Bujumbura, le 13 mai 2015 (Net Press). Pierre Nkurunziza, président sortant du Burundi, puisqu’il ne lui restait que 3 mois de règne sans partage, a vu sa carrière politique brusquement terminée ce mercredi 13 mai 2015 par un coup de force opéré par un général major du nom de Godefroid Niyombare, issu des milieux du Cndd-Fdd. Ce dernier a tout occupé comme fonctions dans ce pays car, outre qu’il a été ambassadeur du Burundi auprès du Kenya, il avait également été rappelé pour occuper la tête du service national des renseignements où il ne passera que trois mois. Il était tombé vite en disgrâce avec le pouvoir de Pierre Nkurunziza car il avait sorti un rapport indiquant que la troisième candidature de Pierre Nkurunziza desservirait plutôt le pays et ce, sur tous les plans.
Godefroid Niyombare : de la clandestinité à la présidence
Pierre Nkurunziza doit comprendre qu’il y a finalement l’ironie du sort. En effet, depuis que le général major a quitté la tête du service national des renseignements, il est entré en clandestinité car plusieurs sources d’informations indiquaient qu’il était ardemment recherché par les alentours de Pierre Nkurunziza pour l’exécuter sommairement. Et une fois que ces vautours du président avaient constaté l’échec de leur projet, ils ont cherché à éliminer une pauvre dame qui n’était autre que Mme Niyombare. Heureusement pour elle, elle s’en est sortie indemne. Godefroid Niyombare est connu comme un garçon de ville qui ne pensera pas du tout à se venger pendant cette période de transition de 18 mois.
Pierre Nkurunziza ne pouvait pas narguer des personnalités venues de toute la planète
Comment se pouvait-il que Pierre Nkurunziza survive au refus des conseils venus pratiquement de toute la planète ? Cela aurait été tout simplement inimaginable sauf dans l’entendement de Pierre Nkurunziza lui-même, d’Adolphe Nshimirimana et d’Alain Guillaume Bunyoni. Dans le cas contraire, comment comprendre que les Etats-Unis, qui ont suivi de bout en bout les pourparlers inter burundais, de Jimmy Carter à Barack Obama, en passant par Bill Clinton, lui aussi démocrate, pouvaient sacrifier le parti démocrate américain au profit d’un aventurier ? Comment ne pas comprendre que si Pierre Nkurunziza réussissait son coup, cela aurait tenté également le Congo de Joseph Kabila et la Rwanda de Paul Kagame ? Comment comprendre que toutes ces personnalités qui se sont mobilisées pour conseiller le président sortant allaient être tout simplement multipliées par zéro, parce que Nkurunziza le veut ainsi, avec le soutien d’Imbonerakure ? Il faut être Pierre pour y croire.
La population exhibe sa joie dans les rues de la capitale
Sans que l’on sache ce qui allait se passer exactement, l’on pouvait se rendre compte que le centre-ville avait changé de look. Déjà à partir des quartiers, le mouvement vers la ville était des plus compliqué, mais tout le monde était décidé car l’on entendait ici et là que l’objectif à atteindre est la place de l’indépendance. Et vers 10 heures 40 minutes, des femmes manifestantes venaient d’arriver à cet endroit au grand dam de la police.
Avec son camion à jet d’eau, la police a dispersé la foule mais les femmes ont résisté en supportant vaillamment l’eau leur envoyées. Une d’entre elles a été très affectée et transportée à l’hôpital. C’est autour de ces heures – là que les choses se sont précipitées car quelques minutes après, les policiers sont disparus de la circulation. Ils venaient d’apprendre que le pouvoir a changé de main par un coup de force.
A l’annonce de cette information par les radios privées, la radio nationale n’émettant que de la musique, les populations à l’effectif incalculable sont descendues dans la rue avec une joie sans borne qui se lisait sur les visages. Elles chantaient qu’elles ont lessivé l’aigle –symbole du Cndd-Fdd - et que le thé a fini par brûler la bouche du président. Cette joie a été multipliée par on ne sait combien de fois quand elles ont appris presqu’au même moment que la radio publique africaine était rouverte.
Un coup d’Etat qui en rappelle un autre
En date du 2 septembre 1987, le président Jean-Baptiste Bagaza fut invité à prendre part au sommet France – Afrique au Québec au Canada. L’ancien président hésita un moment, mais sur insistance de Jacques Chirac, alors premier ministre, il se résolut à se rendre dans ce pays continent. Ce n’est que le lendemain qu’il a appris qu’il était désormais ex-, déchu par un major qu’il soupçonnait beaucoup, Pierre Buyoya.
De même, le président Pierre Nkurunziza a été invité à prendre part à un sommet des chefs d’Etat de l’Afrique de l’Est. Comme son lointain prédécesseur, il a hésité, voulant se faire représenter à cette rencontre. Les organisateurs ont poliment refusé une représentation et ont insisté sur sa personnelle participation. Et voilà que 28 ans plus tard, un autre coup de force vient d’être opéré sans effusion de sang.
Enfin,
Alors que les manifestants qui venaient de le faire pendant une vingtaine de jours voulaient se rendre vers la ville, surtout ceux de Musaga, c’est à 13 heures que le Général-Major Godefroid Niyombare annonce que le pouvoir de Nkurunziza vient d’être déchu. Il a annoncé que le pouvoir avait tant opprimé les Burundais dans tous les sens et que cela ne pouvait pas être accepté dans notre pays. Il n’a pas oublié de dire que le pouvoir de Bujumbura avait livré certains éléments de la police à tuer la population qu’elle devait plutôt protéger.
Ce 13 mai devient donc un un jour inoubliable dans la vie de beaucoup de Burundais qui avaient souffert des méfaits touts azimuts et c’est un jour où les manifestations avaient envahis tous les quartiers de la capitale de Bujumbura. Dans les rues, les gens chantent et ne font que remercier le bon Dieu qui vient de les tirer de ce pouvoir dictatorial qu’on n’avait jamais connu.
Signalons que le Général-Major Niyombare a précisé qu’il y a un comité de redressement de la concorde nationale qui est mis en place et le gouvernement est dissout, seuls les secrétaires permanents des ministères assureront les affaires courantes dans les services.