Bujumbura, le 4 juin 2015 (Net Press). La réponse est d’emblée non car la politique burundaise devient comme un bateau qui navigue à vue et où, ni le pilote, ni les passagers, personne ne voit le bout du tunnel. En effet, s’il y a eu report des élections, c’est que d’une part les chefs d’Etat de la sous-région étaient convaincus que les élections dans un contexte actuel ne sont pas possibles. Cela serait également une constatation de Bujumbura qui n’avait pas pourtant arrêté de mener sa campagne pour ce 5 juin 2015 en guise des communales et des législatives. L’opposition n’a pas non plus mal accueilli ce report du fait qu’elle n’a jamais été sur terrain car, se plaint-elle, les Imbonerakure l’en empêchent.
Du côté des manifestations, sur terrain, l’on se rend compte que le mouvement s’affaiblit mais les manifestants restent dans leurs quartiers, tentent de barricader les routes avant que la police ne vienne dégager les objets placés dans les rues par les habitants. Parfois, la police intervient avec brutalité et tire sur les personnes qui montent la garde. C’est dans ce contexte que deux personnes ont été tuées dans la commune urbaine de Ngagara, quartier 7, à deux heures du matin, alors qu’ils faisaient la ronde.
Ce matin, les habitants de Ngagara étaient encore sous le choc et ont fait des manifestations tout près du quartier 7, sur la route Buconyori, où les manifestants faisaient le tour de ce quartier. La police, comme d’habitude, a tiré sur la foule mais la rédaction n’était pas encore au courant des dégâts causés par ces affrontements au moment où nous mettons sous presse. Parallèlement à ces activités, au Sud de la capitale, à Musaga, des manifestations ont également eu lieu ce matin et les manifestants, contrairement aux jours précédents, ont pu accéder à la Rn7 et il n’y avait pas de circulation routière en ce moment.
A l’intérieur du pays, des manifestations se font encore remarquer comme c’est le cas ce matin à Mukike, dans Bujumbura dit rural. Les habitants de cette contrée ont entamé une marche pacifique vers les tombes de deux personnes récemment tuées par la police lors des manifestations, avant de la poursuivre vers la paroisse de Mayuyu. Son curé en a profité pour célébrer une messe en mémoire des disparus, mais également une prière pour la paix au Burundi.
D’après des informations qui parviennent à notre rédaction, des discussions entre les politiciens, aussi bien de la mouvance que de l’opposition, et la société civile pourraient reprendre la semaine prochaine. L’opposition et la société civile souhaiteraient que toutes les questions soient étudiées, l’arrêt des manifestations, donc des violences, tout comme la question du troisième mandat du président sortant, Pierre Nkurunziza.
Burundi – Etats-Unis – Elections
Les Etats-Unis toujours opposés au troisième mandat de Pierre Nkurunziza
Washington DC, le 4 juin 2015 (Net Press). Selon le porte-parole du département d’Etat américain, John Kirby, son gouvernement a indiqué ce 2 juin 2015 qu’il reste opposé à un troisième mandat car il viole l’accord d’Arusha. La rédaction livre à l’auteur l’intégralité de la déclaration.
« Les Etats-Unis restent opposés à un troisième mandat car il viole l’Accord d’Arusha
« Le gouvernement américain réitère sa position selon laquelle le gouvernement burundais devrait respecter les principes de l’Accord d’Arusha, y compris les dispositions relatives aux limitations des mandats. L’Accord d’Arusha, scrupuleusement négocié et convenu par les différentes parties et secteurs du Burundi, a mis fin à des années de guerre civile tragique et a jeté les fondements de la période post-conflit du Burundi.
« La décision du président Pierre Nkurunziza de ne pas respecter les limitations des mandats prévues par l’Accord d’Arusha a déstabilisé le Burundi et la sous-région, a déclenché les violences dans le pays, et a déstabilisé le bon fonctionnement de l’économie burundaise. Les actions perturbantes du gouvernement de restreindre sévèrement l’espace politique et la liberté de la presse, de réprimer violemment les manifestations politiques, les pressions exercées sur la Cour Constitutionnelle et la Commission Nationale Electorale Indépendante et le recours signalé à une milice armée des jeunes affiliés au parti au pouvoir pour intimider les manifestants et les membres de l’opposition, sont en contradiction des principes fondamentaux d’une gouvernance démocratique et sont aussi nettement en contradiction avec la déclaration du président Pierre Nkurunziza affirmant son respect de l’Accord d’Arusha et d’un Etat de droit.
« Les Etats-Unis d’Amérique font écho à la recommandation de la communauté est-africaine de reporter les élections au Burundi, exhortent les différentes parties de ne plus recourir à la violence et de faire preuve de retenue, et appellent au désarmement de tous les jeunes affiliés aux partis politiques dans les plus brefs délais. Les Etats-Unis d’Amérique encouragent également la sous-région à jouer un rôle de leadership dans la recherche d’une solution à l’actuelle crise, et encouragent de même les pays de la sous-région à organiser des visites de haut-niveau au Burundi afin de rappeler l’importance du respect de l’Accord d’Arusha et de s’assurer que les conditions nécessaires pour des élections libres, équitables et crédibles sont présentement réunies au Burundi. »
Burundi – Belgique – Médias
Conférence sur le Burundi à l’Ulb
Bruxelles, le 4 juin 2015 (Net Press). Des initiatives pour venir en aide aux citoyens burundais dans l’ensemble aujourd’hui sinistrés par une grave crise politique sont observées à travers le monde. En date du 2 juin 2015, une conférence publique vient d’être animée dans les enceintes de l’université libre de Bruxelles.
