Dar Es Salaam, le 11 mai 2015 (Net Press). Autres temps, autres mœurs, dit-on dans la langue de Molière. Mais dans le cas de la politique burundaise, c’est pratiquement autres temps, mêmes mœurs, allusion faite à Pierre Nkurunziza qui va se faire « corriger » politiquement ce 13 mai 2015 dans la capitale tanzanienne par des figures – rwandaises et ougandaises - qui avaient « rossé » politiquement son prédécesseur du nom de Pierre Buyoya, et pour les mêmes raisons de mandat.
Selon des informations concordantes, le président Nkurunziza aurait une intention de s’absenter comme il en a l’habitude ces derniers jours, pour éviter qu’il y ait des gens qui lui disent de renoncer au troisième mandat. Mais, selon des sources en provenance de Dar Es Salaam, ces quatre chefs d’Etat de la sous-région, membres de l’Eac, lui ont demandé de participer personnellement à cette réunion et de ne pas déléguer quiconque parmi ses collaborateurs, fût-il Prosper Bazombanza, son premier vice-président et parfois son factotum.
C’est du thé chaud, pense-t-on dans les méandres du président sortant, mais cette fois-ci, il risque d’être assaisonné de piment car tous les indicateurs montrent que Pierre Nkurunziza doit absolument être clair en matière de mandat et non pas n’importe quelle clarté, abandonner le troisième mandat, auquel cas contraire ce sera une guerre ouverte contre l’Eac, contre l’Union africaine, contre l’Union européenne et contre les Etats-Unis. Va-t-il réussir là les autres ont échoué ?
Notons sur ce chapitre que le régime de Pierre Nkurunziza, toujours égal à lui-même, a décidé aujourd’hui d’empêcher les membres de la société civile de se rendre à Dar Es Salaam car il serait très gêné d’autant plus que c’est cette catégorie de Burundais qui sont à la tête du mouvement. Mais nous avons appris qu’au moment où les dignitaires de Bujumbura ont pensé à ces mesures vers 11 h 30, les délégués de la société civile étaient déjà au Kenya en route vers la capitale tanzanienne. Ils venaient de terminer la traduction de leurs textes en anglais et n’attendaient qu’une correspondance pour poursuivre leur chemin.
Burundi – Elections – Coopération
Le troisième mandat de Pierre Nkurunziza ou le mandat de tous les dangers
Bruxelles, le 11 mai 2015 (Net Press). Le vice-premier ministre belge chargé de la coopération, Alexander de Croo, a décidé de suspendre provisoirement l’octroi des fonds affectés au Burundi pour au moins deux raisons. D’une part, dans les conditions actuelles dans lesquelles se trouve le Burundi, les élections sont impossibles. Malgré que des proches du président indiquent que tout va bien, des bailleurs de fonds ne sont pas des gamins qui croient sur parole des autorités qui ont déjà affiché des intentions de tricheries électorales, qui ne respectent pas les manifestations, qui ferment des radios privées, etc.
Par ailleurs, le royaume de Belgique a suspendu également la coopération avec la police du Burundi car lors des manifestations, les éléments de la police ont tiré sur des gens sans défense, faisant au moins 11 morts à partir du 26 avril 2015. La question est de savoir ce que va gagner Pierre Nkurunziza lorsqu’il aura régné sur une police qui ne touche pas à la fin du mois. Affaire à suivre !
Burundi – Médias – Justice - Elections
L’Abr compte porter plainte contre l’Etat.
Bujumbura, le 11 mai 2015 (Net Press). Au moment où la radio Rpa est fermée depuis le 27 avril 2007 et les radios Isanganiro et Bonesha interdites d’émettre à l’intérieur du pays, l’association burundaise des radiodiffuseurs indique que le pouvoir de Nkurunziza est en train de violer toutes les lois en matière de la liberté de la presse. Patrick Nduwimana, président de l’Abr, précise que le président de la République veut que tout ce qui est en train d’être fait ne soit pas connu par tous les Burundais et visiblement, les élections en préparation sans synergie des médias ne peuvent pas être crédibles. Le pouvoir veut que la Rema et la Rtnb, ses propres médias, travaillent seules, ce qui est inadmissible.
Pour cela, les bailleurs qui avaient pensé que les médias pourraient contribuer dans la transparence des élections sont priés de retenir leurs aides aussi longtemps que les radios ne peuvent pas travailler et le studio de l’Abr fermé, a réitéré M. Nduwimana. Il ajoute que tout a été fait sans que ces médias n’aient violé aucune loi en matière de journalisme.
