Bujumbura, le 3 mars 2003 (Net Press). Plus on s’approche de la date du 1er mai 2003, plus la tension monte dans le petit monde politique burundais, même si les concernés démentent tous les jours cette information et veulent apparemment que le grand public ne sache rien. Ainsi, une véritable campagne électorale s’est enclenchée en faveur des uns et des autres, si bien qu’on a l’impression que tout n’est pas finalement joué d’avance, n’en déplaise à certains.
On apprend par exemple que l’Uprona pro-gouvernemental a réuni ce dimanche 2 mars 2003, de 9h à 14h, des centaines de jeunes au lycée du lac Tanganyika. Il s’agissait, selon les premières informations à la disposition de notre rédaction, d’expliquer à ces jeunes gens que l’actuel chef de l’Etat est le seul à même de continuer à bien diriger le pays. Sinon ce serait l’abîme et même la catastrophe, selon le président de la séance, le sénateur Jean-Baptiste Manwangari, dont les propos nous ont été rapportés par un des participants. Par ailleurs, d’après le président de ladite séance, la jeunesse devrait massivement adhérer à "l’Uprona de Rwagasore" (NDLR : comprenez l’Uprona pro-gouvernemental) pour sauver le pays, étant donné que toutes les forces politiques qui affirment lutter pour la cause des Tutsi ont soit lamentablement échoué soit dévié, selon lui, de leurs lignes de départ. Il a cité le cas du président de l’Uprona opposé au pouvoir, M. Charles Mukasi, qu’il accuse d’avoir divisé le parti Uprona. Concernant AC Génocide Cirimoso, elle aurait dévié de sa ligne directrice de départ, selon M. Manwangari qui estime que la seule force politique qui vaille est bien la sienne.
Il n’aurait pas néanmoins réussi à convaincre comme il l’aurait souhaité l’assistance qui semblait épouser plus les idées du Parena, de l’Uprona de Mukasi ou des mouvements comme AC Génocide-Cirimoso ou PA-Amasekanya, malgré la bouteille de Primus accordée à chacun des participants à la fin de la rencontre.
Pour sa part, le "mouvement de rassemblement pour la réabilitation du citoyen" (MRC-Rurenzangemero) se dit étonné de voir que le président de la République a persisté et signé en remettant en question l’alternance à la tête de l’Etat le 1er mai 2003 lors de son message sur l’état de la Nation. Il déclare ne pas comprendre pourquoi le président de la République invoque encore une fois "la manoeuvre de consensus des politiciens pour espérer se maintenir au pouvoir au terme de son mandat qui culmine avec le mois d’avril". Ce parti dénonce "l’intoxication savamment distillée" au sein de l’opinion tant nationale qu’internationale selon laquelle le président Buyoya serait la seule personne capable de maîtriser la conduite du processus de paix, spécialement la réforme des forces de sécurité. Cela ne constitue, estime le MRC "qu’un subterfuge" supplémentaire pour se maintenir au pouvoir, au risque de perpétuer la guerre dans le pays et partant les malheurs du peuple burundais. Face à cette situation, le parti MRC invite toutes les forces politiques burundaises à se concerter pour désigner le candidat à la vice-présidence de la République pendant la 2ème tranche de la transition, étant donné que "le débat sur l’alternance à la magistrature suprême le 1er mai 2003 est déjà clos depuis la promulgation de la Constitution de transition".
Le MRC met par ailleurs en garde le leadership actuel et certains partenaires politiques et la communauté internationale sur les conséquences néfastes qui pourraient découler du refus du président Buyoya à quitter le pouvoir à la fin de la première tranche de transition, en créant artificiellement et inutilement des tensions et une crise institutionnelle.
Le parti "alliance nationale pour le droit et le développement" (Anadde) se déclare, de son côté, outré par des "discours contradictoires au sommet de l’Etat relayés par les medias sur l’alternance pourtant convenue à Arusha". Or, estime le même parti, ces controverses n’avaient pas raison d’être puisque l’alinéa 4 de l’article 80 de la Constitution de transition est clair à ce sujet puisqu’elle précise que "le vice-président de la République devient automatiquement président de la République à l’issue de la première tranche de la transition qui n’excède pas 18 mois". Ce parti qui constate avec "amertume et consternation" que la situation sécuritaire va de mal en pis, se demande si cela ne serait pas une conséquence de ces "contractions entretenues par certains signataires de l’accord d’Arusha qui ont quasiment monopolisé la gestion de cet accord". Il déplore qu’à l’instar de la veille des élections de 1993, des signes précurseurs d’une insécurité généralisée dans les prochains jours sont visibles. Aussi, attire-t-il l’attention de la communauté nationale et internationale pour qu’elle suive de près cette situation plus qu’inquiétante pouvant déboucher sur un autre génocide. Il demande aux signataires des accords de veiller au respect de engagements tenus et au gouvernement de sortir du silence pour que la population burundaise ne demeure pas dans l’incertitude, la peur et la panique qui s’ajoutent à la pauvreté.
Burundi - Société.
