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Burundi - Politique

61ème anniversaire de l’assassinat du Prince Louis Rwagasore

13 octobre 2022

N.P.

Honorable Olivier Nkurunziza, vous êtes l’actuel Président du parti Uprona, le parti de l’Indépendance. Mais tout d’abord, quel est votre parcours politique ?


Olivier NKURUNZIZA, Président du parti Uprona

O.N.

Merci beaucoup. Mon parcours politique, je suis de naissance du parti Uprona, parce que j’ai grandi dans une famille Uproniste. Ma mère et mon père étaient des membres effectifs du parti Uprona, j’ai grandi dans le mouvement de la Jeunesse Révolutionnaire Rwagasore, JRR. Je suis entré au comité communal du parti Uprona dans la province de Muyinga. Mais pratiquement, j’aai membre de l’Uprona depuis l’école secondaire. Arrivé à l’université, je suis entré au comité central du parti Uprona. Depuis 2009, je suis membre du comité central du parti Uprona et à partir de 2012, du bureau exécutif de cette formation politique.

OLivier NKURUNZIZA, à gauche du vice-président Prosper BAZOMBANZA

Voilà, j’ai été élu premier secrétaire provincial du parti Uprona en province de Muyinga en 2012. J’ai évolué et suis devenu secrétaire général et porte-parole du parti Uprona en 2014. Très récemment en 2021, on m’a élu comme Président du parti. Ceci pour dire que j’ai fait le parcours normal dans le parti Uprona, de la base au sommet. En effet, j’ai été membre du comité communal, du comité provincial, du comité central, du bureau exécutif, j’ai passé plus de 11 ans dans les structures dirigeantes, plus 7 ans dans la direction de l’Uprona. J’ai été Secrétaire général et Porte-parole, je connais très bien le parti Uprona et toutes les secousses qu’il a connues depuis 1998.

Quand j’étais encore jeune, j’ai vu comment l’Uprona s’est divisé en deux parties, ailes Mukasi et celle qu’on appelait Buyoya. J’ai suivi de près l’histoire du parti et depuis même 1993, quand j’étais encore très jeune, j’ai vu comment le parti Uprona a quitté le pouvoir et comment il a connu pas mal de problèmes. Je connais donc très bien l’histoire récente du parti Uprona. Et d’autres choses qui m’intéressent, je me suis engagé à apprendre en profondeur l’historique du parti Uprona depuis sa création. Je suis parmi les membres de l’Uprona qui dispensent la formation idéologique du parti.

J’ai fouillé, comme vous l’avez vu, toutes ces photos des présidents du parti Uprona. C’est moi qui les ai cherchées quelque part, à la radiotélévision nationale, pour inspirer les jeunes et leur montrer que l’Uprona n’est pas un parti jeune, que c’est un parti qui a de l’hisoire et qu’il est presque confondu à la Nation burundaise. C’est la raison pour laquelle on s’inspire de chaque président.

A partir de Nugu André, nous essayons, à partir de 1958, d’analyser ce qui a caractérisé le parti, les difficultés qu’ils a rencontrées pendant son mandat. Pour le moment, je me réjouis que je connais l’histoire du parti. Je suis en train de la partager avec nos jeunes, mais aussi avec les anciens de l’Uprona qui ne connaissent pas très bien l’histoire de l’Uprona.

N.P.

Vous avez de l’expérience solide. Le 13 octobre de cette année, le Burundi célébrera le 61ème anniversaire de l’assassinat du Prince Louis Rwagasore. Pour les jeunes générations qui voudraient s’intéresser à lui, comment pourriez-vous le présenter ?

O.N.

D’abord pour les jeunes, je devrais présenter Rwagasore comme un jeune. C’est un jeune de 29 ans qui a été assassiné. Il ne faut pas qu’ils comprennent que c’est un vieux de plus de 80 ans qui a été assassiné. C’est un jeune homme qui a pensé à donner sa vie à la société burundaise.

Il était prince, un fils du roi Mwambutsa. Après ses études à Louvain, Louis Rwagasore est revenu ici au Burundi presqu’en 1956. Ce qu’il faut connaître, c’est qu’en 1955, il a étonné les Belges, qui étaient des colonisateurs du Burundi, quand il a proposé que le Burundi ait une Constitution.

