Le 1er juin 2015 (Net Press). Depuis que le président Nkurunziza a annoncé sa candidature pour un troisième mandat en date du 25 avril 2015, des réactions n’ont pas tardé à se faire sentir. Les leaders de l’opposition et ceux de la société civile ont mis à exécution les menaces de manifestations pacifiques pour contraindre le président Nkurunziza à renoncer à cette candidature. L’on ne reviendra pas ici sur tous les épilogues avant le congrès du Cndd-Fdd, mais ce qui était évident, c’est que toutes les parties étaient « décidées », que ce soit le camp présidentiel, que ce soit celui de l’opposition. Aujourd’hui, les pots sont déjà cassés, les différentes confrontations entre les manifestants et la police sont une réalité dans la capitale Bujumbura, des morts et des blessés, des arrestations sont également le lot quotidien dans ce pays, dont le mouvement commence à regagner d’ailleurs l’intérieur du pays. Aujourd’hui, il est question d’éteindre le feu, raison pour laquelle des initiatives sont entamées ici et là pour que le Burundi ne sombre pas encore une fois dans la folie meurtrière.
Sommet de Dar Es Salam : un deuxième rendez-vous manqué
En date du 31 mai 2015, les chefs d’Etat de la communauté de l’Afrique de l’Est devaient se rencontrer dans la capitale tanzanienne pour analyser l’évolution de la grave crise politique qui secoue toute la classe. Ce problème burundo-burundais a ceci de particulier, qu’il s’exporte facilement vers les pays voisins, en y envoyant des réfugiés, donc des « difficultés » car il est difficile de gérer une dizaine de milliers de réfugiés qui arrivent à l’improviste sans infrastructures préalablement établies pour les accueillir. Ce sommet avait donc suscité un grand espoir, surtout dans le camp de l’anti-troisième mandat, qui espérait que les chefs d’Etat de la région allaient dissuader le nôtre au sujet de ce mandat.
Après le sommet, un bilan mitigé
Déjà avant que le sommet ne se tienne, il y avait déjà polémiques à travers toute la classe politique de ce pays. D’emblée, l’on a appris que le président Nkurunziza n’allait pas participer à ce sommet alors qu’il est le principal concerné d’autant plus qu’il est à l’origine de la question qui divise tous les Burundais aujourd’hui. En outre, Pierre Nkurunziza indiquera qu’il ne se présentera pas à ces assises car il s’occupe de la campagne pour les élections du 5 juin 2015.
Sur place à Dar Es Salam, en plus de l’absence remarquée de Pierre Nkurunziza, l’autre absent de taille est le Rwandais Paul Kagame, qui n’a pas participé ni envoyé sa ministre des affaires étrangères. Selon des informations en provenance de la capitale rwandaise, le président rwandais n’aurait pas voulu participer au jeu de cache-cache que veut imposer Bujumbura, surtout que Kigali a le gros des réfugiés. On se rappellera que c’était la deuxième fois que Pierre Nkurunziza ne participe pas au sommet du genre, le premier étant celui du 13 mai 2015, suite à une tentative de renversement des institutions, un coup de force qu’une certaine opinion de la capitale estime d’ailleurs qu’il est discutable.
Solidarité négative ou indifférence intéressée ?
Le sommet de Dar Es Salam s’est contenté de recommander au Burundi de reporter les élections d’au moins un mois et demie et que les discussions se poursuivent dans l’entre-temps entre toutes les parties concernées. Pour une certaine opinion proche du pouvoir du Cndd-Fdd, c’est une satisfaction car la souveraineté du Burundi a été respectée, selon le ministre burundais des relations extérieures, Alain Nyamitwe. Cependant, ce n’est pas tellement une victoire du point de vue du président de cette formation politique, qui évoque la question du vide institutionnel que pourrait causer ce report des élections. Pascal Nyabenda ne voit pas non plus le type de dialogue avec l’opposition car à ses yeux, tout a été épuisé. Il s’agit de deux points de vue Cnddfddistes qui n’arrangent pas du tout le président sortant car, qu’il le veuille ou pas, il pourrait se voir condamner à suivre la recommandation des chefs d’Etat de la région, à moins qu’il ne trouve, de façon mystérieuse, un autre mécanisme très rapidement d’atteindre un quorum au niveau de l’arbitrage de la Ceni.
