Bujumbura, le 30 janvier 2015 (Net Press). Dans notre édition d’hier, nous mentionnions que le directeur de la Rpa se présente ce matin à la barre au tribunal de grande instance de Muramvya. Une modification est intervenue après la publication de cette information et a indiqué que le substitut du procureur en mairie de Bujumbura, Emmanuel Nkurikiye, alias Nkuri, en compagnie du procureur en mairie de Bjumbura, Arcade Nimubona, se sont déplacés vers Muramvya, non pas au tribunal de grande instance, mais à la prison où le substitut du procureur en mairie de Bujumbura a auditionné, pendant toute l’avant midi, encore une fois Bob Rugurika dans le cadre du complément d’enquête. Dans ce contexte, seuls les avocats de la défense ont eu l’autorisation de suivre l’audition du substitut.
Cependant, des réactions relatives à cet emprisonnement se poursuivent. L’association de lutte contre le génocide, Ac génocide Cirimoso, déclare qu’il compatit avec Bob Rugurika, sa famille et la radio dont il est directeur. Cette association ne trouve aucun fondement pouvant justifier l’incarcération tragique de ce journaliste de la Rpa, dans la mesure où, pour elle, toutes les charges retenues contre Bob Rugurika n’ont pas été vérifiées, mais apparemment inspirées par une volonté manifeste de décourager toute voix qui oserait décrier les injustices odieuses et impunies dont malheureusement notre pays devient de plus en plus le théâtre.
Pour Ac-Génocide, la justice vient de démontrer son manque d’indépendance et, partant, son incapacité de rendre justice impartialement au nom du peuple burundais. De son côté, cette association dit qu’elle restera toujours de ceux qui demeurent convaincus que l’impunité enregistre la répétition des crimes, au moment où tout un peuple innocent a besoin d’une protection crédible.
Elle conclut par une réclamation pure et simple d’une libération inconditionnelle du directeur et journaliste de la Rpa, Bob Rugurika, ainsi que des enquêtes sérieuses sur l’assassinat des trois sœurs italiennes, pour que la vérité et la justice s’installent au milieu du débat.
Burundi – Médias
Le maire de la ville refuse aux professionnels des médias de manifester pacifiquement
Bujumbura, le 30 janvier 2015 (Net Press). En date du 27 janvier 2015, les professionnels des médias représentés par l’association des femmes journalistes, la maison de la presse, l’union burundaise des journalistes, l’association burundaise des radiodiffuseurs ainsi que l’organisation des médias de l’Afrique centrale, ont informé le maire de la ville de Bujumbura de leur intention d’organiser, le 3 février 2015, une marche de soutien à notre confrère Bob Rugurika de la Rpa et de rappel aux autorités burundaises que la liberté de la presse est un droit inaliénable dont la défense et le respect constituent un devoir pour tout pouvoir qui se veut démocratique.
Ce dernier n’a pas tardé à réagir car 48 heures plus tard, il a indiqué que le dossier est encore en cours de traitement à la justice et que cette marche serait une façon de faire pression à la justice et que pour des raisons de sécurité publique, il empêche cette marche. Il invite les professionnels des médias à procéder autrement pour exprimer ce soutien. Vers la fin de la lettre, il cesse toute diplomatie car il demande à la police de mâter les éventuels manifestants.
Il est quand même surprenant que les autorités de ce pays se sont attribué le rôle de devenir des porte-parole d’autrui à l’insu même des personnes ou des institutions concernées. En termes clairs, comment est-ce que le maire de la ville devient subitement le porte-parole de la justice qui ne l’a même pas mandaté ? Pauvre maire !
Burundi - Etats-Unis – Média - Justice
Quand les Etats-Unis s’en mêlent, c’est qu’il y a du sérieux.
New York, le 30 janvier 2015 (Net Press). Au cas où le gouvernement de Pierre Nkurunziza se serait imaginé que l’emprisonnement de Bob Rugurika serait une petite affaire burundo-burundaise vite rangée dans les oubliettes, il se serait totalement planté. En effet, la dernière réaction à l’incarcération de notre confrère - Une réaction de poids - est venue de New York de la part de Samantha Power, l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations-Unies, qui a le rang de membre du gouvernement de la première puissance du monde.
Elle a insisté beaucoup pour que le directeur de la Rpa retrouve la liberté, car sa mise aux arrêts viole gravement le droit d’informer au Burundi. Désormais, la justice burundaise ne devrait plus se contenter des mises au point entendues ces derniers jours, dont quelques-unes ont été qualifiées de « totalement absurdes » par une partie de la communauté internationale.