Il est passé par le Conseil national pour dire qu’il réclame la Constitution. Et après son retour, il a pensé d’abord à mettre en place des Coopératives. Le 14/10/1958, il a pensé à la mise en place le parti Uprona. C’est un parti politique qui a organisé une assemblée constituante à partir de cette date et les colons belges n’ont pas accepté de l’agréer aussitôt. Ils ont d’abord fondé d’autres partis.

Pour rappel, l’Uprona a été agréé en deuxième temps, le 7 janvier 1960 alors qu’il avait demandé d’être agréé depuis 1958. Le prince Louis Rwagasore, avec ses compagnons de lutte, comme le premier président du pari, Nugu André, - parce que le prince Louis Rwagasore n’a jamais été président du parti. Il y avait de lois et des règlements qui ont été imposés aux princes de sang ou aux parentés du roi pour ne pas être élus comme président d’un parti politique. Mais cela ne l’a pas empêché de poursuivre sa lutte politique en mettant en avant Nugu André comme président du parti.

Le Prince Louis RWAGASORE après la victoire de l’UPRONA, le 18/08/1961

Les autres compagnons de lutte, en plus de Nugu André, on peut citer Paul Mirerekano, André Muhirwa, Thaddée Siryuyumusi, Apollinaire Siniremera, il y avait Ngendandumwe, … Je parle de toutes ces personnalités pour que les gens comprennent que c’était un parti d’unité. Des Hutu, des Tutsi et des Ganwa se sont rassemblés autour du prince Rwagasore d’abord pour barrer la route aux événements qui se passaient au Rwanda depuis 1955. A cette époque, il y avait chez le voisin du nord la révolution de Grégoire Kayibanda qui a assassiné presque tous les Tutsi. Le prince Rwagasore a refusé, que ces événements s’implantent dans notre pays. Tous ces hommes ont fait un bloc, ils ont mis en place un parti d’unité pour le progrès national.

Dans cette logique d’unité nationale, l’Uprona a obtenu l’indépendance du Burundi. Ses membres fondateurs ont sensibilisé tous les Burundais en leur montrant les vrais problèmes qu’ils ont, qu’ils sont déshonorés par les Blancs qui les maltraitaient devant les enfants. Il faut savoir que le roi était en dehors de tout cela car il régnait, mais ne gouvernait pas. Il n’avait pas en réalité de pouvoir. Alors Rwagasore a drainé le peuple burundais autour de lui, en mettant l’accès à une indépendance immédiate. Ce que le jeunes doivent savoir, c’est que l’Uprona n’est pas passé par les armes pour accéder à son indépendance, il a gagné les urnes, il a passé par la démocratie car il y avait plus de 20 partis, 22 au total.

La plupart des partis politiques se rassemblaient autour du PDC (Parti Démocrate-Chrétien, Ndlr), ils ont fait ce qu’on a appelé « Front Commun ». Ils étaient au nombre de 12 et ces partis étaient soutenus par les Belges et étaient contre l’indépendance immédiate. Mais le parti de Rwagasore, avec tous ses slogans, son projet de société, il a gagné les élections. C’est la fête qu’on célèbre toujours le 18 septembre, mais malheureusement, Rwagasore n’a pas eu la chance de mettre en application son projet de société qu’il avait présenté devant la population burundaise.

C’est à peine après la mise en place de son gouvernement qu’il a été tué le 13 octobre 1961, moins d’un mois après, soit 25 jours seulement. Mais aussi, il n’a pas eu l’occasion de mettre en place toutes les institutions comme il le voulait, c’est-à-dire, celles d’un Burundi meilleur et prospère. Il n’a même pas eu la chance de voir le Burundi indépendant.

N.P.

C’est dommage ! Mais si l’Uprona a gagné les élections, c’est qu’il y avait une idéologie. Il y avait un projet de rassemblement, vous avez parlé des Bahutu, des Batutsi et des Baganwa, il y avait également des Baswahili qui se sont rassemblés autour de Rwagasore. Brièvement, quelle était son idéologie ?

O.N.

