Bujumbura, le 8 mai 2003 (Net Press). Au lendemain de la levée de la suspension des activités politiques du Parena qui aura duré 6 mois, le président Bagaza entouré des ténors de son parti, MM. Cyrille Barancira, Rémy Nkengurutse, Zénon Nimubona, Hilaire Ntahomvukiye et Léonidas Ntakaye, a animé une conférence de presse à son domicile en fin de matinée, ce 8 mai 2003. Une série de questions lui ont été posées, entre autres celle concernant l’agenda politique de son parti, les questions en rapport avec la sécurité et celles relatives aux nouvelles institutions de transition à la tête de l’Etat ainsi que la question du processus d’Arusha. Le président Bagaza estime qu’il n’y a pas eu véritablement d’alternance puisque ce sont les mêmes personnes qui restent aux commandes avec les mêmes programmes.
Cependant, au cas où le nouveau président Domitien Ndayizeye lui tendrait la main, M. Bagaza a indiqué qu’il ne lui dirait pas non, mais qu’il lui imposerait des conditions concernant la conduite de la guerre, de la diplomatie ainsi que la gestion des ressources nationales. Quant à la question de savoir si Ndayizeye ne pourra pas terminer les négociations sur le cessez-le-feu avec les "rebelles", le colonel Bagaza a rappelé que M. Domitien Ndayizeye avait déclaré au cours du mois d’août 2002 qu’au cas où il négocierait avec les "rebelles", il n’y aurait aucun problème car, il leur accorderait grâcieusement tout ce qu’ils lui demanderaient.
Le colonel Bagaza a nié que son parti soit un parti extrémiste puisqu’il formule toujours des propositions pour garantir la sécurité des uns et des autres. Le président du Parena a en outre déploré que les négociations de paix qui se sont déroulées à Arusha et à Pretoria aient été mal menées puisque le médiateur Mandela a cherché à calquer le modèle burundais sur celui d’Afrique du Sud en faisant croire à ses interlocuteurs que Minani représentait les Hutu et Buyoya les Tutsi alors que ni l’un ni l’autre n’avait été mandaté par personne dans ces pourparlers. Il a en outre regretté que ce sont les "rebelles" qui sont les plus écoutés par le gouvernement actuel qui va jusqu’à les héberger dans les somptueux hôtels de la capitale au moment où ceux qui les ont fait construire ( M. Jean -Baptiste Bagaza lui-même, NDLR) croupissent dans les prisons ou sont emprisonnés chez eux. Malgré cela, le parti Parena n’envisage pas mener une opposition armée suivant en la matière l’option prise par le comité directeur de son parti.
S’agissant de l’agenda de son parti, le président Bagaza a déclaré qu’il va gérer le ministère de la parole. En effet, son parti va entamer des activités politiques car une organisation politique passive est vouée à la disparition. Il compte jouer une opposition constructive et non armée en dénonçant les insuffisances et les manquements du gouvernement tout en se méfiant des tracasseries policières car, "quand vous optez pour une opposition politique, c’est l’emprisonnement, le maquis ou l’exil qu’on aura choisi", a-t-il déclaré.
Le colonel Jean-Baptiste Bagaza n’est pas sûr qu’il ne sera pas malmené comme avant par le nouveau pouvoir car, si M. Ndayizeye n’a rien dit de son emprisonnement quand il était encore vice-président, ce n’était pas par incapacité mais plutôt par mauvaise volonté. A noter enfin qu’à la question de savoir le genre des relations que Bagaza entretiendrait aujourd’hui avec Buyoya, son ennemi juré, le président du Parena, très embarrassé, s’est gardé de faire le moindre commentaire précisant que ce serait pour une autre fois .
Burundi - Economie.
Quand les autorités du ministère du commerce favorisent la fuite du sucre.
Rutana, le 8 mai 2003 (Net Press). C’est ce qui vient d’être observé ce lundi 5 mai 2003 au siège de la Société Sucrière de Moso (SOSUMO) où un commerçant du nom de Jumaïne vivant au quartier Swahili du centre urbain Rumonge, en province Bururi, s’est présenté avec une autorisation du ministre Charles Karikurubu qui indiquait qu’il devrait retirer 10 tonnes de sucre.
La direction de la SOSUMO qui avait déjà consulté les autorités provinciales de Bururi, a jugé bon de ne pas le servir parce que ne figurant pas sur la liste des commerçants grossistes de cette province. Elle a demandé au commerçant Jumaïne de se conformer aux réglèments en vigueur qui indiquent que tout commerçant grossiste de sucre doit être agréé conjointement par les autorités provinciales et le ministre du commerce. Des personnes qui ont assisté à ce spectacle déplorent que certaines autorités du ministère du commerce favorisent de telles fuites d’un produit aussi rare dans le pays sur base des critères subjectifs. Signalons que le commerçant Jumaïne est issu du parti Frodebu de l’actuel ministre du commerce et de l’industrie.
