Bujumbura, le 27 juillet 2015 (Net Press). C’est une véritable surprise dans les milieux politiques de l’opposition quand ils ont vu le plus gros poisson tomber dans le piège de Pierre Nkurunziza. En effet, ce matin, alors que les nouveaux élus devraient se rencontrer pour la première fois à Kigobe tel que demandé par le chef de l’Etat, l’on a vu un visage auquel on s’attendait le moins, celui d’Agathon Rwasa.
Mais c’était prévisible
Une certaine opinion, même déçue, indique que l’indécision d’Agathon Rwasa dans différentes situations ne présageait rien de bon. L’on se souvient que cet homme a été pratiquement le seul à ne pas dire un mot sur les manifestations qui se sont organisées au lendemain de l’annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza. Au moment où les autres leaders de l’opposition et de la société civile se sont rendus même sur terrain pour encourager les manifestants, Agathon Rwasa a brillé par son absence. Du côté de ses proches, l’on nous disait que c’était une position stratégique qui vise l’efficacité. La suite vient de prouver qu’il avait des calculs derrière pour ses intérêts personnels, ce qui, sous d’autres cieux, est formellement interdit pour un véritable politicien.
Signature de la fin de sa carrière politique
Avec ce deuxième mauvais choix en cinq ans d’espace, Agathon Rwasa vient de mettre un terme sur sa carrière politique. Alors qu’en 2010 il avait eu beaucoup plus de voix qu’aujourd’hui lors des élections de cette époque, il avait boudé tous les postes offerts par le score aux scrutins de 2010, ce qui a fait que le Cndd-Fdd a régné en maître absolu, une erreur que même l’opposition avait reconnue et elle jurait de ne plus la commettre de nouveau. Les représentants de la communauté internationale, tout comme les politiciens de ce pays, avaient conseillé à Agathon Rwasa d’intégrer les institutions, au regard des différents rapports de force entre le pouvoir et l’opposition, mais en vain..
Pour le moment, il a obtenu un score nettement inférieur, tous les politiciens voulaient que des élections transparentes et crédibles soient organisées de nouveau, voilà que cet homme politique vient d’entrer au parlement. Pour une certaine opinion, Agathon Rwasa se présente aujourd’hui comme un homme politique sans vision, qui joue toujours au yoyo au moment de grandes décisions. C’est d’ailleurs la raison qui fait qu’en 2010, tout comme en 2015, il est sorti par la petite porte, ayant obtenu avant un poste de directeur général de l’Inss, et celui de député aujourd’hui, alors qu’il avait toujours ciblé la présidence de la République.
Qui croire dans ce pays ?
Officiellement, Agathon Rwasa ne s’est pas fait élire mais il a obtenu la deuxième place aussi bien dans les communales, les législatives que dans la présidentielle. Malgré cela, la Ceni a toujours indiqué que les Indépendants de l’Espoir font campagne en bonne et due forme, qu’ils faisaient d’ailleurs du porte-à-porte. Par ailleurs, les proches d’Agathon Rwasa se contentaient de cette position et disaient à qui veut les entendre que si leur « poulain » avait fait campagne, il aurait été de loin le premier.
Il y a lieu d’interpréter ces affirmations de plusieurs manières. D’une part, cette fois-ci, la Ceni a dit vrai même si elle nous avait habitués à des affirmations que personne ne prenait au sérieux au regard de son côté penchant pour le Cndd-Fdd. Dans ces conditions, l’on ne peut pas comprendre pourquoi Agathon Rwasa a menti son électorat car si au moins ce dernier savait qu’il faisait partie de la course élecorale, il aurait probablement remonté le score.
Par ailleurs, ceci pourrait être considéré comme une hypocrisie politique le fait de dire tout haut que l’on n’est pas candidat sans toutefois retirer sa candidature, de rejeter tous les résultats proclamés par la Ceni pour intégrer les institutions issues de ces élections décriées juste au moment du partage de gâteau, c’est un comportement qu’on ne connaissait pas à Agathon Rwasa.
