Bujumbura, le 6 août 2015 (Net Press). Face à la crise qui secoue le pays, et qui continue de s’amplifier de jour en jour puisque des vies humaines disparaissent presqu’au quotidien, un des opposants et ancien président de la République, Domitien Ndayizeye, dit que vu les efforts que les gens investissent pour assassiner leurs semblables, il est plus qu’urgent que les Burundais dialoguent.
Il indique qu’un médiateur plus reconnu serait mieux placé pour aider les protagonistes burundais car, à voir comment les gens ont recommencé de s’entretuer, il y a perte de confiance et une déchirure de la société burundaise pointe à l’horizon, d’où il faut un arbitre. Et ce n’est pas de ces gens qui ont de l’expérience dans des médiations qui manquent car même lorsqu’on voulait négocier à Arusha, des hommes se sont investis pour que les Burundais retrouvent la paix, a fait savoir le sénateur.
Pour l’ancien président, c’est dommage et d’ailleurs incompréhensible car les Burundais avaient trouvé des textes qui devaient conduire la destinée de la nation burundaise et un bon matin, on retombe dans des chicaneries qu’on croyait révolues. C’est par ailleurs l’effacement de ce qu’on avait fait dans les négociations d’Arusha qui cause problème actuellement. Il est même difficile, aux yeux de certains, qu’un médiateur, une fois disponible, pourra entamer sa médiation alors que le nœud du problème se trouve être des clauses écrites qu’on a mises de côté. Il serait étiqueté de penchant pour un camp ou pour un autre
Et certains observateurs estiment que le silence qu’a affiché le médiateur ougandais a été provoqué par cela puisqu’il devait faire revenir Arusha qui est la base de tout le destin politique du pays. Mais dans tous les cas, les Burundais finiront par s’entendre malgré tout, il suffit alors d’un médiateur très assidu pour pouvoir convaincre et retrouver les rails. A entendre alors celui qui a réclamé un médiateur de renommée internationale, il voulait qu’on trouve un autre que Yoweri Museveni.
Burundi – Sécurité – Droits de l’Homme
Pierre-Claver Mbonimpa autorisé de se faire soigner à l’étranger.
Bujumbura, le 6 août 2015 (Net Press). Suite à l’attentat à sa vie, le président de l’Aprodh devrait voyager pour des soins à l’étranger et le procureur en mairie de Bujumbura, Arcade Nimubona, a délivré cette autorisation ce mercredi dans l’après-midi. Il convient alors de signaler que ce défenseur des droits de l’homme ne pouvait pas même franchir les limites de la capitale de Bujumbura suite aux mesures prises par la justice burundaise lors de son récent emprisonnement, puisqu’il avait été libéré moyennant quelques restrictions, dont celle de ne pas quitter la capitale Bujumbura. Comme le dit un des avocats, Me Fabien Segatwa, qui se réjouit de cette permission, il reste à collecter les moyens afin de voir s’il peut aller se faire soigner à Nairobi ou dans un pays européen. Sa vie pourra alors se rétablir rapidement, a-t-il conclu.
Burundi - Sécurité
Musaga toujours sous fouille-perquisition.
Bujumbura, le 6 août 2015 (Net Press). C’est plus précisément à Gikoto, un des quartiers de cette commune urbaine qui a été sous cette action aux environs de 3 heures du matin. Musaga qui une des communes très contestataires du 3ème mandat de Pierre Nkurunziza, a été à plusieurs reprises fouillée mais sans trouver des armes alors que parfois, il y a crépitement de celles-ci pendant plusieurs heures. Dans les maisons de Gikoto visitées par la police, ils n’y ont trouvé rien comme arme, selon les mêmes informations. Les habitants de cette localité demandaient alors aux fouilleurs d’aller vérifier dans leurs stocks car ces armes qui détonnent tous les jours ont été distribuées par certains d’entre eux, une façon de les narguer-.
Il convient alors que les experts qui ont été demandés par l’Ua viennent effectuer un travail d’une envergure nationale en désarmant tout le monde, puisqu’à voir les tueries qui s’opèrent dans ces derniers jours, les armes pullulent dans le pays et une très petite localité fouillée ne signifie pas que les armes soient éliminées. Une autre chose à signaler ici est que la communauté internationale continue à multiplier des déclarations sans vraiment agir pour parer à des assassinats qui se commettent au grand jour, ce qui est vraiment incompréhensible vu les trois mois qui viennent de s’écouler alors que chaque jour compte pratiquement ses morts dans le pays.
Burundi - Anniversaire
Michel Micombero, massacreur des Hutu ou sauveur des Tutsi.
Bujumbura, le 6 août 2015 (Net Press). Il y a 32ans jour pour jour, soit le 6 août 1983, on apprenait la mort de l’homme qui mit fin à la monarchie burundaise le 28 novembre 1966, un jeune capitaine de 26 ans, Michel Micombero, alors que le roi Ntare V se trouvait en visite officielle à Léopoldville qui sera baptisée plus tard Kinshasa, invité par Mobutu, afin d’assister aux festivités du premier anniversaire de sa prise du pouvoir le 24 novembre 1965.
Le tombeur de la monarchie avait été renversé par un groupe d’officiers le 1er novembre 1976 qui, quelques jours plus tard, installèrent au pouvoir le colonel Jean-Baptiste Bagaza. Celui-ci continua à craindre par-dessus tout son prédécesseur, à tel point qu’après ce qu’on appela à l’époque « le coup d’état des caporaux » à la fin du mois de juin 1977, le fondateur de la IIème République, le contraignit à l’exil en Somalie.
C’est cette même peur qui, raconte-t-on dans les milieux politiques et dans l’entourage familial de Micombero, aurait poussé les proches de Bagaza à se rendre dans la capitale somalienne, avec « pour mission » de mettre fin à ses jours par empoisonnement.
La preuve que cette peur était fondée, c’est que le rapatriement de sa dépouille mortelle fut problématique et que les autorités administratives de la province de Bururi mirent tout en œuvre pour limiter le nombre de ses milliers de sympathisants qui souhaitaient l’accompagner à sa dernière demeure située sur sa colline natale de Murambi de la commune Rutovu.
Dès lors, quel souvenir laissera le fondateur de la Ière République dans la mémoire collective de ses compatriotes ? Le massacreur des Hutu ou le sauveur des Tutsi ?
Lorsque la commission « vérité et réconciliation » se mettra à l’œuvre, bien malin qui pourrait deviner comment se dénoueront les débats sur la décennie 1966-1976 et plus précisément sur ce qui se passa durant les trois mois très douloureux de mai, juin et juillet 1972.
Pour les burundais de la majorité ethnique, Micombero est bel et bien l’homme qui ordonna le massacre des centaines de milliers d’intellectuels hutu innocents (de 80.000 et 120.000, selon Jean-Pierre Chrérien et Michel Dupaquet), alors que pour ceux de la minorité ethnique, n’eût été sa réaction musclée contre ceux qui rêvaient d’importer la « révolution sociale » à la rwandaise de 1959, la quasi-totalité des Tutsi burundais auraient été rayés de la carte de ce pays, il y a 43 ans.
Tel est l’homme du 28 novembre 1966 et il est bien dommage que son image ait déjà disparu de la mémoire collective des jeunes générations pour tout le bien et tout le mal à son actif, car, comme certains de nos lecteurs ne le savent probablement pas, l’histoire du Burundi post-colonial n’est plus enseignée dans les écoles.