Simon Ntirampeba, Directeur Général de la Fomi
Il était empêché lors des travaux de l’atelier qui a eu lieu hier dans la salle de King’s Conference Center, d’où il a été remplacé par son adjoint.
Ir. Herménégilde Manyange, Directeur Général Adjoint de la Fomi
Atelier d’échanges d’information sur l’Etat des lieux de la recherche et de l’utilisation des engrais organo-minéraux au Burundi
L’atelier a eu lieu hier dans la salle de King’s Conference Center, dans la zone de Kinindo. Les travaux ont été ouverts par le Directeur Général Adjoint de la FOMI, Ir. Herménégilde Manyange, qui remplaçait le Directeur Général, Simon Ntirampeba, empêché.
Dans son discours d’ouverture, il a d’abord souhaité ses meilleurs vœux de l’année 2023 à l’assistance, indiquant que son entreprise a pensé à rencontrer les journalistes, dont la voix porte plus loin, pour leur entretenir sur l’état des recherches et de fabrication des engrais.
Il a indiqué qu’il y a évaluation chaque année, avec des experts en la matière et que la Fomi entend, de la part des reportages des journalistes, des inquiétudes des agriculteurs, d’où la société a constaté qu’il y a manque d’information sur la Fomi, qui peut être comblé par les journalistes.
C’est la raison pour laquelle ce 11 janvier, il a été planifié une rencontre avec les professionnels des médias, afin d’échanger sans faux-fuyant, pour que plus tard, les journalistes puissent aider à expliquer certains phénomènes aux populations, surtout qu’ils les côtoient régulièrement.
Ceci pourrait aider les agriculteurs à mieux comprendre l’utilisation de l’engrais fabriqué par la société pour augmenter la production d’une part et de gagner de l’argent par la suite. D’après donc le Directeur Général Adjoint, les journalistes ont une mission spéciale.
D’après ce que les autorités de l’entreprise entendent, a-t-il poursuivi, certains agriculteurs indiquent que l’engrais fabriqué par la Fomi n’est pas adapté, surtout pour la culture du riz, d’autres réclament carrément les engrais chimiques d’antan au moment où les autres sont convaincus que l’engrais de la Fomi n’est pas adapté aux cultures industrielles.
Ils vont plus loin et indiquent que les champs des autorités de ce pays sont nettement mieux entretenus, d’où ils soupçonnent que la Fomi a un engrais spécial pour cette catégorie de Burundais. A ce niveau, M. Herménégilde Manyange a fait savoir que son entreprise n’a pas de formule spéciale pour une catégorie quelconque de Burundais.
Pour cela, il y aura des communications des experts en la matière pour que les journalistes comprennent des enjeux dans la pratique de cette activité car c’est un secteur délicat. Même avec une meilleure qualité d’engrais, sans mesures d’accompagnement, il n’y aura pas d’augmentation de la production.
C’est un secret de polichinelle, tout le monde sait que les engrais chimiques détruisent le sol même si l’on ne peut pas ignorer l’action de l’homme sur la nature. C’est pourquoi les pays développés accompagnent les pays qui mélangent l’engrais chimique et celui qui est naturel.
Malgré cela, ils diminuent l’utilisation de l’engrais chimique chez eux qu’ils envoient massivement en Afrique, uniquement pour gagner de l’argent. Or, l’engrais chimique détruit progressivement la santé humaine et l’environnement.
Avec l’action de la Fomi, il y a eu grincement des dents car l’importation de l’engrais chimique a diminué de 50%. Il a informé l’assistance que la Fomi est une entreprise unique dans toute l’Afrique, d’où d’autres pays organisent des visites d’études chez nous pour voir comment nous procédons.
La Fomi s’étend progressivement dans l’espace car elle est déjà installée en Tanzanie. D’autres pays expriment des demandes dans ce sens, mais il a indiqué que cela n’est pas facile car on ne peut pas tout faire dans un laps de temps.
Par ailleurs, la vente de l’engrais est différente de celle de cacahuète. Il a indiqué que dans des pays du Maghreb, ils fabriquent des engrais dénommés DAP. Ils sont fabriqués également en Chine, aux Etats-Unis, en Russie et ailleurs. Ils comprennent un pourcentage élevé de toxicité si bien que la Fomi ne peut pas les importer.
Quand il y a des engrais chimiques, a-t-il fait savoir, il y a des maladies qui sont développées progressivement par les êtres humains comme les cancers de prostate, des seins chez les femmes, des intestins, etc.
La Fomi est donc à l’œuvre. Elle a vu le jour en 2019 et elle entre dans l’année 2023, elle grandit donc. Mais elle rencontre des fois des difficultés, notamment le manque de devises pour importer des produits de l’étranger.
La Fomi a entrepris des partenariats avec des institutions financières étrangères pour contourner ce problème. Elle s’apprête à fournir l’engrais à temps et en quantité suffisante pour l’année agricole 2023 B. Il a rassuré également les agriculteurs à qui elle droit de l’engrais Totahaza.
Il a rappelé que ce produit n’a jamais été en quantité suffisante et en même temps dans le pays, mais que cela devrait être senti comme un défi à relever de la part de la Fomi.
