Bujumbura, le 30 mai 2015 (Net Press). De nombreuses réunions se tiennent ces derniers jours dans la capitale burundaise, toutes concentrées sur la grande crise politique qui sévit dans le pays. Elle a débuté avec les manifestations qui bloquent les activités de la capitale que le pouvoir du Cndd-Fdd tente de minimiser, arguant que sur 99,999% du territoire national, les activités se déroulent normalement.
Un argument tout à fait ridicule et archifaux, car la capitale d’un Etat c’est comme le cœur d’un organisme humain. Quant il ne fonctionne pas, c’est comme si tout l’organisme était bloqué. Pour ne prendre qu’un exemple, on ne peut pas se rendre à l’étranger, sans passer par l’aéroport de Bujumbura et pour importer des tonnes de marchandises, on ne peut le faire sans utiliser le port de la capitale.
C’est pourquoi tous les observateurs placent l’espoir dans le sommet régional des pays de l’East african community (Eac) de ce dimanche 31 mai 2015. Pierre Nkurunziza sera au cœur des débats, et ces pays-là auront un ascendant plus important sur lui que les autres rencontres régionales ou internationales déjà tenues ou en voie de se tenir. Pour rappel, on se souvient que ce sont les pays de l’Eac qui, en juillet 1996, décrétèrent un embargo total contre le Burundi (aérien, terrestre et maritime) afin de « punir » Pierre Buyoya d’avoir opéré un coup d’Etat militaire et de le contraindre d’ouvrir des pourparlers de paix avec les rébellions hutu.
Selon des informations obtenues au moment où nous mettons sous presse, Pierre Nkurunziza ne se rendra pas à Dar Es salaam pour prendre part au sommet le concernant. Il entend se faire représenter par son tout nouveau ministre des affaires étrangères, Aimé Nyamitwe.
Par contre, son pari a poursuivi la campagne électorale et semble se diriger dans la commune de Kanyosha, un quartier actif dans les manifestations contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Cependant, le jeu n’est pas des plus faciles car, apprend-on de sources concordantes, qu’une autre commissaire de la Ceni aurait emboîté le pas à la vice-présidente de cette institution, Mme Spès-Caritas Ndironkeye.
Burundi - Elections
Pierre Nkurunziza, doit-il intervenir en tant que président ou en tant que candidat.
Bujumbura, le 30 mai 2015 (Net Press). La question n’est pas nouvelle, elle est loin d’être tranchée et ne le sera peut-être jamais. En effet, il est difficile, voire impossible, de savoir si le président qui est à l’œuvre pendant la campagne électorale, le fait pour s’attirer les voix des électeurs ou pour remplir l’exercice de ses fonctions.
Même dans les pays développés où la démocratie est une « vieille histoire », la question se pose de temps en temps. Ainsi par exemple, lors de la présidentielle de 1981 qui, en France, vit la victoire de François Mitterrand face à Valéry Giscard d’Estaing, les partisans de l’ancien président socialiste réclamèrent et purent obtenir le même temps d’antennes en faveur de leur candidat pour réagir après une catastrophe nationale qui venait de frapper le peuple français.
Comme c’était au plus fort de la campagne électorale, ils ne voulaient pas que M. Giscard d’Estaing apparaisse comme le seul « père de la Nation » frappé par l’émotion qui venait de s’abattre sur son pays. Le coup fut réussi et même très bien réussi, et Mitterrand sut trouver des mots justes qui touchèrent le cœur des Français mieux que son adversaire, ce qui lui fit gagner des voix au second tour de la présidentielle du 10 mai 1981. Dans notre pays, Pierre Nkurunziza, président en exercice et président sortant, se trouve presque dans la même situation que Valéry Giscard d’Estaing. La question a été brièvement évoquée avant-hier à Gitega par le conseil national de la communication, sans qu’une réponse satisfaisante soit trouvée entre un président à l’action qui cherche des voix et un chef d’Etat en exercice qui remplit ses fonctions sans aucune arrière-pensée électoraliste.
Burundi – Nigéria – Guinée – Economie – Elections
Le Nigéria et la Guinée-Conakry à la « une » du dernier numéro de « Jeune Afrique ».
Les deux pays de l’Afrique Occidentale occupent la plus grande partie du dernier numéro de l’hebdomadaire « Jeune Afrique » fondé par Béchir Ben Yahmed en octobre 1960. Le Nigéria, le pays africain le plus peuplé avec 15% de la population du continent noir est présenté dans la perspective des trois mois à venir, avec cette difficulté énorme sur le plan économique, que le prix du pétrole a beaucoup baissé.
Or, il se fait que ce produit représente plus de 70% des recettes à l’exportation, et d’ici au milieu du mois de septembre 2015, tous les indicateurs seront au rouge. Le président nouvellement élu, Mahmoud Bouari, doit passer tout le temps « à se gratter la tête » car il ne sait pas quoi faire pour redresser la situation.
Quant à la Guinée Conakry, déjà en précampagne électorale, « Jeune Afrique » y décrit une opposition sans programme réel, étant donné que les partis politiques qui la composent ne s’entendent que sur un point, celui de chasser du pouvoir Alpha Condé, le président sortant. Est-ce réellement suffisant ? S’interroge notre confrère.