Dar-es-Salam, le 7 juillet 2015 (Net Press). Le sommet de Dar-Es-Salam a été en deçà des attentes de la population burundaise car, au lieu de susciter l’espoir tant souhaité par la population, il a par contre entretenu des polémiques que l’on observe chez les politiciens, voici bientôt deux mois et demie.
Tout d’abord, deux chefs d’Etat seulement étaient présents à ce sommet. Outre le président Nkurunziza, le principal concerné qui ne se présente jamais à ce genre de sommets, il y avait également les présidents rwandais et kényans qui n’avaient pas fait le déplacement de la capitale tanzanienne. Deux recommandations sont sorties de cette rencontre ougando-tanzanienne à savoir que d’une part, les élections devraient être reportées jusqu’au 30 juillet de cette année et que d’autre part, il devrait y avoir désarmement des milices. Ce sommet a enfin désigné le président ougandais Yoweri Museveni comme le nouveau facilitateur dans cette crise politique burundaise.
Du côté du pouvoir, l’on est satisfait alors que du côté de l’opposition, de la société civile et de l’Onu, c’est la déception. L’ancien facilitateur dans le conflit burundais récemment récusé par le Cndd-Fdd a indiqué que le désarmement des milices ne peut pas se faire dans deux semaines.
Les analystes de la crise politique du Burundi ont fait savoir à la rédaction que la position de Kikwete ressemble étrangement à celle de Nkurunziza, d’où il ne pouvait pas convoquer un sommet qu’il dirige seul. Les mêmes analystes indiquent que lors du sommet de l’Union africaine en Afrique du Sud, le président tanzanien avait claqué la porte quand la question du Burundi a été abordée, raison pour laquelle il ne peut pas convoquer une réunion du genre. Il semble que le président kenyan aurait refusé de se rendre à Dar-Es-Salam car il estimait justement que quelqu’un qui a boudé un sommet de l’Union africaine n’avait pas la qualité de convoquer une réunion de la communauté est-africaine.
Quant à Yoweri Museveni de l’Ouganda, c’est un personnage imprévisible qui peut prendre une position et son contraire à la fois, selon toujours les mêmes observateurs. Tout en reconnaissant que de par le passé, il a bien joué son rôle de président de l’initiative régionale sur le Burundi, il n’a jamais montré sa position par rapport au troisième mandat de Pierre Nkurunziza, probablement parce qu’il serait tenté lui aussi par la modification de sa constitution pour emboîter le pas à Pierre Nkurunziza.
Spécial Elections
Pierre Nkurunziza, un élève « indocile et absentéiste » au cours de ses maîtres de l’Afrique de l’Est.
Bujumbura, le 7 juillet 2015 (Net Press). Trois sommets sur le Burundi en l’absence du premier concerné, Pierre Nkurunziza, c’est ce qui vient de se passer en ce milieu de l’année 2015. Va-t-il prendre comme prétexte que toutes les décisions ou recommandations prises n’engagent que ceux qui étaient présents.
Très probablement. Mais il faut tout de suite ajouter que le paysage médiatique national l’arrange fort bien, car en l’absence des radios privées, il est difficile de savoir exactement ce qui s’est passé ou ce ce qui est dit, même si l’on peut se permettre de jeter une « petite » fleur à la radio nationale, dont on sent de temps en temps qu’elle tente de s’émanciper de la tutelle gouvernementale en racontant les événements de Dar-es-Salaam.
Certes, elle n’est pas encore allée jusqu’à tenter d’expliquer et de condamner explicitement « l’absence et l’indocilité » du président, mais l’on peut s’imaginer qu’il a la trouille de recevoir l’injonction de Paul Kagame ou de Yoweri Museveni de respecter les accords d’Arusha et la constitution de son pays qui lui interdisent de solliciter un troisième mandat.
Lors du sommet d’hier 6 juillet 2015 tenu dans a capitale tanzaniene, l’opposition burundaise qui avait fait le déplacement a été profondément décue, car elle s’attendait à ce que cette interdiction allait lui être explicitement signifié. Et c’est à contrario la grande satisfaction pour la partie gouvernementale, qui est rentrée avec l’assurance qu’après Nkurunziza I et Nkurunziza II, il y aura Nkurunziza III jusqu’en 2020, et après, qui sait ?