L’idéologie du parti n’a jamais changé jusqu’à présent. Peut-être la façon de la mettre en application a rencontré des problèmes, des embûches. En effet, il n’était pas facile de travailler après l’assassinat du prince Louis Rwagasore pour le fait que d’autres leaders ont été assassinés. Pierre Ngendandumwe a été assassiné, tout comme Paul Mirerekano suite à des divisions internes qui se sont installées au sein de l’Uprona. Mais, malgré cela, il a été tenu compte tout d’abord de l’idéologie qui lui était cher, un parti d’unité. Et quand on parle de parti d’unité, il ne faut pas voir uniquement la dimension ethnique ou régionale.

Comme vous venez de le dire, il y avait des Baswahili, donc une dimension religieuse qui a été également prise en compte. Pour le cas du Prince Louis Rwagasore, même la diversité des partis politiques ne devait pas être la source des divisions. L’Uprona était aussi partisan de la justice sociale, de l’équité, surtout au niveau des biens du pays. Il faut que tous les Burundais aient les mêmes chances de bénéficier des biens du pays, que ce soit au niveau des régions. Aujourd’hui nous observons qu’il y a l’octroi du travail en tenant compte de la provenance du parti politique qui a gagné les élections. Le parti Uprona mettait en avant la méritocratie, mais aussi la démocratie.

L’on dit aujourd’hui que Ndadaye Melchior est le héros de la démocratie, mais celui qui a introduit cette notion au Burundi, c’est bel et bien Rwagasore qui a participé aux élections au terme desquelles avons obtenu l’indépendance, contrairement aux autres pays qui ont pris les armes, qui ont pris d’autres voies que celle des urnes. C’est cela la compétition électorale. En conséquence, le parti Uprona doit être partisan de la démocratie. En outre, il met en avant les bonnes relations diplomatiques. Ne perdons pas de vue que Rwagasore l’a dit aux Belges, les colonisateurs d’hier. Il leur a fait savoir que même s’ils nous ont colonisés, il souhaite que ceux qui veulent travailler de commun accord avec le Burundi sont les bienvenus.

C’est cela être souverain. La souveraineté ne signifie pas s’enfermer, de ne pas avoir de bonnes relations avec le reste monde. Il faut qu’il y ait la logique de bon voisinage, de reconnaître que le Burundi a besoin d’autres compétences, des soutiens du monde. Voilà, le parti Uprona est partisan de bonnes relations diplomatiques parce que même dans notre hymne national, ont dit « Shinga icumu mumashinga », c’est-à-dire collaborer avec le concert des Nations. Finalement, l’Uprona est un partisan du développement national car on ne peut pas vivre sans se développer.

C’est la raison pour laquelle dans notre devise nationale, nous disons unité nationale, justice, travail, en facilitant la population burundaise à bien collaborer. Quand il y a des conflits entre les populations, il faut trancher sans être partial. C’est pour cela que le parti Uprona met en avant les piliers qui se trouvent dans l’idéologie.

N.P.

Je constate que le prince Louis Rwagasore est présenté par des Burundais comme un visionnaire hors du commun. Cependant, il est des documents de la colonisation qui indiquent que la Belgique n’apprécie pas du tout Rwagasore. Il y en a qui disent qu’il n’a pas terminé ses études, donc que c’est un signe de faiblesse intellectuelle.

O.N.

Bon, jusqu’à présent, je n’avais pas encore parlé du parcours de ses études. Quand il a terminé ses études à Astrida, au Sud du Rwanda aux côtés d’autres Burundais, il est parti pour la Belgique en 1951, il a embrassé la carrière de l’administration à l’Université d’Outre-Mer où il a passé deux ans. Par après, il a senti le besoin de changer de formation et entamer la carrière de développement, là où on parle des questions d’économie et il a changé son université après 2 ans. Bien sûr, il n’était pas aussi brillant que Birori, mais il n’était pas du tout bête. Il suivant l’évolution de son pays et surtout, ce qui le préoccupait, ce n’était pas peut-être de devenir un docteur d’université qui va enseigner, mais c’était de prendre des connaissances nécessaires qui pouvaient aider le Burundi à sortir du joug colonial.

N.P.

C’était normal que les Belges parlent du mal de Rwagasore

O.N.

C’était pour le diffamer, c’était pour ternir son image parce qu’ils voyaient en lui un obstacle au projet de la colonisation belge. C’est pour cela qu’on le conseillait de rester en Europe et ne pas revenir au Burundi pour faire de la politique. Et quand ils ont vu qu’à partir de 1955, il réclamait la Constitution burundaise, qu’il était en train de mobiliser les Burundais à créer des coopératives, de former un parti politique, il était alors à combattre par tous les moyens. De toutes les façons, ce qu’on disait sur Rwagasore, c’était pour ternir son image.

