Bujumbura, le 21 août 2015(Net Press). C’est l’avis d’un analyste qui dit qu’à entendre les propos du président Nkurunziza qui a prêté serment hier dans la discrétion la plus totale, rien de sécurisant car il s’est focalisé sur un message de répression aux opposants. C’est bon que le président ait su dire que les biens des réfugiés doivent être protégés et que le développement prendra une allure nouvelle selon l’analyste mais il fallait continuer dans ce sens, signale-t-il.
Il a insisté que ceux qui tenteront de perturber la paix et la sécurité rencontreront des obstacles émanant de Dieu mais selon cet analyste, c’est un message codé car c’est bel et bien une répression musclée que le pouvoir dirigera contre eux. A voir l’audience auquel il s’adressait, il voulait plaire tout simplement, démontrant sa force au lieu de prononcer un message rassurant de tolérance et non un message un peu violent, renchérit l’interlocuteur.
Actuellement, on parle des jeunes qui sont torturés d’une manière inhumaine dans les cachots et dans tout cela, l’invité de Kigobe n’a rien dit à propos et a simplement dit que durant 2 mois, la sécurité sera redevenue normale, une façon d’ailleurs de dire, à entendre cet analyste, que c’est la chasse qui continuera.
Un autre aspect qui montre que la tolerance n’est pas au rendez-vous, c’est que les lois seront révisées et ces députés pourraient le faire en moins d’une heure pour faire taire la société civile et tous ceux qui pourront s’opposer à ses vœux, déplore l’intervenant. Il dit aussi que les églises ont été épinglées par Nkurunziza pour ne faire que leur travail et non s’occuper de la politique. Tout ceci montre que la situation sécuritaire d’une catégorie des Burundais ne sera pas bonne, selon l’analyste et il était temps qu’au moins malgré les contestations, le président se montre rassurant et ne pas extérioriser une éventuelle revanche.
A entendre le spécialiste des message, le fait que le président Nkurunziza ait prêté serment avant le 26, il y a une manière de justifier la non-présence des présidents étrangers et des pays occidentaux afin de dire qu’ils n’ont pas été avertis du changement de la date. Or, selon lui, même si ces cérémonies auraient eu lieu le 26 août, la plus forte probabilité est qu’ils ne seraient pas présents. Pour clore, cet analyste dit que les paroles du genre amènent la panique à une catégorie de gens et qu’en conséquence, les poussent à une autre manière d’agir pour éviter d’attiser la violence car cela ne résout rien de tous les côtés.
Burundi - Politique
De nombreuses questions après la prestation de serment de Pierre Nkurunziza
Bujumbura, le 21 août 2015(Net Press). La première question qui se pose est celle de savoir pourquoi la date initialement fixée a été modifiée à la dernière minute. Les cérémonies devaient avoir lieu le 26 août 2015, soit le mercredi de la semaine prochaine. Mais elles ont été avancées de presqu’une semaine, sans que le protocole se donne la peine d’expliquer pourquoi le pouvoir a jugé opportun d’agir dans la précipitation.
Mais la grande interrogation qui agitait tous les cœurs et tous les esprits dans la capitale burundaise, était de comprendre pourquoi Bujumbura ressemblait, durant toute la journée d’hier à « une ville morte » dans sa patrie septentrionale.
Alors que les gens devaient être à la fête au moment où leur président entamait son 3ème mandat, personne n’était autorisé à mettre les pieds dans les rues. Ils étaient très en colère de devoir affronter la police, des fois avec violence, chaque fois qu’ils cherchaient à se diriger là où ils voulaient.
D’autre part, sur le plan diplomatique, le fiasco a été total. Tous les observateurs présents dans la capitale burundaise ont noté que c’est pratiquement pour la toute première fois qu’il y a absence d’un seul chef d’état étranger lors de l’investiture et de la prestation de serment d’un président nouvellement élu (ou réélu).
Bref, la journée du 20 août 2015, si elle devait être oubliée parce que Pierre Nkurunziza a été réélu pour un 3ème mandat auquel il n’avait pas droit, devrait l’être davantage parce que les cérémonies se sont déroulées dans une atmosphère proche de la colère et de la nervosité.
