anciens. Michel Micombero en était parfaitement conscient et c’est pourquoi, en se présentant à la radio pour se faire enregistrer peu après 17 heures le 28 novembre 1966 selon un de ses proches qui n’est plus de ce monde, il était très troublé, alors que le message annonçant le putsch ne devait pas être lu en direct.
Et d’ailleurs, il fallut une première tentative d’enregistrement, puis une deuxième et enfin une troisième qui fut la bonne tellement la voix et les mains tenant le message du coup de force étaient tremblantes et la sueur coulait sur son front.
La politique dite « des salons »
Bujumbura, le 28 novembre 2014 (Net Press) . Arrivé au pouvoir à l’âge de 26 ans, Michel Micombero n’avait comme référence d’une bonne (ou d’une mauvaise) gouvernance que la royauté. Ceux qui l’ont critiqué après son départ du pouvoir il y a 38 ans ont un peu oublié cet aspect des choses, et notamment les officiers du « mouvement du 1er novembre 1976 » dont le colonel Jean- Baptiste Bagaza.
Micombero s’entoura d’une véritable cour « républicaine » composée des grands dignitaires de l’époque dominés par les « Bururiens » qui presque tous sont passés de ce monde à l’autre. A l’exception du pasteur Arthémon Simbananiye qui est toujours là et en forme ainsi que Joseph Rwuri et Bernrad Bizindavyi. – que le tout puissant leur prête longue vie – les plus connus étaient Albert Shibura, André Yanda, Thomas Ndabemeye.
Ils se fixaient rendez-vous en début de soirée en passant d’un domicile à l’autre chez l’un d’entre eux. C’est alors que la bière commençait à couler à flots, et le verre qui attirait le plus l’attention des dames serveuses était celui du grand invité d’honneur, le président de la République. Mais le plus grave est qu’une fois arrivé « dans tous ces états » ces courtisans faisaient signer des décisions importantes (nomination à des postes-clés, missions à l’étranger…) alors qu’il n’était plus pleinement conscient des mesures qu’il prenait.
Les contemporains de cette période qui ont survécu à l’injure du temps se souviennent encore que ce fut l’époque où le colonel Joseph Rwuri, alors ministre de l’intérieur, se faisait nommer régulièrement ministre intérimaire des affaires étrangères alors que son expérience professionnelle était davantage orientée vers la matraque que vers la diplomatie.
C’est cette politique-là que la IIème République qualifia de « politique des salons » pour justifier le putsch de la Toussaint 1976.
Grand pardonneur devant l’ Eternel
Bujumbura, le 28 novembre 2014 (Net Press) . Ceux qui ont perdu les membres de leurs familles lors des massacres des intellectuels hutu en 1972 peuvent être surpris que la rédaction de Net Press puisse qualifier Michel Micombero de cette manière. Ils auraient partiellement raison qu’ils se réfèrent à la grâce présidentielle qui accordait en Janvier 1972 aux politiciens ijendo-muramvyéens, tous des Tutsi, dont les plus connus étaient le regretté Jérôme Ntungumburanye, Libère Ndabakwaje et Marc Manirakiza et tous les trois venaient d’être condamnés à la peine capitale.
Mais durant toutes les années qu’il passa à la tête de l’Etat, mise à part la parenthèse sanglante d’il y a 42 ans, Micombero avait l’habitude de limoger un ministre puis de le remettre au gouvernement deux ou trois ans plus tard ou alors de l’affecter à la tête d’une mission diplomatique à l’étranger. Cela était tout simplement impensable sous la II ème République, car quelqu’un qui était disgraciés sous Bagaza l’était pour toujours sans aucun espoir de s’en tirer un jour.
« Si le Burundi est ce qu’il est, il le doit à nos rois ».
Bujumbura, le 28 novembre 2014 (Net Press) . Le 28 novembre 1967, la cathédrale Regina Mundi était noire de monde, à l’occasion du premier anniversaire de l’abolition de la monarchie une année avant. Michel Micombero était naturellement présent, entouré des membres du conseil national de la révolution (Cnr) c’est - à-dire les officiers qui l’avaient aidé à détrôner le roi, que l’on appelait également les compagnons du 28 novembre 1966.
La célébration eucharistique était censée remercier le Dieu Tout-Puissant pour avoir rendu possible l’avènement de la République dirigée par « un homme exceptionnel » qui faisait le bonheur de ses compatriotes depuis une année, loin, très loin de l’obscurantisme et de la descente aux enfers ayant marqué les 400 ans de la période monarchique.
Mais le problème pour Micombero fut qu’il y eut un homme, un homme d’Eglise de surcroît respecté et respectable qui pensait tout à fait le contraire et qui le fit savoir à haute voix dans un moment aussi solennel. C’était Mgr Michel Ntuyahaga, premier Evêque du diocèse de Bujumbura, nommé à ce poste par Saint Jean XXII en 1959 qui venait de succéder au Pape Pie XII.
Au cours de son homélie très suivie par les diplomates étrangers et toute l’assistance présente et transmise en direct par la radio nationale, il affirma textuellement que « si le Burundi est ce qu’il est, il le doit à nos rois ». C’était clair, net et sans équivoque. Le prélat n’avait pourtant rien dit du mal de la 1ère République et de ses dirigeants, mais en rendant hommage d’une manière aussi élogieuse à la monarchie, il signifiait implicitement et diplomatiquement à Micombero que toutes les insultes vociférées contre le pouvoir royal une année auparavant n’avaient aucun fondement.
Mgr. Ntuyahaga ne fut guère inquiété et poursuivit son œuvre apostolique jusqu’à ce qu’il démissionne en 1988 pour limite d’âge et s’endorme pieusement entre les mains du Seigneur en date du le 1er juin 2002.