N.P.

D’ailleurs pour compléter votre idée, d’autres documents disent qu’il a été à la tête des malversations économiques au sein des coopératives. Quand bien même il y avait une main invisible du colonisateur derrière, la colonisation l’a accusé tout de même de malversations. Avez-vous une idée là-dessus ?

O.N.

Bien, j’ai suivi l’évolution de Louis Rwagasore dans la mise en place des coopératives. Il a commencé par la coopérative appelée CCB et puis par après, il a mis en place la COPICO, il sensibilisait les Burundais de s’y intéresser. Au passage, ce n’est pas Rwagasore qui pouvait être responsable des malversations alors qu’il n’était pas le gestionnaire. Puis aux Burundais qui n’étaient pas habitués au commerce, c’était normal. Il ne faut pas oublier tout de même que l’administration faisait tout pour empêcher le développement de ces coopératives. Et quand ces dernières sont tombées en faillite, la colonisation a accusé injustement le prince d’être à la tête de toutes ces malversations. C’était une occasion.

N.P.

Oui. M. le Président. Lors de son discours de victoire à la Nation, il a tendu la main aux adversaires de la veille, pour dire qu’il n’avait pas l’unanimité des politiciens burundais.

O.N.

D’abord, il faut comprendre que Rwagasore, comme vous l’avez dit, était un grand visionnaire. Bien sûr, à côté de lui, dans un parti politique, qu’il y ait des divergences, c’était tout-à-fait normal. Il faut savoir que dans la mise en place des listes des députés, le prince Rwagasore disait aux Badasigana qu’il y avait des personnes influentes dans une région quelconque. Il y a même des membres d’autres partis politiques qu’il a influencés, leur conseillant d’abandonner les têtes de listes de leurs partis politiques et de se faire représenter à l’Uprona. C’était normal. Aux personnes qui protestaient que ce n’était pas des Badasigana, l’important d’abord pour le Prince c’était de voir le Burundi indépendant.

Ceci démontre bien sûr sa maturité politique, surtout quand il a déclaré qu’après l’indépendance, même les Belges y mettront la main car le Burundi ne va pas travailler enfermé, mais qu’il doit s’engager dans une ouverture politique, diplomatique sur le monde entier. Il prétendait être Premier Ministre, il ne devait pas par conséquent s’enfermer dans son discours, en disant notamment qu’il invite les Burundais à prendre des machettes, de prendre des armes pour s’attaquer aux Belges. Il devrait prononcer un discours qui rassure tout le monde, les étrangers, les Burundais, mais aussi ceux qui n’avaient pas gagné les élections, il fallait penser au développement du pays.

/Je pense que son discours corrobore, mais aussi il avait la capacité de convaincre. Sinon, même au sein de ses membres, il y avait des divisions internes. Sa mort a aggravé la situation de divisions internes. Paul Mirerekano réclamait ouvertement d’être le Président du parti Uprona contre les avis d’André Muhirwa et de Ntiruhwama. Cela a coûté cher au parti Uprona. En conclusion sur cette question, l’on peut dire que la mort du prince Rwagasore, a été la cause des maux qu’a connus le pays.

N.P.

Donc la cause aussi de sa célébrité, de l’unanimité autour de sa personne, c’est sa mort précoce. Parce que si Rwagasore était encore vivant, nul ne sait qu’il serait toujours populaire.

Lors de son mariage le 12/09/1959

O.N.

Oui cela fait aussi parti car il n’était pas encore entaché. Mais en constatant ce que Rwagasore a fait, je pense que le Burundi aurait gagné beaucoup de choses s’il était encore vivant, plutôt que de le voir aujourd’hui dans les archives. Parce que sa vision, l’image qu’il pensait à donner au Burundi, c’est dommage que les Burundais n’aient pas eu l’occasion de s’enquérir de l’idéologie, de la philosophie qu’il avait. Voilà, c’est pour cela que je pense que d’un côté, Rwagasore est mort sans aucune difficulté avec ses collaborateurs proches, mais aussi à voir son charisme, je pense que le Burundi aurait gagné à ce qu’il soit vivant.

N.P.

