Makamba, le 10 septembre 2018 (Net Press) . Des sources sur place parlent d’échanges de tirs dans la soirée de ce samedi 8 septembre, entre la police burundaise et des éléments non encore identifiés, dans les environs de la colline Bigina à la frontière tanzano-burundaise, dans la province de Makamba.
Des témoins affirment qu’après ces échanges de tirs, ces éléments ont pris le large vers la Tanzanie et que la police est parvenue à saisir une moto dont la plaque d’immatriculation est de ce pays voisin, en plus d’un fusil de type Kalachnikov et un vélo, selon toujours des sources sur place à Makamba.
le prénommé Pontien, un commerçant de vaches, est mort ce vendredi 7 septembre à l’hôpital de Kibuye après avoir été blessé par un coup de couteau par les trois voleurs sur la colline Kivoma, dans la commune Gitanga en province de Rutana. Des présumés auteurs du crime ont été interpellés. Ils sont gardés au cachot du commissariat communal de Rutana pour enquêtes.
Rutana observe une interpellation massive du personnel du lycée de Rutana, accusé du vol des ordinateurs de l’établissement. Deux secrétaires et un bibliothécaire ont été arrêtés ce vendredi 7 septembre puis transférés menu militari au cachot du commissariat provincial de la police de Rutana. L’on saura que le directeur, le préfet des études, un secrétaire et deux sentinelles avaient été arrêtés après le vol de 15 ordinateurs, suivi du limogeage du directeur et du préfet des études.
Par ailleurs, l’on apprend qu’au moins cinq personnes ont été assassinées au cours de la semaine dernière, dont un jeune homme tabassé à mort par des Imbonerakure. Ces derniers ont tenté de cacher le corps de la victime, qui n’a été découvert que onze jours après l’assassinat. Deux autres victimes n’ont jamais été identifiées. Les autorités administratives locales et la police ont ordonné l’enterrement de ces victimes dans une précipitation pour éviter une éventuelle identification. L’on apprend également le cas d’un assassinat d’un agent de police par des militaires, alors que les policiers tentaient d’empêcher les militaires de mener des arrestations illégales.
Burundi - Confessions Religieuses
Spécial Mgr. Joachim Ruhuna
Gitega, le 10 septembre 2018 (Net Press) . Hier dimanche, 22 ans jour pour jour venaient de s’écouler après l’assassinat de Mgr. Joachim Ruhuna dans la province de Gitega dont il était l’archevêque. Alors qu’il rentrait du séminaire moyen de Burasira, il est tombé dans une embuscade alors qu’il était en compagnie de deux sœurs qui ont également trouvé la mort dans cette embuscade. L’église catholique lui a rendu un vibrant hommage.
L’église catholique et les amis de feu l’archevêque Mgr. Joachim Ruhuna ont commémoré ce dimanche le 22ème anniversaire de son assassinat à la cathédrale Christ Roi de Mushasha. Rappelons qu’il a été tué le 9 septembre 1996 prés de la rivière Mubarazi, autour de la paroisse de Gitongo, dans la commune Mutaho en province de Gitega.
Un de ses amis qui l’a longtemps côtoyé témoigne que feu l’archevêque Mgr. Joachim Ruhuna s’est investi au retour de la paix en 1993 dans un pays meurtri par la crise occasionnée par l’assassinat du président Ndadaye
Une des plus grandes grâces de ma vie fut mon amitié avec Mgr. Joachim Ruhuna, l’archevêque de Gitega (Burundi), qui a été assassiné le 9 septembre dernier. Je l’avais rencontré la première fois en 1975 quand il était encore évêque du nouveau diocèse de Ruygi. Peu après, nous nous rencontrions presque chaque année en Belgique, à Rome ou au Burundi. Chaque fois, j’avais l’impression de simplement continuer le dialogue avec lui au point où notre précédent dialogue d’il y a un an avait abouti. Sa capacité d’écoute m’a toujours profondément frappé.
Mgr. Joachim Ruhuna, un "Chrétien"
Joachim Ruhuna était d’abord un « chrétien ». Sa seule passion était de vivre l’Evangile dans sa radicalité. Il avait une grande estime pour ses parents qui étaient pour lui les exemples d’une vie chrétienne authentique. Son père avait été un des premiers catéchistes du Burundi, responsable pour une communauté de 5 000 chrétiens. Un soir, Joachim me dit : « D’abord je suis devenu prêtre, peu après évêque et maintenant je désire devenir... un chrétien ! » Il n’y avait rien de clérical dans ses paroles et dans son comportement.