Avec ce paradoxe que les journalistes burundais étaient généralement poursuivis pour ne pas vouloir livrer leurs sources d’informations, et que Bob Rugurika se trouve aujourd’hui sous les verrous pour avoir fait exactement le contraire, ceci pourrait rappeller une chanson française très populaire… « Le…..a dit la vérité, il doit être exécuté ».
Burundi - Elections
Gradis : un sondage qui fait un clin d’œil aux politiciens
Bujumbura, le 30 janvier 2015 (Net Press). Afrobaromètre est un réseau de recherche non partisan qui mène des enquêtes d’opinion publique sur la démocratie, la gouvernance, les conditions économiques, et les questions connexes dans plus de 30 pays en Afrique. Cinq séries d’enquêtes ont été réalisées entre 1999 et 2013, et les enquêtes de la série 6 sont actuellement en cours (2014-2015). Afrobaromètre mène des entretiens face-à-face dans la langue du répondant avec des échantillons représentatifs à l’échelle nationale de 1.200 à 2.400 répondants.
L’équipe Afrobaromètre au Burundi, dirigé par le Groupe de recherche et d’appui au développement des initiatives démocratiques (Gradis), a interviewé 1.200 adultes burundais en septembre et octobre 2014. Un échantillon de cette taille donne des résultats avec une marge d’erreur de +/- 3% à un niveau de confiance de 95%. Une enquête précédente a été menée au Burundi en 2012.
Ce matin, Dr Christophe Sebudandi, directeur exécutif de Gradis et investigateur national d’Afrobaromètre au Burundi, a présenté les résultats de cette enquête. Il a indiqué que pour cette première présentation des résultats de l’enquête Afrobaromètre, on a choisi de centrer cette présentation sur des questions qui paraissent brûlantes, donc des questions qui s’intègrent bien dans le contexte actuel de préparation des élections. Lors de sa présentation, il a beaucoup mis l’accent sur les opinions des burundais sur les élections de 2010 où selon lui, on a constaté qu’il y a un hiatus entre la politique et la population.
Selon cette enquête, 61% de la population pensent que les élections de 2010 ont été libres et transparentes. 17% pensent qu’elles ont été libres et transparentes avec des problèmes mineurs et 10% pensent que ces élections ont été libres et transparentes avec des problèmes majeurs.
Dans cette enquête d’Afrobaromètre, on a aussi essayé de savoir ce que la population pensait de la limitation des mandats présidentiels. Une majorité de Burundais soutiennent la limitation des mandats présidentiels à deux. Selon une nouvelle enquête d’Afrobaromètre, six burundais sur 10 (62%) soutiennent la limitation des mandats présidentiels à deux. Pour Dr. Sebudandi, c’est une évolution dans l’opinion publique entre 2012 et 2014.
En 2012, seuls 51% de citoyens étaient favorables à la limitation des mandats. La nouvelle majorité pourrait signifier qu’au fur et à mesure qu’on s’approche des élections, et surtout au fil des débats sur la question, le nombre de personnes opposées au troisième mandat présidentiel augmente.
Une majorité de Burundais voteraient pour un candidat présidentiel issue du Cndd-Fdd, selon une enquête d’Afrobaromètre menée en septembre et octobre 2014. Questionnés sur leur préférence si les élections présidentielles étaient organisées le lendemain de l’entretien, 56% des Burundais ont dit que leur choix se porterait sur un candidat issu du Cndd-Fdd. Cependant, l’expression sur l’appartenance politique se fait avec beaucoup de réticences, car, 24% des répondants n’ont pas voulu s’exprimer là-dessus.
Pour Dr. Sebudandi, alors que les intentions de vote sont parsemées entre les diverses autres formations politiques, on voit que le plus grand adversaire du parti au pouvoir reste le camp de l’indécision ou de la retenue. Les intentions de vote dégagent des pourcentages plus bas pour tous les partis politiques si on les compare aux résultats des communales de 2010.
C’est pourquoi, vu le niveau d’indécision et de réticence, il est possible que les personnes souhaitant voter pour les partis de l’opposition se trouvent dans le camp des indécis et de ceux qui n’ont pas voulu répondre. Cette situation laisse dégager de possible changement dans le vote si les élections sont organisées de manière libre et transparente.
