Bujumbura, le 3 septembre 2015 (Net Press). Pour ceux qui s’intéressent à l’histoire récente de ce monde, ils sauront qu’Auschwitz est un camp de concentration créé par l’Allemagne via son agent Heinrich Himmler, en janvier 1940 et dont l’objectif était d’exterminer les juifs par la famine, la fusillade et le gaz.
Ce camp de concentration qui était basé en Pologne et qui a été libéré le 27 janvier 1940 avait été décrié par le monde entier et en 2015, quelque chose de semblable vient d’apparaître dans les quartiers de Nyakabiga et de Jabe. En effet, depuis trois jours, personne n’entre ni ne sort de ces quartiers. Il leur est interdit de faire le marché depuis trois jours pour qu’ils meurent de faim. Des fois ce sont des policiers qui y entrent armés jusqu’aux dents et n’hésitent pas à tirer à bout portant sur les habitants. Ce qui reste dans ces quartiers, c’est que la police y érige des chambres à gaz exactement comme à Auschwitz, ce qui n’est pas impossible.
Burundi - Sécurité
Aucune perte du côté de la police lors des affrontements avec les civils armés, dixit le porte-parole adjoint de la Pnb.
Bujumbura, le 3 septembre 2015 (Net Press). Contrairement aux rumeurs qui circulaient depuis ce mercredi, faisant un bilan de plus de 5 policiers tués dans les quartiers de Jabe, Nyakabiga et Musaga, le porte-parole adjoint de la police nationale du Burundi, M Pierre Nkurikiye, a démenti cette information.
En effet, au cours d’une conférence de presse animée hier, il a fait savoir que le bilan des affrontements dans la nuit de mardi à mercredi dans les quartiers ci-haut cités est de 5 policiers blessés et un civil tué dans le quartier de Jabe qu’il qualifie de criminel avant toute enquête.
Il a également présenté à la presse 15 personnes arrêtées pour question d’enquête car, d’après Pierre Nkurikiye, ces dernières cohabitaient ensemble avec ceux qui lançaient des grenades aux policiers.
Le porte-parole adjoint de la police a aussi montré les objets militaires saisis lors des fouilles-perquisitions opérées dans ces différents quartiers.
Spécial coup d’Etat du 3 septembre 1987.
Ce judi 3 septembre 2015, 28 ans jour pour jour se sont écoulés depuis qu’un jeune major de 38 ans, Pierre Buyoya, eût chassé du pouvoir un homme qui se croyait irremplaçable, le colonnel Jean-Baptiste Bagaza, son aîné de trois ans, puisque le premier vit le jour en 1949 et le second en 1946, dans la commune et la paroisse de Rutovu en province Bururi. Nous consacrons à cet événement un numéro spécial, car les générations actuelles commencent à oublier ces deux grands Tutsi, qui chacun, à sa manière, a marqué l’histoire de ce pays.
Du Québec, comment Jean-Baptiste Bagaza apprit qu’il venait d’être destitué.
En raison du décalage horaire entre Bujumbura et la ville du Québec, c’est à 5 heures du matin que Jean-Baptiste Bagaza aurait été réveillé par un coup de téléphone du colonel Laurent Ndabaneze, le patron du service des renseignements, pour apprendre une nouvelle incroyable, inimaginable, stupéfiante et abasourdissante, à savoir qu’il venait d’être renversé par un coup d’état et remplacé par le major Pierre Buyoya.
Le fondateur de la IIème République réveille aussitôt tous les membres de la délégation l’ayant accompagné au sommet de la francophonie au Canada. Ils se rencontrent tous dans un des grands salons de l’hôtel et ont de la peine à croire ce qu’on leur raconte à partir de la capitale burundaise.
Un des membres de la délégation, Isidore Hakizimana parait-il, ancien ministre de l’éducation, arrive le dernier et trouve tout le monde avec des visages renfrognés, dans un silence auquel il ne comprend rien, Bagaza l’appelle par son nom en kirundi : « Zido, wumvise ivyashitse i Bujumbura ? » (Isidore, as-tu appris ce qui s’est passé à Bujumbura). Et il lui raconte le coup de poignard qu’on vient de lui asséner dans le dos, alors qu’il se trouve à plus de 15.000 km de Bujumbura.