Des inconnus profanent la tombe de l’ancien premier ministre Léopold Bihumugani.
Bujumbura, le 3 mars 2003 (Net Press). Des inconnus ont profané dans la nuit du 1er au 2 mars 2003 la tombe de l’ancien premier ministre du roi Mwambutsa Bangiricenge, feu Léopold Bihumugani, qui venait d’être inhumé le même jour (le 1er mars 2003) au cimétière de Mpanda. Ces malfaiteurs ont exhumé le corps de l’illustre disparu et l’ont déshabillé avant de le remettre dans le tombeau. Après avoir été avisé par les fossoyeurs, la famille du prince disparu a procédé le lendemain à de nouvelles obsèques. Elle se déclare surprise d’avoir été victime d’un tel acte méchant et croit que les auteurs sont soit des voleurs, soit des malfaiteurs. Rappelons que la dernière profanation connue datait de 1995 et certaines sources attribuent ces actes ignobles aux sorciers-jeteurs de sort.
Burundi - Justice.
La section canadienne de AC Génocide-Cirimoso condamne avec "la dernière énergie la séquestration arbitraire de MM. Charles Mukasi et Jean-Baptiste Bagaza".
Bujumbura, le 3 mars 2003 (Net Press). L’association AC Génocide Canada se déclare "profondément choqué", dans un communiqué parvenu à notre rédaction, par l’emprisonnement de M. Charles Mukasi dont "le maintien en geôles démontre la manipulation de la justice burundaise par des politiciens peu soucieux de la justice et de la démocratie malgré les faux slogans quotidiennement servis à la population". Elle condamne avec "la dernière énergie la séquestration arbitraire" de MM. Mukasi et Bagaza, et s’insurge contre la confiscation des droits les plus élémentaires des opposants politiques pacifiques au moment où les "vrais criminels sont grâcieusement nourris aux soins du contribuable dans les meilleurs hôtels de la capitale". Elle exige enfin "la libération immédiate de MM. Charles Mukasi et Jean-Baptiste Bagaza ainsi que de toutes les personnes injustement incarcérées".
Burundi - Politique.
Les Upronistes de la zone Bwiza continue à réclamer la restitution de la permanence locale de leur parti.
Bujumbura, le 3 mars 2003 (Net Press). Depuis un certain temps, l’Uprona pro-gouvernemental dirigé par le député Alphonse Kadege a entrepris de mettre en location tous les immeubles et bâtiments appartenant au parti Uprona, sous le couvert de rentabiliser ces biens mais parfois sans le consentement des premiers concernés. C’est le cas à Bwiza un des nombreux quartiers de la capitale burundaise dont une quarantaine de résidants viennent d’adresser une deuxième correspondance de protestation à M. Kadege. Ils lui demandent de déménager au plus vite ses clients du groupe d’association des Eglises d’évangélisation (GAIEE) pour laisser libre la permanence de l’Uprona en zone Bwiza. Rappelons que l’Uprona pro-gouvernemental avait fait louer ce bâtiment contre la volonté des habitants de Bwiza qui affirment que cette maison n’appartient qu’à eux puisque construite sous leur seule initiative et contribution. Elle était en outre d’un très grand intérêt public pour la population locale qui y tenait des réunions de toutes sortes (politiques, sécuritaires, ...) et y menait des activités sportives et culturelles. Signalons que les Upronistes de Nyakabiga se sont opposés par la force à ce que leur permanence locale soit louée à des particuliers.
Burundi - Politique.
Le porte-parole du Frodebu réagit à une information parue dans "Net Press".
Bujumbura, le 3 mars 2003 (Net Press). Le secrétaire exécutif du parti Uprona et porte-parole du parti Frodebu, M. Jean de Dieu Mutabazi, vient de réagir à l’un de nos articles du 24 février 2003 qui parlait de l’alternance au sommet de l’Etat. M. Mutabazi estime qu’il n’a pas reconnu, même implictement, au cours de l’émission diffusée par la RPA en date du 23 février 2003, que son parti était responsable des génocides anti-Tutsi en cours depuis octobre 1993. C’est pour cette raison qu’il exige des excuses de la part de l’agence "Net Press".
NDLR : La rédaction remercie beaucoup M. Jean de Dieu Mutabazi pour la promptitude avec laquelle il a réagi. Elle voudrait néanmoins lui faire remarquer que "reconnaître implicitement" ne signifie aucunement dire : "oui, j’accepte ...", mais bien reconnaître indirectement, peut-être même sans le vouloir, ni le savoir, que ceci ou cela s’est produit, en répondant à des questions attrape-nigaud qui ne manquent jamais dans des émissions radiophoniques en direct (pas pré-enregistrées).
En pareille situation, c’est donc chacun qui apprécie et pas nécessairement de la même façon. Ainsi, il y a beaucoup de gens qui ont écouté l’émission qui ont compris la même chose que nous. Il est vrai que personne n’est infaillible et que nous pouvons donc nous aussi nous tromper, pourquoi pas ? Mais, on ne sait jamais ... A chacun de juger.