Dans cette enquête d’Afrobaromètre, on a voulu savoir l’opinion de la population sur la question de la commission nationale des terres et autres biens (Cntb). Dr Sebudandi a fait savoir que 53% affirment que la Cntb joue son rôle sans penchant politique. Mais ce qui est assez inquiétant, c’est que 34% de la population, donc plus d’1/3 de Burundais est persuadé que la Cntb accomplit sa mission avec un penchant politique ou ethnique. Comme c’est une question qui concerne la réconciliation, ça doit interpeller les décideurs pour un peu ajuster les choses, voir comment la Cntb pourrait être perçue comme un organe réconciliateur dans une situation comme celle du Burundi.
Revue de la presse annuelle
Novembre 2014
Le mois de novembre 2014 (Net Press). Le 1er novembre 2014. Qu’il est infréquentable ce pays ! Depuis quelques temps, l’insécurité refait surface même si le régime de Bujumbura garde le silence sur cette situation plus qu’inquiétante. Tout commence avec la révélation au grand public d’éventuelles formations de jeunes burundais membres du parti au pouvoir dans la République démocratique du Congo. Certains parmi eux ont terminé leurs formations et d’autres sont rentrés un peu avant, suite justement aux différentes dénonciations enregistrées un peu partout dans le monde.
Une Ceni qui écarte les uns est loin d’être un bon arbitre. C’est le constat fait par les membres de la société civile qui se sont exprimés lorsqu’ils ont mis à nu un mémorandum qu’ils ont envoyé à la Ceni, au gouvernement et aux missions diplomatiques à Bujumbura.
Le 3 novembre 2014. Soyez vigilants, les terroristes sont dans nos murs. Tel est le message que le ministre de l’intérieur a donné lors d’une réunion de sécurité et d’échanges aux gouverneurs et aux chefs religieux de différentes provinces du pays. Selon Edouard Nduwimana, des signes précurseurs et qui ne trompent pas sont là, en témoignent des entrainements des terroristes en province de Kayanza, où des enfants étaient en formation et ils devaient s’enfermer pour se livrer aux entrainements.
Distribution des cartes nationales d’identité aux élèves du lycée communal de Mugara. Depuis le début de l’année scolaire, environ 500 fiches de carte nationale d’identité (Cni) auraient été retirées clandestinement du service communal de Rumonge à destination du lycée communal de Mugara pour être dactylographiées afin de les distribuer aux élèves de 18 établissements d’obédience Cndd-Fdd. Le responsable de ladite école, M. Gilbert Ndayambaje, reconnait seulement qu’il a reçu 180 fiches de ces cartes provenant de l’administration communale de Rumonge.
Le 4 novembre 2014. Charles Nditije contre-attaque. Ce professeur et président de l’Uprona, tendance non reconnue par le ministre de l’intérieur, a décidé de porter plainte contre l’Etat du Burundi dans les instances judiciaires de la sous-région basées à Arusha en Tanzanie. L’Etat est assigné à Arusha pour le 13 novembre 2014.
Le 5 novembre 2014. Le Bâtonnier a.i, M Gabriel Sinarinzi, indique qu’un prix dénommé « Avocat, acteur de la démocratie », a été octroyé au Barreau de Bujumbura par le Conseil National des Barreaux (Cnb) lors d’une rencontre qui s’est tenue à Montpelier en France du 28 au 31 octobre 2014. Il a fait savoir que ce prix a été donné au Barreau du Burundi pour le combat quotidien en faveur des droits fondamentaux de l’homme et la promotion de la profession d’avocat en général.
Quand le Cnc remplace le ministère public ! Lors de la création du conseil national de la communication, Cnc, il y a tout juste 22 ans, l’une de ses missions était la promotion de la presse, surtout privée à côté de la régulation des médias et le conseil des pouvoirs publics. En effet, dans la mise en place du Cnc, il n’y avait aucune disposition indiquant que ce conseil pouvait constituer des dossiers des médias afin de les déposer dans les différentes instances judiciaires pour le compte des tiers, à l’image du ministère public qui se saisit des dossiers pour les fixer au parquet.
Le 6 novembre 2014. Regideso : de l’eau empoisonnée ? Tout Bujumbura ne parle que de cela. Une information persistante indique que l’eau de la Regideso a été empoisonnée par des gens qui ne sont pas identifiés. Ensuite, il n’y a pas de précision non plus sur les endroits qui auraient été infectés par ce poison.