La clé de son travail pastoral était très simple : construire la communauté chrétienne grâce à la collaboration de toutes les vocations et de tous les charismes afin que tous soient un comme Jésus et son Père (cf. Jean 17, 21). Il regrettait fortement l’individualisme de certains ouvriers apostoliques. C’est pourquoi il avait créé une communauté de prêtres diocésains, « Prêtres du bon Pasteur et du Cénacle », dans la perspective d’un apostolat plus communautaire. Il désirait que ces prêtres aient l’expérience du travail manuel. Dans ce sens, il a toujours pris à cœur la collégialité effective et affective dans la conférence épiscopale du Burundi, de sorte que cette unité entre les évêques hutus et tutsis devenait exemplaire pour les autres Eglises locales en Afrique.
Serviteur, prophète de la paix et de l’unité
Joachim Ruhuna était surtout le serviteur et le prophète de la paix et de l’unité. Malgré l’opposition des classes dirigeantes, il a voulu que son successeur comme évêque de Ruygi, au moment où lui-même est devenu archevêque de Gitega, soit un Hutu qui d’ailleurs a toujours travaillé dans la perspective pastorale de Mgr Ruhuna.
Lors des événements de fin 1993, au Burundi, j’ai demandé à Joachim Ruhuna s’il désirait ma visite à ce moment. Sa réponse fut : « Viens ! » Avec lui, j’ai alors visité les paroisses de son diocèse. Sa parole était toujours en appel à la paix. Malgré le fait que sa sœur et six autres membres de sa famille aient été tués par des gens de l’autre ethnie, il reçut un groupe de 2 000 personnes des deux ethnies dans un petit camp de réfugiés dans les jardins de sa résidence et des autres bâtiments de l’évêché. Il y était attentif aux témoignages de toutes ces familles qui voulaient raconter à leur archevêque ce qu’elles avaient vécu pendant ces semaines de grande souffrance. Ensemble, nous avons eu des échanges inoubliables avec des groupes de jeunes sur leurs expériences dans ce conflit et sur leurs espoirs dans un monde nouveau.
Malgré la douceur de son caractère et même une certaine timidité, Mgr Ruhuna témoignait d’un courage peu ordinaire. Pendant les difficultés d’octobre 1993, après le coup d’Etat contre le président du pays, Joachim Ruhuna fut un jour menacé par une grande foule. Après de longs palabres, il entonna un chant marial. Après quelques strophes, la foule commença à chanter avec lui et le climat devint plus positif. Pendant les funérailles des victimes de Bugendana (23 juillet 1996), Mgr Ruhuna, s’adressant aux meurtriers, proclama dans son homélie : « Vos crimes sont un scandale contre l’humanité. Déposez vos armes. C’est le prix que vous devez payer pour la paix. Aussi vous-même, vous désirez la paix. Permettez aux autres de vivre en paix. Cherchons ensemble comment construire une nouvelle société dans l’harmonie et dans l’unité. » Les derniers mois de sa vie, il répétait souvent : « Si le Seigneur demande ma vie afin que les Burundais vivent en paix, je suis prêt à donner ma vie immédiatement et avec joie. »
Le grand secret de ce témoignage de Mgr Ruhuna était son amour pour Jésus. Chaque soir, il priait dans sa chapelle jusque tard dans la nuit. Sa vie de prière était nourrie par la Bible, surtout par la lecture des grands prophètes et des Actes des apôtres et par la méditation des Evangiles, surtout de l’Evangile de saint Jean.
Hommage à Gitega, mais également à Cankuzo
Presqu’au même moment, l’on parlait de l’illustre disparu dans la province de Cankuzo, où Mgr. Blaise Nzeyimana, évêque du diocèse de Ruyigi, présidait la messe en compagnie de l’archevêque émérite Mgr. Evariste Ngoyagoye et d’un délégué du diocèse de Bubanza. En effet, la commission Justice et Paix de l’Eglise catholique vient de confectionner son rapport qui a été présenté dans la paroisse de Cankuzo, dans le diocèse de Ruyigi dont le premier évêque est justement Mgr. Joachim Ruhuna avant de devenir archevêque de Gitega.
Sur le même chapitre des confessions religieuses, l’on notera que les paroisses Cathédrale Regina Mundi et Regina Pacis de Kinindo ont eu l’honneur d’accueillir deux personnalités de l’hiérarchie catholique de ce pays. Si la cathédrale Regina Mundi a vu l’archevêque Mgr. Gervais Banshimiyubusa officier la messe de 10 heures, Kinindo était tout aussi joyeux d’accueillir Mgr. Jean Louis Nahimana, président de la commission vérité et réconciliation.
Les deux paroisses ont eu droit à deux homélies présentés avec brio des deux côtés. Le premier se demandant pourquoi chrétiens ne parviennent pas à s’entendre alors qu’ils se réclament tous de Dieu, aussi bien dans les églises que dans les croisades. Quant au deuxième, il a insisté sur le premier amour avec Dieu que les chrétiens doivent garder jalousement.