L’Uprona devenu parti unique, l’on voit apparaître des intrigues au sein de cette formation politique, ce qui serait à l’origine de plusieurs scissions comme vous l’avez dit, qui se réclament toutes de Rwagasore. Qu’est ce qui est à l’origine de l’échec de la réunification des Badasigana ?

O.N.

Bon, le parti Uprona est une formation politique qui existe depuis 61 ans. C’est une formation politique qui a connu des hauts et des bas. D’abord en tenant compte de l’histoire pour bien comprendre les racines des divisions, il faut partir de l’intention de renouveler la direction du parti, du temps de Nugu André, car ce dernier venait d’être nommé gouverneur de la province de Muramvya. Paul Mirerekano a réclamé de succéder à Rwagasore parce qu’il était le trésorier, il était le n° 3. Cela a causé des problèmes profonds, une crise depuis 1962 parce que l’on a installé Joseph Bamina, qui était soutenu par Muhiirwa et Ntiruhwama. Par contre, Paul Mirerekano était soutenu par le président de l’assemblée nationale d’alors, Thaddée Siryuyumusi.

Cela a provoqué des divisions au sein de l’assemblée nationale et ce fut la naissance des termes qu’on a entendu à l’époque « Monrovia » et « Casablanca ». La Monrovia – Casablanca a coûté cher à la Nation burundaise parce que depuis ce temps, on a destitué presque tous les premiers ministres du Burundi. L’on saura que la période de 1962 à 1966 a connu la succession de 7 premiers ministres. Voilà, l’instabilité d’abord des institutions, instabilité ensuite au niveau de la direction de l’Uprona, cela a coûté cher au parti. Comme si cela ne suffisait pas, en 1966, un militaire du nom de Michel Micombero arrive à la tête du pays par un coup d’Etat. J’ose le dire, Michel Micombero n’incarnait pas l’idéologie du parti Uprona. C’était un jeune qui avait été formé à l’Ecole Royale des Cadets. Il a fait un coup d’Etat sans toutefois connaître réellement l’idéologie du parti.

N.P.

Il n’avait même pas de références.

O.N.

Et d’un coup, le 23 novembre 1966, quand Michel Micombero était Premier Ministre et que Ntare V était le roi du Burundi, on a déclaré que le parti Uprona devient un parti unique. La conséquence est que tous les 21 partis politiques, ceux qui ont été vaincus et les vainqueurs, ont été tous dans un même paquet. Michel Micombero n’avait même pas de plan de formation car il a passé plus de 11 ans sans faire de congrès, il n’y avait pas de comité central, il n’y avait pas de comité provincial, il nommait qui il voulait à la tête du parti Uprona, même ceux du PDC ou du PP. Ceux qui étaient du PP devenaient automatiquement des responsables du parti Uprona. De cette manière, il y a eu des vengeances, de problèmes tel que le parti Uprona est devenu un parti unique sans toutefois avoir la force en tenant compte de ce qui devait caractériser un parti unique.

Il n’y avait ni bureau exécutif ni de comité central. N’eût été le président Jean Baptiste Bagaza qui a restructuré le parti Uprona, je ne sais pas où il serait aujourd’hui. Le comité central que nous avons a eu comme premier secrétaire le président Jean Baptise Bagaza. Alors dans l’histoire, le parti s’est restructuré jusqu’à l’arrivée au pouvoir du président Pierre Buyoya. Sous son régime, est venue le multipartisme, ce qui a été un autre coup dur contre l’Uprona. Ceux qui ont ont fondé d’autres partis politiques étaient initialement des Upronistes. Avant de partir, ils ont pris soin de détruire toutes les structures de l’Uprona.

Alors, après les élections, le parti Uprona a quitté brusquement le pouvoir en 1993 et il y a eu la crise. Les structures de l’Uprona au niveau de la base ont été détruites suite à la haine car tous ceux qui ont été assassinés étaient des Badasigana et le parti a connu des crises, des problèmes avec les négociations d’Arusha. Il y a une équipe de ceux qui ont refusé, surtout qui étaient dirigés par le président du parti, Charles Mukasi, qui ont totalement refusé de négocier avec ceux qu’ils ont qualifiés de tribalo-génocidaires.