Concernant l’attitude que la police qui veut à tout prix entrer à l’intérieur de la Rpa, il met en garde le procureur en mairie de Bujumbura que ce qui va arriver sera à sa responsabilité. Pour toutes ces raisons, l’orateur dit qu’il va porter plainte dans les juridictions internes et externes comme la cour de l’Eac. Il a dit que la Rtnb et l’Onatel aussi vont être attaqués en justice pour avoir fermé les émetteurs et à l’Onatel d’avoir coupé les lignes téléphoniques de ces stations. Pour terminer malgré tout cela il demande la réouverture de la Rpa et l’ouverture sans condition de tout ce qui a été perturbé.
Burundi – Elections - Manifestations
La détermination des manifestants n’est pas celle qu’attendait le pouvoir du Cndd-Fdd.
Bujumbura, le 11 mai 2015 (Net Press). D’emblée, il convient de préciser que les manifestations ne font pas partie des mœurs politiques burundaises, tout comme les répressions policières qui en sont la conséquence qu’elles soient violents ou pas. Dans notre pays, les protestations contre une décision politique, quelle qu’elle soit, étaient de nature pacifique. Elles se limitaient jusqu’à présent à un arrêt du travail déclenché par les syndicats professionnels concernés jusqu’à ce que le patronat cède ou pas.
Des arrestations de ceux qui étaient considérés comme « des meneurs » s’opéraient, jusqu’à ce que la situation revienne à la normale. C’est pourquoi on peut affirmer que le pouvoir du Cndd-Fdd a été surpris par la tournure que sont en train de prendre les événements.
Il était persuadé qu’à partir du moment où la police allait ouvrir le feu à balles réelles, les manifestants allaient rentrer dans les rangs après avoir vu le sang des « camarades » couler et les cadavres étendus à même le sol.
Une grande erreur d’appréciation, car le Burundi n’est plus un îlot sur le continent africain où tout se passe « à huis clos » comme le pense le pouvoir. Il y a les radios, les télévisions et els sites inetrnet qui disent et qui montrent ce qui se passe ailleurs, au Burkina Faso, où les manifestants ont mis à terre un pouvoir plus enraciné que celui du Cndd-Fdd, 27 ans chez Blaise Compaoré. Ceux de Bujumbura ont dû se dire : « pourquoi ce qui a été possible à Ouagadougou ne serait-il pas possible chez nous ? »
C’est cela qui est en train de surprendre les inconditionnels de moins en moins nombreux de Nkurunziza, d’autant plus dramatiquement que ceux qui quittent les rangs de son cercle rapproché rejoignent ceux des protestataires.
Burundi – Manifestations – Elections - Education
Les grands perdants des manifestations : les élèves et les écoliers.
Bujumbura, le 11 mai 2015 (Net Press). Si les manifestants avaient déclenché leur mouvement de colère et le blocage de toutes les activités au premier ou au deuxième trimestre de l’année scolaire, la situation aurait été gérable par le ministère de l’enseignement de base et secondaire. Mais en choisissant la période correspondant à la fin de l’année scolaire, ils ont « ajouté le drame au drame » pour emprunter la célèbre formule buyoyiste de 1988.
En effet, il parait que le concours national du 7 mai 2015 que l’on voudrait présenter comme s’étant déroulé dans des conditions « globalement normales » a connu des ratés dans la plupart des centres de concours. Qu’en sera-t-il du test de 10ème et surtout de la préparation de l’examen d’Etat ?
Sans parler de la fin du 3ème trimestre, dont le début des examens est fixé à la première semaine de juin qui approche à grands pas. Comment les professeurs vont-ils faire passer des épreuves sur de la matière qui n’aura pas été enseignée ?
Burundi – Sécurité - Education
Le ministre Nkezabahizi en « pacificateur » au lycée de Kiganda.
Muramvya, le 11 mai 2015 (Net Press). Le ministre de la communication, M. Tharcisse Nkezabahizi, se trouvait au cours du dernier week-end au lycée de Kiganda situé en province de Muramvya, avec pour objectif de ramener le calme et la sérénité perturbés sérieusement par la désertion massive de l’établissement par les élèves internes.
Plus de 350 parmi eux manquaient à l’appel lorsqu’il a été accueilli sur place suite aux informations qui leur parvenaient à l’oreille qui n’étaient pas du tout rassurantes pour eux. Le ministre s’est dit « heureux » de se trouver à ce lycée à côté de ces enfants, qui ont été complètement déstabilisés par une propagande interethnique. Il a expliqué sa satisfaction en constatant que parmi les élèves qui n’avaient pas succombé à la propagande de division basée sur les ethnies, il y avait des enfants hutu et des enfants tutsi qui se tenaient main dans la main.
De même, parmi ceux qui étaient partis, les deux principales ethnies étaient représentées, un signe, selon le ministre, que les propagandistes avaient échoué dans leur intention de dresser un camp contre un autre.