Va-t-on assister à une interminable récusation des médiateurs onusiens ?
Deux médiateurs des Nations-Unies récusés en quelques semaines, le premier par l’opposition et le second par le parti au pouvoir, voilà une situation inconfortable pour la plus grande instance mondiale, à laquelle il faut à tout prix mettre fin, mais comment ?
Car tout le problème se trouve là,.qu’il s’agisse des formations politiques de l’opposition ou de celles qui gèrent les affaires du pays en effet, c’est comme si les hommes politiques burundais pro-ceci ou anti-cela voudraient les empêcher d’avoir un point de vue sur ce qui se passe, même avec modération.
Pour être plus précis, comme le sujet polémique est relatif aux dernières élections qui se seraient tenues dans de bonnes conditions selon le pouvoir et dans de mauvaises conditions selon l’opposition et une partie de la société civile, les deux mauvaises voudraient que le représentant du secrétaire général des Nations-Unies fassent la même analyse que chacune d’elles, comme s’il était possible de faire cohabiter pacifiquement l’eau et le feu dans un même vase.
Tout va très bien dans le pays », disait Michel Micombero au plus fort de 1972.
L’année 2015, est-elle l’année 1972 ? Certainement pas, pas plus que Pierre Nkurunziza n’est pas Michel Micombero, ne fût-ce que parce que les deux hommes d’Etat n’appartiennent ni à la même ethnie, ni à la même génération. Mais si l’on peut se permettre une certaine comparaison empreinte d’un peu de douceur, on peut affirmer qu’évoquant la situation prévalant dans leur pays, l’un et l’autre ont utilisé une terminologie semblable.
Il y a 42 ans, alors que les intellectuels hutu étaient conduits à une destination « inconnue » sans possibilité de retour, le tombeur de la monarchie continuait d’affirmer à la presse étrangère, surtout belge, que « tout allait très bien dans le pays ».
Hier, son lointain successeur a répété la même chose, dans un contexte électoral certes moins tendu, mais où les Imbonerakure, miliciens du parti au pouvoir, sèment la peur et la panique, dans les milieux de l’opposition et la société civile hostiles au pouvoir en place.
Dans ces conditions, parler de la paix et de la sécurité dans tout le pays n’est qu’un langage électoraliste destiné à rechercher des voix, mais qui ne convainc que ceux qui sont déjà convaincus, c’est-à-dire les militants du Cndd-Fdd, mais surtout qui ne correspond pas du tout à la réalité.
Une révélation fort « opportuniste » du porte-parole du gouvernement.
Membre du gouvernement, il était de nationalité burundaise et pour avoir dénoncé le système du Cndd-Fdd, il l’a fait en sa qualité de citoyen du Royaume de Belgique.
Visiblement, Philippe Nzobonariba, le secrétaire général et porte-parole du gouvernement burundais, a vraiment de l’imagination féconde, lorsqu’il s’agit de défendre les thèses du parti pour lequel il est payé (et très bien payé), le Cndd-Fdd.
Gervais Rufyikiri et Pie Ntavyohanyuma, vice-président de la République et président de l’assemblée nationale ont quitté le Burundi et rejoint la Belgique, parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec la gouvernance du Cndd-Fdd et la volonté de Pierre Nkurunziza de se faire élire pour un mandat de plus.
C’est alors que M. Nzobonariba a découvert « par hasard » que le vice-président de la République avait une double nationalité, celle de son pays et celle de son ancienne puissance coloniale. Cela explique qu’il a fait de bonnes choses, quand il exerçait les fonctions de numéro trois de l’exécutif burundais, et qu’il vient de faire de mauvaises choses en quittant le territoire national pour rejoindre le pays de sa deuxième nationalité pour dénoncer les méfaits du parti présidentiel.
Une logique à la Nzobonariba qui voudrait faire croire que quand on appartient à telle nationalité, on fait forcément de bonnes choses, et que quand on appartient à telle autre, on fait inévitablement de mauvaises choses.