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« Même si j’avais été invité, je ne serais pas parti », déclare Charles Nditije
Bujumbura, le 21 août 2015 (Net Press). Un des grands absents au palais des congrès de Kigobe hier jeudi, fut Charles Nditije, le président de l’aile du parti Uprona opposée au gouvernement. Il a été interrogé ce vendredi par nos confrères de la Voa (Voice of America) pour dire pourquoi il a adopté une telle attitude négative.
Il a répondu qu’il assume sa position, ajoutant que même au cas où il aurait reçu une invitation (verbale ou écrite), il n’aurait pas fait le déplacement de Kigobe. La principale explication est que le Burundi ressemble à un pays en guerre, en raison de la mauvaise gouvernance du Cndd-Fdd.
Mais surtout, a insisté l’honorable Charles Nditije, Pierre Nkurunziza a été réélu en totale contradiction avec la loi fondamentale et les accords d’Arusha, ce qu’un vrai Uproniste comme lui ne peut guère accepter.
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Burundi : désormais une poule à deux têtes ?
Bujumbura, le 21 août 2015 (Net Press). Va-t-on assister à un « monstre » politique au Burundi, un Etat avec deux structures à sa tête ? Dans nos éditions antérieures, nous indiquions que le président du Cnared, Léonard Nyangoma, allait mettre sur pied un bureau pour la gestion du pays.
L’on a appris que lorsque Pierre Nkurunziza prêtait serment, Léonard Nyangoma était en train de rédiger deux communiqués qui ont été rendus publics hier même. Dans le premier communiqué, il semble regretter le fait que Pierre Nkurunziza vient de franchir le Rubicon malgré les appels à la raison lui adressés par la communauté nationale et internationale. Pour Léonard Nyangoma, il s’agit ni plus ni moins d’un coup d’Etat contre l’accord d’Arusha et la constitution du Burundi.
Pour cela, il indique qu’il ne reconnaît naturellement pas Pierre Nkurunziza comme président de la république du Burundi. Cependant, lui et sa structure sont disposés à discuter avec le président sortant les conditions et les modalités de son départ et de l’organisation de la transition sans lui. Le président du Cnared estime que dans le cas contraire, il prendra d’autres mesures qui s’imposent pour sauver la Nation de cette dérive totalitaire. Il invite la population à rester calme face à cette provocation de plus et à rester vigilante face à la brutalité institutionnelle qu’augure ce coup de force.
Le Cnared appelle les Nations-Unies, la communauté est-africaine, l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique et l’ensemble de la communauté internationale de continuer à soutenir la population burundaise dans cette tragique épreuve en ne reconnaissant aucune institution issue de la mascarade électorale de cette année. Il leur demande enfin de contraindre le président sortant à négocier son départ.
Dans son deuxième communiqué, il annonce la composition de son bureau. Léonard Nyangoma en est président, avec comme premier vice-président François Nyamoya et deuxième vice-président Onésime Nduwimana. Le secrétaire exécutif est Pacifique Nininahazwe avec comme adjoint, Frédéric Bamvuginyumvira. Bernard Busokiza s’occupe de la commission politique, processus de paix et mobilisation intérieure et son adjoint est le Dr. Jean Minani. La commission diplomatique est confiée à Gervais Rufyikiri et celle de la Sécurité doit être gérée par Alexis Sinduhije. La commission finances est attribuée à Mme Euphrasie Bigirimana. La communication et l’information reviennent à Jérémie Minani tandis que Vital Nshimirimana va s’occuper de la commission droits de l’homme, justice et solidarité avec les sinistrés. Ses conseillers et envoyés spéciaux sont les anciens chefs d’Etat, le président de l’assemblée nationale Pie Ntavyohanyuma et les anciens présidents de l’assemblée nationale. Le porte-parole est Chauvineau Mugwengezo au moment où son adjoint est Pancrace Cimpaye.
Parallèlement à cela, le président Nkurunziza a mis en place hier même les deux vice-présidents de la République qui ont également prêté serment. Le premier est Gaston Sindimwo et le second est Joseph Butore, qui s’occupait jusqu’à présent du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. S’il n’y a pas beaucoup de commentaires pour le moment, l’on peut se permettre de dire que le premier vice-président de Léonard Nyangoma, François Nyamoya, est de loin plus intelligent que celui de Pierre Nkurunziza, Gaston Sindimwo.