Impacts sur la lutte de l’opposition ?
L’impact pourrait ne pas se faire sentir car il y a plutôt risque qu’Agathon Rwasa soit coupé de sa base dont certains commencent d’ailleurs à parler d’une trahison de sa part. En effet, la plupart de ses membres ont été exilés, d’autres ont été tués ou sont incarcérés au moment où leur patron choisit de se servir tout seul sur ce plat de ce caviar offert par le parti au pouvoir. En outre, l’Uprona qui est parvenu à résister aux tentations du Cndd-Fdd, devrait vite casser son alliance avec Agathon Rwasa pour intégrer d’autres groupes d’opposition.
Quant à l’opposition proprement dite, un soutien du Mouvement Arusha contre la troisième candidature de Pierre Nkurunziza a écrit, « Je reçois une pluie de messages me demandant ce qui se passe avec Agathon Rwasa qui est allé siéger à l’assemblée nationale ce matin. En attendant de prendre contact avec le concerné, je note qu’il nous avait catégoriquement rassuré qu’il n’accompagnera pas le président Nkurunziza Pierre dans son projet de coup d’Etat constitutionnel.
« Qu’à cela ne tienne, le Mouvement Arusha continuera la lutte jusqu’au bout. Dans une bataille, il y a des combattants qui meurent sur le champ d’honneur, d’autres qui sont blessés gravement, de telle manière qu’ils ne peuvent pas continuer la lutte et d’autres qui, pour une raison ou une autre, abandonnent la lutte. Tout cela ne signifie pas une défaite si le groupe garde la même sérénité et la même détermination ».
Et la communauté internationale
C’est le moindre des soucis du Cndd-Fdd même si elle ne cesse de crier danger suite au forcing du président sortant. Il y a 48 heures, le président américain, alors qu’il se trouvait à Nairobi, indiquait que l’élection présidentielle au Burundi est peu crédible. La Belgique a déjà indiqué qu’elle ne reconnaîtra pas les autorités de Bujumbura issues de ces dernières élections, l’Union européenne, le Canada, la Grande Bretagne, bref, tout le monde parle des irrégularités de ces élections. La sous-région parle de l’organisation d’autres scrutins plus équitables et il serait surprenant que le parti présidentiel résiste pour toujours contre ces appels de la communauté internationale. Et ce n’est pas parce qu’Agathon Rwasa fait partie de nouvelles institutions que la même communauté internationale va fléchir.
Burundi – Etats-Unis - Sécurité
Tournée d’Obama en Afrique : deux pays qui régressent.
Nairobi, le 27 juillet 2015 (Net Press). Après le séjour de deux jours au Kenya, le président américain entame une autre tournée en Ethiopie. Dans ses discours, même s’il a axe ses propos sur l’économie et la sécurité, il a trouvé une occasion pour demander aux Kenyans de bannir à jamais la discrimination, notamment en reconnaissant la légitimité aux Gays où ce vocable est tabou. Alors deux pays qu’il a cités et qui traversent une grande crise sont le Sud-Soudan et le Burundi dont les élections ont été, selon Obama, les moins crédibles possibles. Et il appelle les protagonistes à s’asseoir ensemble et ne pas enterrer la démocratie.
Au cours de son discours au sein du siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, le numéro 1 de la toute puissance va encore revenir sur les deux pays qui, sur le continent, affichent un comportement politique qui s’écarte des principes de base des démocraties au monde entier. Les défenseurs des droits de l’homme quant à eux disent que c’est un programme important que le président américain a fait en visitant l’Afrique mais cela étant, ils déplorent que même les pays choisis ne sont pas les exemples de la gouvernance politique.
Ils citent notamment le Kenya qui est un pays corrompu parmi les autres selon les rapports de Transparency International. Ils vont encore plus loin en indiquant que l’Ethiopie également, il y a une coalition politique qui règne depuis un quart de siècle et qui malmène les opposants à l’africaine. Ces défenseurs demandent que le président Obama amène l’Union africaine à faire respecter les clauses convenues par les pays signataires.