Bujumbura, le 1er mai 2015 (Net Press). Ces parlementaires viennent de déclarer que l’Etat d’exception qui provient de la mise en cause de la constitution et des accords d’Arusha par le président Nkurunziza est à se défaire. Car il est matérialisé par les atteintes au droit à la vie exécutées impunément par a police, les services de renseignement et la milice Imbonerakure, la suppression des droits et libertés proclamés par la constitution notamment, le droit de manifester, la fermeture des radios, la suppression de la liberté de s’exiler, les nombreuses arrestations et détentions arbitraires. L’intégration des miliciens Imbonerakure dans les corps de défense et de sécurité, notamment la police et les services de renseignement en vue de faciliter la répression, sont aussi les caractéristiques de cet état d’exception cité par ces parlementaires, en n’oubliant pas le recours à des Interahamwe de triste mémoire dans l’exécution du génocide au Rwanda.
Face à tout cela, ces parlementaires exigent le rétablissement de l’ordre constitutionnel normal, le respect des principes démocratiques dont la limitation des mandats présidentiels à 2 termes, la neutralité des corps de défense et de sécurité. Ils exigent que la commission d’enquête qui vient d’être créée par le procureur général de la République qui ne fait que renforcer l’administration militaire et policière d’exception soit dissoute sans délais. Ils alertent les parlementaires extérieurs du Burundi et les organisations internationales spécialement les Nations-Unies et l’Union africaine sur la gravité de la situation que vit le Burundi et en appellent notamment à la responsabilité des Nations-Unies pour qu’elles agissent pour prévenir la catastrophe qui risque de se produire au Burundi.
Les manifestations se poursuivent avec la même ampleur
Dans la soirée de ce jeudi 30 avril 2015, au terme du 5ème jour des manifestations, un militaire a été tué par un responsable du service national des renseignements dans la commune urbaine de Musaga, au Sud de la capitale. A bord d’une voiture Hi-Lux, double cabine, se trouvaient 6 personnes dont 4 policiers et Joe Dassin, qui a tiré sur le militaire. Les populations de cette commune ont tout simplement brûlé le véhicule.
Même ce matin, les manifestations ont eu lieu dans les communes de Musaga, de Nyakabiga, de Kanyosha et de Cibitoke. Dans cette commune, les manifestations ont demandé aux policiers de les laisser pour qu’ils se rendent au centre-ville, ce qu’ils ont refusé. Ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est que les policiers n’ont pas tiré sur les populations. A Nyakabiga, les populations ont demandé que la Rpa soit de nouveau fonctionnelle. Dans la commune Kinindo, les Imbonerakure et les jeunes de Kibenga ont failli en venir aux mains n’eût-été l’intervention des militaires et des policiers. L’on notera qu’aux Etats-Unis, des Burundais de quelques villes comme Washington DC, Arizona, Dallas, Texas, etc. ont prévu de se joindre aux citadins de Bujumbura pour sauver les accords d’Arusha.
Les organisateurs de la campagne contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza, par le biais de Pacifique Nininahazwe, président du Focode, rendent un hommage vibrant au militaire tué ainsi qu’au jeune Jean Népo Komezamahoro, âgé de 15 ans, ainsi qu’aux autres qui ont perdu leurs vies dans ces manifestations. Il demande aux populations de la ville de Bujumbura de redoubler d’efforts pour ne pas donner la chance à Pierre Nkurunziza de briguer un mandat de la honte.
L’on se souviendra que le procureur général de la République a mis en place une commission d’enquête sur ce qu’il a appelé le mouvement insurrectionnel afin de les traduire devant la justice. Pacifique Nininahazwe n’y va pas par quatre chemins et indique que cette commission n’est pas nécessaire car ceux qui ont appelé à manifester sont connus. Par ailleurs, il trouve que celui qui devrait être jugé est celui qui a violé les accords d’Arusha et la constitution.
L’on devrait également signaler que les personnes qui étaient incarcérés dans les cachots du Bsr, atteignent aujourd’hui un effectif oscillant autour de 600 personnes, d’après les informations fournies par le président de l’Aprodh. Certains parmi eux sont ont été transférés dans les prisons éparpillées çà et là dans le pays. Nous apprenons que 75 personnes, toutes de sexe masculin, à bord de deux camions, ont été transférées à la prison centrale de Mpimba. Selon des informations en provenance de ce milieu, il semble qu’il y aurait beaucoup de cafouillage dans cette prison car l’on ne sait pas encore comment loger les nouveaux « locataires ».
Les étudiants du campus universitaire de Mutanga qui ont été chassés des homes par le ministre ayant la recherche scientifique dans ses attributions, se sont installés devant l’ambassade des Etats-Unis à Bujumbura, située à Kigobe. Ils ont reçu ce matin la visite de l’ambassadrice des Etats-Unis Dawn Libéri en compagnie de l’envoyé spécial de Barack Obama à Bujumbura, Tom Molinowski, qui leur ont assuré de ne pas les chasser de l’endroit et que leur sécurité est garantie. Ils ont demandé cependant aux autorités habilitées de la République de trouver une solution à ce problème posé.
