Bujumbura, le 17 juillet 2014 (Net Press) . Comme nous l’avions annoncé dans notre édition d’hier, le président de l’Aprodh, Pierre-Claver Mbonimpa, a comparu ce matin à la cour d’appel. Après un interrogatoire qui a duré plus d’une heure, ses avocats-conseils ont signifié que leur client souffre d’un diabète aigue. Ils se sont basés sur certains articles des conventions internationales que le Burundi a ratifié concernant les droits de l’homme ainsi qu’une circulaire qui a été signée par le ministre de la justice et pour ce, ils demandent la libération provisoire de leur client.
Mais le substitut du procureur général rétorque qu’il est hors de question que M. Mbonimpa soit libéré suite à son état de santé, se basant sur le seul argument qu’il n’est pas le seul malade incarcéré à Mpimba tout en ajoutant que cette circulaire n’est pas valide malgré le sceau du ministre de la justice.
Pour Me Antoine Nzobandora, avocat-conseil du président de l’Aprodh, le texte n’indique ni ne donne le début de la validité de cette circulaire mais conformément aux textes de loi en usage dans notre pays, ils sont exécutoires le jour de leur signature. L’interprétation du représentant du ministère public n’a d’autres visées sinon que de faire fausse route à l’esprit de cette circulaire. Et en matière pénale, l’interprétation est favorable au prévenu qui prévaut en cas de dualité des interprétations, ajoute Me Nzobandora. Par contre, il a apprécié le climat qui régnait pendant l’audience. Signalons que le procès a été mis délibéré.
Burundi – Kenya – Justice
Hrw condamne la politisation du système judiciaire burundais
Nairobi, le 17 juillet 2014 (Net Press) . A travers un communiqué de presse, Daniel Bekele, directeur de la division Afrique de Human rights watch, appelle le gouvernement de Bujumbura à cesser de politiser le système judiciaire. Pour lui, cette politisation se traduit par des jugements iniques prononcés contre les membres des partis de l’opposition et tous ceux qui dénoncent les abus du le pouvoir Cndd-Fdd.
Hrw se réfère notamment au procès concernant les 70 personnes arrêtées les 8 et 9 mars 2014 après l’affrontement entre la police et les membres du parti Msd. Celui-ci n’a duré qu’une journée et ni les accusés ni les avocats n’ont eu le temps de préparer leur défense de manière adéquate. Selon les enquêtes menées par cette Ong internationale, tous les prévenus étaient accusés de mêmes infractions alors qu’ils ont été arrêtés séparément.
Une première vague d’arrestations a été effectuée au matin du 8 mars, quand la police a interpellé 22 personnes qui faisaient du sport dans la capitale. Elle a affirmé qu’il s’agissait des membres du Msd qui se servaient de leur séance d’exercice physique du samedi matin comme couverture pour une manifestation non autorisée. Des autorités gouvernementales ont affirmé que les membres de ce parti préparaient « une insurrection ». La police a alors procédé à une deuxième vague d’arrestations, à commencer par 17 personnes qui se trouvaient à la permanence de ce parti. Le lendemain, la police est retournée dans ce quartier et a arrêté au moins 28 autres personnes.
Lors d’un procès collectif le 18 mars, 70 accusés ont été jugés pour rébellion, outrages et violences envers les dépositaires de la force publique, lésions corporelles volontaires, et participation à un mouvement insurrectionnel. Pendant le procès auquel Human rights watch a assisté en tant qu’observateur, il n’y a guère eu de tentatives d’établir des culpabilités individuelles. Les accusés et leurs avocats se sont plaints de ne pas avoir eu le temps de consulter leurs dossiers avant le procès. De nombreux avocats ont quitté la salle d’audience lors du procès, en signe de protestation contre l’iniquité des procédures.
Le 21 mars, le tribunal de grande instance en mairie de Bujumbura a condamné 21 des accusés à la prison à perpétuité, 10 autres à 10 ans de prison et 14 autres à cinq ans. 22 accusés ont été acquittés et 3 accusés plus jeunes, tous âgés d’environ 17 ans, ont été jugés par une chambre pour mineurs le 19 mars et condamnés le 26 mars à deux ans de prison.
