Bujumbura, le 3 novembre 2015 (Net Press). C’est l’impression que l’on avait hier quand on voyait le président de la République en train de s’adresser à la nation, ce 2 novembre. Son discours s’articulait essentiellement autour de la sécurité dans la capitale Bujumbura. Le message principal était que le délai accordé à ceux qui possèdent encore illégalement des armes pour les remettre à qui de droit est expiré. C’est ainsi qu’il a accordé un délai supplémentaire de 5 jours, du 2 au 7 novembre 2015, pour que les retardataires puissent remettre leurs armes et cela, sans aucun risque de poursuites judiciaires.
Il a invité les forces de l’ordre à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour ramener la sécurité et ce, avant la fin du mois de novembre et à partir du 8 novembre de cette semaine. Il a invité les forces de l’ordre à utiliser tous les outils à leur disposition ainsi que leurs connaissances apprises pour mener le travail à bon port. A ce niveau, le discours a semblé créer un sentiment de panique chez certains milieux qui ont directement comparé son speech avec ceux du président du sénat, Révérien Ndikuriyo ainsi que celui du porte-parole du parti présidentiel, Gélase Ndabirabe. Surtout que le discours de Révérien Ndikuriyo était dirigé ouvertement vers les quartiers contestataires du troisième mandat de Pierre Nkurunziza.
Par ailleurs, il a demandé aux instances judiciaires de mettre en place une nouvelle loi sur le terrorisme pour punir – en toute flagrance – ceux qui seront appréhendés au terme de ce délai butoir. Il a demandé au pouvoir législatif de voter cette loi le plus rapidement possible. Il en a profité pour demander à tous les Burundais de participer au dialogue national initié par le gouvernement, ce qui laisse croire que même le président de la République ne croit pas aux propositions de la communauté internationale demandant un dialogue inclusif à l’extérieur du pays et sous une médiation internationale. L’on saura que Bujumbura s’est toujours opposé, dans ses positions, à un quelconque dialogue avec le Cnared ou alors les putschistes présumés du 13 mai 2015.
Au regard de la situation, l’on a l’impression qu’il y a une course contre la montre d’autant plus que le travail de ramener la paix doit se faire avant le mois de décembre de cette année. Pourquoi cette nouvelle échéance ? Qu’y a-t-il de pressent qui risque de se passer au mois de décembre au cas où le travail des policiers ne serait pas encore parachevé ? Autant de questions qui se posent et qui ne font que susciter des inquiétudes dans l’esprit des citadins qui sont sous la menace de cet ultimatum de Pierre Nkurunziza.
Burundi – Sécurité
Crépitements des armes automatiques dans Kanyosha
Bujumbura, le 3 novembre 2015 (Net Press). Dans la nuit d’hier, des bruits d’armes automatiques ont été entendus dans la région de Kanyosha, plus précisément dans la localité de Kiyenzi. Du côté officiel, les militaires étaient en patrouille de routine quand soudain, ils ont été attaqués par des populations des environs. Ils ont riposté et ils sont parvenus à repousser l’ennemi, comme on dit dans le jargon de ce corps. Ils ne déplorent aucun dégât, que ce soit du côté des militaires, ni de celui des rebelles.
Les populations de la place ne l’entendent pas de cette oreille. Pour elles, ce sont des hommes armés qui ont l’habitude de venir violenter les populations pour les rançonner du peu qu’elles ont. Quand il y a une moindre résistance de la part de ces dernières, des tirs automatiques se font entendre pour intimider les populations, ce qui fait que certains d’entre elles passent la nuit en dehors de leurs maisons, pour des raisons de sécurité.
Burundi – Economie
Où va-t-on avec une situation monétaire actuelle ?, S’interroge un lecteur de Net Press
Bujumbura, le 3 novembre 2015 (Net Press). Depuis un certain temps, les spécialistes en économie évoquent une dévaluation constante de la monnaie burundaise, qui est devenue un secret de polichinelle. Ils se demandent jusque quand cette érosion monétaire va cesser au moment où le Burundi ne connaît pas une production nécessaire à mettre sur le marché afin de récupérer les devises dont il a tant besoin.
La rédaction a contacté un économiste de renom qui a tout d’abord indiqué que le taux de change est normalement déterminé par le marché de change sur place. Le vrai taux est alors pratiqué lors de l’achat des devises sur le marché. Quand les devises sont disponibles et qu’il y a des clients pour les acheter, les devises baissent relativement, et elles ne peuvent pas chuter beaucoup car le pays n’a pas justement assez de production qui puisse générer des devises. Et quand elles sont trop peu nombreuses sur le marché, leur coût augmente, ce qui fait que le franc burundais diminue.
A la question de savoir si le retrait de l’Agoa, ce partenariat privilégié avec les Etats-Unis, pourra influencer d’une manière ou d’une autre notre économie, il a répondu par l’affirmative car, a-t-il expliqué, les Etats-Unis n’ont pas fermé les portes au marché burundais, composé essentiellement de café et de thé. Cela veut dire plutôt que nos productions vont payer des taxes pour que nos produits entrent sur le territoire américain. Dans ces circonstances, le citoyen américain va s’intéresser moins au café et au thé burundais qui deviendront plus chers par rapport au café des autres pays africains, à commencer par ceux du Rwanda.