Le 7 novembre 2014. Le Focode est préoccupé par un regain de l’insécurité dans notre pays. Dans sa sortie médiatique, Me Janvier Bigirimana, secrétaire général du forum pour la conscience et le développement (Focode), indique que cette organisation suit de près la recrudescence de l’insécurité dans le pays. Au moment où le pays avance vers les élections, la situation sécuritaire n’augure rien de bon pour la tenue de ces échéances.
Après la désignation des membres des Cepi et des Ceci (= commissions électorales provinciales indépendantes et commissions électorales communales indépendantes), toutes les formations politiques de l’opposition et presque toutes les organisations de la société civile ont décrié l’attitude de la Ceni et celle des Cepi, entièrement soumises aux ordres du parti Cndd-Fdd.
Le 8 novembre 2014. Des « Imbonerakure » sous les verrous : pourvu ce ne soit pas une parenthèse vite refermée. Quatre miliciens « Imbonerakure » ont été appréhendés puis mis au cachot. Ils sont accusés d’avoir pris l’initiative, sans se référer à personne parmi les responsables administratifs de la province Muyinga où les faits se sont passés, de disperser une réunion des membres du parti Sahwanya-Frodebu Nyakuri Iragi rya Ndadaye.
L’Evêque de Rutana réaffirme l’abstinence comme « le seul moyen » de limiter les naissances. Une fois de plus, le fossé reste énorme entre l’Eglise catholique du Burundi et le gouvernement sur les moyens les plus efficaces qui permettraient à ce qu’on parvienne à maîtriser la croissance rapide de la population. Si les deux parties sont parfaitement d’accord que le problème est réel et qu’il y a urgence de « faire quelque chose », c’est sur ce « quelque chose » qu’elles ne s’entendent pas du tout.
Le 10 novembre 2014. Il y a un ultimatum qui risque de fâcher le gouvernement de Bujumbura. La commission des Nations-Unies pour les droits de l’homme basée à Genève a donné au gouvernement du Burundi jusqu’au 31 octobre 2015 pour avoir transmis les explications sur les accusations concernant de graves violations des droits de l’homme en sa possession. Il s’agit des tueries visant des personnes bien ciblées, des cas de tortures atroces qui se pratiquent dans des maisons de détention, etc. Mais le plus grave est que tous ces actes sont commis par les policiers relevant de l’Etat, selon la commission. A suivre !
Burundi –Rwanda – Rdc - Sécurité
L’armée congolaise décidée à se battre seule contre les Fdlr
Goma, le 30 janvier 2015 (Net Press). Le porte-parole des forces armées de la République démocratique du Congo (Fardc) a déclaré ce jeudi que l’armée de son pays allait lancer seule des opérations contre les forces démocratiques pour la libération du Rwanda (Fdlr). « Seule » revient à dire qu’elle estime ne plus avoir besoin du concours de la Monusco, les casques bleus onusiens.
Si tel était le cas, et surtout si ces opérations devaient apporter le succès attendu comme à la fin de l’année 2013, cela augmenterait la crédibilité d’une armée qui, depuis l’ère Mobutu, traina derrière elle une réputation de pillards et non de guerriers.
Cependant, se battre contre les sinistres Fdlr ne sera pas chose facile, estiment ceux qui observent de près ce qui se passe à l’Est de la Rdc, car ces responsables du génocide rwandais de 1994 sont mêlés à la population. Le porte-parole des Fardc a reconnu cette difficulté, mais a affirmé qu’il existe une tactique de distinguer l’ennemi du reste de la population, grâce à une coopération avec elle.
Burundi – Libye - Sécurité
Faut-il une intervention militaire en Libye ?
Addis Abeba, le 30 janvier 2015 (Net Press). Deux grandes questions vont dominer le sommet des chefs d’Etat africains qui s’est ouvert ce vendredi et qui se poursuivra demain dans la capitale éthiopienne, à savoir l’opportunité ou non d’une intervention militaire en Libye ainsi que la lutte contre la secte islamiste Boko Haram.
Concernant le premier point, un certain nombre de pays voisins du pays de Mouammar El Kadhafi ont déjà pris position contre l’usage de la force, à savoir le Niger et le Tchad qui sont plutôt pour le recours au dialogue entre les frères ennemis.
L’autre grand sujet très brûlant est la lutte contre la secte islamiste Boko Haram qui a pris racine dans des pays comme le Cameroun et le Nigeria. Mais ce géant de l’Afrique Occidentale a déjà fait savoir clairement qu’il est totalement contre une intervention des forces extérieures, expliquant, sans doute poussé par un sentiment de fierté nationale, qu’il est capable de combattre ces « fous de Dieu » par ses propres moyens.