D’après toujours le président de l’Aprodh, des informations à sa portée est qu’il y aurait un plan d’installer les Imbonerakure et les Interahamwe dans ses homes universitaires, raison pour laquelle les étudiants avaient été priés de laisser leurs chambres ouvertes.
Pour clôturer cette dépêche de la mi-journée, il faudrait faire savoir que des policiers ont investi les bâtiments abritant la radio publique africaine pour chasser les veilleurs. Cette situation inquiète beaucoup les milieux de la presse.
La diaspora de l’Adc-Ikibiri demande au président de l’assemblée nationale de prendre ses responsabilités.
Le coordinateur de l’alliance des démocrates pour le changement au Burundi, Adc-Ikibiri à l’étranger, a écrit une correspondance au président de l’assemblée nationale pour lui demander de combler le vide institutionnel consécutif à la désignation illégale du Président Nkurunziza au poste de candidat aux élections présidentielles de cette année. Pour cette alliance le président sortant a accepté de gaieté de cœur sa troisième désignation comme candidat aux élections. Cette dernière viole l’esprit et la lettre de l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi, ainsi que la loi fondamentale, trouve-t-elle.
Pancrace Cimpaye, qui vit à Bruxelles, revient sur l’ambiance qui régnait dans la salle après la décision de désigner Pierre Nkurunziza, qui s’est comparé, à travers son discours, à une fourmi rouge prête à mordre toute opposition au troisième mandat. Des copies ont été réservées au président du sénat, à Mohamed Rukara, médiateur, aux missions diplomatiques et au conseil des Bashingtantahe.
La directrice de l’Unicef pour l’Afrique de l’Est et du Sud s’exprime
Dans son communiqué d’hier, Leila Gharagozloo-Pakkala, la patronne de l’Unicef pour cette partie d’Afrique semble avoir peur que les enfants risquent d’être les premiers affectés par les confrontations en cours à Bujumbura et aux alentours. Des violations des droits de l’enfant inquiétantes ont été rapportées depuis le début de manifestations dans les rues de la capitale du Burundi le 26 avril, y compris des cas rapportés d’enfants entraînés dans des manifestations et détenus ou blessés physiquement, ainsi qu’un cas d’enfant tué.
Les lois burundaises et internationales établissement un respect clair pour les droits de l’enfant et la protection des enfants contre toutes violences. Protéger les enfants et réaliser leurs droits est une responsabilité partagée, y compris du gouvernement et des forces de sécurité, et les enfants devraient être tenus loin de tout mouvement politique ou actions qui pourraient les mettre à risque. Aucun enfant ne devrait être exposé à la violence, ni séparé de sa famille, conclut-elle.
Réduction des disparités salariales : la nième promesse de Nkurunziza, sera-t-elle la bonne ?
Au cours de son message à la nation prononcé hier soir, le chef de l’Etat, Pierre Nkurunziza, a fait le tour de toutes les grandes questions de l’heure, dont celle qui domine toutes celles qui se posent aujourd’hui, celle des élections qui approchent à grands pas.
Il a également abordé celle qui préoccupe les fonctionnaires, à commencer par les enseignants des écoles primaires et secondaires, qui constituent les ¾ des salariés de la fonction publique. par rapport aux promesses antérieures de même nature, il faut reconnaître qu’il y a tout de même une nouveauté, une avancée qui pourrait relativiser le pessimisme habituel des principaux concernés, à savoir l’existence d’une enveloppe de 80 milliards de francs burundais dont la distribution s’étendra sur quatre ans, soit 20 milliards une fois les douze mois.
Mais les enseignants, déçus à maintes reprises par les promesses antérieures non tenues sur ce dossier, préfèrent garder une certaine prudence, un certain attentisme car ils soupçonnent le numéro un burundais d’être mû par un certain électoralisme à un peu plus de 20 jours de la présidentielle du 26 juin 2015, car il pense que caresser les enseignants dans le sens du poil de la bête pourrait lui apporter quelques suffrages.
Le sous-secrétaire d’Etat américain pour les affaires africaines clair et limpide : « Pas de 3ème mandat pour Nkurunziza »
Il s’appelle Robert Jackson et surtout il fut un moment ambassadeur plénipotentiaire des Etats-Unis au Burundi, et aujourd’hui, il est sous-secrétaire d’Etat américain chargé des affaires africaines. Toute la journée de ce vendredi, il était l’invité de la Rfi pour s’exprimer sur la situation qui prévaut dans notre pays, et particulièrement à propos à propos d’un éventuel 3ème mandat que s’apprête à solliciter le président de la République malgré les protestations de la planète entière ou presque.
Sur la volonté de Nkurunziza à faire des prolongations à la tête du pays, la réponse du diplomate américain a été sans équivoque, il n’a pas du tout le droit, d’autant plus qu’il a un grand risque d’une explosion sociale si tel être le cas.
Le diplomate américain s’est basé sur l’esprit des accords d’Arusha et sur l’inviolabilité de la loi fondamentale qu’il faut respecter quoi qu’il arrive. Il a donc parlé d’un pays qu’il connaît bien et sa voix, celle de la première puissance du monde, vient s’ajouter à toutes celles, déjà nombreuses, qui déconseillent Nkurunziza de s’aventurer dans une réélection aux conséquences très fâcheuses pour lui et pour son pays.