Une autre possibilité est que le producteur de café, situé à Kayanza ou à Ngozi, risque d’être attiré par le prix au kilo certainement plus élevé d’un opérateur économique rwandais ou tanzanien.
Signalons qu’une partie de Burundais responsables de l’économie burundaise indiquent que ce retrait n’aura aucun impact sur l’économie du Burundi, notre expert a rétorqué que cela est un mensonge délibéré. A la question de savoir si le Burundi ne peut pas se passer de ces 52% d’aide et consommer uniquement 48% produits par les taxes intérieures, il a répondu que l’aide accordée au Burundi de plus de 50% finance les activités génératrices de revenus, comme les importations et ce sont ces activités financées qui produisent finalement les 48% de taxes intérieures. En d’autres termes, sans le financement extérieur, le pays serait incapable de produire les 48%, a-t-il conclu.
Burundi – Sécurité Routière
La route Bujumbura-Rumonge impraticable
Rumonge, le 3 novembre 2015 (Net Press). Depuis hier, la route reliant Rumonge et la ville de Bujumbura n’est pas praticable. Une pluie torrentielle s’est abattue dans les localités de Gitaza, Kijejete, Nyaruhongoka et Nyamusenyi. Elle a causé d’énormes dégâts comme des cultures abîmées, des parcelles et des maisons détruites.
C’est alors pour la 2ème fois qu’un tel incident se produit provoquant une liaison impossible entre Rumogne et Bujumbura. Cela arrive au moment où l’on peut affirmer sans risque de se tromper que la réparation définitive est excessivement chère. Difficile puisque les moyens de l’Etat ne sont pas énormes pour réparer une route comme celle-là, apprend-on ici et là.
Burundi – Justice Transitionnelle
La Cvr renforce la capacité de leurs membres
Bujumbura, le 3 novembre 2015 (Net Press). Dans le but de doter les membres de la commission vérité et réconciliation (Cvr) des capacités qui vont leur permettre dans les tâches futures d’être à mesure d’analyser, de qualifier les différents types de violations graves des droits de l’homme qui ont été perpétrées dans notre pays, une formation de renforcement des capacités des membres et du personnel de la Cvr en droit de l’homme et droit international humanitaire a été organisée ce matin.
Selon Mgr Jean Louis Nahimana, président de la Cvr, durant les trois jours que vont durer cette formation, les différents thèmes seront traités. Il a indiqué qu’on va d’abord procéder à l’introduction de manière générale au droit de l’homme, ensuite on va aborder certains thèmes en rapport avec les différentes conventions de Genève plus particulièrement les quatre conventions de Genève qui vont servir de base d’analyse dans cette formation. Ensuite, on va voir comment au niveau africain la question des droits de l’homme et la violation des droits de l’homme est envisagée. Et pour terminer, il a souligné qu’on va voir la manière dont le Burundi est approprié en rapport avec les droits humains et le droit international humanitaire.
Burundi – France - Culture
Toujours de l’innovation à l’Ifb
Bujumbura, le 3 novembre 2015 (Net Press). L’institut français du Burundi (Ifb) a organisé ce matin un point de presse pour informer le public du programme novembre-décembre. Au cours de ce point de presse animé conjointement par Geneviève Van Rossum et Stéphanie Soleansky, directrice et directrice-déléguée de l’Ifb, elles ont indiqué que les amoureux de l’art audiovisuel retrouveront en novembre le rendez-vous annuel du mois du film, organisé par Images en bibliothèque et proposé par l’Ifb, en partenariat avec l’Alliance française de Gitega, le club Rfi (Bujumbura, Ngozi, Bururi) et le Cjk. Deux petites nouveautés sont à noter pour l’édition 2015.
Ainsi, les films ont été choisis avec la complicité de deux jeunes réalisateurs burundais, lauréats 2014 et 2015 du stage de la Femis (la grande école française de l’image et du son). La soirée éponyme du 10 novembre permettra de découvrir le travail réalisé par Richard Malikonge, lauréat de la promotion 2015.
Pour la première fois également, le jeune public se verra proposer la découverte du genre documentaire à travers une série de courts métrages animés. Novembre sera aussi l’occasion de mettre à l’honneur les musiques et danses traditionnelles du Burundi avec le duo Alfred et Bernard, tandis qu’on lancera avec « la soirée guinguette », un rendez-vous mensuel d’un genre nouveau, à la fois festif, artistique, gourmand et imprévisible : « le rendez-vous du patio » !
En décembre, l’Ifb aura le grand plaisir d’accueillir comme chaque année la remise littéraire Michel Kayoya, qui récompensera la meilleure nouvelle écrite en langue française, tandis que le débat d’idées prendra de nouveau place lors d’une conférence sur la lutte contre les violences faites aux femmes au Burundi organisé en collaboration avec Onu femmes. La dernière exposition de l’année sera ensuite proposée par le collectif d’artistes Maoni dont on a hâte de découvrir les nouvelles productions.
