Bujumbura, le 22 juillet 2015 (Net Press). C’est un scrutin, comme la rédaction l’a constaté d’abord à Bujumbura, très faible de participation et le même scénario s’est fait remarquer en provinces où les gens ne faisaient pas la queue comme lors des communales du 29 juin dernier. En mairie de Bujumbura, à part les policiers et les militaires comme la fois passée, il n’y avait presque personne d’autres sur les bureaux de vote sauf dans Kinama et Kamenge. Dans les quartiers qui ont fortement contesté le troisième mandat, les agents de la Ceni ont eu leur tâche facile car il n’y avait pas d’affluence.
En provinces, les électeurs indiquaient qu’ils n’ont pas eu de problème avec les élus locaux mais qu’avec la présidentielle, ils ne vont pas se précipiter. Mais quand on posait la même question aux recrutés de la Ceni, ils répondaient qu’ils sont encore aux champs et qu’ils vont venir après.
Au niveau du parti au pouvoir, Willy Nyamitwe, directeur de campagne de Nkurunziza, estime que le taux de participation pourra atteindre 80%, un chiffre avancé comme tel car il ne disposait d’aucune référence crédible, même pas les effectifs de la Ceni qui ne doivent se faire savoir que dans 48 heures. Cependant, il a rencontré le « tacle » du Dr Jean-Minani, porte-parole du camp de l’opposition lors des courtes négociations de Royal Palace Hotel qui a vite interrompu ce raisonnement pour indiquer qu’il s’agit d’une mascarade électorale. Par ailleurs, au regard du comportement de la population lors de cette élections – les électeurs étaient tout simplement absents -, c’est un signe éloquent que le peuple burundais était opposé à la troisième candidature du président actuel, a-t-il renchéri. Mais, avec l’intimidation de la milice Imbonerakure comme il l’a fait savoir, ils s’y sont allés malgré eux.
Aux yeux de nombreux observateurs qui ont constaté comment la tâche était facile, ils disent que la Ceni pourrait même proclamer les résultats ce mercredi et évoquent que c’est un moyen pour voir comment arranger les pourcentages pour faire plaisir à un candidat, étant donné qu’à leur regard, la Ceni a été toujours très penchée vers la troisième candidature de Pierre Nkurunziza.
Burundi – Elections
Même mascarade, mêmes manipulations, mêmes résultats, manque de suivi
Bujumbura, le 22 juillet 2015 (Net Press). Ce mercredi 22 juillet 2015, les premiers résultats provisoires ont été proclamés par les Ceci et les Cepi qui représentent la Ceni dans les provinces et dans les communes. Mais l’on sent que la démarche est toujours la même pour faire croire à une élection crédible et transparente.
Tout d’abord, il y a eu des élections où le seul parti Cndd-Fdd s’est présenté aux urnes avec quelques partis satellites, exactement comme les législatives et les communales du 29 juin dernier, ce que les politiciens, surtout de l’opposition, qualifient de mascarade électorale. Toujours dans la logique cnddfddienne, le président sortant occupe la première place et Les Indépendants de l’Espoir occupent la deuxième place. Tout comme les communales, ces derniers ne s’étaient pas non plus présentés aux élections. Ce qui est nouveau cette fois-ci, c’est que trois candidats avaient écrit à la Ceni pour l’informer qu’ils se retirent de cette course, mais Pierre-Claver Ndayicariye portait ce jour-là des lunettes qui lisaient tout sauf le retrait des élections.
Dans le même ordre d’idées, la Ceni devra manipuler les effectifs pour qu’Agathon Rwasa obtienne autour de 30% des voix exprimées. Comme réaction, les Indépendants de l’Espoir vont bouder ce score que Pierre-Claver Ndayicariye va redistribuer chez les autres compétiteurs qui ont pratiqué le suivisme, notamment l’Uprona concilien, le Fnl jacquesiste et la Copa mutabazienne.
On s’en doute donc, les Indépendants de l’Espoir ne seront pas preneurs malgré l’imploration de la Ceni et du parti Cndd-Fdd qui vont évoquer le patriotisme en faveur des électeurs qui leur ont fait confiance. Mais ce sera tout de même difficile qu’Agathon Rwasa avale cette couleuvre servie par le pouvoir pour des spéculations que personne ne comprend.
Burundi – Elections
Mohamed Rukara rejoint le rang des frondeurs du Cndd-Fdd.
Bujumbura, le 22 juillet 2015 (Net Press). Ce sera la grande surprise de cette période électorale. Car l’Ombudsman burundais était considéré jusqu’ici comme le plus grand serviteur du Cndd-Fdd, le fidèle parmi les fidèles de Pierre Nkurunziza. Et d’ailleurs ses attributions faisaient de lui un homme sage par définition, un homme qui se garde de prendre des positions tranchées, un homme qui agit dans la plus grande discrétion.
Or, en accusant le pouvoir actuel d’être corrompu, en l’accusant d’être un frein à la liberté de la presse, M. Rukara a fait comme s’il voulait se libérer d’un poids qui pesait sur lui, celui qui l’empêchait de dire à haute voix tout le mal qu’il pense du Cndd-Fdd, sur des points qu’il juge essentiels pour la bonne marche du pays.
Car depuis de nombreuses années, il a dû se montrer discret sur des situations intolérables, tel que la vente illicite du Falcon présidentiel en juin 2006 pour remonter au dossier le plus vieux du Cndd-Fdd, et sur la fermeture des radios privées pour évoquer le dossier le plus récent du même parti présidentiel.
Pressentirait-il aujourd’hui que le maintien à sa place n’est plus assuré aussitôt que Nkurunziza sera réélu ? Cela n’est pas exclu, mais le fait est que le président sortant est en train d’observer dans le désespoir et l’amertume les poids lourds de son parti déserter son camp, ce qui signifie que sa victoire presqu’assurée du scrutin de ce 21 juillet 2015 sera empreinte d’un sentiment de requiem.
Burundi - Elections
Les élections de ce 21 juillet 2015 ne répondent pas aux exigences maximales d’inclusivité et de transparence, dixit Didier Reynders.
Bujumbura, le 22 juillet 2015 (Net Press). A traves un communiqué de presse rendu public, le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères Didier Reynders regrette fortement l’organisation des élections présidentielles au Burundi ce 21 juillet. Car, souligne le communiqué, ces élections ne répondent pas aux exigences minimales d’inclusivité et de transparence. Elles ne sont pas crédibles et ne sont certainement pas de nature à résoudre la crise profonde qui secoue le Burundi, a-t-il renchéri.
Par le même communiqué, le ministre Reynders espère que le dialogue entamé sous la médiation de l’Ouganda permettra de rétablir le consensus entre toutes les parties et d’assurer le respect des principes fondamentaux comme le respect pour l’Etat de droit, de la démocratie et des droits de l’homme. Didier Reynders regrette que les élections aient été organisées avant que ce dialogue ait pu vraiment démarrer.
La Belgique appelle le Burundi à renouer avec l’esprit de consensus et d’inclusivité qui a présidé aux accords d’Arusha et qui demeure le socle de l’ordre constitutionnel et de la stabilité au Burundi. Comme annoncé, la Belgique sera amenée à réexaminer sa coopération avec le Burundi. Elle continuera avec ses partenaires à tout mettre en œuvre pour revenir à une solution conforme à l’esprit d’Arusha et enrayer la violence.
Dans ce même ordre d’idées, les Etas-unis et l’Angleterre condamnent la tenue de ces élections et précisent qu’elles ne seront pas reconnues par ces Etats puisqu’elles ne sont pas crédibles.