Le président Buyoya fâché, a engagé un bras de fer, lui disant qu’il doit négocier ou alors de quitter la présidence de l’Uprona. C’est ainsi qu’il a chassé Charles Mukasi et tous ses partisans dans toutes les structures du parti Uprona. Ce fut la fusion de l’Uprona et les ailes se sont installées depuis cette date, les ailes Mukasi, etc, ce qui n’a fait que comlmiquer la situation davantage. Tenez, après le départ de Charles Mukasi, nous avons connu le président Luc Rukingama, moi je me rappelle quand il est venu s’installer ici à Ku Mugumya (permanence nationale du parti). Et le parti politique se limitait à Ku Mugumya car à l’intérieur, il y avait la guerre, c’était difficile d’aller chercher les Badasigana.

Après, Luc Rukingama a été remplacé par Marie Kadege, mais dans l’entre-temps, il a été propulsé au poste de vice-président de la République. Viendra ensuite Jean Baptiste Manwangari. Celui-ci a essayé de travailler, mais il y avait un courant très fort des Badasigana de Charles Mukasi qui l’en a empêché. Après Jean Baptiste Manwangari, Aloys Rubuka est venu, il s’est installé ici (Ku Mugumya, Ndlr), il n’a rien fait, mais vers la fin, il a pensé à la réunification des Badasigana. C’est en 2009, avec l’arrivée de Bonaventure Niyoyankana, qu’on a réunifié les Badasigana. Mais la réunification n’a pas réussi totalement parce que nous l’avons faite à la veille des élections en 2010.

Ceci n’a pas facilité la consolidation de la réunification mais aussi, juste après, une autre difficulté, pas des moindres, a surgi : la confection des listes parlementaires. Il y a eu la guerre des têtes de listes, il y a eu la guerre de ceux qui étaient de Ku Mugumya et ceux qui provenaient de chez Mukasi. Avec la crise, vous voyez également qu’il y a certains politiciens qui se sont retirés des élections. Il y avait d’autres qui disaient, nous aussi nous devrions quitter et d’autres qui ont qu’il faut rester. Alors la mise en place du premier vice-président a également créé des problèmes. Il y avait des Badasignana qui voulaient soutenir le premier vice-président – du moins pour ceux qui voulaient être candidats. Celui qui vient d’être nommé à ce poste cherchait à chasser le président, peut-être parce qu’il ne l’a pas soutenu. Et tout cela a créé des divisions en interne…

N.P.

Sans vous couper, il y a eu tout de même à ce niveau une erreur monumentale à l’Uprona parce qu’au moment des négociations, l’Uprona s’est présenté comme le leader du G10 Tutsi. L’Uprona, c’était quand même un parti nationaliste.

O.N.

Nous regrettons cette prise de position de la part du parti Uprona. Je ne dis pas que c’est l’aile qui a été induite en erreur par Mandela, vous voyez le parti Uprona qui était en négociation à Arusha en tant que représentant du gouvernement, les rebelles disaient que tous les militaires sont des Tutsi et que tous les membres du gouvernement étaient des Tutsi. Alors le parti Uprona a pris une position que je regrette aujourd’hui parce que cela n’ a fait avancer nulle part. Je pense que c’est ce que nous continuons à enseigner à nos jeunes que le parti Uprona n’est pas un parti des Tutsi, mais un parti de tous les Burundais.

N.P.

C’est clair. Sinon pour le moment, sur l’échiquier politique burundais, quel poids donnez-vous au parti Uprona ?

O.N.

Pour le moment, c’est difficile de donner le poids à l’Uprona parce que nous ne sommes pas au pouvoir. Mais le parti continue normalement parce que c’est un parti de l’indépendance, un parti qui n’a jamais manqué, depuis 1961, à donner sa contribution dans la vie politique à travers le gouvernement du Burundi. C’est un parti de gouvernement aussi car nous avons des membres au gouvernement, nous avons des vice-présidents, nous avons des membres du parti Uprona, quel que soit leur nombre, qui participent à l’assemblée nationale. Le parti Uprona contribue, à travers tous ses membres, pour construire la Nation burundaise.