Du côté de l’opposition, les chefs d’Etat africains ont une solidarité négative et préfèrent esquiver des questions essentielles pour ne pas condamner leur pair. C’est pour cela qu’ils n’ont rien dit à propos de la troisième candidature de Pierre Nkurunziza, ce qui a fort étonné tous les participants à ce sommet. Pour une autre opinion, parmi ces présidents qui ont siégé, il y en a qui veulent également lorgner le comportement de la communauté internationale afin de changer leurs constitutions, une fois l’ « expérience » burundaise réussie.
Parmi toujours ceux qui sont contre la candidature de Pierre Nkurunziza, une partie d’entre eux estime cependant que les recommandations des chefs d’Etat sont les bienvenues et qu’elles peuvent changer les choses sans effusion de sang. C’est une question de conception et sur ce terrain, la rédaction est convaincue que les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Ces derniers estiment cependant que les présidents présents auraient quand même déclarer quelque chose sur l’absence des médias indépendants dans le pays.
Et la communauté internationale ?
Elle avait été pourtant claire, à commencer par l’Union africaine pilotée par Mme Zuma. De passage à Bujumbura, elle se montrait opposée à une troisième candidature de Pierre Nkurunziza dans ses prises de position, même si les deux personnalités ne sont pas parvenues à s’entendre. L’Union européenne, les Etats-Unis d’Amérique, le numéro des Nations unies, tout le monde a tenté de dissuader le président Nkurunziza mais en vain. Ils avaient en effet conseillé de respecter et la constitution burundaise et l’accord d’Arusha pour la réconciliation du peuple burundais, mais rien n’y fut. Vont-ils baisser les bras suite à une mesure au yoyo prise par les trois chefs d’Etat de l’Afrique de l’Est ? Wait and see !
Spécial « 1er juin 1993 »
Le Tsunami pour les uns, le Grand Soir pour les autres.
Le 1er juin 1993, les électeurs burundais se rendaient aux urnes pour élire leur président avec le système « un homme une voix » dont peu d’observateurs nationaux comme étrangers savaient ce qui allait en sortir. Les résultats furent proclamés le lendemain peu après 19 heures par celui qui était ministre de l’intérieur, François Ngeze, presqu’en larmes. Le président sortant, Pierre Buyoya fut battu avec un peu plus de 32% de suffrages et le vainqueur, Melchior Ndadaye, 65% de votes.
Aussitôt les résultats annoncés, le tout Kamenge, le plus grand bastion hutu, se lança dans une clameur énorme qui se fit entendre jusqu’à Kanyosha pendant des minutes, une preuve que les citoyens de la majorité ethnique attendaient beaucoup de cette élection. Ils passèrent toute la nuit à boire et à danser, très heureux qu’un des leurs venait d’accéder enfin à la magistrature suprême.
A l’inverse, ce fut la consternation totale chez les Tutsi de la capitale, et dans les quartiers où ils étaient majoritaires, ce fut un silence de cimetière qui accueillit la triste nouvelle « nécrologique ». En définitive, le « Grand Soir » chez les vainqueurs et le « Tsunami » chez les vaincus, mais malheureusement, les choses ne devaient pas en rester là car un peu plus de 3 mois plus tard, l’irréparable fut commis avec des conséquences que nous ressentons encore, 22 ans jour pour jour après le vote historique.
Le scrutin « un homme, une voix » défavorable aux Tutsi quoi qu’il arriva.
Dans un pays où les proportions ethniques sont de 85% hutu et de 14% tutsi, il était difficile, voire même impossible que les résultats du 1er juin 1993 soient différents de ce qu’ils furent il y a 22 ans. Certes, Melchior Ndadaye ne parvint pas à attendre le vote massif qu’il croyait obtenir, et Pierre Buyoya dépassa largement les 14% des suffrages de son ethnie.
Cela s’explique par le tournant historique de Ntega et Marangara de 1988, lorsque les massacres dans les deux communes du Nord du pays le contraignirent à ouvrir plus largement les portes du pouvoir à la majorité ethnique.