Pour Daniel Bekele, si le gouvernement burundais souhaite réellement que les élections de 2015 soient libres et équitables, il doit impérativement mettre fin aux mesures répressives et faire tous les efforts possibles pour éviter que les tensions ne s’aggravent encore. Il estime que les gouvernements et les bailleurs de fonds engagés aux côtés du Burundi devraient faire entendre leurs voix et exiger que la répression des voix critiques à l’égard du gouvernement cesse. Human rights watch demande aussi la libération immédiate de Pierre-Claver Mbonimpa, président de l’Aprodh.
Burundi – Justice
Gabriel Rufyiri rentre chez lui après un interrogatoire de 5 heures
Bujumbura, le 17 juillet 2014 (Net Press) . Le président de l’Olucome a été convoqué par le procureur de la République en mairie de Bujumbura, Arcade Nimubona. Il l’interrogeait sur les missions attribuées à cet observatoire et les conditions dans lesquelles a été assassiné son vice-président, feu Ernest Manirumva, dans la nuit du 9 avril 2009 Au cours d’une interview accordée aux journalistes à la sortie de ce long interrogatoire, Gabriel Rufyiri a indiqué qu’il a répondu à au moins 50 questions.
Hier dans l’après-midi, il a répondu également à environ une cinquantaine de questions de la part du substitut de la République, Arcade Nimubona. C’est après que son projet de la grève de la faim et sa marche solitaire de ce 16 juillet 2014 a raté parce que la police avait empêché M. Rufyiri de sortir de sa maison.
Pour lui, il s’agit d’un harcèlement judiciaire dont il est btoujours victime chaque fois que l’Olucome dénonce de grands dossiers de corruption et de malversations économiques. Mais il se dit prêt à affronter toutes les menaces qui tenteraient de l’empêcher de combattre les détourneurs des deniers publics.
Burundi – Commerce
Révision des prix des produits pétroliers
Bujumbura, le 17 juillet 2014 (Net Press) . Selon un communiqué du ministère du commerce, le prix de l’essence à la pompe a été augmenté de 30Fbu le litre. Le prix passe de 2330 à 2360Fbu le litre. Celui du gasoil (mazout) a été réduit de 10Fbu. Le prix passe de 2210 à 2200Fbu le litre. Le ministère justifie ce changement par la révision des prix de ces produits sur le marché international.
Burundi – Justice
« La justice, une affaire de tous »
Bujumbura, le 17 juillet 2014 (Net Press) . Tel est le thème retenu ce 17 juillet 2014 à l’occasion de la commémoration de la journée de la justice internationale. A travers sa déclaration, la coalition burundaise pour la Cour pénale internationale (Cb-Cpi) déplore qu’à la veille des élections de 2015, une tension – des violences verbales notamment - s’observe entre les militants des partis politiques burundais.
Me Lambert Nigarura, président de cette coalition, rappelle à ses concitoyens que ces dernières années, beaucoup de pays ont connu des violences postélectorales. Il évoque entre autres des crimes graves, des crimes contre l’humanité qui ont été commis au Kenya, en Haïti et en Côte d’Ivoire.
Le président de Cb-Cpi profite alors de cette commémoration pour lancer un appel vibrant à la jeunesse burundaise en général et spécialement celle affiliée aux différents partis politiques de ne pas se laisser manipuler par les politiciens qui veulent accéder ou garder le pouvoir par tous les moyens. Il exhorte la jeunesse burundaise de tirer la leçon des jeunes « Interahamwe » du Rwanda en 1994, les « Jeunes patriotes » de Côte d’Ivoire en 2010-2011 et les Tontons macoutes de la Haïti en 1958. Actuellement, rappelle-t-il, la plupart d’entre eux croupissent dans les prisons et d’autres sont poursuivis par des juridictions tant nationales qu’internationales.
Cette journée arrive au moment où le parlement burundais vient d’adopter une loi mettant en place la commission vérité et réconciliation, mécanismes de la justice transitionnelle pour connaître et réprimer les crimes qui ont été commis au Burundi depuis l’indépendance. La Cb-Cpi déplore les circonstances de l’adoption de cette loi et les lacunes de la loi elle-même. Elle fait référence au tribunal spécial pour le Burundi qui a été de fond en comble ignoré sciemment dans ces mécanismes.
