Bujumbura, le 19 septembre 2017 (Net Press) . Très tôt ce matin, vers 4 heures moins cinq minutes, des tirs à l’arme automatique ont été entendus dans la zone de Kinindo, dans le quartier de Kibenga. Les habitants de ce coin indiquent que ce serait des policiers qui faisaient la patrouille et qui poursuivaient des cambrioleurs.
Les mêmes habitants indiquent cependant que les militaires ou les policiers professionnels n’utilisent jamais leurs armes à la moindre vue d’un ennemi comme ils le disent dans leur jargon. Une hypothèse qui a rencontré plus de convergence est que ceux qui patrouillaient pourraient être des Imbonerakure comme cela se fait dans d’autres zones et quartiers de la capitale.
L’on saura que cela fait sept jours que la famille de Léopold Habarugira, trésorier de l’Upd Zigamibanga non reconnu par le ministère de l’intérieur et de la formation patriotique, ne sait pas toujours où il se trouve après être enlevé par des gens non encore identifiés. Cet homme âgé de 54 ans était parmi les rares politiciens de l’opposition radicale qui sont restés au pays.
Burundi - Onu - Droits de l’homme
Genève devient un terrain d’attaques frontales des Burundais
Genève, le 19 septembre 2017 (Net Press) . C’est aujourd’hui que les experts de l’Onu qui ont enquêté sur le Burundi doivent présenter leur rapport définitif à la 36ème session de conseil des droits de l’homme. Bujumbura qui s’est senti ciblé lors de la publication de ce document en date du 4 septembre dernier, a décidé de se lever et de faire tout ce qui est en son pouvoir pour qu’il ne soit pas validé.
Ainsi, des visites dans des chancelleries européennes ont été prévues par la partie gouvernementale, dont celle de Willy Nyamitwe, conseiller principal à la présidence de la République en matière de communication, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du président Nkurunziza, dans les capitales française et suisse pour y apporter son contre rapport.
Selon le journal "LE MONDE" du 18 septembre, à la veille de la présentation du rapport sur les crimes contre l’humanité commis au Burundi, le conseiller du président Nkurunziza était en visite à Paris pour son contre-rapport. Selon ce journal, lors d’une conférence de presse de ce samedi 16 septembre à Paris, le conseiller du président Nkurunziza a préféré dire qu’il n’y a pas de guerre au Burundi.
Pourtant, il doit faire face à un rapport d’enquête qui parle des exécutions, des arrestations arbitraires, des tortures, des violences sexuelles, des traitements cruels, des disparitions forcées et pire pour lui, la commission a appelé la cour pénale internationale (Cpi) à se saisir du dossier. Le Burundi s’étant retiré du traité de Rome qui a créé la juridiction internationale, celle-ci a jusqu’au 26 octobre pour ouvrir une enquête.
Willy Nyamitwe avance un cas d’un bus brûlé, un Imbonerakure lynché par des opposants, une grenade, l’ambassadeur de France au Burundi, Laurent Delahousse, participant à une marche de la paix, etc. Il pense qu’il est raisonnable de préparer les élections de 2020 même si, selon toujours notre confrère, Willy Nyamitwe affirme que le président Nkurunziza ne veut pas être président à vie.
Un autre qui s’active est Jacques Bigirimana, président du Fnl pro Cndd-Fdd, qui va jusqu’à parler des relations intimes entre le président de la commission d’enquête et’une Burundaise qu’il n’a pas voulu citer. Il parle des relations entre cette femme et l’ancien président Pierre Buyoya, ce qui expliquerait pourquoi il y a tendance à rédiger ce rapport dans ce sens.
D’un autre côté, il y a également à Genève la présence des associations de la société civile en exil ainsi que le collectif des victimes et parties civiles "Justice for Burundi". Ce dernier indique qu’il prend acte des efforts de lobbying du gouvernement burundais pour bloquer toute suite au rapport rendu public le 4 septembre à propos du Burundi et qui doit être présenté devant le conseil des droits de l’homme. Il s’insurge contre ces manœuvres de dernière minute.