Les membres de la délégation qui connaissent bien Bagaza et ses excès de colère aux conséquences néfastes pour le pays lui recommandent de rester sage et d’accepter le coup du sort qui vient de lui arriver. Dans un premier temps, il se montre réceptif à leurs conseils, mais en début d’après-midi, le naturel revient au galop, et sans aviser personne, l’ancien président prend « d’urgence » un avion à destination de Paris.
A cette période, Air France faisait une liaison bihebdomadaire entre la capitale française et Bujumbura, le mardi et le vendredi. Bagaza a fait un très bon calcul, puisque quelques instants après son arrivée à Paris, il s’embarque pour Bujumbura, mais c’est par après que les choses se compliquèrent pour lui. Pierre Buyoya est averti qu’un voyageur « indésirable » est attendu en fin d’après-midi à Bujumbura.
Toutes les pistes d’atterrissage de l’aéroport sont totalement bloquées et Juvénal Habyalimana, très heureux que Bagaza puisse être renversé, informe l’équipage de l’appareil français qu’il lui est interdit de survoler le territoire burundais, sur base d’informations qu’il vient de recevoir de son nouvel homologue de Bujumbura, Pierre Buyoya.
Le Boeing 747 français se détourne lui-même sur Kampala et c’est là que Bagaza reste pendant quelques jours chez son ami Yoweri Museveni. Il tente deux ou trois fois de rentrer de force dans la capitale burundaise, une fois déguisé en musulman avec une tête coiffée en keffieh, mais il est reconnu avant que l’avion n’atterrisse à l’aéroport.
Bagaza s’exile alors pour une longue période en Libye chez Kadhafi et ne rentre au pays qu’en août 1993 sur autorisation de Melchior Ndadaye qui vient de gagner la présidentielle du 1er juin 1993.
Plus tard, après que le Burundi eût retrouvé une certaine accalmie consécutive à la guerre civile, il fonde le Parena dans l’espoir de reconquérir le pouvoir perdu, mais jusqu’à ce jour, à la veille de ses 70 ans, tous ses espoirs ont complètement disparu.
Une haine obsessionnelle et totalement irréfléchie envers l’Eglise catholique
Près de trois décennies après avoir quitté le pouvoir, même ses amis et proches n’y comprennent rien. Jean-Baptiste Bagaza nourrissait une telle haine envers les hommes en soutane qu’il lui arrivait de poser des actes totalement irréfléchis qui poussaient les observateurs à se demander comment un homme intelligent comme lui pouvait en arriver là.
L’expulsion systématique de tous les missionnaires étrangers, dont beaucoup s’étaient livrés corps et âme au service de notre pays depuis leur arrivée dans une terre qui n’était pas la leur, la fermeture de grands édifices religieux tel que la cathédrale Christ Roi de Gitega, l’interdiction de célébrer toutes les messes du matin dans toutes les paroisses du pays à l’exception de celles de la capitale, l’interdiction de prononcer en kirundi sur la radio nationale (l’actuelle radio « Kabondo ») le terme « Imana » (= Dieu) dans des expressions tel que « Umusi w’Imana » (jour de Dieu, dimanche) que les journalistes étaient obligés de remplacer par « umusi w’indwi » (7ème jour) ou « umusi w’iyinga » (jour de la semaine), tout cela traduisait de la part de Bagaza, la conception d’une « laïcité » qu’il confondait délibérément et sans se gêner à la persécution de l’Eglise catholique romaine.
Mais le sommet de cet anticatholicisme fut atteint vers la fin de l’année 1986 lorsqu’il imposa à son ministre en charge de l’éducation nationale (contre son gré semble-t-il) la transformation de tous les séminaires appartenant à l’église catholique en lycées publics.
Recevant dans son bureau un ancien directeur de l’actuel lycée Sainte Thérèse de Gitega en novembre 1988, l’ancien Archevêque de Gitega, le regretté Mgr. Joachim Ruhuna, lui confia que ce dernier geste de Bagaza était d’une telle maladresse qu’il risquait de lui coûter son pouvoir. Neuf mois après, c’était chose faite, comme Jean Gol, un ancien ministre belge l’avait prédit.