Exposé n° 1 : Plus-value des engrais organo-minéraux
Par
Professeur Salvator Kaboneka
Dans son exposé très clair, il a commencé par le diagnostic des sols du Burundi. Il a parlé de la dégradation des minéraux/climats tropicaux à dominance de kaolinite. Pour lui, la kaolinite est un vaurien, même si on y met de l’engrais, cela ne produit que de la pollution. Il a fait savoir que le phénomène de fertilisation organo-minérale des sols existe bien avant l’avènement de la Fomi.
Le Professeur Kaboneka a indiqué que le sol burundais a des problèmes car presque 80% de son sol sont en rouge, d’après les indicateurs des scientifiques. Il n’y a qu’une petite partie se trouvant au Nord du pays, plus précisément à Ruhororo, à Ngozi qui est dotée de la matière organique.
Le professeur a évoqué également les principes de la fertilité et de la fertilisation des sols. A ce sujet, il a parlé des tendances de fertilité/fertilisation des sols. Il y a la fertilité naturelle (organo-minérale), la fertilisation minérale (productivité), la fertilisation organo-minérale (régénératrice), l’agro-écologie (agriculture biologique) et la loi du minimum/Doses.
Ce professeur qui a replongé les journalistes dans le cours de chimie a abordé la notion de la composition (%) des principaux minéraux du sol. Par un graphique, il a démontré les composantes du sol (idéal) + interactions. Il a fait savoir qu’un sol riche en matière organique résiste au changement des température, ce qu’il a qualifié d’effet direct/indirect.
Il a évoqué la fertilisation organo-minérale et résistance à l’érosion, la gestion de l’acidité résiduelle des engrais acidifiants, en donnant l’exemple du DAP. Professeur d’une science dont il est convaincu qu’elle est difficile dans le monde des médias, il a préparé une sorte de conclusion concernant les plus values de la fertilisation organo-minérale au-delà des rendements agronomiques.
Tout d’abord, c’est la stabilité de la productivité du sol (effet résiduel), en deuxième lieu, c’est l’optimisation des engrais minéraux/complémentarité organo-minérale (MAGIRIRANIRE). Ensuite, c’est le renforcement de l’action de la dolomie, la stabilité de la structure du sol (perméabilité, infiltration, porosité), la stabilité thermique du sol (résistance aux changements climatiques).
Il s’agit aussi de la stabilité hydrique du sol (rétention en eau, résistance aux changements climatiques), de la stabilité de l’aération du sol (porosité, santé du sol et des plantes), la stabilité nutritionnelle du sol (plantes, microorganismes), la stabilité chimique du sol(pouvoir tampon, pH, CEC), la stabilité de la santé du sol : diversité, activité et équilibre microbiens (enzymes, phytohormones, antibiotiques, résistance aux maladies).
Enfin, il s’agit de la stabilité environnementale vis-à-vis de l’érosion et des polluants (métaux lourds, sels), résilience aux changements climatiques.
A propos de l’état des lieux de la recherche sur les engrais organo-minéraux du Burundi, le conférencier a eu un empêchement de dernière minute, mais Cyrille Hicintuka, chercheur en fertilité des sols à l’ISABU, a pris la relève.
Cyrille Hicintuka, Chercheur en fertilité des sols à l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi, ISABU.
Pour ce deuxième exposé, le conférencier a évoqué les objectifs de la recherche ainsi que les résultats attendus. L’objectif, a-t-il poursuivi, c’est de déterminer les doses d’engrais organiquement productives et économiquement rentables. Quant aux résultas, c’est l’obtention des doses optimales d’engrais organo-minéraux de la FOMI.
Les recherches se font sur les cultures vivrières, industrielles et maraîchères. C’est notamment le haricot au début de l’année agricole 2018 B au niveau des vases et des champs, la pomme de terre, au début de 2020A et le maïs avec des fiches qui ont été distribuées un peu partout dans le pays.
Les autres cultures sont la patate douce et le manioc dont le début d’essai est fixé à l’année agricole 2023A et la banane en 2024A. Concernant les cultures industrielles, on peut évoquer le café (novembre 2020), la canne à sucrer (novembre 2020), le thé (octobre 2021) et le coton (2022A).
Quant aux cultures maraîchères, il s’agit de l’initiative de la Fomi avec l’aramante dont les premières données ont été enregistrées en 2021.
S’agissant du rôle des services de la recherche et de la vulgarisation dans le positionnement du secteur agricole au développement durable, Cyrille Hicintuka a entretenu les journalistes sur les principales missions de la recherche, notamment la vulgarisation.
Il a fait un bref aperçu sur les innovations dans la recherche agronomique, le canal de communication des innovations, les atouts en matière de communication sans oublier les défis en matière de communication et de vulgarisation des innovations.
Il y a eu une projection d’un documentaire où des responsables agricoles, voire des agriculteurs des provinces de Kayanza, de Ngozi, de Gitega, de Karusi, de Muramvya et de Cibitoke se sont exprimées sur l’engrais de la FOMI. Bien que globalement satisfaits, ils ont évoqué un bémol notamment la disponibilité de l’engrais, aussi bien en temps réel qu’en quantité. Il y a eu également lors de ce documentaire les commentaires du Directreur Général Adjoint de la FOMI et de Cyrille Hicintuka de l’ISABU.
L’atelier a été clôturé par une séance de questions des journalistes à l’endroit de tous les cadres et chercheurs qui étaient présents. Il n’y avait pas de question tabou dans cet exercice à carractère purement scientifique.
Propos recueillis par Jean-Claude Kavumbagu.