Addis Abeba, le 7 janvier 2016 (Net Press). Si l’Union africaine ou la communauté de l’Afrique de l’Est étaient conséquentes à elles-mêmes, elles devraient rendre le tablier sur le dossier Burundi, tant les tâtonnements que l’on observe ici et là montrent que ces deux institutions n’ont pas de solution à la crise burundaise.
Déjà le rendez-vous raté d’hier à Arusha a fait dire à la commission paix et sécurité de l’Afrique qu’elle est en contact avec la région et qu’une nouvelle date de rencontre sera bientôt communiquée, avant d’affirmer que dans tous les cas, le dernier mot reviendra à l’Union africaine.
Cependant, ce n’est pas ce que l’on voit sur terrain car le gouvernement de Bujumbura fait souvent des déclarations claires et indique qu’il devra s’entendre avec la médiation sur certains préalables avant que les discussions se poursuivent. Et ces conditions que le gouvernement pose sont connues de tout le monde, y compris la médiation et le conseil paix et sécurité de l’Union africaine. Sans devoir les citer toutes, mais l’on peut en donner deux qui sont d’ailleurs fondamentales. D’une part, le Cnared ne doit pas faire partie des négociateurs car il n’est pas reconnu par la loi burundaise. D’autre part, l’on ne doit pas revenir sur la décision populaire exprimée à travers les élections.
Dans ces conditions, l’on sent que Bujumbura voudrait orienter les négociations, qu’elles soient de l’intérieur ou de l’extérieur. Par ailleurs, si jamais le Cnared est maintenu dans ces négociations, l’on sait que son premier préalable est le départ du président Nkurunziza. C’est pourquoi toutes les deux parties restent campées sur leurs positions. Et c’est ici que la médiation, la région et l’Union africaine doivent tout faire pour trouver une issue à ce blocage, pour qu’elles redorent leur image au niveau des Burundais, de la région, de l’Afrique entière et pourquoi pas de toute la communauté internationale.
Burundi – Justice
Sixième et dernière comparution des putschistes
Gitega, le 7 janvier 2016 (Net Press). C’est hier que la cour suprême a de nouveau siégé dans l’affaire des présumés putschistes du 13 mai dernier où aucun témoin n’a été entendu. Ce procès donne l’impression qu’il est téléguidé quelque part ailleurs car tout semble être prévu. Le ministère public a requis la perpétuité pour tous les présumés putschistes ainsi qu’une peine complémentaire d’interdiction d’exercer une fonction publique pendant vingt ans.
La partie civile était également présente et a demandé de l’argent, beaucoup d’argent à titre de dédommagement. Le parti Cndd-Fdd a demandé 180.995.000 Fbu, la force de défense nationale quant à elle a exigé un montant de 793.951.900 Fbu. Le ministère de la sécurité de son côté veut 1.379.698 Fbu et la radio et télévision Rema exige 4.213.800.000 Fbu au titre de dédommagement.
Même les particuliers ont cherché à être dédommagés. C’est le cas notamment d’Albert Bisaganya qui a demandé 150.000.000 de francs burundais tandis que le commissaire Ayubu Sindayigaya réclame une indemnité de 130.000.000 de francs burundais.
Pour le général Cyrille Ndayirukiye, le procès n’a pas été juste et équitable. Dans une correspondance qu’il a fait parvenir au président de la cour suprême, il avait déploré le fait que la justice lui a refusé l’accès à l’assistance judiciaire. Il avait demandé l’assistance de trois avocats-conseils, Me Onésime Kabayabaya, Me Lambert Nsabimana et le Belge Me Bernard Maingain. Cette assistance lui a été refusée, ces avocats ayant été récusés.
En outre, la cour suprême, d’après toujours cette correspondance, a commis d’office des avocats. Pour lui, non seulement cela n’est pas légal, mais, même ceux qui ont été désignés n’ont pas eu accès au dossier, déplore-t-il. Il a toujours exigé la comparution des généraux Pontien Gaciyubwenge, Prime Niyongabo et Godefroid Niyombare mais en vain. L’un de leurs avocats, Me Fabien Segatwa, a déploré le déroulement de ce procès du fait que le ministère public n’a pas été en mesure de présenter des preuves tangibles.
Coïncidence ou pas, les deux avocats-conseils du général Cyrille Ndayirukiye sont convoqués à la cour d’appel pour le 12 janvier 2015. Quant au procès, la cour a informé qu’elle se prononcera en date du 14 janvier 2016 et qu’elle n’attendra pas le principe des deux mois.
Burundi – Médias
Reporter sans frontière inquiète des menaces à l’endroit de Sonia Rolley
Paris, le 7 janvier 2015 (Net Press). L’inquiétude en question a été traduite ce matin par cette conviction de Rsf qui estime que « l’information est plus que jamais victime de la spirale de violence et de la confusion politique dans lequel s’enferre le Burundi ».
En effet, dans un communiqué du 4 janvier 2016, déplore Rsf, le ministère de la sécurité publique a menacé à mots à peine couverts l’envoyée spéciale de Rfi, Sonia Rolley. Il lui est reproché de publier « ses traditionnels reportages de malédiction » et la publication « de fausses informations incendiaires » et de faux témoignages. Et le ministère a conclu par une menace à peine voilée, prédisant que « les services habilités prendront les mesures nécessaires à l’encontre de l’action perturbatrice de cette journaliste ».
D’après Mme Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Rsf, Sonia Rolley est connue pour le sérieux de son travail et elle ne devrait pas être menacée par un membre du gouvernement. Elle ne comprend pas comment le président de la République fait des effets d’annonce et parle de réouverture de certains médias d’une part et il tolère que l’on continue d’intimider les journalistes et de censurer les quelques bribes d’informations qui peuvent percer du chaos actuel de l’autre.
Par le biais de l’intimidation des journalistes, le gouvernement burundais prive le droit de toute la population burundaise d’être informée de ce qui se passe dans son pays, conclut-elle. Signalons que le Burundi occupait encore la 145ème place au classement 2015 de la liberté de la presse établi par Rsf (qui couvre l’année 2014). Avec la fermeture arbitraire des médias et la persécution des journalistes depuis le début de la crise de 2015, il est peu probable que le pays maintienne cette position dans le classement à venir.
Burundi – Recherches Scientifiques
Adieu le petit déjeuner à l’Université du Burundi
Bujumbura, le 7 janvier 2016 (Net Press). La régie des œuvres universitaires vient d’annoncer ce mercredi 6 janvier 2016 que depuis le 1er février 2016, le petit déjeuner ne sera plus servi dans tous les homes de cette unique université publique. Cette régie a informé les étudiants qu’elle a pris cette mesure car elle connaît des difficultés financières énormes et qu’elle est incapable d’assurer trois repas par jour aux étudiants.
Autres temps, autres mœurs, dit-on. Dans le temps, les préoccupations des étudiants étaient essentiellement d’ordre académique, voire politique et presque jamais liées à la ration. Mêmes les étudiants qui ne trouvaient pas de petit déjeuner partaient vers les auditoires sans montrer une moindre indignation.
Il faudrait qu’Anatole Nzinahora sache que dans le temps, une rupture de stock à l’université ne faisait même pas l’objet des affiches sur les différents restaurants universitaires. Ceci est une preuve que de nos jours, les préoccupations sont ailleurs car une telle situation devrait être une affaire interne entre les étudiants et la régie des œuvres universitaires et non une annonce officielle par voie des médias interposés.