Burundi - Politique.
La désignation du sénateur Jean-Baptiste Manwangari à la tête de l’Uprona gouvernemental suscite des réactions au sein du comité central.
Bujumbura, le 8 mai 2003 (Net Press). Le sénateur Jean-Baptiste Manwangari a été désigné le week-end dernier comme président a.i. de l’Uprona gouvernemental en remplacement de M. Alphonse-Marie Kadege devenu vice-président de la République. Cette désignation a mécontenté certains membres du comité central du parti qui indiquent n’avoir pas été consultés avant que la décision ne tombe. Par ailleurs, ajoutent-ils, cette place devrait revenir en principe à l’actuel vice-président Philippe Njoni comme l’indique le règlement d’ordre intérieur de ce parti et ne comprennent donc pas pourquoi on a eu recours à un groupe restreint pour prendre une telle décision qui engage tout un parti.
Signalons que des grognes sont monnaie courante au sein de ce parti. La dernière date de l’élection du président en décembre 2002 quand le sénateur Pascal Nkurunziza a été contraint par ses amis politiques de retirer à la dernière minute sa candidature. L’on notera également que M. Gérard Ndayisenga a été contraint de quitter la commission de suivi de l’accord d’Arusha au profit de M.Gérard Nduwayo sur injonction de l’ancien président de ce parti Alphonse -Marie Kadege.
Les observateurs de la scène politique burundaise se demandent ce que représente encore quantitativement l’Uprona gouvernemental quand on sait qu’il est ultra-minoritaire par rapport au puissant parti Uprona de Charles Mukasi. Avec la grogne actuelle suscitée par la désignation peu transparente du sénateur Manwangari comme nouveau président, l’Uprona gouvernemental court le risque de ne plus avoir des membres qui ne se comptent que sur les bouts des doigts.
Burundi - Nécrologie.
Le Burundi vient de perdre un des pères de l’indépendance.
Bujumbura, le 8 mai 2003 (Net Press). Il s’agit de l’ancien premier ministre du roi Mwambutsa Bangiricenge, le prince André Muhirwa qui s’est éteint en date du 28 avril 2003, à l’âge de 83 ans. Le prince Muhirwa qui était né en 1920 à Murehe en province Muyinga a été trop tôt héritier (à l’âge de 11 ans ) de cette chefferie qui était administrée par son père Mbanzabugabo. Il fit ses études primaires à Gitega de 1931 à 1935 et fut baptisé en 1934. De 1936-1941, il entame ses études secondaires au Groupe Scolaire d’Astrida (actuellement à Butare au Rwanda) dans la section administration qui formait les chefs et effectua un stage à la chefferie de Matana alors administrée par le prince Bashagwe avant d’obtenir en décembre 1942 le diplôme de la section administration et agriculture.
En 1943, il devient secrétaire de chefferie de Buyogoma et fut désigné en 1944 à la tête de la chefferie de Buhangaza à Cankuzo avant d’être admis comme prince héritier de la chefferie de Busumanyi à Muyinga. En 1953, il fut désigné membre du conseil supérieur du pays en tant que représentant de la province de Muyinga.
Du 24 au 31 août 1961, il fut désigné représentant du parti Uprona à la conférence de Bruxelles alors qu’une année plus tôt, il avait été contraint à l’exil successivement au Congo et en Tanzanie à cause de la persécution des membres du parti Uprona par les Belges. A la même période, le prince Louis Rwagasore lui avait confié la mission de représenter l’Uprona auprès de la Tanzanie qui était dirigée par le président du parti TANU, Julius Nyerere ainsi qu’à Kampala (Ouganda) où le prince Muhirwa a fondé une section du parti Uprona. En 1961 le prince Muhirwa rentra de son exil et en septembre de la même année, il fut nommé ministre de l’intérieur et de l’information du gouvernement Rwagasore.
Après l’assassinat de ce dernier, le prince Muhirwa a été nommé premier ministre du roi Mwambutsa et présida aux côtés du roi les cérémonies d’accession à l’indépendance du Burundi . En date du 19 juillet 1962, il a été élu 2è vice-président du parti Uprona et fut ensuite élu président du sénat après la démission de son gouvernement. A la chute de la monarchie, le prince Muhirwa exerça d’autres fonctions telles que le représentant du gouvernement au conseil d’administration de la Société d’Exploitation du Port de Bujumbura (1968-1975), ambassadeur du Burundi en Tanzanie (1975-1976) et prit sa retraite la même année. Après, il a suivi de près l’évolution de la situation politique de son pays. C’est ainsi qu’il fut le conseiller du parti PRP, il fut également un des avocats de la reconaissance de la communauté Baganwa comme composante ethnique à part entière à côté de trois autres communautés reconnues par l’accord d’Arusha. Le prince André Muhirwa laisse derrière lui une progéniture de 9 enfants, 16 petits-fils et 3 arrière-petits-fils.