Bujumbura, le 23 mars 2015 (Net Press). 17 personnes, grands ténors du parti Cndd-Fdd au pouvoir, ont adressé une correspondance au président de la République afin de lui prodiguer des conseils en ce qui concerne le troisième mandat qu’il veut briguer à tout prix. Ces hommes sont en l’occurrence le porte-parole du président, M Léonidas Hatungimana, le porte-parole jusqu’aujourd’hui du parti Cndd-Fdd, M Onésime Nduwimana, Mme Géneviève Kanyange, présidente de la ligue des femmes du parti Cndd-Fdd, Anselme Nyandwi, gouverneur de la province Bubanza, Oscar Ndayizeye, député et ancien gouverneur de Muramvya, Moïse Bucumi, député et ancien gouverneur de Ruyigi, etc.
Dans cette correspondance, ces hommes ont tenté de démontrer au président sortant, M Pierre Nkurunziza, le danger du troisième mandat pour le peuple burundais, et lui ont montré que les articles de la constitution qui font polémique pour ce troisième mandat ne sont pas les seules références, mais aussi aux règlements du parti ainsi qu’aux accords d’Arusha. Ils demandent que lors du congrès, l’on choisisse un candidat autre que Pierre Nkurunziza.
Ainsi, peut-on s’imaginer que toutes les provinces –au nombre de 17 jusqu’à présent ont-elles été représentées ? Même si a priori l’on ne peut pas s’engager sur un tel raisonnement, l’on constate cependant que plusieurs de ces entités ont une signature contre le troisième mandat présidentiel. Nous pouvons évoquer les provinces de Cankuzo, de Ruyigi, de Bururi, de Bubanza, de Muramvya, bref, un peu partout dans le pays, ce qui sous-entend que ce groupe de 17 personnes représente une majorité silencieuse au sein du Cndd-Fdd à rejeter la candidature supplémentaire du chef de l’Etat. Ira-t-on jusqu’à les dégommer tous ? La première tête est tombée aujourd’hui, celle d’Onésime Nduwimana comme porte-parole du Cndd-Fdd, mais ce limogeage n’était qu’un secret de polichinelle. Tout Bujumbura était au courant de cela depuis que des rumeurs de bagarres entre Pascal Nyabenda et Onésime Nduwimana à la permanence nationale du Cndd-Fdd en date du 19 mars 2015 ont circulé dans tout le pays.
Cette correspondance a été rédigée le 20 mars 2015 et l’on peu supposer, sans risque de se tromper que le vice-président de cette formation politique au pouvoir en était au courant. Qu’il aille dans la commune de Rumonge en compagnie d’une délégation sud-africaine de l’Anc pour dire qu’il faudra élire Pierre Nkurunziza, c’est tout simplement inimaginable. Joseph Ntakarutimana a pris la stratégie qui est la sienne de desservir Pierre Nkurunziza par la distraction de la population.
Burundi – Politique.
« Mais la cour constitutionnelle fait partie du système Cndd-Fdd, M. le ministre… », estime notre correspondant à Montréal.
Montréal, le 23 mars 2015 (Net Press). « Confronté aux appels pressants de différents milieux et pas n’importe lesquels pour qu’il ne se présente pas à un troisième mandat que lui interdisent à la fois, et les accords d’Arusha et la loi fondamentale et la loi Cndd-Fdd, le ministre de l’intérieur, M. Edouard Nduwimana, a sorti hier un argument qu’il a voulu définitif et de nature à fermer définitivement le claquet à tous les grincheux.
« Le ministre a déclaré que tous les arguments entendus ici et là, qu’il s’agisse de ceux en provenance des Etats-Unis d’Amérique, de l’union européenne, de ceux de l’Eglise catholique, aucun n’a la valeur de ceux de la cour constitutionnelle, le seul organe qui a le dernier mot sur la question.
« Or, le ministre ignore ou feint d’ignorer que cette cour-là fait partie intégrante du « système Cndd-Fdd » tel que nous l’observons depuis bientôt 10 ans. Cela revient à dire que tous les actes posés par le pouvoir du Cndd-Fdd, y compris les plus répréhensibles tel que l’assassinat des 40 personnes jetées dans la rivière Ruvubu en mai-juin 2006, sont présentés comme « nobles et exemplaires ».
« En d’autres termes, si cette cour-là est saisie pour se prononcer sur la constitutionnalité ou pas d’un troisième mandat du président, les juges qui la composent donneront une réponse positive en une fraction de seconde, car ils doivent leurs postes et tout l’argent qu’ils touchent au système actuel.
« C’est pourquoi l’argument du ministre n’a convaincu que ceux qui l’étaient déjà, c’est-à-dire les militants de son parti ».
Burundi - Administration
Sobugea : pourquoi ce cas de récidive ?
Bujumbura, le 23 mars 2015 (Net Press). Pour la deuxième fois en deux ans, la Sobugea, qui se charge de la gestion aéroportuaire, vient de procéder à une nomination du représentant du « personnel » au conseil d’administration. En effet, en date du 12 mars du mois en cours, des élections ont été organisées en vue de pourvoir à ce poste car le mandat du précédent venait d’expirer.
Mais le personnel de la Sobugea a montré sa méfiance face à de telles élections car deux ans plus tôt, en décembre 2013, une activité pareille avait eu lieu et les dirigeants de la société avaient mis en place celui qui avait obtenu la deuxième place après le scrutin. Le même personnel avait indiqué que s’il faut refaire les élections à la 2013, cela ne servirait à rien de perdre du temps car la direction n’avait qu’à nommer très rapidement le successeur.
