Bujumbura, le 27 avril 2015 (Net Press). C’est dans la matinée de ce samedi que Pierre Nkurunziza, président sortant, a annoncé sa candidature pour la troisième fois successive, ce qui a poussé les membres de la société civile et les partis d’opposition à mettre à exécution des menaces de marche-manifestation comme envisagé dès le départ.
Aussitôt après la décision de son parti, Pierre Nkurunziza s’est moqué de ses détracteurs en indiquant que la situation actuelle est facile à gérer car, à ses yeux, elle ressemble à du thé à boire. Pour lui, il avait eu à gérer tellement de situations compliquées qu’il ne peut pas avoir peur de ce qui se présente. Cependant, depuis ce dimanche 26 avril 2015, tous les indicateurs indiquent que le thé est plus chaud que le président ne le croyait. En effet, depuis ce dimanche, les populations de la capitale ont manifesté dans les rues de Bujumbura et des confrontations avec la police se sont faits enregistrer ici et là.
Un dimanche normal, une situation politique anormale
Tout s’était bien passé ce dimanche, les chrétiens ont suivi la messe comme d’habitude mais quelque chose dans les rues se tramait. En effet, des populations se sont mobilisées dans tous les quartiers et communes de la capitale, autour des bureaux de communes, pour se diriger vers la place de l’Indépendance située au centre de la ville de Bujumbura. Les policiers, armés jusqu’aux dents, ont tenté de repousser les populations, ce qui a été un peu plus compliqué car les mêmes populations ont affiché une résistance à laquelle la police ne s’attendait pas, d’où des échauffourées entre cette dernière et la population.
Mais la grande question est de savoir jusque quand la police va empêcher la population de manifester de façon pacifique. Car, comme l’a si bien dit Pierre Nkurunziza ce samedi, vox populi, vox dei ou la voix du peuple, c’est la voix de Dieu. La situation se retourne contre lui car le peuple a déjà montré qu’il est déterminé à manifester jusqu’à ce que Pierre Nkurunziza renonce à son projet de troisième mandat.
Pour fermer la Rpa, ce n’est pas compliqué, il faut porter une culotte
Plus le temps avance, plus les journalistes font des reportages en direct. Dans le chef des autorités politiques et administratives, c’est la colère et si le président est fâché, ses ministres le sont davantage. C’est dans ce contexte que le ministre de l’intérieur, Edouard Nduwimana, en culotte, et ses collègues de la sécurité et de la communication, se sont rendus au siège de la station, avec un mandat de fermeture de cette radio.
Des policiers sont montés dare-dare à travers les fenêtres de cette radio mais les trois ministres ont eu un bon réflexe de discuter avec les dirigeants de la station. Ils ont constaté qu’il y a la volonté de fermer cet organe alors que les autres radios étaient en train de faire la même chose, des reportages en direct. Ils se sont finalement convenus de laisser tomber des reportages en direct et il y a décision de se rencontrer ce mardi 28 avril 2015 pour accorder les violons.
Le bilan des affrontements lourd
Des vies humaines ôtées suite aux affrontements avec la police, des blessés également ont été enregistrés, parmi lesquels un policier. L’on parle déjà de trois personnes tuées pour la seule journée de ce 26 avril 2015. Pour des sources en provenance de la même police, ce ne sont pas de vrais policiers qui ont tiré sur des populations, ce qui signifie que cela pourrait être le fait des jeunes Imbonerakure en tenue policière.
A la question de savoir d’où ils auraient obtenu ces tenues, aucune réponse ne provient de la bouche de nos interlocuteurs. Cependant, au cas où l’information serait avérée, l’image de la police serait noircie pour de bon et les responsables devaient en répondre personnellement devant une justice internationale.
Cette situation, c’est la faute à l’opposition
Si les médias ont été la cible du pouvoir Nkurunziza dans la matinée d’hier, ce fut l’un des porte-paroles d’Agathon Rwasa, un politicien indépendant, François Bizimana, qui a été kidnappé dans l’après-midi d’hier. Il fut transporté à bord d’une camionnette Pick up de couleur blanche avec des vitres fumées. François Bizimana dit ne pas connaître celui qui l’a enlevé mais que s’il le veut, il peut l’identifier.
En cours de route, il lui a été reproché d’encadrer les mouvements populaires de la capitale. Il a rétorqué qu’il était dans une buvette tout près de chez lui et qu’il n’y était pour rien. A la question de savoir pourquoi parmi tout ce monde c’est lui seul qui a été arrêté, il n’a pas eu de réponse. Au bout de quelques heures, il a été relâché.
