Bujumbura, le 15 juillet 2015(Net Press). Aussitôt arrivé à Bujumbura dans l’après-midi d’hier avec un retard de 7 heures de temps sur son calendrier, - il est souvent comme ça et il n’est pas le seul chef d’Etat africain à se comporter ainsi -, Yoweri Kaguta Museveni s’est aussitôt mis à l’œuvre. Il s’est entretenu tout d’abord avec le président sortant Pierre Nkurunziza avant de prendre une pause. Vers 18h30, il s’est adressé à l’assistance, un discours qui a été apprécié et par les opposants et par les proches de Nkurunziza. Il parlait de façon générale sur le comportement en politique, les accords d’Arusha, l’intérêt général, etc. Mais c’était plutôt la suite qui intéressait tous ceux qui étaient là au regard de la nature du problème burundais.
Une opposition vite déçue
D’entrée de jeu, le président ougandais et médiateur dans le conflit burundais a rencontré l’opposition, la société civile, les confessions religieuses ainsi qu’Innocent Muhozi, président de l’Observatoire de la presse burundaise, en tant que représentant des journalistes. D’ores et déjà, Museveni, qui ne rejetait pas brutalement le refus d’un troisième mandat du président Nkurunziza, restait figé sur son idée d’un gouvernement d’union nationale à former au lendemain de la présidentielle prévue le 21 juillet 2015. L’opposition s’est dite déçue par cette proposition car elle n’entend pas se rallier dans ce genre de gouvernement sur base d’élections législatives qu’elle a contestées. Pour elle donc, ces discussions n’augurent rien de bon car le départ est faussé d’avance. Malgré cela, elle entend poursuivre son combat politique de lutter contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza.
L’insécurité toujours réelle dans la capitale et dans les environs
Dans la nuit d’hier, des tirs nourris et des détonations de grenades ont été entendus dans pratiquement toute la ville de Bujumbura et cela, toute la nuit durant, ainsi que dans certaines zones de Bujumbura rural.
Deuxième journée de médiation de Museveni
Si le facilitateur a rencontré l’opposition, la société civile et les confessions religieuses dans la soirée d’hier, il devrait s’entretenir aujourd’hui avec le gouvernement, le parti au pouvoir et ses partis satellites ainsi que les anciens chefs d’Etat. Signalons que cette dernière catégorie de personnalités sont toutes de vieilles connaissances car, en ce qui concerne l’ancien président Jean-Baptiste Bagaza, il était au pouvoir en 1986 quand Yoweri Museveni était encore au maquis. Le président burundais de l’époque lui donna des tenues de combat fabriquées par une usine très prospère dénommée « complexe textile de Bujumbura » (Cotebu) pour combattre le régime de Tito Okelo qui venait de renverser à l’époque Apollo Milton Obote.
Quant aux autres anciens présidents, ils se connaissent beaucoup plus dans les négociations d’Arusha, lesquelles Museveni dirigera d’ailleurs comme président de l’initiative régionale. Ce sont donc l’entrevue avec ces hommes qui est la plus attendue à Bujumbura car même s’ils ne sont plus au pouvoir, ils peuvent se considérer comme des alter ego pour avoir exercé les mêmes fonctions. L’on attend donc ce qui sortira des plénières juste après le tour à toutes ces catégories de personnes.
La visite de Yoweri Museveni à Bujumbura vue par la presse africaine de ce mercredi
Pour le quotidien du Burkina Faso « Le Pays », la médiation du président ougandais a été décidée par un mini-sommet des chefs d’Etat de l’Afrique de l’Est auquel Pierre Nkurunziza ne participait pas. L’objectif de sa mission est de tenter de calmer le jeu entre le pouvoir et l’opposition suite à la décision du parti au pouvoir de soutenir le 3ème mandat sollicité par le président sortant mais dont ne veulent pas entendre parler ceux qui le combattent.
L’hebdomadaire burundais « Iwacu » a visité un des quartiers opposé à Nkurunziza « Mutakura » et l’a trouvé dans une obscurité totale, après une semaine de durs combats acharnés qui auraient fait, écrit notre confrère, une dizaine de morts.
Le quotidien ougandais « New Vision » décrit l’arrivée de Yoweri Museveni hier à Kirundo au nord du Burundi, dans un convoi de huit véhicules, en provenance de son pays l’Ouganda, et ces véhicules qui se succédaient ont attiré la curiosité de la population locale d’égards envers notre président qu’il le recevait en tenue extrêmement simple en tenue de « jardinier », disaient les rigolards dans la capitale burundaise après avoir regardé les images de télévision le soir dans les bistrots.