En outre, nous influençons pour maintenir la paix et la sécurité parce que ce qui tient à cœur l’Uprona, c’est que le Burundi soit un pays paisible. Nos membres, nous leur sensibilisons pour maintenir la paix. Mais aussi l’Uprona a toutes les informations sur toutes les collines du pays. Cela est très important. Nous faisons le monitoring de la vie politique, économique, sociale et culturelle du pays. Même si nous ne sommes pas au pouvoir, nous contribuons quand il y a des réunions avec les administratifs, les différents présidents participent. Nous devons informer avec objectivités les Burundais sur des situations qui règnent sur les collines parce que nous vivons des réalités.

A travers cela, le parti Uprona influence parce que ce n’est pas notre projet de société, mais nous espérons que le parti Uprona doit avoir d’autres forces, à travers l’assemblée nationale, les conseils communaux – nous avons pas mal de membres au conseil communal – nous voulons donc renforcer cette force au niveau de la base pour que le parti Uprona porte sa voix plus loin.

N.P.

Vous pensez que l’Uprona pourrait revenir un jour aux affaires au terme des urnes ?

O.N.

Cela c’est l’objectif d’un parti politique. Un parti qui ne voudrait pas accéder au pouvoir devrait arrêter sa vision. On peut peut-être cibler 2025 et si cela marche, tant mieux. Si cela n’arrive pas, on ne va pas se décourager parce que le parti Uprona doit continuer à véhiculer son idéologie à la population burundaise, mais surtout à la jeunesse d’aujourd’hui parce que l’idéologie de Rwagasore a de la valeur pérenne dans la Nation burundaise.

N.P.

Mais il y a aussi des adversaires de l’Uprona qui disent que cette formation politique a des responsabilités dans les troubles qui se sont passés au Burundi. Quelle est votre position ?

O.N.

Le parti Uprona a donné sa position depuis la mise en place de la commission vérité et réconciliation. Nous avons vu le rapport de la Cvr présenté en décembre 2021 qui accusait injustement le parti Uprona d’avoir planifié, commandité et exécuté le génocide des Bahutu en 1972. C’était pour nous de l’injure, mais c’était également pour montrer que la Cvr n’est pas en train de travailler correctement. Parce que nous avons montré que tous ceux qui ont été assassinés, c’était des Badasigana, c’était des membres actifs du parti, qui étaient à la direction de l’Uprona. Comment alors un parti politique pouvait s’organiser, tenir des réunions avec ses membres pour planifier les massacres de ses membres ?

C’est pratiquement impossible. Alors je trouve que ce sont des influences politiques pour discréditer le parti Uprona au niveau de la population burundaise, surtout en disant et en montrant que le parti Uprona est un parti des Tutsi. Alors comme l’Uprona est un parti des Tutsi, c’est un parti qui a planifié de tuer les Hutu. Cela c’est dérouter les Burundais. Le parti Uprona c’est un parti de tous les Burundais et tous ces gens qui ont été tués, c’était des Upronistes. Au lieu d’accuser l’Uprona injustement, il fallait chercher la vérité en profondeur pour quand même au moins réhabiliter l’Uprona qui a perdu les siens.

N.P.

Justement, une dernière question à ce niveau. Quel est le mécanisme qui pourrait laver l’Uprona de cette conviction d’une partie de la population ?

O.N.

Ce que nous allons faire à l’Uprona, c’est de continuer à montrer les vraies versions connues par le parti Uprona. Mais aussi nous essayons d’approcher la Cvr pour qu’elle ne soit pas influencée par des hommes politiques mal intentionnés car cela ne réconciliera jamais les Burundais. Nous demandons à la Cvr d’être d’abord indépendante, de travailler d’une façon impartiale, de chercher la vérité avec Grand V parce que si elle se laisse influencer par les orphelins de 1972, c’est un problème très sérieux. C’est la raison pour laquelle au parti Uprona, nous demandons qu’il y ait une inclusivité politique au sein de la Cvr. Il ne faut pas qu’elle soit monocolore.

Sinon, il y aura une lecture erronée de l’histoire du Burundi. Aujourd’hui, nous avons vu qu’il y a un appel d’offres pour renouveler l’équipe. J’espère que l’assemblée nationale va tenir compte de toutes ces failles qu’a la Cvr pour qu’il y ait une équipe qui sera à la hauteur de donner une histoire vraie, mais aussi de réconcilier le peuple sinon, la vérité que certains contestent ne réconciliera jamais les Burundais. C’est un échec dès le départ.

NP

Je vous remercie Monsieur le Président.

Propos recueillis par Jean Claude Kavumbagu

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