Même la diaspora est entrée dans la danse
Selon des sources d’information concordantes, l’Adc-Ikibiri à l’étranger, en collaboration avec des organisations de la société civile de la diaspora burundaise, invitent tous les Burundais opposés au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza et au bain de sang en cours à une manifestation organisée au siège de l’ambassade du Burundi à Bruxelles ce mardi 28 avril 2015 à partir de 11h30.
Un dimanche et un lundi, même détermination
La même manifestation de ce dimanche s’est poursuivie ce lundi 27 avril 2015 et la même population a tenu à poursuivre l’appel lancé par les organisations de la société civile et l’opposition. Mais ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est que policiers et militaires étaient en train d’encadrer conjointement les manifestations de la capitale. Il y a eu malentendu à un certain moment entre la police et l’armée, dans la commune urbaine de Nyakabiga, telle une parenthèse qui a été vite refermée. En effet, la police voulait lancer des gaz lacrymogènes aux manifestants, une attitude combattue par les militaires. A un certain moment, des populations poursuivies par la police fuyaient vers les militaires, ce qui est un signe de confiance par rapport aux policiers.
Fermeture de la Rpa Ngozi et Maison de la presse
Au moment où la presse privée composée de 5 radios à savoir Bonesha, Isanganiro, Ccib Fm+, Rpa et Radio et télé Renaissance organisaient des émissions en synergie, la police est intervenue avec brutalité à la maison de la presse. Elle a brutalement fermés le studio de la radio tout en traitant avec indécence les responsables de la place. La maison de la presse a été fermée et presqu’au même moment, il y a eu fermeture de la Radio publique africaine, antenne de Ngozi.
Pierre-Claver Mbonimpa, président de l’Aprodh, qui était l’invité de la synergie, il a été arrêté et embarqué dans un véhicule de la police vers une destination inconnue.
Un émissaire de l’Onu dans la région des grands lacs dans nos murs
Selon des informations qui parviennent à notre rédaction, l’émissaire des Nations unies dans la région des grands lacs est au Burundi pour une visite de travail. Au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons qu’il est en train de s’entrevoir avec le président de la République, Pierre Nkurunziza. L’on ne connaît pas encore le contenu de ces discussions mais la question du troisième mandat ne peut pas ne pas s’inviter. D’ailleurs, même sans détails, il y a lieu de croire que la décision du Cndd-Fdd de ce 25 avril 2015 serait à la base de ce déplacement. En effet, il suffit de penser aux déclarations des Etats-Unis, de l’Union européenne et celle de la présidente de l’Union africaine, Mme Zuma, sur l’actualité politique en cours au Burundi où elles semblent imputer toutes les conséquences au président de la République.
Le terme ville « morte » peut être appliqué pour qualifier Bujumbura.
Après l’annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza, les manifestations ont commencé depuis hier et les activités sont paralysées dans toute la capitale de Bujumbura. Hier, c’était dimanche mais aujourd’hui, c’est un jour de travail mais les gens ne se sont pas rendus à leur postes d’attache puisque les habitants dans des quartiers ne savent pas se déplacer. Ceux qui travaillent le font étant enfermés et ce sont surtout les banques qui ont ouvert d’une façon timide aussi.
Cette période sombre que traverse le pays ressemble à la période dite ville morte puisque les magasins et les restaurants, tout est presque fermé. On ne pouvait pas penser une seule seconde qu’un individu à la tête du pays pourrait nous faire reculer jusque dans des périodes des régimes à parti unique. C’est vraiment inquiétant quand on parle de démocratie dans ce pays et on risque de ne pas trouver un qualificatif de cette période qu’on est en train de vivre.
Une synergie des médias empêchée par la police.
Une synergie des médias vient d’être interrompue par la police à la maison de la presse et cela s’ajoute à la tentative d’hier de fermeture de la Radio publique africaine en plus des fréquences des trois stations privées à savoir la Rpa, Bonesha Fm et la Radio Isanganiro sont qui étaient suspendus à l’intérieur du pays. C’est au même lieu que le président de l’Aprodh M. Pierre-Claver Mbonimpa a été arrêté par la même police et conduit dans un endroit jusqu’ici inconnu. Deux autres activistes de la société civile sont en train d’être recherchés selon des informations qui nous parviennent et c’est Pacifique Nininahazwe du Focode et Vital Nshimirimana du Forsc.