« Même une grande puissance comme l’Union Soviétique…. »
Jean Gol, ancien ministre belge des affaires sociales, vint un jour au Burundi moins d’une année avant le limogeage de Bagaza. Il était déjà vieillissant et en retraite, mais voulut s’entretenir avec quelques amis burundais qu’il avait connus à Bruxelles au cours de leurs études universitaires dans l’ancienne mère-patrie.
Un parmi eux, un ancien ministre des affaires étrangères sous Micombero qui l’avait connu dans une université belge, le reçut cordialement et parvint à obtenir pour lui un rendez-vous avec le colonel Jean-Baptiste Bagaza.
Le président eut un entretien très amical et après avoir échangé sur différents points d’actualité, l’hôte de Bagaza demanda que l’on aborde le sujet « qui fâche », à savoir les relations exécrables entre la IIème République et l’Eglise catholique dont il était parfaitement au courant. Très détendu, Bagaza accepta et à la fin de leur entretien, l’ancien ministre belge lui fit cette prémonition : « Vous savez M. le président, aucune grande puissance au monde, fût-elle l’Union Soviétique, n’a combattu et vaincu l’Eglise Catholique Romaine ». Et il avait conclu : « Je serais surpris que vous fassiez exception ».
Jean-Baptiste Bagaza ne fit pas exception, et ce ne fut pas Pierre Buyoya qui s’en plaindra à partir du 3 septembre 1987.
L’homme qui savait tenir en respect Mobutu et Habyalimana
Si les contemporains de Bagaza l’ont connu pour son tempérament rigide, sec et intolérant, les deux hommes d’Etat ayant dirigé les deux autres ex-colonies belges, le Rwanda et l’actuelle République démocratique du Congo, Habyalimana et Mobutu en l’occurrence, ont souvent eu des relations très compliquées avec lui.
Il y a eu d’abord le maréchal Mobutu qui, ayant appris qu’il y avait du pétrole enfoui au fin fond de la partie burundaise du lac Tanganyika, voulut modifier la frontière de son territoire, le Zaïre, avec celle du Burundi afin que cet « or noir » revienne à son pays.
Dès que Bagaza en fut averti, il massa les meilleurs contingents de son armée à Gatumba tout près de la frontière avec son grand voisin aux pieds d’argile. La France et les Etats-Unis mirent aussitôt en garde Mobutu, en l’avisant que s’il s’aventurait à affronter l’armée burundaise, il serait perdant sur tous les plans, diplomatique et surtout militaire.
Il y eut ensuite Juvénal Habyalimana, le président rwandais. En 1979, le sommet franco-africain fut organisé à Kigali, sous la présidence française de Valéry Giscard d’Estaing. Bagaza fut accueilli à Kanombe dans un climat d’hostilité entretenue sciemment par des services secrets rwandais.
Très en colère, Bagaza regagna aussitôt son pays et boycotta le sommet. Les relations entre Bujumbura et Kigali se détériorèrent à tel point que Mobutu organisa un sommet entre les deux présidents hutu et tutsi pour les réconcilier, un sommet qui se tint à Ngozi. Ce fut peine perdue puisque Bagaza, tel un instituteur s’adressant à un élève fautif, le tança avec des termes tellement acerbes que les images de télévision le montrèrent avec un visage tout couvert de sueur. En effet, le colonel Jean-Baptiste Bagaza venait de le menacer de lancer ses troupes sur son pays qui, soutenues par les réfugiés rwandais, marcheraient d’abord sur Butare et ensuite sur Kigali endéans quelques jours. Habyalimana prit les menaces au sérieux et se montra plus sage avec son voisin du Sud.
Rectificatif.
Dans l’une de nos dépêches d’hier, une erreur s’est malencontreusement glissée et nous avions mentionné qu’une date du 2 septembre 1997 ne sera jamais oubliée par Jean-Baptiste Bagaza alors que la véritable date qu’il n’oubliera pas est celle du 2 septembre 1987. La rédaction s’excuse de cette erreur produite par inattention.