Dans cette perspective, cette coalition lance un appel aux politiciens burundais et au gouvernement de mettre en avant l’intérêt supérieur de la nation mais aussi d’honorer les engagements pris par le Burundi dans les divers traités internationaux. Elle les invite également à ne pas leurrer les jeunes affiliés aux partis politiques en les entraînant dans des actes de pure mascarades et ignobles pour leurs propres fins. La dernière recommandation de la Cb-Cpi est de respecter les libertés et les lois fondamentales inhérentes à la liberté d’opinion, d’expression et d’association.
Me Lambert Nigarura profite également de cette journée de la justice internationale pour demander la libération de l’activiste et protecteur des droits humains, Pierre-Claver Mbonimpa, président de l’Aprodh, une des organisations membres de la Cb-Cpi. Cette coalition recommande de diligenter des enquêtes sur ses révélations en rapport avec les éventuelles activités paramilitaires des jeunes burundais à l’Est de la Rdc. Une action qui donnera espoir à tout le peuple burundais qui n’a pas encore oublié la guerre civile qui a endeuillée le Burundi pendant plus d’une décennie.
Burundi – Grève
La grève de la faim, une forme de manifestation peu connue dans notre pays.
Bujumbura, le 17 juillet 2014 (Net Press) . Grabriel Rufyiri, président de l’Olucome, a donc été entendu hier pendant plus de 2 heures par le substitut du procureur de la République en mairie de Bujumbura. Celui-ci lui a demandé pourquoi il s’est privé volontairement de quoi manger et il a répondu que c’était une façon de protester contre l’enrichissement illicite et exagéré des personnalités proches du pouvoir, alors que l’immense majorité des Burundaises et des Burundais trouvent difficilement de quoi manger et sont en train de mourir de faim.
Mais il faut tout de suite préciser que cette pratique est méconnue dans notre pays et l’on peut sérieusement douter des effets qu’elle peut produire sur les dirigeants. Même une large partie de l’opinion publique burundaise peut se dire que ceux qui font la grève de la faim se trouvent dans les pays riches car ils ne savent pas où jeter le surplus de leur nourriture.
Les Burundais entendus dans les quartiers et les bistrots depuis hier jusque ce jeudi, étaient tous en train de rigoler au lieu de s’émouvoir et de compatir comme s’y attendait M. Rufyiri. On peut même penser que le pouvoir peut avoir eu la même réaction, espérant dans son for intérieur sans le dire à haute voix, que le président de l’Olucome aille jusqu’au bout de sa protestation, en se privant de nourriture jusqu’à ce que mort s’en suive. De cette manière, il se chargerait lui-même du « travail » que sa police aurait tant aimé faire elle-même depuis de longues années, sauf qu’il lui a manqué une occasion idéale pour y parvenir.
Burundi – Confessions Religieuses – Paix et Justice
Comment asseoir la justice et la paix : un bon exemple en provenance du diocèse de Muyinga
Muyinga, le 17 juillet 2014 (Net Press) . L’abbé Déo Ntakarutimana, président de la commission « justice et paix » au diocèse de Muyinga, s‘est expliqué longuement la nuit dernière sur l’état d’avancement de cette charge qui lui a été confiée par son Evêque, Mgr Joachim Ntahondereye.
Il a répondu d’emblée que cette question était fort opportune dans la perspective des élections de 2015. La mise sur pied de telles commissions dans tous les diocèses a été décidée par la conférence épiscopale des Evêques catholiques en 1998, dans le contexte de la guerre civile dont on se souvient.
Pour rendre sa commission fonctionnelle et efficace, il a affecté dans chacune des 18 paroisses que compte le diocèse 4 personnes chargées d’évaluer la situation de la justice et de la paix, et de lui en dresser le rapport à la fin de chaque mois.
De même, une réunion est organisée au niveau diocésain autant de fois que de besoin. Aujourd’hui, la même sensibilisation est en train de se faire dans les écoles primaires et secondaires, afin que les élèves et même les éducateurs soient imprégnés de la nécessité de prêcher, les uns et les autres à leur manière, en faveur des valeurs de la paix, de la justice et du respect des droits de l’homme.