Mais dans l’entre-temps, l’article 19 des statuts de la Sobugea stipule que le personnel choisit trois candidats à soumettre à la direction qui nomme un parmi les trois. Selon ce même personnel, cette personne représente l’employeur au conseil d’administration et non l’employé. D’après des informations recueillies auprès des agents de cette société, le représentant doit être un membre du Cndd-Fdd. Et de se demander si cette personne va représenter le personnel membre du Cndd-Fdd uniquement ou tout le monde.
Les conditions exigées pour briguer ce poste sont au nombre de trois : avoir réussi au minimum deux ans de l’enseignement supérieur, avoir une ancienneté de cinq ans minimum à la date des élections et, avoir un dossier administratif propre. Sept candidatures au total dont Bankumukunzi Fabien (humanités pédagogiques ; 6 ans 11 mois), Barukundi Bienvenu (licence ; 7 ans 8 mois), Bigirimana Alain Marcel (humanités générales ; 7ans 8 mois), Hakizimana Amissi (humanités générales ; 4 ans), Inamahoro Phydia (2ème licence réussie ; 19 ans 6 mois), Mushano Térence (Isco ; 20 ans 9 mois) et Nduwimana Nadine (2ème licence réussie ; 8 ans 6 mois).
Après la présélection, 4 candidats ont été retenus à savoir Barukundi Bienvenu, Inamahoro Phydia, Mushano Térence et Nduwimana Nadine. Selon un procès-verbal des élections, après le scrutin, les résultats ont été les suivants : Mushano Térence (109 ; premier), Barukundi Bienvenu (105 ; deuxième), Inamahoro Phydia (5 ; troisième) et Nduwimana Nadine (4 ; quatrième). Sur un effectif de 293 travailleurs, 225 ont participé aux élections.
Selon toujours des informations recueillies auprès du personnel, tout le monde a été surpris de voir que pour la deuxième fois, la direction a retenu le second, à savoir Bienvenu Barukundi. Les employés réclament alors que l’article 19 soit tout simplement supprimé car il viole la constitution du Burundi. En effet, l’article 22 de la constitution prévoit que « tous les citoyens sont égaux devant la loi, qui assure une protection égale. Nul ne peut faire l’objet de discrimination du fait notamment de son origine, de sa race, de son ethnie, de son sexe, de sa couleur, de sa langue, de sa situation sociale, de ses convictions religieuses, philosophiques ou politiques ou du fait d’un handicap physique ou mental ou du fait d’être porteur du Vih/Sida ou toute autre maladie incurable ».
De son côté, l’article 31 de la même constitution stipule que « La liberté d’expression est garantie. L’Etat respecte la liberté de religion, de pensée, de conscience et d’opinion ». Selon donc des informations concordantes, Térence Mushano est victime de son appartenance à l’association de lutte contre le génocide, Ac-Génocide Cirimoso et le fait d’avoir demandé la libération du journaliste et directeur de la radio publique africaine, Bob Rugurika. La rédaction a tenté de contacter le Général Evariste Ndayishimiye, administrateur directeur général de la Sobugea, tout comme M. Bangurambona de Air Burundi, en tant que président du conseil d’administration mais en vain. Mais selon le personnel, le type de démocratie qu’ils pratiquent laisse à désirer.
Burundi - Gouvernance
Comment franchement expliquer ce silence par rapport à la carence du carburant ?
Bujumbura, le 23 mars 2015 (Net Press). Plus d’une semaine vient de s’écouler avec des chaines de véhicules sur toutes les stations service de la capitale de Bujumbura et cela doit nécessairement être une réalité à l’intérieur du pays. Le gouvernement est là, en silence absolu sauf l’absence d’argument des trois portes paroles qui sont sensés répondre à cette question lors de l’émission publique à Muyinga comme nous l’avions déjà mentionné ce samedi. Le risque est de penser que le gouvernement ne fait rien pour trouver une solution à ce problème car visiblement, il ne s’entend pas avec les commerçants sur la fourchette à partager entre les deux parties devenues toutes gourmandes.
L’explication du manque de devises peut être dictée par l’isolement que l’Etat a fait face aux bailleurs de fonds qui devaient financer le budget. Les acteurs non étatiques ont toujours dénoncé la précarité de la situation des droits humains que le gouvernement peine à corriger. Face à tout cela, le gouvernement a toujours répondu que ce sont des gens qui le combattent mais cet angle de vue du gouvernement nous plonge directement dans un abîme : une pauvreté sans nom et un manque criant des éléments essentiels vitaux.
La question est donc de savoir si au moins les dirigeants de ce pays évaluent l’ampleur de cette carence de carburant où les gens, au lieu de se présenter au service, font la queue pendant un moment qui n’est pas comptabilisé. En outre, même en faisant la chaîne, il se peut l’automobiliste ne soit pas servi après tant de temps d’attente. Dans tous les cas, même si les autorités ne font que se bousculer dans des chicaneries politiques des enjeux de 2015, ils devraient au moins faire un service minimum pour sauver la face. Et voilà qu’on ne peut pas savoir à quand ce problème finira puisque les devises peuvent ne pas être disponibles du moment où le problème a été et est la mauvaise gouvernance politique et économique, etc.
Par ailleurs, les mauvaises langues indiquent qu’il s’agit d’une stratégie du parti politique au pouvoir pour distraire tous ceux qui critiquent le régime du Cndd-Fdd, de les empêcher tout contact avec leurs membres de l’intérieur du pays, de rendre la vie encore plus chère pour qu’en 2015, seul le Cndd-Fdd se présente en maître absolu sur le terrain de la compétition. Qu’en penses-tu M. Nyabenda ?