Geneviève Van Rossum et Stéphanie Soleansky ont fait savoir que s’amuser sera également au programme, en particulier pour les adolescents à qui l’Ifb proposera une semaine d’activités ludiques, associant cinéma, arts plastiques et ---jeux vidéo à découvrir sur leurs nouvelles tablettes « koombook », en partenariat avec bibliothèque sans frontières. Enfin, l’année se terminera de manière festive avec les fêtes des enfants le 19 décembre, inaugurant pour beaucoup le début des vacances de Noël.
Dernière nouveauté de l’année, le pôle de langues proposera de tester un premier cours gratuit avant de nous engager, tandis que la médiathèque devra fermer ses portes du 17 au 21 novembre afin de poursuivre sa mue, avec la mise en place d’un nouveau logiciel de catalogue, contribuant ainsi l’amélioration des services proposés à leurs usagers.
Burundi – Politique – Anniversaire
Il y a 39 ans, Jean-Baptiste Bagaza venait de renverser la première République
Bujumbura, le 3 novembre 2015 (Net Press). Jean-Baptiste Bagaza est ce jeune militaire très dynamique aux environs des années 1974 qui est également chef d’Etat-major adjoint sous le régime de Michel Micombero, premier président de la République après le royaume du Burundi qui avait existé depuis belle lurette, selon des historiens qui s’intéressent sur le passé de ce pays. Ce dernier l’avait alors renversé le 28 novembre 1965 et s’était baptisé « Libérateur du Peuple Murundi ».
En date du 1er novembre 1976, il entama une « révolution » avec quelques officiers de sa génération, exprimée par un coup d’Etat contre Michel Micombero sans effusion de sang. Il entra en fonctions le 10 novembre de la même année. Il avait fait ses études universitaires à l’école royale militaire de Bruxelles en Belgique et était un officier supérieur.
Jean-Baptiste Bagaza prend alors le pouvoir dans un contexte assez difficile d’après les événements meurtriers de 1972, mais tout de même avec cet avantage que les caisses de l’Etat étaient pleines des fonds que son prédécesseur n’avait pas utilisés. Pour celui qui voulait donc travailler pour le progrès de son pays, un atout principal était déjà à sa disposition.
Tutsi comme son prédécesseur, il tenta d’ignorer le contexte de crise entre les deux ethnies rivales en se concentrant sur l’économie, ce qui fut quelque part un succès car les Burundais, quels que soient leurs convictions et sens critiques, reconnaissent que c’est le président qui a mis en avant les infrastructures et l’éducation. L’on saura que sous son régime, le taux de scolarisation primaire passera de 19 ù 85% entre 1976 et 1966. La majeure partie des infrastructures actuelles du Burundi datent de son régime comme les routes, les centrales électriques, les adductions d’eau, les centres de santé, les écoles, les stations de lavage, etc.
La production de café a été multipliée par quatre sous son régime de 1976 à 1987 grâce à une politique d’extension des plantations et de rajeunissement des plants. Il a eu l’idée d’une épargne obligatoire, de regroupement des habitats ruraux en villages et de multiplier les coopératives mais il a eu moins de succès suite aux traditions et mentalités burundaises.
Les analystes du passage de Jean-Baptiste Bagaza à la tête du pays indiquent qu’il était un visionnaire dans tous les domaines sauf un, qui n’était pas des moindres : la communication. Il était convaincu qu’il avait raison en tout temps et en tout lieu, que seule sa volonté devait être exécutée. C’est dans ce contexte qu’il a très mal géré son conflit avec l’Eglise catholique qu’il aurait pourtant pu aborder avec tact au lieu de prendre des décisions unilatérales finalement irréfléchies. Nul n’a oublié qu’il a incarcéré injustement le Père Gabriel Barakana du mouvement marial pour la simple raison que celui-ci enseignait ce qui ne plaisait pas à son excellence. Heureusement qu’avant de mourir, Gabriel Barakana et Jean-Baptiste Bagaza s’étaient réconciliés.
Il était également connu pour son mépris à l’endroit des présidents voisins, le Zaïrois Mobutu et le Rwandais Juvénal Habyalimana. Il disait régulièrement au président rwandais de retourner à la faculté pour parachever ses études car lorsque ce dernier a renversé Grégoire Kayibanda le 5 juillet 1973, il avait fréquenté l’université en médecine où il avait échoué la première session. Il avait alors abandonné ses études au profit des fonctions militaro-politiques.
D’après d’autres informations, le président Bagaza était également en contact avec le président de l’Afrique du Sud Pieter Botha. Celui-ci lui suggéra une coopération entre les deux pays car, autant les Hutu burundais embêtaient le régime de Jean-Baptiste Bagaza, autant les Noirs d’Afrique du Sud embêtaient le régime d’Apartheid de Pieter Botha. Le colonel Jean-Baptiste Bagaza a naturellement décliné l’offre.