Certains expliquaient que c’était pour « équilibrer » avec la sympathie qu’on prêtait encore à Museveni avec Paul Kagame, dans le même ordre d’idées, d’autres ajoutaient qu’il voulait montrer qu’il faisait partie du groupe des chefs d’état africains « bantou » de toute la région de l’Afrique centrale et orientale.
Dans tous les cas, la question ne se pose plus aujourd’hui sous cette forme, car le président burundais actuel se trouve parmi « les siens », et si c’est à l’exception de Paul kagame avec eux que notre hôte de marque se sent heureux, il n’a qu’à prolonger sa visite de travail jusqu’à la fin de la semaine.
Pourquoi l’anti-tutsisme de Museveni a-t-il pris fin ?
Lorsque Pierre Buyoya prit le pouvoir par les armes pour la 2ème fois en juillet 1996, un des chefs d’Etat qui se montra le plus hostile à ce coup de force ne fut pas celui que l’on pensait, mais bel et bien le numéro un ougandais en personne, Yoweri Kaguta Museveni.
L’opinion croyait à tort que cet homme qui avait longtemps donné asile aux réfugiés rwandais tutsi de Fred Rwigema et de Paul Kagame et qui appartenait au groupe éthique hamite de sensibilité tutsi allait ménager son nouvel homologue burundais, parce qu’appartenant à l’ethnie tutsi de la province Bururi.
Il n’en fut absolument rien, et durant toutes les années de transition jusqu’aux accords d’Arusha en 2000 et aux premières élections de 2005, Museveni manifestait si peu.
Burundi – Sécurité
Les faux « rebelles » se dévoilent au grand jour
Bujumbura, le 15 juillet 2015 (Net Press). Nous l’avions annoncé dans l’une de nos dépêches antérieures que l’opinion émet de sérieux doutes sur l’engagement de Léonard Ngendakumana aux côtés des rebelles présumés, d’autant plus que la même opinion indiquait que ce général a des liens familiaux avec le président Nkurunziza.
Dans l’une des dépêches de l’agence « Bujumbura News, on indique que ce général a eu une mise en garde du directoire de la rébellion suite à ses déclarations sur les chaînes de télévision kényanes. Cependant, les informations parvenues à la rédaction de Net Press mentionnent que les soupçons ne vont pas seulement tout droit vers Ngendakumana, il y a d’autres généraux qui font du tapage médiatique qui pourraient rouler pour le pouvoir du Cndd-Fdd.
Le premier d’entre eux n’est pas un général même s’il est militaire. Il s’agit de Richard Ciramunda Delvaux, patron de l’agence Bujumbura News, qui se dit rebelle mais dont les combats se trouvent, aux yeux des autres militaires, uniquement dans son médium. L’autre est un général du nom de Didier Nyambariza, fils d’un grand professeur historien aujourd’hui décédé Daniel Nyambariza. Les informations parvenues à la rédaction de Net Press indiquent qu’il serait l’inconditionnel de Jacques Bigirimana, qui bénéficie lui aussi d’une large audience dans l’agence de Richard Ciramunda. Le dernier est Jean-Marie Ndayambaje, un général jusqu’ici inconnu de la rédaction, qui serait basé au Congo et qui aurait déclaré avoir des troupes avoisinant 400 personnes. Il serait cependant en contact avec Bujumbura.
Burundi – Rwanda - Elections
Un 3ème mandat qui ne suscite pas de passions comme à Bujumbura
Kigali, le 15 juillet 2015 (Net Press). Ce mandat est celui de Paul Kagame qui a été approuvé à l’unanimité par les deux chambres du parlement rwandais. Un referendum ad hoc sera organisé plus tard, afin de demander au peuple rwandais s’il approuve ou non l’amendement constitutionnel.
La loi fondamentale prévoit en effet, exactement comme au Burundi, que le président ne peut guère solliciter plus de deux mandats. Paul Kagame a voulu donc éviter les contestations d’ « illégalité » à la burundaise, car les opposants à Nkurunziza dénoncent toujours la prochaine illégitimité de son pouvoir qui sera issu de la violation de la constitution.
Il reste à se demander pourquoi il ne s’est pas trouvé dans son entourage d’hommes et de femmes suffisamment intelligents pour adopter la stratégie imaginée par les « amis » de Paul Kagame. Une question qui se pose depuis dix ans, car depuis 2005, ce n’est pas la première fois que notre voisin du Nord montre que ses décideurs (économiques et politiques) réfléchissent plus profondément avant d’agir que leurs homologues du Sud.
Signalons que le 2ème mandat de Paul Kagame, qui est de 7 ans court jusqu’en 2017.