Sur un ton plutôt autoritaire, il rappelle que personne, ni Etat, ni organisation, ni institution quelconque, ne peut déposséder ses mandants le droit à accéder à la justice. Pour ce collectif, le lobbying de certains dirigeants burundais cherche à éviter l’émergence d’un processus d’enquête et judiciaire fiable
Les familles rappellent solennellement qu’elles ont souffert dans leur chair et dans leur vie affective des innombrables crimes commis. Les faits dont elles ont souffert et qui ont été décrits à la commission d’enquête sont incontournables. Par ailleurs, les crimes commis sont imprescriptibles et jamais les familles ne renonceront à ce que justice soit rendue.
Pour le collectif, "l’argument du panafricanisme agité par ses détracteurs est une trahison du mouvement panafricain". Tous les membres du collectif réaffirment leur attachement au mouvement panafricain. Les pères du mouvement - Sankara, Lumumba, Mandela, Nyerere, Rwagasore, …- n’auraient jamais permis que les dirigeants d’un pays pillent, torturent, tuent, enlèvent, violent, … leurs propres frères et sœurs. Ce sont les oppresseurs qui s’adonnent aux crimes contre l’humanité, pas ceux qui luttent pour l’émancipation radicale du continent africain.
L’Union européenne a un passé colonial. Tous, nous en sommes conscients et cette question laisse des blessures vives dans l’histoire des relations entre les peuples. Mais l’enjeu de la crise actuelle, ce n’est pas le passé colonial, c’est le présent criminel, estime le collectif. Le collectif n’aurait pas demandé mieux que la justice soit immédiatement exercée au Burundi et en Afrique car c’est là que la justice est attendue le plus fortement.
Mais à ce jour, au Burundi, pas un seul criminel lié à l’appareil d’état n’a été traduit en justice pour crime contre l’humanité. Pas un seul. Est-ce que l’effectivité de la justice signifie désormais l’absence de justice ?
Autant de questions que le collectif se pose avant d’affirmer que l’Afrique n’appartient pas aux auteurs de crimes contre l’humanité et ceux-ci n’ont aucunement le droit de confisquer la parole sur le devenir de ce continent. L’Afrique appartient aux peuples d’Afrique. A titre de rappel enfin, le collectif est composé des avocats Armel Niyongere, Bernard Maingain, Lef Forster, Lambert Nigarura et Alain Detheux.
Burundi - Droits de l’homme
La ligue Iteka publie son bulletin hebdomadaire n°76
Bujumbura, le 19 septembre 2017 (Net Press) . Il couvre la période du 11 au 17 septembre 2017 et évoque des allégations de violations et des violations des droits de l’Homme enregistrées sur cet espace. Au moins 16 personnes ont été tuées dont 9 cadavres, 2 enlevées, 7 torturées, 16 arrêtées arbitrairement et 1victime de violences basées sur le genre. Le phénomène de cadavres continue à se manifester dans plusieurs endroits du pays et aucune enquête n’est diligentée, ce qui est très inquiétant.
Des jeunes Imbonerakure affiliés au parti Cndd-Fdd au pouvoir, des agents du Snr, des policiers et des administratifs sont pointés du doigt comme étant les auteurs de la plupart de ces violations des droits humains. Ce bulletin relève des cas d’assassinats, d’enlèvements, de tortures et d’arrestations arbitraires dont sont victimes des présumés opposants du 3ème mandat de Pierre Nkurunziza.
Des membres des partis de l’opposition, en l’occurrence ceux du Fnl, aile d’Agathon Rwasa et ceux de l’Upd-Zigamibanga ont été une cible privilégiée de la répression organisée par le régime de Bujumbura. Le bulletin s’insurge contre l’impunité des crimes qui est accordée aux proches du parti Cndd-Fdd.
Des membres de ce parti impliqués dans différents crimes jouissent de l’impunité avec une complicité affichée des pouvoirs publics. Ce bulletin émet des recommandations qui sont dirigées à l’endroit du Gouvernement du Burundi pour le changement de la situation précaire des droits de l’Homme dans le pays.