Edouard Nduwimana nostalgique d’un bien triste passé au mandat en matière de la liberté d’informer.
Le ministre de l’intérieur, Edouard Nduwimana, s’est réjoui sans équivoque sans équivoque du retour d’un nombre important de nos concitoyens, parmi ceux qui avaient fui leur pays pour cause d’insécurité, causée les miliciens créés par le parti au pouvoir, les fameux Imbonerakure. Sur le principe, il n’y a rien à redire, car un citoyen contraint de chercher asile dans un pays qui n’est pas le sien perd par là un de ses droits les plus fondamentaux, celui de vivre sur la terre de ses ancêtres.
Malheureusement pour l’ancien gouverneur de Kayanza, il a fourni une explication à laquelle il n’a pas réfléchi avant de tourner et de retourner sa langue. Il a déclaré que le retour de ces fugitifs est intervenu après l’accalmie consécutive au silence total imposé à la Rpa et à l’interdiction des deux autres grandes radios indépendantes et privées d’émettre sur plus de 90% du territoire national, à Savoir Bonesha Fm et Isanganiro.
En d’autres termes, c’est parce qu’ils sont privés d’informations sur la situation réelle qui prévaut dans le pays provenant de sources qui n’ont pas de compte à rendre au pouvoir actuel qu’ils regagnent leur pays. cela rappelle la sombre période de l’histoire de notre pays d’il y a 43 ans en 1972, lorsque la seule radio gouvernementale qu’il y avait au Burundi, baptisée aujourd’hui « Radio Kabondo » par Léonard Nyangoma il y a quelques années, chantait les louanges à la gloire de Micombero nuit et jour, alors que des dizaines de Hutu étaient conduits à un voyage sans retour par son régime.
Apparemment que le ministre est heureux que la population burundaise, à l’exception de celle de la capitale, entende seulement les informations de Rema Fm et de Kabondo Fm, les deux radios subordonnées, surtout la première, à la volonté du pouvoir.
Le Parena encourage les manifestants contre Nkurunziza.
Ce parti piloté par Zénon Nimubona encourage ceux qui manifestent contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza et condamne énergiquement le gouvernement du Burundi et certains éléments de la police pour leur attitude partiale à l’égard des manifestants du Cndd-Fdd et ceux de l’opposition qui, pour les premiers sont traités comme des enfants chéris pendant que pour les seconds, ils sont des criminels sur qui il fau tirer à balles réelles alors que les manifestations sont autorisées par la loi.
Ce parti condamne le conseiller à la présidence chargé de la communication, M Willy Nyamitwe, qui, en prétendant défendre le 3ème mandat, minimise l’effectif des manifestants tout en insinuant le problème ethnique alors qu’il sait très bien que la question de troisième mandat ne se pose pas en terme ethnique mais plutôt en termes d’option politique adoptée sans réserve par tout le peuple burundais.
Le parena exhorte le peuple burundais en général et les manifestants en particulier de rester unis et soudés pour défendre la constitution de la République du Burundi, les accords d’Arusha ainsi que le droit à l’information et à la manifestation qu’ils protègent.
Y a-t-il eu génocide en 1972 et /ou en 1993 ou la mission impossible de la Cvr ?
Sans que l’on sache où en sont les balbutiements de la commission nationale « vérité et réconciliation » récemment créée par décret présidentiel, le moins que l’on puisse dire est que ses membres ont une mission presqu’impossible, car leur regard sur le passé, particulièrement celui de 1972 et de 1993, va susciter des clivages impossibles à surmonter entre ceux qui appartiennent aux deux grandes composantes de la nation burundaise, les Hutu et les Tutsi.
La première grande question qu’il va falloir résoudre est celle de savoir si le terme « génocide » doit être appliqué aux deux années qui symbolisent le plus le versement du sang des citoyens innocents d’une ampleur sans précédent, les Hutu en 1972 et les Tutsi 21 ans plus tard.
A la rédaction de Net Press, où l’on n’a pas de comptes à rendre à la Cvr, mais uniquement à ses lecteurs et à sa conscience, on peut affirmer qu’il y a eu « génocide » dans les deux cas, si du moins on se réfère à la définition acceptée par la communauté internationale = « extermination systématique programmée et intentionnelle d’un groupe ethnique précis ».
Et bien entendu, comme on est au Burundi, les citoyens de ce pays, y compris les intellectuels des deux bords ethniques, n’appliquent le terme « génocide » qu’à leurs compatriotes du camp d’en face, car eux-mêmes, en faisant ce qu’ils ont fait n’ont fait que « se défendre » (1972) ou « défendre la démocratie » (1973).
Mais comme Messeigneurs Jean-Louis Nahimana et Bernard Ntahoturi sont des hommes de Dieu, peut-être que le Tout-Puissant miséricordieux produira des miracles au cours des sessions à venir pour aboutir à un consensus, pourquoi pas ?