50% de ministres hutu et 50% de ministres tutsi, même parité ethnique chez les gouverneurs de province, tout cela après la nomination d’un premier ministre hutu, cela ne s’était jamais vu depuis des années, à l’exception d’une brève période qui suivi l’indépendance en 1962.
Il faudra que les citoyens burundais atteignent une maturité ethnique inimaginable à ce jour, pour qu’une majorité d’électeurs hutu accordent leurs voix à un candidat tutsi lors d’un scrutin présidentiel, législatif ou communal, mais cette évolution des mœurs politiques fait partie d’un scenario pas du tout imaginaire.
Le 1er juin 1993 : une occasion pour les Hutu de « sortir » de la nuit des temps.
Depuis l’accession de notre pays à l’indépendance en 1962, à l’exception de quelques scrutins véritablement démocratiques qui se déroulèrent jusqu’en 1966, aucune élection ne s’était tenue réellement pour permettre au peuple de s’exprimer individuellement pour la désignation de ses dirigeants.
Certes, il y avait des élections ou plutôt ce qui en tenait lieu, car la période du parti unique et pas seulement au Burundi, était l’occasion d’organiser des consultations populaires qui, racontées aux jeunes générations actuelles, provoquant des rigolades.
Ainsi, sous Michel Micombero (1966-1976) et Jean-Baptiste Bagaza (1976-1987), lors de l’élection présidentielle, il y avait deux urnes dans la grande salle d’élection, tellement grande que tout le monde pouvait voir dans quelle urne était déposé le bulletin de vote.
La première urne était blanche et la seconde était noire. Sur la première était inscrit en gros : « EGO = OUI », et sur la seconde OYA = NON », correspondant respectivement au vote en faveur du président candidat et au vote en sa défaveur parce qu’il était le candidat unique.
Et bien entendu, il y avait comme observateurs les officiels de l’Etat à commencer par ceux de la sûreté pour surveiller ceux qui déposeraient leur bulletin dans la « mauvaise » urne, i.e celle de couleur noire.
Tel était le déroulement du vote électoral et « très démocratique » à l’époque de l’Uprona, le parti unique et où il était impossible que le pouvoir sortant soit « sorti » par les urnes.
Burundi – Confessions religieuses
Le mystère de la Sainte Trinité « expliqué » par Mgr Venant Bacinoni.
Bujumbura, le 1er juin 2015 (Net Press). D’emblée, l’Evêque du diocèse de Bururi invité ce dimanche par Radio Maria Burundi, affirme que ce n’est pas possible de percer ce mystère, même s’il n’a pas ajouté que le grand philosophe des Lumières, Voltaire, s’en moquait déjà au 18ème siècle.
Mgr. Bacinoni s’est basé sur une histoire presqu’anecdotique que les enfants en bas âge apprennent en même temps qu’on leur enseigne le catéchisme à l’école primaire. Cette histoire est celle de Saint Augustin qui vécut au bord de la mer et très pensif, un jour, il vit un petit enfant (très probablement un ange), tentant de vider toute l’eau de la mer pour la remplir dans un trou qu’il venait de creuser.
S’approchant de lui sans savoir qu’il était le Saint homme lui dit en quelque sorte que c’était un petit fou parce qu’il n’y parviendrait jamais. Et l’enfant lui répondit qu’il y parviendrait certainement, bien avant que, lui, Saint Augustin, ne parvienne à percer le mystère de la Sainte Trinité qu’il tentait de comprendre. Aussi anecdotique qu’elle ait toujours été depuis des siècles, cette histoire montre combien il est impossible, aux yeux des chrétiens que nous sommes, de comprendre comment trois personnes distinctes (Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint Esprit) peuvent constituer une seule personne.
C’est ce 31 mai 2015 que tous les pasteurs de l’Eglise catholique Romaine, du plus grand au plus petit, ont tenté d’expliquer aux fidèles du Burundi et d’ailleurs, sans du tout être sûrs d’y parvenir. Comment pourraient-ils réussir là où le grand Saint, qui était un grand intellectuel, a échoué ?