Est-ce cela qu’il a voulu faire croire ?
Burundi – Sécurité
Sous la menace d’une nouvelle rébellion au Burundi
Nairobi, le 7 juillet 2015 (Net Press). Cela faisait partie des rumeurs mais pour la première fois, un général qui a tenté un putsch avorté du 13 mai dernier, Léonard Ngendakumana, a avoué sans tergiverser que le président Nkurunziza sera chassé du pouvoir par la force. Il a fait cette révélation à une chaîne de télévision kenyane. Il affirmé être derrière toutes les récentes attaques à la grenade lors du scrutin du 29 juin 2015 et qu’ils allaient continuer jusqu’à faire partir le président Nkurunziza. A côté de lui, un autre général du nom de Didier Nyambariza affirme lui aussi que le pouvoir de Bujumbura doit s’en aller avec plus ou moins les mêmes motifs que le premier
Du côté de l’opposition et de la société civile, il n’y a aucune réaction jusqu’à présent. L’on rappellera que le pouvoir de Bujumbura a toujours imputé la rébellion et les manifestations à la société civile engagée dans la lutte contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza ainsi qu’à l’opposition. Même du côté du pouvoir, il n’y a pas de réaction face à cette information livrée parles putschistes.
Burundi - inhumation
Cérémonie d’inhumation des gens tués au quartier Mutakura
Bujumbura, le 7 juillet 2015 (Net Press). C’est ce matin qu’a eu lieu l’enterrement des prénommés Fleury, Franck, Léon et Eric tués le 1er juillet 2015 lors des affrontements entre les forces de l’ordre et de sécurité et des habitants du quartier Mutakura et de Cibitoke.
Ces cérémonies ont commencé par la prière à 9 heures à la paroisse Saint Joseph située en commune urbaine de Ngagara. Après cette messe, une foule de jeunes qui marchaient à pied, ont accompagné ces dépouilles mortelles en chantant. Arrivée au bar Cecinga la police a essayé de disperser ces jeunes. Ces derniers ont résisté et ont poursuivi leur chemin vers le Carrefour de Ngagara et une partie d’entre eux se sont arrêtés sur la route en provenance de la permanence du Cndd-Fdd et menant vers la commune de Cibiftoke.
Les choses se sont aggravés quand ces jeunes sont arrivés à la route qui sépare Ngagara et Mutakura, beaucoup de policiers sont venus renforcer leurs collègues, ils ont même tenté de tirer dans la foule, par après certains de ces jeunes ont pris les chemins du quaster pour accompagner le cortège funèbre jusqu’à Mpanda où vont reposer ces dépouilles mortelles, tandis les autres sont rentrés.
Burundi - Sécurité
Bras de fer entre la police et la population de Musaga.
Bujumbura, le 7 juillet 2015 (Net press). C’est dans l’après-midi de ce lundi 6 juillet 2015 que des tirs nourris ont été entendus dans le quartier de Musaga. En effet, cette insécurité a été provoquée par l’enlèvement d’un jeune du parti Msd prénommé Pacifique..
D’après les informations recueillies sur place, le jeune Pacifique s’en allait à la prison centrale de Mpimba pour rendre visite à un de ses amis. C’est ainsi que des policiers qui montent la garde chez un général de la police burundaise du nom de Gervais Ndirakobuca alias Ndakugarika, ont arrêté le jeune qu’ils ont emmené vers une destination inconnue.
Les jeunes du quartier en colère ont ensuite pris en otage deux policiers et ont conditionné leur remise en liberté à la libération de Pacifique. C’est ainsi que des tirs à l’arme automatique ont commencé à faire bruit dans ce quartier. Mais dans l’entre-temps, ces jeunes ont barré la route qui passe devant cette prison vers Musaga ainsi que la RN7, la route qui va de Musaga vers l’intérieur du pays.
Toutefois, l’intervention des forces de défense aurait permis de régler ce différend car, ce sont ces dernières qui ont permis la fin de ce combat. Même les policiers ont été relâchés. Signalons que les manifestants ont de nouveau barricadé les routes ce matin pour demander que leur compagnon soit relâché.