Plusieurs personnalités ont pris part à cette activité et le panel comptait des politiques, des académiques, des membres de la société civile, etc. La salle était comble, il y avait des centaines de personnes, des dizaines de gens debout et plein dans le couloir qui n’ont pas pu entrer. La diaspora burundaise, des dizaines de Belges, des Burkinabé du mouvement « balai citoyen » et des Congolais étaient venus pour partager leurs expériences.
Selon des informations en provenance de Bruxelles, beaucoup d’idées concrètes ont été proposées. Il semble même que le cabinet du ministre Alexandre le Croo a indiqué clairement que l’appui à la reconstruction du secteur des médias serait une priorité du gouvernement belge. Et de conclure que si la coopération bilatérale était suspendue, d’autres voies d’appui aux populations burundaises seraient trouvées, notamment à travers la société civile et les médias.
Burundi – Sécurité – Communication
Heureuse qui, comme la police burundaise, œuvre dans un pays où il y a une radio unique
Bujumbura, le 4 juin 2015 (Net Press). Depuis les quelques six semaines qu’ont débuté les manifestations contre un troisième mandat que cherche à s’octroyer Pierre Nkurunziza, les informations ad hoc ne sont livrées que par une seule radio, la radio gouvernementale baptisée « Kabondo » il y a des années par Léonard Nyangoma.
A propos des événements nationaux et surtout sur les manifestations qui se déroulent depuis lors, une seule version est entendue sur les ondes, celle que veut faire savoir les différents porte-paroles officiels (celui de l’armée, de la police, du gouvernement et celui du parti au pouvoir) et rarement ceux des formations politiques de l’opposition.
Dès lors, comme du temps de Micombero et de Bagaza, la version officielle retenue est celle que veut faire entendre le pouvoir, car on a « fermé le claquet » à la Rpa, à Bonesha, à Isanganiro et à la radio et télé Renaissance. Les différents responsables du pouvoir peuvent donc faire le bilan des affrontements comme ils l’entendent, blanchir les forces de l’ordre lorsque pèsent sur elles de soupçons bien précis de versement du sang, ou alors charger les manifestants de crimes graves, même lorsqu’ils n’ont pas arraché une aile à une mouche.
C’est pourquoi il faudrait à tout prix que les radios privées (y compris radio Rema malgré tout) reprennent leurs émissions, afin que le régime actuel retrouve une certaine crédibilité et une respectabilité certaine dans tout ce qu’il « raconte » nuit et jour.
Burundi – Etats-Unis – Démographie
Le monde préoccupé par la croissance démographique en Afrique.
New York, le 4 juin 2015 (Net Press). C’est ce mercredi 3 juin 2015 que le 1er vice-président, Prosper Bazombanza, est rentré de New York, la grande métropole américaine, où il était allé représenter le Burundi à une conférence internationale sur la croissance démographique.
En réponse aux questions des journalistes, il a affirmé combien était grande la préoccupation de la communauté internationale sur l’augmentation excessive de la population en Afrique. Au Burundi et au Rwanda, les deux ex-colonies belges, on sait que ce sont les deux pays où la densité est la plus élevée sur le continent africain. Le numéro deux de l’exécutif burundais a recommandé par conséquent qu’au Burundi, les familles passent en moyenne de six enfants à seulement trois à l’horizon 2025.
Cependant, beaucoup estiment que sans une étroite collaboration avec les confessions religieuses en général et l’Eglise catholique burundaise en particulier, les couples ne seront jamais convaincus que la limitation des naissances par les moyens artificiels n’est pas contraire aux préceptes bibliques.
Burundi – Médias
La situation au Burundi vue par la presse africaine de ce jeudi 4 juin 2015
Ouagadougou, le 4 juin 2015 (Net Press). Et d’abord le site « Fasozine » du Burkina Faso qui écrit que Pierre Nkurunziza fait de la résistance et refuse de mettre l’eau dans son vin, en décidant coûte que coûte à se présenter à un troisième mandat décrié par la communauté internationale.
De son côté, le site « Conakry Info » de la Guinée Conakry estime que c’est la Ceni et non le conseiller chargé de la communication à la présidence de la République qui aurait dû annoncer le report des élections. Aux yeux de notre confrère, c’est une preuve indiscutable que c’est Nkurunziza et son entourage qui manipulent tout le processus électoral.
Enfin, un autre quotidien de Burkina Faso, le « Pays » trouve que deux mois d’affrontements entre le pouvoir et les manifestants n’ont pas permis de faire bouger les lignes. D’autre part, le président sortant constate avec bonheur que l’opposition est en train de s’essouffler et que l’assassinat de Zedi Feruzi est « une simple péripétie. »